RD Congo. Indépendance cha cha!

RD Congo. Indépendance cha cha!

RETRO. A Bruxelles, la plus importante décision concernait le calendrier électoral. Rien ne paraissait vraiment important aux yeux des négociateurs congolais une fois l’indépendance convenue. « Le reste nous regarde » lança hagard à la presse belge, Albert Kalondji un des représentants du MNC, le parti dirigé par Lumumba dont il provoquera une scission juste au retour de cette concertation, souhaitant l’indépendance de son pays baluba au sud-Kasaï, où il se proclamera empereur (Molupwe). Ca c’est une autre histoire. En attendant, les préalables pour bricoler un pays étaient colossaux. Il fallait créer une constitution, monter une administration et ses règles de fonctionnement, ses corps d’inspecteurs, de diplomates, des magistrats, de militaires, construire des ministères, des bureaux provinciaux, créer un cadastre, sortir des pièces d’identités, des permis de conduire, une monnaie, un régime fiscal différent du régime colonial, imprimer des timbres postes… Il ne restait plus que 4 mois jusqu’à l’indépendance et il leur semblait logique, apparemment, que c’était à la Belgique de s’en occuper. L’idée d’un gouvernement autonome de transition vers l’indépendance ayant été rejetée. Et que dire du transfert du portefeuille industriel et économique ? Les héros de la table ronde n’avaient plus le temps. Il fallait rentrer battre campagne pour les élections nationales et provinciales à venir. Cette question fut laissée pour une seconde table-ronde, dite économique, fixée pour avril. Aucun des leaders ne fit le déplacement. Ils envoyèrent des seconds couteaux appuyés par des étudiants qui se trouvaient déjà en Belgique. Lumumba y envoya Mobutu le représenter. Le futur guide zaïrois en gardera toute sa vie un souvenir amer. « Ni moi, ni aucun de mes compagnons n’y comprenions rien en finance, en fiscalité, en droit commercial, ou en économie », écrira t-il 20 ans après. « Nous étions comme nos ancêtres face aux explorateurs et devions signer des accords sur des formules que nous entendions pour la première fois. » Les entreprises belges se donnèrent le droit de choisir s’ils voulaient appliquer le droit belge ou congolais après l’indépendance. Le parlement belge votait au même moment des lois qui empêcheraient toute mainmise du nouvel Etat sur les actifs belges au Congo. Les mécanismes qui permettaient la prospérité de la colonie étaient confisqués sous des yeux innocents. C’était ni plus ni moins qu’un braquage. Cette expérience forgera beaucoup le nationalisme économique du maréchal et justifiera la politique de zaïrianisation un peu plus tard. A l’indépendance la RDC avait des équipements de poids. Plus de 14.000 km de voies ferrées, pas moins de 300 centres de santé, une centaine de ports, des industries minières parmi les plus modernes au monde, environ 150 centrales de production d’électricité, thermiques ou hydrauliques… Mais personne pour les faire marcher côté congolais. Le pays n’avait aucun ingénieur noir, pas un seul médecin, pas un juriste, pas un économiste, pas un officier de la force publique, pour 15 millions d’habitants. Durant son exil après la prise de pouvoir de Mobutu, Tshombe confia au président algérien que « si nous avions pris 5 ans pour préparer la succession, il y aurait eu des officiers congolais dans la force publique, et la mutinerie du lendemain de l’indépendance n’aurait probablement jamais eu lieu ». Pendant ce temps les leaders faisaient le beau dans leurs fiefs, diffusant des tracts les plus insensés pour leur campagne. Si vous votez notre parti, les belges seront parti des le 1 juillet et tout nous appartiendra. Les usines, les plantations, leurs voitures, leurs maisons et leurs femmes. Lançait l’Abako. Le pays dansait dans l’ignorance au rythme d’ « indépendance tcha tcha » qui venait de sortir, comme des fêtards ivres à bord d’un train fou qui file vers les abimes. Par Hervé Mahicka

République Démocratique du Congo. Indépendance Cha Cha. 30 juin 1960 – 30 juin 2020 – 60 ans d’Indépendance

