Guy MAFIMBA MOTOKI: « Le coup d’état au Gabon n’est que la suite logique des mouvements néo-révolutionnaires partis de l’Afrique de l’ouest »

Guy MAFIMBA MOTOKI: « Le coup d’état au Gabon n’est que la suite logique des mouvements néo-révolutionnaires partis de l’Afrique de l’ouest »

Dans une interview exclusive à PAGESAFRIK.COM, Guy MAFIMBA MOTOKI estime que « le coup d’état au Gabon n’est que la suite logique des mouvements néo-révolutionnaires parti de l’Afrique de l’ouest ». Pour l’opposant congolais, « l’effet domino est inéluctable ». PAGESAFRIK: Monsieur Guy Mafimba Motoki bonjour ! Merci d’avoir accepté de nous accorder cette interview qui portera essentiellement sur l’actualité politique africaine. Avant tout propos, comment allez-vous ? Guy MAFIMBA MOTOKI : Je tiens d’abord à remercier votre rédaction. Lecteur assidu de PAGEAFRIK.COM, je suis honoré à travers cette interview de répondre à la sagacité de votre rédaction. Aussi, je me porte bien.  Crise multidimensionnelle, telle est l’expression consacrée pour qualifier la situation politique, socio-économique, financière et sécuritaire du Congo-B. En l’occurrence, cette crise multidimensionnelle que traverse notre pays est sans précédent, 63 ans après l’indépendance. Au sortir de l’indépendance, disons nominale, le Congo-B a connu plus de trente années des régimes politiques monolithiques, rythmés par des alternances politiques violentes, le comble étant l’assassinat de deux chefs d’État à savoir les présidents Marien Ngouabi et Alphonse Débat. Les processus démocratiques enclenchés dans les années 1990 ont suscité l’espoir des changements pacifiques et démocratiques, ce, au regard des assises nationales organisées du 25/02/ au 10/06/ 1991. Une transition de 2 ans suivi des premières élections libres, équitables et transparentes en 1992 ont permis l’élection de Pascal Lissouba. l’incarcération Jean Marie Mokoko et André Okombi Salissa ainsi que la disparition trouble de Parfait Kolelas prouvent à suffisance la crise politique majeure que traverse LE CONGO L’arrêt brutal du processus démocratique consécutif au coup d’état du général Denis Sassou Nguesso en juin 1997 a plongé le Congo-B dans une impasse politique ponctuée de violences, tripatouillage constitutionnel et hold-up électoraux. Autrement dit, une ‘’Démocrature’’ s’est installée, bref un régime autoritaire dont la légitimité est contestée. Les scrutins présidentiels de 2016 qui ont abouti à l’incarcération de deux anciens candidats Jean Marie Mokoko et André Okombi Salissa ainsi que la disparition trouble de Parfait Kolelas pendant le scrutin de 2021 prouvent à suffisance la crise politique majeure que traverse notre pays. Étant donné l’impact du ‘’politique’’ sur ‘’l’économique’’, les indicateurs macro-économiques du Congo-B sont à l’image de la situation politique du Congo. Une génération politique post-indépendance auquel le  président Denis Sassou Nguesso est l’incarnation, dont la responsabilité est accablante à travers ses générations sacrifiées, une kleptocratie érigée en mode de gouvernance, un népotisme criard, des violations massives des droits de l’homme, enfin une dette extérieure insoutenable.  PAGESAFRIK: La convergence de luttes est un moyen par excellence susceptible de conduire à la libération de peuples opprimés. Quelles relations entretenez-vous avec d’autres opposants politiques congolais basés aussi bien au Congo Brazzaville que dans les Diasporas, quand on sait que votre objectif commun est de faire fléchir le régime de Brazzaville? La crise multidimensionnelle que traverse notre pays, pays béni des dieux, avec un potentiel humain, naturel et géostratégique et géopolitique majeurs, ne peuvent laisser indifférentes les forces vives de la nation. Oui la convergence des luttes, colères, frustrations et injustices comme posture tactique et stratégique pour arriver au changement dans notre pays. Dit changement qui s’inscrit dans le Big-bang Géostratégique en cours en Afrique francophone, à savoir les aspirations de notre peuple à la liberté, la démocratie et le progrès. Les marges de manœuvres des forces de l’opposition et  la société civile sont réduites face à un pouvoir répressif et autoritaire. Cependant, le pouvoir de Brazzaville fait face à notre diaspora congolaise mobilisée, vent debout, contre une dictature qui s’est installée progressivement et sûrement. Face à un pouvoir autoritaire, je suis tenté de paraphraser le président Nelson Mandela, je cite : ‘’C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de la lutte …’’. Autrement dit, l’opposition intérieure et la diaspora déroulent leur agenda en fonction des objectifs que nous nous sommes fixés, tant pour la libération des prisonniers politiques que la restauration de la démocratie.  Cette problématique hautement sensible et cruciale peut déclencher une crise politique militaire majeure si on n’y prend garde. En effet, Kinshasa et Brazzaville sont les capitales les plus proches au monde, à cela s’ajoute nos liens historiques, culturels et socio-économiques millénaires, qui fait que nous sommes deux peuples que seul le fleuve Congo sépare, lien immortalisé par le célèbre artiste panafricain Franklin Boukaka dans la chanson ‘’ Pont sur le Congo’’. Par ailleurs, l’Est de la RDC est en proie à des violences innommables depuis 1998, celles-ci documentées par l’ONU et les ONG ont conclu à une guerre d’agression du Rwanda via des groupes armés dont le M23. Vous conviendrez avec moi, l’émoi et les controverses légitimes ayant occasionnés la signature de ces accords signés entre le Congo-B et le Rwanda. L’axe Kigali / Brazzaville pose une problématique majeure dans ses dimensions géopolitiques et géostratégiques Des 8 accords signés, trois accords interpellent à savoir : les accords de cessation des terres, les accords sur la zone industrielle de Maloukou ainsi que les accords militaires et de coopération technique. Non seulement ces accords sont opaques, nullement débattus dans les deux chambres du parlement; ils ont été signés en violation des articles 5, 44, 53, 217 et 219 de la Constitution d’octobre 2015 imposé par les larmes et le sang des congolais.  L’axe Kigali / Brazzaville pose tout aussi une problématique majeure dans ses dimensions géopolitiques et géostratégiques. La nature hégémonique et prédatrice du régime de Paul Kagame n’étant plus à démontrer, cette alliance pose une question sécuritaire tant pour la RDC que le Congo-B. Notre position est naturellement dans la consolidation des liens historique, naturel, culturel et géostratégique privilégié avec la RDC.  PAGESAFRIK: Après plus d’un mois, l’intervention très remarquée du président de la Transition du Burkina-Faso, le capitaine Ibrahima Traoré, lors du sommet Russie/Afrique, ne cesse de susciter l’admiration de plus d’un analyste politique. Quel enseignement en tirez-vous ? Le capitaine Ibrahima Traoré s’inscrit dans cette génération des jeunes officiers patriotes et décomplexés, 3.0, bref, une nouvelle race de dirigeants francophones en phase avec les aspirations des jeunesses africaines. La liberté, la souveraineté, le respect et la coopération gagnant-gagnant

