Vient de paraître : « Fric en Afrique. La honte continentale »  par  Célestin Tanda

Ce deuxième texte de Célestin Tanda, plonge d’emblée le lecteur dans l’univers politique, économique et social de l’Afrique contemporaine, et pose une problématique inhérente à son développement. L’auteur y dépeint avec réalisme, un certain nombre de pratiques, de comportements néfastes et rétrogrades qui occasionnent une survie insignifiante des africains, preuve d’une irresponsabilité citoyenne.

Les seize chapitres qui en constituent la charpente font écho d’un monde en crise, crise sociale qui aurait pour cause, l’inconscience de l’africain devant l’histoire, son ancrage malheureux dans l’irrationnel comportemental, celui de la barbarie et du refus de l’autre. Ce qui revient à dire que c’est un ouvrage qui stipule d’abord et avant tout la prise de conscience sur le développement de l’Afrique, mieux, une invite aux changements de mentalités et surtout l’implication concertante dans la marche vers le progrès. En d’autres termes, cet ouvrage est de bout en bout marqué, par une volonté manifeste de l’auteur d’inciter le peuple africain de manière générale à prendre conscience du destin du continent, de s’imprégner de ses valeurs historiques et surtout de poser les bases solides de son développement. Cette vision auctoriale est soulignée par Pierre Ntsemou dans son discours inaugural dans un élan appréciatif. En effet, dans sa préface, ce dernier apprécie sa bravoure et surtout sa volonté de dire « haut ce qui se susurre à l’oreille tant les sujets fachent les praticiens de ces us et coutumes occultes, retors, barbares, odieux, inhumains qui n’honorent pas notre continent […] » (p.18). Le second volet du titre « la honte continentale » en est plus explicite, puis qu’il traduit cette culpabilité ou encore cette irresponsabilité partagée sur le sort de l’Afrique. Cette « honte » devient pour l’auteur, la conséquence directe de ces pratiques incommodes.

Tout commence par la valorisation de l’identité ou des identités africaines, à l’exaltation de « l’âme noire », ou encore une sorte de défense et illustration de la race noire comme pour réfléchir de manière systématique et prospective sur les causes de régression et les axes idéologiques et culturels inhérents au progrès de cette Afrique-là. Célestin Tanda valorise les figures emblématiques de l’Afrique de tous les domaines, ceux-là qui ont contribué jadis et naguère à son rayonnement. C’est autant croire que l’auteur propose une vision humaniste

et légaliste d’un point de vue endogène et exogène de son continent. Dans le premier sens, le tribalisme est fustigé comme réalité négatrice, source de régression du peuple africain. Et pour s’en convaincre, il passe en revue plusieurs témoignages d’africains de plusieurs pays, jeunes et vieux, comme pour illustrer et dénoncer ces formes de déviances. L’auteur affirme à ce propos:

« Mes chers frères, pour que le monde et notre continent aillent de l’avant, nous devrions nous efforcer à briser la barrière de l’indifférence. Ne commettons plus les mêmes erreurs qu’ont commises nos ainés » (p.63).

En somme, l’ouvrage de Célestin Tanda est une invite pour tout africain à s’imprégner de son histoire, à valoriser ses héros et à s’auto-diagnostiquer dans l’optique de proposer un idéal pour l’Afrique.

rosinloemba@gmail.com

[1] Célestin Tanda, Fric en Afrique. La honte continentale, Brazzaville, L’Harmattan-Congo, 2016,p.125.

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