Un monde où la croissance est faible est un monde inégal et instable
TRIBUNE. De longues périodes de faible croissance économique peuvent entraîner une augmentation des inégalités, mais la mise en œuvre d’un ensemble équilibré de mesures peut rétablir la balance. L’économie mondiale n’arrive pas à passer à la vitesse supérieure, ce qui pourrait sensiblement enrayer la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20, réunis cette semaine à Rio de Janeiro, font face à des perspectives qui donnent à réfléchir. Comme le montre la dernière Mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale du FMI, la croissance mondiale devrait atteindre 3,2 % cette année et 3,3 % en 2025, bien en dessous de la moyenne de 3,8 % pour la période qui va du début du siècle jusqu’à la pandémie. Parallèlement à cela, nos projections de croissance à moyen terme continuent de stagner à leur plus bas niveau depuis des décennies. Certes, l’économie mondiale a fait preuve d’une résilience encourageante face aux chocs qui se sont succédé. Le monde n’a pas sombré dans la récession, contrairement à ce que certains avaient prédit lorsque les banques centrales ont un peu partout augmenté leurs taux d’intérêt pour contenir l’inflation. Pourtant, alors que nous sortons des années de crise due à la pandémie, nous devons empêcher le monde de vivre une période prolongée de croissance anémique qui enracine la pauvreté et les inégalités. La pandémie nous a déjà obligés à différer la bataille. L’extrême pauvreté a augmenté après des décennies de déclin, tandis que la faim dans le monde a bondi et que la diminution à long terme des inégalités entre les pays a marqué un coup d’arrêt. Une nouvelle analyse du FMI laisse entendre que les périodes de stagnation d’une durée de quatre ans ou plus ont tendance à accroître de près de 20 % les inégalités de revenus au sein des pays, une augmentation considérablement plus élevée que dans le cas d’une récession pure et simple. En période de stagnation, la lenteur de la création d’emplois et de la croissance des salaires accroît le chômage structurel et réduit la part des revenus revenant aux travailleurs. Ces forces, associées à une marge de manœuvre budgétaire limitée, tendent à creuser l’écart entre ceux qui se situent en haut et en bas de l’échelle des revenus. En d’autres termes, plus nous resterons coincés avec une croissance faible, plus notre monde deviendra inégalitaire. En soi, cela constituerait un revers au vu des progrès que nous avons réalisés au cours des dernières décennies. Et comme nous l’avons vu, une hausse des inégalités peut favoriser du mécontentement à l’égard de l’intégration économique et des progrès technologiques. Il est donc opportun que le Brésil ait fait de la lutte contre la faim, la pauvreté et les inégalités une priorité alors qu’il assure la présidence du G20. En prenant les mesures adéquates, nous pouvons encore éviter le piège d’une croissance faible et d’une hausse des inégalités, tout en travaillant à réduire la pauvreté et la faim. Permettez-moi de mettre en avant trois domaines prioritaires. Préparer une croissance inclusive Premièrement, nous devons nous attaquer au problème sous-jacent de la faiblesse de la croissance. La majeure partie du déclin de la croissance au cours des dernières décennies est due à une baisse de la productivité. L’une des principales raisons de ce recul est que la main-d’œuvre et les capitaux ne sont pas dirigés vers les entreprises les plus dynamiques. Mais un programme de réformes judicieuses pourrait relancer la croissance à moyen terme. Des mesures visant à promouvoir la concurrence et à améliorer l’accès au financement pourraient permettre une circulation plus efficace des ressources et stimuler ainsi la productivité. Parallèlement à cela, l’intégration d’un plus grand nombre de personnes sur le marché du travail, notamment de femmes, pourrait neutraliser l’effet négatif qu’a le vieillissement de la population sur la croissance. Nous ne devons pas non plus oublier le rôle moteur que le libre-échange a joué pour la croissance et l’emploi. Au cours des 40 dernières années, le revenu réel par habitant a doublé à l’échelle mondiale, tandis que plus d’un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté. Au cours de la même période, la part des échanges commerciaux dans le produit intérieur brut a augmenté de moitié. Il est vrai que tout le monde n’a pas bénéficié du développement du commerce, c’est pourquoi nous devons faire davantage pour garantir que les gains soient partagés équitablement. Pour autant, fermer nos économies serait une erreur. Adopter des politiques budgétaires axées sur les personnes Deuxièmement, nous devons nous employer à faire en sorte que les politiques budgétaires soutiennent les membres les plus vulnérables de la société. La difficulté réside dans le fait que de nombreux pays sont confrontés à de graves pressions budgétaires. Dans les pays en développement, les coûts du service de la dette représentent une part croissante des recettes fiscales alors même que les pouvoirs publics doivent composer avec des besoins