TRIBUNE. Autour du vacarme produit par cette annonce, je note d’abord et de nouveau – hélas – à quel point les congolais (la diaspora puisqu’elle est majoritaire sur les réseaux) sont prompts et nombreux pour détruire, et moins pour construire.
Même constat sur les polémiques autour de la nuit du Pool ou sur le cas Ntumi. Ceux qui disent du mal sur la base souvent de simples présomptions sont nombreux et virulents, tandis que ceux qui peuvent apporter des améliorations pour l’intérêt collectif sont rares ou silencieux.
Si j’avais la solution pour modifier la donne au Congo, je l’aurai déjà appliquée. Je ne me sens donc pas légitime pour dire aux gens ce qu’ils doivent faire. Je soutiens néanmoins toutes les initiatives qui vont dans le sens de la vision commune bâtie depuis 2015. Je m’oppose également à l’idée que tant que Mokoko ne sort pas de prison, ceux qui ont cru en lui ne doivent plus faire de politique. C’est simplement nous transformer en matsouanistes, attendant le retour du messie. On sait comment la léthargie est un piège létal. Car c’est le choix kafkaïen auquel nous sommes confrontés : ne rien faire, c’est donc que Sassou nous tient par les burnes et il a gagné (il a intérêt que Mokoko soit vivant et en bonne santé el plus longtemps possible) ; quant à l’inverse, agir signifierait qu’on légitime ses lois et postures scélérates.
La politique souvent c’est choisir entre deux mauvaises options a dit quelqu’un. Donc si certains pensent avoir trouvé une faille dans cette option là, je ne peux que leur souhaiter bonne chance, car que le chat soit gris ou noir, l’essentiel est qu’il attrape les souris.
Il est clair, en ce qui me concerne que si j’avais le choix entre Andréa Ngombet, Sassou Nguesso, Tsaty Mabiala ou Parfait Kolélas, le jeune activiste aura ma voix. Le débat de légitimité de l’élection avait déjà eu lieu en 2015, et malgré notre rejet de la nouvelle constitution et du candidat du pouvoir, nous sommes quand même allés à ces élections. A vrai dire rien n’a changé aujourd’hui et c’est peut être là justement que réside tout le problème.
En effet, le système ne donne aucune possibilité d’alternance basée sur le nombre de voix à obtenir. L’élection est un décorum, une formalité. Je peux alors comprendre la circonspection de nombreux d’entre nous. Je n’ouvre même pas le volet incitant au doute sur son manque de base, de connaissance du terrain, l’origine des fonds pour une telle aventure, de la garantie de son intégrité physique, de sa capacité à impulser une dynamique de soutien réelle (et non virtuelle) à son endroit. Bref toutes les réserves entendues ne sont pas illégitimes.
Toutefois, connaissant Andréa Ngombet et le sachant pas trop con – parfois borné, mais c’est le luxe de la jeunesse – , je me permets de croire qu’il a une idée derrière la tête et qu’il n’est pas simplement en train d’aller répéter nos erreurs (eût-il les épaules, ce qui est loin d’être gagné pour faire la comparaison), espérant passer entre les gouttes parce qu’il est plus beau.
On peut être candidat pour gagner, certes, mais pour l’heure cela relève de la politique fiction. On peut aussi l’être pour se faire ouvrir des portes et mieux éclairer son combat. C’est une stratégie. On peut aussi le faire pour des raisons de positionnement personnel. Mahamadou Issoufou , président du Niger l’a emporté à la quatrième tentative. Bon, à la première il était déjà DG d’une filiale d’Areva… notre frère part vraiment de loin. La politique c’est aussi une lutte de positionnement personnel, notre ami a visé sa branche de départ, la plus haute certes, mais c’est son droit.
Alors, ignorant les soubassements de cet engagement, la capacité à mener le projet à son terme et le résultat escompté, je reste spectateur dans cette affaire. Que son idéal soit réellement celui de nous tous, et dans ce cas, que les mânes de nos ancêtres l’accompagnent.
La lutte continue.