INTERVIEW. Abdelkhalek Bel Arabi: « Il faut mieux diffuser la culture cinématographique afin d’améliorer la distribution et la réception du produit national»

Entretien avec le président de la Fédération nationale des Ciné-clubs du Maroc 

Partenariats, créations d’évènements cinématographiques, organisations d’ateliers de formation, projections de films éducatifs entre autres, édition de livres sur le 7e art… Nombreuses sont les actions que mènent la Fédération nationale des Ciné-clubs au Maroc dans le but redynamiser le secteur. Dans cet entretien, le président de la Fédération, Abdelkhalek Bel Arabi, nous explique en détails la nature de ces actions et les objectifs escomptés.

Pages Afrik : La Fédération nationale  des Ciné-clubs du Maroc vient de signer une convention de partenariat avec l’Académie régionale de l’éducation et de la formation  (AREF) de Rabat-Salé- Kénitra.  Pourriez-vous nous expliquer le cadre général de cet accord ?

Abdelkhalek Bel Arabi: Cette convention a été signée à l’occasion de la session ordinaire du conseil d’administration de l’AREF, en présence de M. Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement initial et des Sports.Ce partenariat intervient après le dynamisme qu’a connu la Fédération  nationale des Ciné-Clubs du Maroc depuis la signature d’un partenariat privilégié avec le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication – Secteur de la Culture. Ce nouveau partenariat définit le cadre général de la coopération entre l’AREF et notre Fédération  en vue de développer et de diffuser la culture cinématographique dans les établissements d’enseignement de l’AREF conformément aux engagements et aux conditions précisés dans la présente convention.

Quels sont les objectifs de cet accord ?

L’accord fixe également des objectifs communs. Il s’agit notamment d’encourager et soutenir la création de ciné-clubs dans les établissements d’enseignement, œuvrer pour le renforcement de la technique cinématographique chez les étudiants et les élèves en leur offrant un divertissement cinématographique accompagné d’une éducation intellectuelle, esthétique, artistique et technique intégrée. Ce partenariat vise également la diffusion de la culture cinématographique afin d’améliorer la distribution et la réception du produit cinématographique national, l’organisation de plusieurs ateliers de formation pour les étudiants et les animateurs des ciné-clubs scolaires, l’accès aux salles de cinéma de la région pour que les élèves puissent assister aux projections programmées par les ciné-clubs et en débattre et l’accès aux projections commerciales de ces salles à un prix réduit.

Quelles sont les actions que vous avez prévues pour atteindre les objectifs escomptés ?

D’abord, nous allons organiser un concours d’écriture de scénarios, des ateliers de formation. Ensuite, il y a la production de films éducatifs. Enfin, l’organisation d’un festival en partenariat avec l’AREF. Il s’agit du Festival des ciné-clubs pour l’enfance et la jeunesse. Il sera l’aboutissement d’une année de travail rigoureux.J’ai été chargé de certains aspects techniques des salles relevant du ministère de la Culture.  Depuis le début du partenariat, le ministère a commencé à former des jeunes des ciné-clubs aux aspects liés à la présentation des films et à la maintenance des équipements de projection, puis la Fédération a engagé des techniciens de son personnel qui effectueront ces tâches en échange d’un salaire mensuel conforme au salaire minimum tout en respectant le droit du travail en vigueur dans notre pays.  Et c’est un aspect social important que notre Fédération réalise en faveur de la jeunesse, en plus des aspects tactiques et culturels.

En parlant justement du ministère de la Culture, qu’en est-il des salles qu’il a équipées pour les projections de films ? Quelles actions avez-vous entreprises pour en faire des lieux de diffusion de la culture de l’image ?

C’est un projet de longue haleine» qui entend combler le manque de salles de cinéma. Il s’agit de l’ouverture de plus de 150 salles de cinéma dans les 12 régions du Maroc.  La première tranche de ce projet a été lancée à Tamsna en mars dernier prévoit l’ouverture de 50 salles de cinéma.  Cette initiative a pour objectif  de promouvoir l’industrie culturelle et cinématographique en fournissant l’infrastructure nécessaire aux artistes, producteurs et réalisateurs pour présenter et promouvoir leurs œuvres cinématographiques au niveau national, ainsi que de créer une dynamique culturelle dans les différentes villes et régions du Royaume.Ce projet, qui cible particulièrement les villes petites et moyennes, consacre les droits culturels  des Marocains en démocratisant l’accès aux salles de cinéma, notamment pour les jeunes. Cette initiative  vise également à mettre en place un « nouvel écosystème pour les producteurs et réalisateurs marocains » afin qu’ils puissent présenter leurs créations aux citoyens dans des villes telles que Ouarzazate, Debdou, Rissani et Tamesna, qui auront accès à des salles de cinéma grâce à ce projet.

Vous avez aussi édité des livres sur le cinéma au Maroc. Pourriez-vous nous en parler ?

Effectivement, nous avons édité jusqu’à présent deux livres par deux éminentes figures du cinéma marocain à savoir le réalisateur et scénariste Mohamed ChrifTribak et le critique de cinéma Mohamed Bakrim. Le premier a publié son nouveau livre « Un cinéma différent », dans le cadre des publications de la Fédération  nationale des Ciné-clubs du Maroc, avec le soutien du Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication – Secteur de la Culture. Cette publication ajoute une nouvelle dimension à la critique cinématographique, en combinant connaissances théoriques et expérience pratique, pour donner au lecteur une vision critique intégrée du septième art.Le second, quant –à- lui,  a sorti un nouveau livre  intitulé « Cinéma marocain : le regard et le discours ».  La publication de cet opus s’inscrit dans un cadre général et dans un contexte spécifique. Le cadre général, c’est la vitalité que connaît le paysage cinématographique marocain depuis quelques décennies déjà ; une dynamique qui, quoi qu’on dise, est palpable à tous les étages : production régulière et variée, mutations institutionnelles, présence multiforme dans l’espace public. Nous projetons de publier d’autres livres prochainement.

Propos recueillis par Ayoub Akil

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