Maurice : un rattrapage des bas salaires s’opère dans le temps

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale sur Maurice, paru hier, intitulé Mauritius: Earnings Mobility and Inequality of Opportunity in the Labor Market, les travailleurs peu rémunérés finissent par rattraper leurs homologues mieux payés avec le temps.

De profondes inégalités demeurent cependant et les facteurs à l’origine des inégalités salariales contrarient aussi la mobilité des salaires — de sorte qu’en plus d’obtenir des rémunérations initiales plus faibles, les femmes, les jeunes et les travailleurs les moins éduqués ont plus de mal à rattraper les niveaux de salaire des travailleurs mieux payés au cours de leur vie professionnelle.

« Les travailleurs qui démarrent avec une rémunération située dans le bas de la distribution vont connaître une hausse plus importante de leurs salaires que ceux qui démarrent en haut, signe qu’ils progressent dans l’échelle des revenus, indique Marco Ranzani, économiste à la Banque mondiale et auteur principal du rapportCette évolution dans le temps est encourageante, mais le creusement des écarts de revenu entre travailleurs qualifiés et non qualifiés reste préoccupant. »

La transition progressive des secteurs traditionnels, employeurs d’une main-d’œuvre peu qualifiée, vers le secteur tertiaire, notamment les services professionnels, immobiliers et financiers, explique la hausse des inégalités de revenu des dernières décennies. Cette évolution a entraîné une demande beaucoup plus importante de travailleurs qualifiés, que le pays a bien du mal à satisfaire, malgré les avancées remarquables de l’instruction. Par conséquent, les travailleurs qualifiés ont bénéficié de hausses de salaire beaucoup plus fortes que les travailleurs peu qualifiés.

Avec le temps, l’égalité d’accès au marché du travail s’est améliorée, en grande partie grâce au meilleur niveau d’instruction de la population, mais les femmes et les jeunes tendent à accuser un retard et sont moins susceptibles d’obtenir un travail à plein temps. Le rapport analyse en profondeur l’étendue et la nature de la mobilité des revenus et des inégalités des chances sur le marché du travail mauricien, afin de vérifier si les travailleurs peu payés finissent ou non par rattraper le niveau de salaire de travailleurs présentant les mêmes caractéristiques. Il s’agit aussi d’identifier les facteurs personnels contribuant à la mobilité des revenus et de définir dans quelle mesure son milieu d’origine influe sur l’aptitude d’un individu à accéder à des emplois de qualité et sur le type d’emplois.

Le rapport avance trois recommandations pour égaliser les salaires et les perspectives d’emploi, en particulier pour les groupes à la traîne.

Poursuivre les politiques sociales favorables aux femmes : avec l’introduction d’un congé de paternité, l’extension du congé de maternité, l’interdiction de licencier des femmes enceintes et d’opérer des discriminations fondées sur le sexe dans l’accès au crédit ou encore la loi sur l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, qui impose une obligation positive à tous les employeurs, les réformes récentes vont dans la bonne direction. À terme, des programmes accessibles de prise en charge des enfants et des personnes âgées mais aussi des réglementations du temps de travail encourageant la flexibilité seront essentiels pour éliminer les inégalités hommes-femmes au travail. Des campagnes de sensibilisation visant à faire évoluer les normes sociales prescrivant le type de professions et les niveaux d’emploi des femmes seront également utiles.

Conforter les politiques ciblées de renforcement des compétences les plus demandées : toute nouvelle stratégie de planification des compétences doit commencer par une évaluation exhaustive des besoins actuels et à venir, afin de définir les choix à opérer pour l’éducation et la formation des futures générations de travailleurs. Par ailleurs, des programmes de remise à niveau de la population active pourraient contribuer à résorber les pénuries de profils.

Consolider les programmes d’emploi, les rapprocher des attentes des employeurs et les intégrer dans les politiques d’éducation : ces programmes doivent associer formation continue, formations traditionnelles de courte durée, apprentissage tout au long de la vie et services de placement et d’orientation pour les participants. Le rapport montre que les jeunes peu qualifiés sont réticents à accepter des emplois dans certains secteurs, découragés par les conditions de travail et le statut social qui y est associé. De leur côté, les employeurs indiquent avoir du mal à trouver des profils présentant les compétences techniques recherchées.

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