Dominique Méda, commissaire française des Nuits des philosophes 2019 : On ne résoudra pas la question écologique si on ne combat pas les inégalités

Commissaire française de la 6ème édition de la Nuit des philosophes organisée le vendredi 8 novembre dernier à la faculté des sciences de l’université Mohammed V, la sociologue et philosophe Dominique Méda est actuellement directrice IRISSO à l’Université Paris Dauphine. L’engouement des jeunes pour la philosophie ne se dément pas depuis le lancement de ce rendez-vous. A-t-il pu influencer le choix de cette édition ?Dominique Meda : Cela a sans doute influencé notre choix. L’année dernière, j’avais été très émue et touchée par la présence des lycéens et du coup, je me suis dit qu’il fallait vraiment inviter des gens capables de pédagogie. C’est-à-dire de parler à un large public tout en étant rigoureux bien sûr et capables de discuter avec ces jeunes. Cette édition est marquée par une présence féminine importante. Quelle en est la raison?Effectivement, j’ai essayé d’amener un certain nombre de femmes parce qu’elles commencent à avoir des positions importantes en France et à être écoutées. On pourrait aussi dire que les femmes apportent des choses différentes, « Une voix différente» comme le suggère le livre de Carole Gilligan (Editions Flammarion).Il me semble que les femmes, quand elles accèdent à des positions élevées, amènent des types de questions qui n’étaient pas là auparavant quand seuls les hommes occupaient la place publique. Parce exemple,  comment on réconcilie le travail et la famille.Cela me parait important. Parce que, selon la manière dont vous partagez les tâches domestiques à la maison, vous allez permettre ou pas aux femmes d’accéder à la sphère politique, publique et intellectuelle. Qu’espériez-vous que les participants à cette Nuit des philosophes, notamment les étudiants, retiennent de cette sixième édition ?J’aimerais qu’ils retiennent que nous devons agir très vite en matière de dimension écologique de notre crise et qu’il faut absolument traiter ensemble la question sociale et la question écologique. Parce qu’on ne résoudra pas la question écologique si on ne combat pas les inégalités. Propos recueillis par Alain Bouithy

La philosophie n’est pas une réflexion aride réservée à des élites intellectuelles (IF du Maroc)

L’engouement du public pour les questions philosophiques ne s’est pas démenti depuis le lancement de la « Nuit des philosophes », un événement majeur de la programmation culturelle de l’Institut français au Maroc. La sixième édition de ce magnifique rendez-vous, célébré à Rabat et à Casablanca, à quelques jours de la Journée mondiale de la philosophie qui aura lieu le 21 novembre courant, a une nouvelle fois confirmé cet engouement. Dans une ambiance détendue, le public venu nombreux a pu vivre des moments exceptionnels d’échange et d’ouverture, en français et en arabe, aidé sans doute aussi par la thématique générale du « Partage » choisie pour cette sixième édition. Directrice générale de l’Institut français du Maroc, Clélia Chevrier Kolačko n’est nullement surprise de l’enthousiasme du public. « La Nuit des philosophes attire chaque année des milliers de personnes et je dirais que cette année ne dément pas ce succès », a-t-elle déclaré dans son discours inaugural faisant remarquer que l’amphithéâtre Belmahi, où se tenait la conférence inaugurale, était plein « à craquer jusqu’au dernier rang. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que « La Nuit des philosophes » – 2019, qui se voulait aussi riche voire plus en partage que les précédentes éditions, a vraiment drainé du monde. Surtout du beau monde, serait-on tenté de préciser, qui a pris très tôt d’assaut l’amphithéâtre Belmahi de la Faculté des sciences de l’Université Mohammed V à Rabat pour assister à la conférence inaugurale. Alors que les organisateurs s’activaient à mettre les dernières touches pour donner à cette soirée le rayonnement qu’il mérite, de nombreux jeunes et étudiants, professeurs, curieux et invités avaient choisi d’envahir très tôt les lieux, espérant ainsi trouver la bonne place pour ne surtout pas rater les premiers échanges de la soirée. Un beau monde que l’on retrouvera tout au long de cette soirée dans les différents espaces devant accueillir les échanges et débats suscités par le thème de cette année et que les organisateurs avaient décliné en quatre sous-thèmes, « La terre en partage et partager la terre », « Partager le travail, le repos et les loisirs », « Partager le pouvoir et les richesses » et « Le partage du savoir »,  clairement inscrits dans l’actualité, soulignera la DG de l’Institut français dans son allocution. Animée par les commissaires Dominique Meda et Mohamed Doukkali, respectivement philosophe et sociologue française et professeur marocain du département philosophie à l’Université Mohammed V à Rabat, la conférence inaugurale a réuni un public divers, jeune, passionné ou amateur venu échanger autour de la thématique du partage. Une thématique que se sont chargés de décortiquer plus de trente-cinq intervenants dont de grands penseurs, philosophes et artistes venus de France et du Maroc confronter points de vue et opinions autour du sujet central. S’il peut faire référence à un acte de division, donc de séparation, « le terme de partage fait aussi signe vers ce qui est réalisé en commun -partager une émotion, un spectacle, un repas – ou vers la gratuité du don », souligne Dominique Méda.Commissaire des « Nuits des philosophes 2019 » et, par ailleurs, directrice IRISSO à l’Université Paris Dauphine, la philosophe et sociologue française a affirmé que « cette ambigüité constitutive est propice à la réflexion, notamment en ce moment particulier où la permanence de conditions de vie authentiquement humaines sur terre (selon l’expression du philosophe Hans Jonas) semble ne plus être assurée et où l’inégalité dans la répartition des revenus, des patrimoines, des chances et des accès atteint des sommets ». Impressionnée par la forte présence des jeunes à cette manifestation, la philosophe a confié qu’elle aimerait qu’« ils retiennent que nous devons agir très vite en matière de dimension écologique de notre crise et qu’il faut absolument tenir ensemble la question sociale et la question écologique ». Car, a-t-elle soutenu : « On ne résoudra pas la question écologique si on ne combat pas les inégalités ». De son côté, Clélia Chevrier Kolačko a assuré que « la philosophie n’est pas une réflexion aride réservée à des élites intellectuelles. C’est au contraire une discipline concrète qui aborde des questions du quotidien et sociales : qu’est-ce qu’on veut actuellement de notre terre ou de notre société ? Ce qui est bien le  sens de la thématique du partage que nous avons choisie ». Elle pense que « cela intéresse tout le monde de réfléchir à la manière dont on souhaite partager la terre qu’on a reçue en partage, les richesses, le pouvoir, notre temps entre la famille, le travail, les loisirs », poursuit-elle.Mais au-delà de tout, « ce qui est important pour nous, c’est justement d’amener les jeunes et moins jeunes à venir prendre plaisir à la philosophie », assurant que l’Institut français du Maroc est ravi de pouvoir continuer à inviter et initier un large public à philosopher. » Soulignons que le public a par la suite pu suivre des conférences thématiques, des conversations entre philosophes, des dialogues entre philosophes et intellectuels issus des sciences sociales. Des moments suivis d’échanges avec le public  dans une ambiance conviviale. Notons enfin que de public pouvait en parallèle à cette manifestation découvrir l’exposition « L’eau au cœur de la science » réalisée par l’Institut de recherche pour le développement. Alain Bouithy