de plus en plus importants, allant des investissements dans les infrastructures aux dépenses pour favoriser l’adaptation au changement climatique. Un effort budgétaire progressif et axé sur les personnes peut atténuer les risques sur les finances publiques tout en limitant les effets négatifs sur la croissance et l’égalité, notamment en augmentant les recettes, en améliorant la gouvernance et en protégeant les programmes sociaux. Les pays en développement disposent d’une grande marge de manœuvre pour accroître leurs recettes grâce aux réformes fiscales (jusqu’à 9 % du PIB selon nos recherches). Il est pourtant crucial d’adopter une approche progressive, en s’assurant que ceux qui peuvent se permettre de payer plus d’impôts apportent une juste contribution. L’impôt sur les revenus du capital et sur le patrimoine, par exemple, offre un moyen relativement progressif de générer davantage de recettes fiscales. Quelle que soit la stratégie adoptée, les contribuables ont besoin de savoir que les impôts qu’ils paient serviront à fournir des services publics et non à enrichir ceux qui sont au pouvoir. L’amélioration de la gouvernance, en augmentant la transparence et en luttant contre la corruption, entre autres, doit également
HCP: la croissance mondiale devrait se stabiliser cette année
L’économie mondiale devrait croître en 2024 au même rythme que l’année précédente, soit 3,1%*, a indiqué récemment le Haut-commissariat au plan (HCP) dans son Budget économique exploratoire 2025. Cette évolution devrait bénéficier de l’atténuation des contraintes sur les chaines d’approvisionnement et de la solidité du marché de l’emploi, et ce malgré la poursuite des tensions géopolitiques et le maintien des taux d’intérêts élevés, selon les explications de l’institution publiques marocaine. En 2025, l’activité économique devrait progresser de 3,2% suite à une modeste expansion du commerce et de l’investissement profitant du reflux de l’inflation. Ces rythmes de croissance demeurent toutefois inférieurs à la moyenne de 3,8% observée entre 2000 et 2019, sur fond d’un Policy-mix restrictif et de la persistance des incertitudes. Des trajectoires de croissance contrastées La croissance économique devrait rester modérée, en deçà de 2%avec de fortes disparités inter-pays dans les économies avancées, et soutenue dans les pays émergents avec une croissance de 4%, en dépit du ralentissement prévu de l’économie chinoise. Aux États-Unis, l’activité économique devrait maintenir son rythme d’évolution de 2,5% en 2024. L‘inflation devrait ralentir restant toutefois à des niveaux élevés malgré l’augmentation significative des taux d’intérêt. En effet, l’activité des entreprises américaines devrait continuer de réaliser des résultats favorables et les dépenses de consommation devraient rester fortes tirant profit de la solidité du marché du travail. La politique monétaire de la FED devrait ainsi rester restreinte plus longtemps que prévu. La croissance américaine devrait ralentir à 1,8% en 2025, suite aux effets cumulatifs du resserrement monétaire et aux mesures budgétaires restrictives visant la réduction du déficit budgétaire et l’allégement de la dette publique. Celle-ci devrait continuer d’enregistrer des taux préoccupants dépassant les 125% du PIB en 2025. La situation défavorable des économies européennes accentue le contraste apparu dès le début de la crise sanitaire avec l’économie américaine. La croissance en zone euro devrait rester faible en 2024 avec un taux limité à 0,7%. Les conditions financières restrictives devraient peser sur l’investissement et la consommation, tandis que la faiblesse de la demande extérieure devrait freiner les exportations. La croissance devrait rester fragile en Allemagne et en France, timide en Italie et nettement meilleure en Espagne. L’activité économique dans la zone euro devrait rebondir légèrement à 1,4% en 2025, stimulée par l’expansion de la consommation privée dans un contexte de reflux de l’inflation combiné au dynamisme des salaires. Les investissements devraient se redresser progressivement avec l’amélioration attendue du marché des crédits suite au relâchement de la politique monétaire. Par ailleurs, la contribution du commerce extérieur à la croissance devrait rester neutre malgré la reprise des exportations. Quant à la politique budgétaire, elle devrait se durcir en liaison avec le retrait progressif des mesures d’aide énergétique. Dans les économies émergentes et en développement, la Chine devrait réaliser une croissance en décélération, passant de 5,2% en 2023 à 4,8% en 2024 et 4,1% en 2025. La demande intérieure et l’activité des services devraient continuer de manquer de vigueur, freinées par la crise du secteur immobilier, par les incertitudes réglementaires et par les faibles niveaux de confiance des consommateurs et des investisseurs privés. Cependant, l’économie chinoise devrait tirer profit de la contribution favorable des exportations grâce au redressement de l’industrie manufacturière. En Inde, la croissance économique devrait se modérer suite principalement à la décélération de la demande