
Ce magnifique pays, déjà déchiré par la guerre, n’a pas besoin de sombrer dans le chaos.
Le président Biya a perdu les élections. Nous l’avons dit ici dès les premières heures des dépouillements, après des nuits entières de recoupements et de compilations des vidéos et photos des bureaux de vote. Cette tendance a été confirmée par l’équipe d’Issa Tchiroma Bakary qui, depuis quelques jours, publie des chiffres avoisinant ces premières projections.
Plus de 54 % en faveur du candidat de l’opposition n’est pas le résultat final. C’est un résultat issu du dépouillement d’environ 90 % du territoire. Le score sera encore plus conséquent si l’on prend en compte les 10 % restants.
Malheureusement, cette vérité vraie, absolue, inattaquable et inviolable est sur le point d’être torpillée par un régime de 43 ans qui ne s’est maintenu jusqu’ici que par la ruse et la force.
Malheureusement pour lui, 2025 est complètement différent de 2018.
1. D’abord parce qu’il y a une population déterminée, prête à en découdre. Dans le Nord et l’Extrême-Nord, ce qui se passe n’est rien comparé à ce qui se prépare. Le peuple camerounais s’organise jusque dans le Grand Sud. Les leaders de la société civile se concertent et attendent le moment venu pour, unanimement, donner le mot d’ordre.
2. Parce qu’il y a un Issa Tchiroma vindicatif, frontal, résolu à exercer le pouvoir d’État. Tchiroma n’a ni la patience ni la passivité du professeur Maurice Kamto. J’ai écouté tous ses discours : il n’exclut littéralement aucune option. Il n’a pas fait sienne la formule de « l’alternance dans la paix et par les urnes ». Si nous analysons les « non-dits », on comprend aisément que toutes les options sont sur la table pour contraindre le régime de Yaoundé à reconnaître sa défaite, plier bagage et se retirer de la gouvernance d’un pays qu’il n’a même pas été capable de gérer.
À ceux qui nous disent qu’il ne faut pas encourager l’implosion, j’ai envie de demander : qui incendie ?
Une population qui appelle depuis des jours à respecter la vérité des urnes ?
Ou un pouvoir avide de sang qui détient l’allumette au-dessus de l’essence ?
Par Teddy Patou
Journaliste et animateur radio