C’est entre 1970 – 1980, presque vingt ans durant que le chanteur Tanawa a bouleversé la scène musicale congolaise hors des frontières du Congo.
Le chanteur Tanawa est parmi les grands précurseurs africains de spectacles, de chants et danses dans les grandes salles de renom en Europe et particulièrement en France.
Il nous est revenu en 2011, après plusieurs années de silence, dans un creuset d’enthousiasme marqué par son dernier opus « Partez sans moi » véritable mémorandum des différentes figures musicales et de l’ambiance de l’Afrique en fête.
Tanawa, c’est celui qui malgré nous, nous fait lever et obéir au rythme puissant de ses sons et qui nous fait communier jusqu’à l’épuisement de nos forces. Le vers du poète africain : « que la voix du tam-tam réveille les paresseux et annonce les temps nouveaux », exprime parfaitement ce que nous fait vivre son excellent dernier album qui secoue notre torpeur pour nous soulever unanimes dans une même union vers ces temps nouveaux, dont Tanawa réhabilite et revendique l’authenticité de nos sources culturelles.
C’est aussi, un hommage que Tanawa a voulu rendre aux anciens. Car comment résister, comment ne pas répondre à l’appel qui nous envahit lorsque commence à résonner les guitares, les Tumbas, le Synthé, le saxo ; qu’on les appelle « lindanda », « ngoma » , « mpongo » et « madimba » instruments d’un témoignage digne de foi, sur lesquels s’appuient naturellement le message des formes et des rythmes qui perpétuent le souvenir de l’explosion du fait culturel africain, qui a longtemps suscité l’œuvre de Tanawa.
Tanawa pour ceux qui ne l’ont pas connu auparavant, est ce chanteur-compositeur qui a su merveilleusement dépasser les normes de ses origines congolaises en écoutant tous les autres courants de la musique africaine et en construisant petit à petit l’une de nos personnalités les plus originales dans le chant . Souvent enthousiasmant quand il se produit en public, et qu’il laisse éclater sa passion. Tanawa, hélas ! a eut rarement l’occasion de graver son grand talent dans la cire des disques.
Né en 1946 à Brazzaville, de son vrai nom Mayoukou Côme, il a été révélé par le mouvement des groupes vocaux des années 67-68, années des semaines culturelles de Brazzaville. C’est dans le groupe vocal « Les Ombres » dirigé alors par Pierre Mata, que Tanawa se fait connaître, (ce groupe qui a eu le mérite de représenter la jeunesse congolaise en 1973, au Premier Festival culturel de la jeunesse à Tunis) avant de faire partie du groupe « Bayembi » de l’ancien guitariste du groupe vocal « Les Ombres » David Voutoukoulou « Calvet » et de se fixer par la suite en France, où il s’est montré très actif dans la carrière solo.
A son palmarès, très peu d’album, mais les plus représentatifs sont ceux enregistrés sous les marques « Safari Ambiance », « IAD » et le dernier best off « Partez sans moi » superbement arrangé et interprété par une excellente équipe des artisans de l’étonnante polyrythmie si particulière à cette musique : Jeff Louna, Frank Mouele (guitare basse) Jagger Mouanga, Siméon Malonga « Rikky » : (drums, percussion), Freddy Kebano : (piano-synthétiseur), Edo Mansoka, Bony Otsoua : (trompette, trombone ), Biks Bikouta, Bruno Houla :(saxo), Nina Anne Dianzolo, Pauline Mazaba : (chœur), Léandre Yangou, Mika Ephro, Dimbou Douma (clapet)
Enfin, un tournant et une nouvelle jeunesse pour Tanawa, dans cet album dans lequel il affirme ses qualités d’imagination mélodique et de haute virtuosité. Il a fait avec cet opus (en 2 CD), un retour en force auprès de ses compatriotes. Malheureusement, la fragilité de l’état de santé de Tanawa ces deux dernières années a remis aux calendes grecques son retour sur scène et sur disque.
Clément Ossinondé