extérieure. Elle devrait rester toutefois stimulée par la dynamique de l’investissement et de la consommation privée qui devrait bénéficier d’une reprise de la production agricole et de la baisse de l’inflation. Le taux de croissance devrait ainsi rester élevé avoisinant 6,7% en 2025 après 6,6% en 2024 et 8,2% en 2023. En Russie, l’économie devrait réaliser une croissance de 2,9% en 2024 et 1,4% en 2025, bénéficiant de l’importance des dépenses publiques et des investissements liés à la guerre. Les recettes d’exportation de pétrole devraient rester élevées malgré les sanctions occidentales, bénéficiant du développement d’importants liens commerciaux notamment avec la Chine. Au Brésil, la croissancedevrait se modérer à 2% en 2024, impactée par les effets retardés du resserrement monétaire et par une moindre contribution de l’agriculture. En 2025, la croissance devrait avoisiner 2,2%, soutenue par les réformes budgétaires. *Prévisions de la Banque Mondiale – JUIN 2024
Kristalina Georgieva : Les banques centrales doivent résister aux pressions et ingérences politiques
« Les risques d’ingérence politique dans les prises de décisions des banques centrales et les nominations de leurs responsables s’accentuent », selon la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva. « Les banques centrales voient aujourd’hui leur indépendance remise en question de toutes parts. Les demandes de baisse des taux se font de plus en plus insistantes, même s’il est trop tôt pour passer à l’action, et elles devraient aller en s’intensifiant puisque la moitié de la population mondiale se rend aux urnes cette année », constate-t-elle dans une note publiée récemment. Un ingrédient essentiel pour remporter la bataille contre l’inflation Persuadée que la vague d’élections qui se profile cette année risque de mettre les décideurs sous pression, la DG du FMI appelle « les pouvoirs publics et les banques centrales à résister à ces pressions » estimant que l’indépendance est un ingrédient essentiel pour remporter la bataille contre l’inflation et stabiliser la croissance à long terme. « Les banques centrales ont accompli ces dernières années grâce à leur indépendance. Elles ont habilement négocié la pandémie en menant un assouplissement monétaire énergique qui a contribué à éviter un effondrement du système financier mondial et à accélérer la reprise », fait-elle remarquer. En outre, poursuit-elle, « lorsque la priorité s’est recentrée sur le rétablissement de la stabilité des prix, elles ont resserré leur politique monétaire à bon escient, même si elles ne l’ont pas toutes fait dans les mêmes délais. Leur riposte a permis de maintenir les anticipations d’inflation bien ancrées dans la plupart des pays, malgré des hausses de prix jamais vues depuis plusieurs dizaines d’années ». Pour la DG, il ne fait aucun doute que les banques centrales des pays émergents ont montré la voie en durcissant leur politique monétaire rapidement et vigoureusement, ce qui a assis leur crédibilité. Il faut dire que « ces mesures ont ramené l’inflation à des niveaux beaucoup plus raisonnables et réduit les risques d’atterrissage brusqué » et que quand bien même le combat n’est pas encore gagné, « leur efficacité jusqu’ici tient en grande partie à l’indépendance et la crédibilité que de nombreuses banques centrales ont acquises ces dernières décennies ». Il est une évidence que la façon dont elles ont su juguler l’inflation contraste nettement avec l’instabilité économique qui avait caractérisé la période de forte inflation des années 70, fait-elle remarquer dans sa note. Pour ceux qui l’auraient oublié, « à l’époque, leur mandat ne prévoyait pas explicitement qu’elles devaient donner la priorité à la stabilité des prix, pas plus qu’il n’existait pas de lois claires protégeant leur autonomie, si bien qu’elles ont souvent été poussées par les dirigeants politiques à baisser les taux d’intérêt en période de forte inflation », se souvient Kristalina Georgieva notant que ce n’est qu’au milieu des années 80, quand les banques centrales ont reçu le soutien politique nécessaire pour prendre des mesures agressives, qu’elles ont réussi à réduire l’inflation. Comme pour souligner les bienfaits de l’indépendance des banques centrales, la DG indique qu’une étude du FMI portant sur plusieurs dizaines de banques centrales sur la période comprise entre 2007 et 2021 a montré que celles présentant un haut niveau d’indépendance ont mieux réussi à maîtriser les anticipations d’inflation de leur population, ce qui aide à contenir l’inflation à un bas niveau. Une autre étude du FMI répertoriant les résultats de 17 banques centrales d’Amérique latine au cours des 100 dernières années examine différents facteurs, parmi lesquels l’indépendance dans les prises de décisions, la clarté du mandat et la possibilité qu’elles soient contraintes à consentir des prêts à l’Etat. Là encore, il s’avère qu’un plus grand degré d’indépendance est associé à de bien meilleurs résultats sur le plan de l’inflation. Alain Bouithy
L’économie mondiale est en passe de réaliser sa plus faible performance sur cinq années depuis 30 ans