Congo Brazzaville. Toujours des brutalités policières

Congo Brazzaville. Toujours des brutalités policières

TRIBUNE. Nous apprenons de Brazzaville que des membres de la famille de notre compatriote, membre du RDD et de la Fédération de l’Opposition Congolaise, Guy Mafimba Motoki, sise sur l’avenue de France, à Poto Poto, ont été, le 25 décembre 2020, brutalisés par la police, en service, dans le secteur. Les dispositions légales pour faire respecter le confinement et les mesures barrières contre le Covid 19 ne justifient nullement les violences à l’égard des populations. Des populations qui ne demandent qu’à vivre en paix, en ces temps de souffrances nées de la crise économique et sanitaire, dans le pays. La police congolaise a un rôle pédagogique majeur qu’elle n’exerce pas. Ne se vouant qu’à ce qu’elle entend par sécurité. La pédagogie éduque et fait comprendre. Elle ramène au bon sens. La brutalité révolte la victime. Or la révolte est une seconde nature. Elle crée en l’homme des réflexes inattendus qui pourraient devenir incontrôlés, dans certains cas. A Guy Mafimba Motoki dont la famille et lui-même sont très affectés par ces injustes sévices de la police congolaise, je dis, ici, l’expression de ma ferme solidarité. Attirant, par ailleurs, l’attention des autorités du Ministère de l’Intérieur congolais sur le respect scrupuleux que ce corps de la sécurité nationale, corps reconnu républicain par la constitution, qu’est la police, devrait avoir pour les populations, tout en assurant leur protection. La famille de Guy Mafimba Motoki se réservant le droit de se défendre, selon les voies en la matière, au nom de sa citoyenneté bafouée. Ouabari Mariotti Membre de l’UPADS Paris 26.12.2020