République Démocratique du Congo. Indépendance Cha Cha. 30 juin 1960 – 30 juin 2020 – 60 ans d’Indépendance

TRIBUNE. Au moment où nos frères et sœurs de la République Démocratique du Congo fêtent, dans la joie, les 60 ans de l’Indépendance de leur grand, beau et éminemment riche pays, nos pensées, sont, ce jour, tournées, là où ils reposent, vers Joseph Kasavubu et Patrice Lumumba, deux figures emblématiques et Pères de cette Indépendance, acquise de haute lutte. Nous n’oublions pas d’autres Congolais qui, aux côtés de Joseph Kasavubu et de Patrice Lumumba, se sont dignement battus pour arracher cette Indépendance des mains du Royaume de Belgique, après plusieurs années de spoliation et de sauvage colonisation. Nos regards sont également tournés vers ce qu’a été l’Orchestre African Jazz, avec Joseph Kabasselé, Vicky Longomba, Nicolas Kassanda, Brazzos, Petit Pierre, Roger Izeidi et autres Dechaux qui ont popularisé cette Indépendance dans « Indépendance Cha Cha », une chanson mythique qui ne s’éteindra jamais. Qu’à travers les autres pays d’Afrique, les Pères des Indépendances de leurs pays, trouvent ici, également, l’expression des mêmes pensées. En républicain, je salue le courage de la Monarchie Belge qui, dans un courrier officiel aux autorités de la République Démocratique du Congo, a exprimé ses profonds regrets pour toutes les blessures et autres maux occasionnés par la Belgique, lors de l’occupation de ce pays. Aux populations de la République Démocratique du Congo de savoir, en ce jour anniversaire, qu’il n’y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans travail. Dans les difficultés de tous ordres qu’elles connaissent, le travail opiniâtre, dans le respect des valeurs, vient à bout de tout. Bon anniversaire à elles. Paris le 30 juin 2020 Ouabari Mariotti . Membre de l’UPADS.