Alors que le monde est à mi-parcours de ce qui devait être une décennie décisive pour le développement, son économie devrait enregistrer un triste record d’ici fin 2024 : la plus faible croissance du PIB sur une demi-décennie depuis 30 ans, ainsi que le révèlent les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale. À certains égards, l’économie mondiale est en meilleure posture qu’il y a un an car le risque d’une récession globale s’est éloigné, en grande partie grâce à la vigueur de l’économie américaine. Néanmoins, les tensions géopolitiques croissantes pourraient engendrer de nouveaux risques à court terme. Par ailleurs, les perspectives à moyen terme se sont assombries pour de nombreux pays en développement, en raison du ralentissement de la croissance dans la plupart des grandes économies, de l’atonie du commerce mondial et des conditions financières les plus restrictives depuis des décennies. Ainsi, la progression des échanges mondiaux en 2024 ne devrait représenter que la moitié de la moyenne enregistrée pendant les dix années ayant précédé la pandémie. En outre, les coûts d’emprunt pour les économies en développement — en particulier celles dont la note de crédit est médiocre — devraient rester élevés, les taux d’intérêt mondiaux étant bloqués à des niveaux record depuis quatre décennies (en termes corrigés de l’inflation). La croissance mondiale devrait ralentir pour la troisième année consécutive, passant de 2,6 % l’an dernier à 2,4 % en 2024, soit près de trois quarts de point de pourcentage en dessous de la moyenne des années 2010. Les économies en développement ne devraient croître que de 3,9 %, soit plus d’un point de pourcentage de moins que la moyenne de la décennie précédente. Après une performance décevante l’année dernière, les pays à faible revenu devraient connaître une croissance de 5,5 %, plus médiocre que prévu. À la fin de 2024, les habitants d’environ un pays en développement sur quatre et d’environ 40 % des pays à faible revenu seront toujours plus pauvres qu’ils ne l’étaient à la veille de la pandémie de COVID en 2019. Et les économies avancées devraient voir leur croissance ralentir à 1,2 % cette année, contre 1,5 % l’année dernière. « Faute d’un changement de cap majeur, les années 2020 resteront dans les annales comme une décennie d’opportunités gâchées, souligne Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale. À court terme, la croissance restera faible et laissera de nombreux pays en développement — en particulier les plus pauvres — en butte à des niveaux de dette paralysants et avec près d’une personne sur trois en situation de précarité alimentaire. Un tel scénario entraverait les progrès accomplis dans la réalisation de nombreuses priorités mondiales. Cependant, il est encore possible d’inverser la tendance. Le rapport préconise une trajectoire claire pour ce faire, et décrit la transformation possible si les gouvernements agissent dès maintenant pour accélérer l’investissement et renforcer leurs cadres de politique budgétaire. » Pour lutter contre le changement climatique et réaliser d’autres objectifs clés du développement mondial d’ici 2030, les pays en développement devront augmenter considérablement leurs investissements, jusqu’à environ 2 400 milliards de dollars par an. Mais en l’absence d’un véritable train de mesures, les probabilités d’une telle progression sont minces. La hausse de l’investissement par habitant dans les économies en développement entre 2023 et 2024 ne devrait être que de 3,7 % en moyenne, soit un peu plus de la moitié du taux des deux décennies précédentes. Le rapport propose la première analyse globale de ce qu’il faudra faire pour générer un essor durable de l’investissement, en s’appuyant sur l’expérience de 35 économies avancées et de 69 économies en développement au cours des 70 dernières années. Il constate que les pays en développement récoltent souvent un dividende économique lorsqu’elles accélèrent la croissance de l’investissement par habitant à au moins 4 % et la maintiennent pendant six ans ou plus. Dans ce cas, le rythme de convergence avec les niveaux de revenu des économies avancées s’accélère, le taux de pauvreté diminue plus rapidement et la croissance de la productivité est multipliée par quatre. D’autres avantages se matérialisent également pendant ces périodes d’essor, entre autres la baisse de l’inflation, l’amélioration de la position budgétaire et extérieure et une accélération de l’accès des habitants à internet. « Les phases d’essor de l’investissement peuvent transformer les économies en développement et les aider à accélérer la transition énergétique et à atteindre un large éventail d’objectifs de développement, déclare Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives.Pour déclencher de tels cycles, les pays en développement doivent mettre en œuvre des trains de mesures visant à améliorer les cadres budgétaires et monétaires, à développer les échanges commerciaux et les flux financiers internationaux, à améliorer le climat d’investissement et à renforcer la qualité des institutions. La