Pour tous ceux qui vivent il y a de l’espérance

Il y a d’abord Sého, un congolo-parisien toujours célibataire dans la fleur de l’age. Pour combler ce vide, sa mère, Zola, qui est au Congo, lui trouve une femme à son insu. Nsona, qu’il n’a jamais vu. Il partage sa vie entre son boulot de plombier, les prostituées parisiennes et sa piaule de banlieue. Alors qu’il fréquente provisoirement les péripatéticiennes parisiennes, il s’amourache d’une prostituée nigériane de Pigalle, aussi belle que la Sulamithe du roi Salomon, qu’il a du mal à quitter. Dans le même laps de temps, il rencontre une franco-congolaise dont il tombe amoureux alors qu’elle est loin d’être son modèle féminin rêvé.
Ensuite, Miamona, cette franco-congolaise qui vit à Nice, également dans la fleur de l’age, célibataire aux aventures sentimentales sans lendemain comme celle avec son collègue Danois. Miamona, un cœur déchiré par un ex copain, Kiessé, qui «…avait tout pris : ma foi, mes émois, ma confiance…égoïstement sans rien semer en retour. Il m’avait laissé seule…Mon cœur était atteint d’un syndrome incurable. » (page 25). Puis, la rencontre de Sého dans un restaurant de la gare du Nord à Paris, « Chez Carine. » Et, un cœur qui bat désormais pour ce dernier alors qu’il n’est pas son genre d’homme. Pourtant, même Peter, rencontré à International Baptist Church à Nice et dont elle dira : « Il me plut,» ne parvint pas à lui faire oublier Sého (page36).

Entre Sého et Miamona c’est je t’aime moi non plus
Tel est le décor planté par Éveline Mankou dans son 6 eme ouvrage, « ELIKIA-ESPOIRpublié prochainement aux éditions Lulu.com en France. Une intrigue sentimentale passionnante, d’abord meublée dans les pensées de Sého et de Miamona après leur rencontre. Deux caractères que tout sépare. Le mode de vie, les fréquentations, la vision de la vie, le sens du mariage…Parlant d’elle, Sého dit :
– Je suis un homme, un vrai. Il me faut une femme qui sera à la hauteur de mes espérances. Une de chez moi : une congolaise. Mais sûrement pas cette pimbêche de la Gare du Nord. Cette déstabilisée, déséquilibrée…Cette prétentieuse qui ose me défier du regard. Du temps de ma mère la femme baissait ses yeux…Non celle là n’est pas une vraie congolaise. La mienne je la souhaite, prude, nubile, pucelle.
De Sého, Miamona affirme :
– Lui, le Cro-magnon, le fruste…Je rêve chaque soir d’un homme qui est son opposé.

Elle prit ma main et m’entraîna dans la chambre. Peux-tu m’embrasser ?
Cependant, la force des sentiments, mêmes les plus refoulés l’emporte de part et d’autre au fil du roman d’Éveline Mankou. « Il avait quelque chose…le pouvoir de me dompter alors que mon cœur ne voulait pas se soumettre…J’attendais minute après minute devant mon téléphone qu’il m’appelle. Je me voyais hissée au sommet de son bangala (pénis) pour un voyage au pays du plaisir (chap 5). Quant à Sého, pensant dorénavant à elle : « Je voudrais la prendre dans mes bras, la choyer, la caresser…Je voudrais poser le bout de ma langue sur son mamelon, sentir la chaleur de sa poitrine, ouïr la symphonie de son cœur, pénétrer son labyrinthe, posséder ses merveilles, cueillir ses fruits d’or » (page 22).
C’est au bout d’un suspense conduit avec brio par l’auteur que les héros se retrouvent enfin physiquement pour une soirée torride qui intervient au 8eme chapitre. Elle dit : « Sa voix était douce comme du miel ». Lui, comme un homme vaincu, avoue : « En réalité, elle me rendait fou. » Oui, on peut le dire fou, dans une épopée sentimentale contée au passé simple et à l’imparfait. Des temps interrompus parfois par l’emploi du présent pour marquer un fait.

Oh ! Ce n’est pas mon truc de servir les femmes
Au delà de l’amour, dans cette histoire bien racontée de l’intérieur et qui semble aussi autobiographique, Éveline Mankou aborde les thèmes comme le célibat ou la misère humaine. La difficulté d’associer la tradition africaine et le modernisme occidental ainsi que la place de la femme dans nos sociétés y sont également évoqués. Tout ceci à travers un merveilleux récit compréhensible par tous. Récit qui met en lumière, par exemple, l’attachement de Sého à la tradition par l’acceptation du mariage forcé et de la dot à payer. Une attitude qui rappelle et contraste avec celle de Julienne Baka-Kabadio, qui refusa de se plier à la coutume au prix de ses enfants et de sa vie dans « Le Lévirat, » un roman de Dieudonné Nkounkou, publié aux éditions Ices en France.
Néanmoins, l’amour allant crescendo entre les deux tourtereaux, Sého débarqua à Nice pour voir sa belle. Ils s’offrirent une escapade sur la Haute Corniche niçoise. L’amoureux piqua même une crise de jalousie alors qu’ils étaient assis à une terrasse sur la place du casino à Monaco. « Jaloux…il me prêta même une liaison avec le prince » (Chap 14). Mais finalement, ça se passe bien, d’autant plus que Miamona avait mis du cœur à mettre en pratique un conseil de sa mère : « Pour gagner un homme, il faut être experte en deux domaines : la cuisine et la chambre. »

C’était un suceur de sang
Pendant ce temps à Brazzaville, Nsona, celle qui était promise à Sého par sa mère est retrouvée morte. Une énième victime des sacrifices humains de l’homme politique le plus puissant de la ville avec lequel elle forniquait de nuit pour l’argent. « Pour prospérer et augmenter sa richesse, son succès, sa puissance, pour pérenniser son règne, il s’adonnait aux rites démentiels des sacrifices humains sur le conseil de ses nombreux marabouts » (page 59).

Panique
Enfin, au moment ou rien ne présageait cela, Miamona se retrouva à l’hôpital pour un mal pathologique qui touche les femmes de toutes les couches sociales. En France, 800 à 2000 femmes en souffre chaque année…à la maternité…

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