Armando Brazzos nous a quittés à l’âge de 85 ans

Armando Brazzos nous a quittés à l’âge de 85 ans

La nouvelle est tombée le mercredi 9 octobre 2019 : le guitariste Armando Brazzos nous a quittés à l’âge de 85 ans, après d’être battu pendant plusieurs années contre la maladie. À l’âge de 85 ans, le guitariste rythmique mythique a rendu l’âme à la Clinique Ngaliéma de Kinshasa, après 60 ans d’une carrière incomparable. L’avant dernier survivant  de l’African Jazz de 1960 à la Table Ronde de Bruxelles, aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité. » Avec sa mort, il ne reste plus qu’un survivant  héro de « l’Indépendance cha cha » de 1960 : Pierre Yantula « Petit Pierre ». On s’en souvient il n’y a pas si longtemps, Armando Brazzos et Pierre Yantula « Petit Pierre » deux derniers musiciens qui étaient encore en vie, avaient interpellé le Président de la république de la RDC  pour demander  la « Reconnaissance » de l’Etat congolais, accusé de les laisser  vieillir et mourir dans l’oubli et le dénuement. En tout cas, c’est triste En tout cas, c’est bien  cette triste  situation qu’a connu Armando Brazzos, pour lequel votre serviteur et beaucoup d’autres confrères avaient lancé des SOS pour récolter suffisamment de fonds pour l’organisation médicale  de  ce grand guitariste rythmique et bassiste. Qui était Armando Brazzos ? Armando Brazzos est considéré comme un des meilleurs guitaristes rythmiques de l’histoire de la musique congolaise. Un monument de la rumba moderne. un artiste confirmé, un guitariste phénoménal qui a maîtrisé à la fois les classiques de la véritable rumba et a innové pour donner une nouvelle dynamique à ce genre musical. Tout comme il s’est montré absolument perspicace dans la pratique de la guitare basse. De son vrai nom Armando Mwango Fwadi-Maya, “Brazzos” est né à  Léopoldville (Kinshasa) le 21 avril 1934. Cumulativement avec ses études à l’Ecole de l’Armée du Salut et à l’Institut St Joseph de la paroisse Ste Anne, il  embrasse l’apprentissage de la guitare auprès des musiciens angolais de San Salvador ; Freitas, D’Oliveira et Georges Edouard. Ces derniers répétaient dans la parcelle où habitait Brazzos (90 rue Nyanza, commune de Kinshasa). Plus tard et en 1950 il se lie d’amitié avec les guitaristes Mwamba “Dechaud”, Tino Baroza et Nico Kasanda, proches des éditions Opika. Une collaboration de travail suivra, mais pas pour longtemps, car en 1951 Brazzos se fait embaucher à la Société de Transport Automobile de l’Etat ( STA) , préférant exercer sa passion musicale  en amateur et cette fois-ci avec le guitariste Georges Dula, auprès de qui,  il  a approfondi ses connaissances rythmiques. En 1952, Brazzos intègre les éditions CEFA (Compagnie d’Enregistrement du Folklore Africain) du célèbre guitariste belge Bill Alexandre (le premier à introduire la guitare électrique en 1953 au Congo) Ce dernier parfait sa formation avant de le surnommer “Brazzos”, qui signifie “L’homme aux bras des os”. Brazzos débute sa carrière à la Firme CEFA comme guitariste  accompagnateur  aux  côtés  de Roger  Izeidi , Roitelet  Moniania, Vicky  Longomba, Guy Léon Fylla et bien d’autres. Entre 1952 et 1955, Brazzos accompagne des nombreux artistes de l’écurie et contribue à la réussite de plusieurs œuvres à succès. En 1956 et après la fermeture des éditions CEFA, Brazzos intègre les éditions Loningisa où il évolue comme musicien de studio. A la fin de l’année 1956, et à l’occasion du départ massif de l’OK jazz et des éditions Loningisa des musiciens Essous, Lando Rossignol,  Pandi, Moniania Roitelet et autres pour les éditions Esengo (Rock-A-Mambo), Brazzos intègre l’OK Jazz en même temps que Ganga Edo, Célestin Kouka et Nino Malapet. IL y reste jusqu’à 1959, lorsqu’il est contacté par Joseph Kabaselle pour faire partie de l’orchestre African Jazz qui a agrémenté en 1960 la Conférence sur l’Indépendance du Congo à Bruxelles. Il figure comme bassiste à l’enregistrement de la célèbre chanson “Indépendance cha cha”. Mais auparavant Brazzos a fait partie de la formation de l’orchestre Bantous en création à Kinshasa. Il rétracte après plusieurs séances de répétitions à Kinsuka dans la banlieue de Léopoldville (alors membre de l’Ok Jazz). Pour la suite on peut noter : 1962 – à la suite d’une grande réconciliation, Brazzos, Vicky Longomba réintègre l’Ok Jazz et par ricochet,  Edo Ganga et Loubelo “De la lune”. 1967 – Brazzos fait partie des dissidents de l’OK Jazz qui ont mis en place l’orchestre “Révolution” avec Kwami, Mujos, Boyibanda et autres. 1969 à 1976 – Brazzos retrouve à nouveau le TP OK Jazz. Puis pour la énième fois, il abandonne la musique pour travailler jusqu’en 2004 comme bureaucrate dans une société privée de Kinshasa. Admis à la retraite, Il évolue désormais à ses heures de loisirs dans le groupe des anciennes gloires “African Ambiance”, jusqu’à ce qu’il tombe malade ces dernières années. A son palmarès, des œuvres à grand succès et particulièrement dans l’OK Jazz : “Bilia ki yo bikoki”, “Cha cha cha del zombo”, “Nabanzaki Anzelu”, “Fifi nabanzi yo”, “Bozongisa motema”, “Ata okei”, “Como baila to”, “Bolingo na ngai mwana mama”, “Bailamos negro, “Sukola motema olinga”, “Yaka nakoki te “, etc… Depuis l’annonce du décès de Brazzos, ses proches multiplient les déclarations d’amour dans les médias. Très attristés, certains ont commencé à partager leur peine sur les réseaux sociaux, stars, anciens collaborateurs, amis et famille. Toutes nos pensées vont vers eux. Clément Ossinondé