tâche est difficile, mais nombre d’entre eux ont déjà réussi à le faire. Renouveler ces efforts contribuera à atténuer le ralentissement prévu de la croissance potentielle au cours du reste de la décennie. » Les dernières Perspectives économiques mondiales se penchent également sur le cas des pays exportateurs de produits de base, qui représentent les deux tiers des pays en développement, en décrivant comment ils pourraient éviter les alternances d’expansion et de ralentissement. Le rapport constate que les gouvernements de ces pays adoptent souvent des politiques budgétaires qui intensifient ces cycles. Par exemple, lorsque l’augmentation des prix des matières premières stimule la croissance d’un point de pourcentage, les gouvernements augmentent les dépenses, avec à la clé 0,2 point de croissance supplémentaire. En général, en période de prospérité, la politique budgétaire tend à surchauffer l’économie, et dans les moments difficiles, elle aggrave le marasme. Cette « procyclicité » est 30 % plus forte dans les pays exportateurs de produits de base que dans les autres économies en développement. En outre, les politiques budgétaires sont souvent 40 % plus volatiles dans ces pays que dans les autres économies en développement. L’instabilité associée à la procyclicité et à la volatilité accrues de la politique budgétaire pèse de manière chronique sur les perspectives de croissance des économies en développement exportatrices de matières premières. Ce frein peut être réduit en mettant en place un cadre budgétaire qui discipline les dépenses publiques, en
La croissance mondiale devrait rester faible en 2023
Perspectives. « L’économie mondiale s’est montrée plus résiliente que prévu au premier semestre de 2023 », a annoncé l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport intermédiaire sur ses perspectives économiques. Dans ce document, rendu public mardi 19, l’organisation internationale d’études économiques prévoit cependant que « les perspectives de croissance restent moroses ». En 2024, compte tenu de la matérialisation progressive des effets des politiques monétaires et de la reprise plus faible que prévu enregistrée en Chine, estime l’OCDE, « la croissance mondiale devrait être inférieure à celle observée en 2023 ». « L’inflation globale diminue, mais l’inflation sous-jacente demeure persistante, alimentée par le secteur des services et par la situation encore relativement tendue des marchés du travail », souligne également l’organisation dans son rapport constatant que les risques restent orientés de manière prédominante à la baisse. Pour l’OCDE, « l’inflation pourrait de nouveau s’avérer plus persistante qu’anticipé, dans la mesure où les marchés de l’énergie et des produits alimentaires pourraient encore subir des perturbations. Un ralentissement plus marqué de l’activité en Chine freinerait davantage la croissance partout dans le monde. La dette publique reste élevée dans de nombreux pays ». Ainsi, selon les perspectives économiques intermédiaires – septembre 2023, la croissance économique mondiale devrait ressortir autour de 3% au titre de cette année, avant de refluer à 2,7% l’année prochaine. Dans ses explications, l’organisation internationale estime qu’«une part disproportionnée de la croissance mondiale en 2023-24 devrait rester imputable à l’Asie, malgré la reprise plus faible que prévu observée en Chine ». Poursuivant son analyse, l’institution fait remarquer que l’inflation globale a continué de reculer dans de nombreux pays, sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et des produits alimentaires au premier semestre de 2023. Elle note cependant que « l’inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors composantes les plus volatiles, à savoir l’alimentation et l’énergie) n’a pas sensiblement reflué ».Pour les analystes de l’OCDE, elle reste donc nettement supérieure aux objectifs fixés par les banques centrales. Dans ce cas, « l’un des principaux risques est que l’inflation s’avère de nouveau plus persistante qu’anticipé, ce qui obligerait les banques centrales à relever encore les taux d’intérêt ou à les maintenir à un niveau élevé pendant une période plus longue », souligne l’organisation. Abordant la question des effets des politiques monétaires qui se font sentir progressivement dans les économies, l’OCDE note que « sur fond de hausse rapide des taux directeurs, les taux d’intérêt des nouveaux prêts aux entreprises et des nouveaux prêts hypothécaires ont augmenté ». Aussi, bien qu’elle soit douloureuse pour les ménages et les entreprises, elle estime que «la hausse des coûts d’emprunt, qui vise à freiner la demande, constitue un canal classique de transmission des effets de la politique monétaire». A la question de que peuvent faire les pouvoirs publics, l’OCDE recommande que les politiques monétaires restent restrictives, appelle les autorités budgétaires à se préparer aux futures tensions sur les dépenses et les invite à assouplir les restrictions aux échanges qui stimuleraient la productivité et la croissance. Alain Bouithy
Une économie mondiale fragilisée dans un contexte de taux d’intérêt élevés
Selon les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale, la croissance a nettement ralenti et le risque de tensions financières dans les économies de marché émergentes et en développement s’intensifie dans un contexte de taux d’intérêt élevés. La croissance mondiale devrait marquer le pas en 2023, pour tomber à 2,1 %, contre 3,1 % en 2022. En excluant la Chine, les économies émergentes et en développement devraient voir leur croissance ralentir à 2,9 % cette année, contre 4,1 % l’année dernière. Ces anticipations font état d’une révision à la baisse généralisée. « Le moyen le plus sûr de faire reculer la pauvreté et de favoriser la prospérité est l’emploi, et le ralentissement de la croissance rend la création d’emplois beaucoup plus difficile, souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga. Il est important de garder à l’esprit que les prévisions de croissance ne sont pas une fatalité. Nous avons la possibilité d’inverser la tendance, à condition d’y œuvrer tous ensemble. » Jusqu’à présent, la plupart des économies émergentes et en développement n’ont été que peu affectées par les turbulences bancaires récentes dans les économies avancées, mais elles évoluent désormais dans des eaux dangereuses. Avec le durcissement croissant des conditions de crédit au niveau mondial, 25 % d’entre elles ne peuvent plus accéder aux marchés obligataires internationaux. La situation est particulièrement critique pour celles qui présentent des vulnérabilités sous-jacentes telles qu’une faible solvabilité. Les projections de croissance pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, ce qui rend ces économies très vulnérables à de nouveaux chocs. « L’économie mondiale est dans une position précaire, indique Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale. En dehors de l’Asie de l’Est et de l’Asie du Sud, elle est loin du dynamisme nécessaire pour éliminer la pauvreté, lutter contre le changement climatique et reconstituer le capital humain. En 2023, le commerce progressera à moins d’un tiers du rythme observé dans les années précédant la pandémie. Dans les marchés émergents et en développement, la pression de la dette s’accroît sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. La faiblesse des finances publiques a déjà fait basculer de nombreux pays à faible revenu dans une situation de surendettement. Dans le même temps, les financements nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable dépassent largement les projections les plus optimistes en matière d’investissement privé. » Selon les dernières prévisions, les chocs simultanés causés par la pandémie, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le ralentissement économique brutal dans un contexte de resserrement des conditions financières mondiales constituent un sérieux revers pour le développement, qui persistera dans un avenir prévisible. D’ici à la fin de 2024, l’activité économique dans les pays émergents et en développement devrait en effet être inférieure d’environ 5 % aux projections établies à la veille de la pandémie. Dans les pays à faible revenu, en particulier les plus pauvres, les dégâts sont considérables : dans plus d’un tiers de ces pays, le revenu par habitant à l’horizon 2024 sera encore inférieur aux niveaux de 2019. La faiblesse de la croissance des revenus aggravera l’extrême pauvreté dans nombre d’entre eux. « De nombreuses économies en développement sont déjà aux prises avec une croissance faible, à la persistance d’une inflation élevée et à des niveaux d’endettement record. Or de nouveaux risques pourraient encore aggraver leur situation, dont notamment l’éventualité et les répercussions plus étendues d’un regain de tensions financières dans les économies avancées, explique Ayhan Kose, économiste en chef adjoint au Groupe de la Banque mondiale. Les responsables politiques de ces économies doivent agir rapidement pour prévenir la contagion financière et réduire les vulnérabilités intérieures à court terme. » Toujours selon le rapport, dans les économies avancées, la croissance devrait chuter de 2,6 % en 2022 à 0,7 % cette année, et rester faible en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie des États-Unis devrait ralentir à 0,8 % en 2024, principalement sous l’effet de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt enregistrée ces dix-huit derniers mois. Dans la zone euro, la croissance devrait tomber de 3,5 % en 2022 à 0,4 % en 2023, en raison de l’effet différé du durcissement de la politique monétaire et de l’augmentation des prix de l’énergie. Le rapport analyse en outre les conséquences de l’augmentation des taux d’intérêt américains sur les économies émergentes et en développement. La hausse des rendements des bons du Trésor à deux ans depuis un an et demi s’explique en grande partie par le fait que les investisseurs s’attendent à ce que les États-Unis durcissent leur politique monétaire pour juguler l’inflation. Ce qui se traduit par des effets financiers particulièrement néfastes dans les économies émergentes et en développement, avec notamment une probabilité plus élevée de crise financière. En outre, ces effets sont plus prononcés dans les pays plus vulnérables sur le plan économique. En particulier, sur les marchés naissants (caractérisés par des marchés financiers moins développés et un accès plus limité aux capitaux internationaux), les coûts d’emprunt ont tendance à s’accroître de manière disproportionnée. Les écarts de risque sur les obligations d’État peuvent ainsi y augmenter plus de trois fois plus que dans les autres économies émergentes et en développement. Par ailleurs, le rapport fournit une évaluation complète des enjeux de politique budgétaire auxquels sont confrontées les économies à faible revenu. Ces pays sont en grande difficulté. La hausse des taux d’intérêt a aggravé la détérioration de leur situation budgétaire au cours de la dernière décennie. La dette publique y représente aujourd’hui en moyenne 70 % du produit intérieur brut (PIB). Les paiements d’intérêts absorbent une part croissante de recettes publiques déjà limitées. Quatorze pays à faible revenu sont déjà surendettés ou fortement menacés de l’être. Les pressions sur les dépenses s’accentuent dans ces économies. Les chocs négatifs comme les évènements climatiques extrêmes et les conflits sont plus susceptibles de faire basculer les ménages dans la précarité dans les pays à faible revenu que partout ailleurs, en raison de l’insuffisance des filets de protection sociale. En moyenne, ces pays ne consacrent que 3 % de leur PIB à leurs populations les plus vulnérables, ce
Réunion des gouverneurs et des ministres des Finances France – CEMAC
Le Ministre congolais de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Ondaye, Président du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), accompagné de Ludovic Ngatsé, Ministre congolais du Budget, des Comptes publics et du Portefeuille public, et leur homologue français, Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique, ont co-présidé, mardi 25 avril 2023 à Bercy (France), siège du Ministère français de l’Economie et des Finances, la réunion des Ministres des Finances des Zones monétaires CEMAC-France à Paris. Cette réunion a été précédée, la veille, lundi 24 avril 2023, par celle des experts. La réunion bilatérale, tenue en format présentiel, a été placée sous le thème : Quelles réponses face à la multiplicité des chocs externes affectant l’Economie mondiale et la CEMAC en 2023 ? Les Ministres des Finances des deux zones monétaires ont débuté leur séance de travail par l’analyse de la situation macroéconomique et financière : perspectives internationales, en zone Euro et CEMAC en 2023. Après les remarques introductives formulées, respectivement, par Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et François Villeroy De Galhau, Gouverneur de la Banque de France, les Ministres de l’Economie et des Finances de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) et leur homologue français ont relevé, unanimement, que l’Economie mondiale et celle de la CEMAC sont confrontées à une multiplicité de chocs exogènes économiques, climatiques, sécuritaires et financières. Malgré ce constat très préoccupant, ils ont salué la résilience des Economies des pays de la CEMAC, grâce à la mise en œuvre des réformes engagées dans le cadre du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), avec le soutien de l’ensemble des partenaires techniques et financiers (PTF). Ils ont aussi souligné que l’intégration régionale de la CEMAC et sa coopération monétaire avec la France contribuent à renforcer les Economies de cette sous-région et à les préserver, en partie, de l’inflation. Les Gouverneurs des banques centrales ont réaffirmé leur engagement, en ligne avec leur mandat et l’indépendance de la politique monétaire, de garantir la stabilité de la monnaie. Les Ministres des Finances ont d’abord souligné l’importance, d’une part, d’œuvrer à une croissance économique soutenable et inclusive, notamment par la diversification du tissu productif et l’adaptation au changement climatique et, d’autre part, de maintenir la soutenabilité des finances publiques par la poursuite de la mise en œuvre des réformes. Ils ont, ensuite, appelé à renforcer l’intégration économique régionale, facteur de résilience et de solidarité des États, face aux chocs exogènes, dans un contexte de hausse des risques sécuritaires, économiques et financiers, à travers le financement et la mise en œuvre, non seulement des projets intégrateurs prioritaires de la CEMAC, mais aussi de la stratégie de diversification des Economies. Les participants à cette réunion ont salué le succès enregistré dans la mise en œuvre du premier Programme de projets intégrateurs de la CEMAC et accueilli, avec intérêt, la tenue de la Table ronde qui aura lieu à Paris, au mois de novembre 2023, sur le financement du deuxième Programme de Projets intégrateurs de cette zone économique. Les Ministres des Finances des deux zones monétaires ont, enfin, réitéré le souhait de poursuivre ces réunions de concertation à un rythme régulier. Ainsi, la prochaine réunion pourra se tenir en Afrique centrale.
L’économie mondiale va continuer à ralentir avant d’amorcer un rebond l’an prochain
La croissance mondiale devrait ralentir de 3,4% en 2022 à 2,9% en 2023, avant de remonter à 3,1% en 2024, indique le Fonds monétaire international (FMI) dans sa dernière mise à jour des perspectives de l’économie mondiale indiquant une inflation au sommet et une croissance en berne. Selon l’institution financière internationale, « la croissance de 2023 sera de 0,2 point de pourcentage de plus que ce qui était anticipé dans l’édition d’octobre 2022 des Perspectives de l’économie mondiale (PEM), mais reste inférieure à la moyenne historique (2000–19) de 3,8% ». Les mesures pour combattre l’inflation et la guerre menée par la Russie en Ukraine pesant sur l’activité économique, « le niveau de croissance restera faible par rapport aux normes historiques », a estimé Pierre-Olivier Gourinchas, conseiller économique et directeur des études du FMI. Les perspectives étant moins sombres par rapport aux prévisions établies en octobre, l’économiste français assure toutefois que «nous pourrions assister à un tournant, avec une croissance dans le creux de la vague et une inflation en baisse». En effet, comme il le relève dans un blog du Fonds, la croissance économique a fait preuve d’une résilience inattendue au troisième trimestre de l’année dernière, grâce à la vigueur du marché du travail, à la bonne tenue de la consommation des ménages et des investissements des entreprises, et à une adaptation qui s’est révélée plus solide que prévu à la crise énergétique en Europe. Toujours selon Pierre-Olivier Gourinchas dont les travaux se concentrent sur la macroéconomie et la finance internationale, « la situation de l’inflation s’est également améliorée, et les mesures globales prises par la plupart des pays sont désormais réduites ». Qu’à cela ne tienne, on notera cependant que « l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix plus volatils de l’énergie et des denrées alimentaires, n’a pas encore atteint son pic dans de nombreux pays », a-t-il fait remarquer. Quoi qu’il en soit, et alors que la réouverture subite de la Chine ouvre la voie à une reprise rapide de l’activité, force est de constater que « l’atténuation des pressions inflationnistes a permis d’améliorer les conditions financières mondiales », a souligné l’économiste notant que cette tendance, ainsi que l’affaiblissement du dollar américain par rapport à son niveau record de novembre, ont apporté un peu de répit aux pays émergents et aux pays en développement. C’est ainsi qu’il a été décidé de revoir légèrement à la hausse les prévisions de croissance pour 2022 et 2023. L’inflation mondiale va chuter en 2023 et 2024 Dans sa récente mise à jour des perspectives de l’économie mondiale, le FMI annonce en outre que l’inflation mondiale devrait décliner de 8,8% en 2022 à 6,6% en 2023 et à 4,3% en 2024. Elle devrait cependant continuer à dépasser les niveaux enregistrés avant la pandémie (2017–19) d’environ 3,5 %. Selon les experts et analyses du FMI, si la faible croissance attendue en 2023 est liée au relèvement des taux par les banques centrales pour contrer l’inflation et à la guerre en Ukraine, l’analyse des données montre qu’elle est imputable aux pays avancés. Des dernières prévisions, il ressort aussi que la croissance devrait s’accélérer en Chine avec la réouverture complète du pays en 2023 et que la croissance du commerce mondial devrait fléchir cette même année à 2,4%, «malgré une réduction des goulets d’étranglement de l’offre, avant de grimper à 3,4% en 2024», a soutenu le Fonds. D’après le FMI, la croissance devrait augmenter légèrement dans les pays émergents et les pays en développement. Elle devrait passer «de 3,9% en 2022 à 4% en 2023 et à 4,2% en 2024, avec une révision à la hausse de 0,3 point de pourcentage pour 2023 et une révision à la baisse de 0,1 point de pourcentage pour 2024 ». Il sied toutefois de souligner que près de la moitié des pays émergents et des pays en développement affichent une croissance plus faible en 2023 qu’en 2022. Enfin, le FMI prévient que les risques de dégradation des perspectives mondiales restent prépondérants, avec la possibilité d’un recul de la croissance et d’une hausse de l’inflation ; quand bien même « les aléas négatifs se sont atténués depuis l’édition d’octobre 2022 des Perspectives de l’économie mondiale ». Alain Bouithy