Maroc : Le Prix national de la meilleure junior entreprise 2017 attribué à l’équipe féminine de l’Université Mohammed V- Rabat

Après avoir remporté la compétition régionale, le 17 juin dernier, l’équipe féminine ‘TITRITE’ du Master Management stratégique des ressources humaines (MSRH), Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales- Agdal relevant de l’Université Mohammed V de Rabat (UM5), a remporté le prix national de la meilleure junior entreprise étudiante 2017, catégorie université. La cérémonie de remise des prix de la compétition nationale s’est déroulée à Casablanca, le 10 octobre 2017, entre sept universités ayant bénéficié du Company Program Injaz Al Maghrib. Selon Saaid Amzazi, Président de l’UM5, cette consécration est le résultat d’une stratégie menée par l’Université Mohammed V vers ce sens, d’un encadrement sérieux, d’un travail acharné mené par l’équipe ‘TITRITE’ de l’UM5 ainsi que des collaborations fructueuses. Pour rappel, le projet intitulé : «TITRITE » consiste en la miniaturisation des monuments historiques à base de matières naturelles, comportant une carte audio intégrée relatant son histoire en différentes langues. Les sept étudiantes que compte l’équipe du projet, Maha AL Atlassi, Fatima Zohra Haimd, Ihssane Senhaji, Shaimaa Radouani, Khaoula Hakkari, Aziza Louraoui et Sophia Mourchid, ont été coachés par Anbar Bennouna, Conseillère bénévole d’INJAZ, Professeur Jalila AIT Soudane, encadrante et responsable du Master Management stratégique des Ressources Humaines de l’UM5, par le Professeur Karima Ghazouani, directrice du Centre universitaire de l’entrepreneuriat de l’UM5 et l’équipe de ce Centre. Ajoutons que les lauréates vont représenter le Maroc dans la compétition de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) de la meilleure Junior Entreprise arabe 2017 qui regroupe les jeunes des 14 pays membres du réseau ‘Injaz Al-Arab’ et qui ont créé une Junior Entreprise dans le cadre du Company Program. Cette compétition est prévue, du 19 au 21 novembre prochain au Caire.

Création des chaires Graciela Hierro à l’Université Mohammed V et Fatima Mernissi à l’Université nationale autonome du Mexique

Renforcement de la coopération maroco-mexicaine L’Université Mohammed V de Rabat (UM5) et l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) ont procédé, mardi 3 janvier courant, à la signature d’un accord pour la création des chaires d’études sur les droits de l’Homme, la parité et l’immigration Graciela Hierro à Rabat et Fatima Mernissi à Mexico. L’accord a été signé par le président de l’Université Mohammed V de Rabat, Pr Saaïd Amzazi, et son homologue de l’UNAM, Pr Enrique Graue Wiechers, en présence de l’ambassadeur du Mexique au Maroc, Andrés Ordonez et de nombreux invités dont des spécialistes des relations maroco-latino-américaines. L’objectif de cet accord est d’offrir un environnement idéal pour l’enrichissement et la diversification des activités d’enseignement, d’intégration et de rayonnement universitaire, ont indiqué les deux parties signataires. Cet accord permettra également aux deux institutions universitaires de mener conjointement plusieurs activités dont des conférences, des cours, des séjours de recherche et des forums de discussion afin d’approfondir l’étude des problématiques et des alternatives portant sur des thématiques essentielles aux sociétés contemporaines. Les deux parties s’engagent à promouvoir, planifier et mettre en œuvre de manière coordonnée les activités universitaires et les mécanismes opérationnels de coopération nécessaires à l’exécution de cet accord. Autonome depuis 1928, l’UNAM est considérée comme la plus grande institution universitaire du Mexique, du monde latino-américain et même hispanique, avec presque 400.000 étudiants et enseignants et 24 musées. Source de production d’idées et de propositions, elle constitue un véritable poumon social, scientifique et culturel du Mexique. A noter que la signature dudit accord a été le point d’orgue d’une rencontre organisée à la Faculté de médecine dentaire et animée par le professeur Enrique Graue Wiechers sur le thème «Le rôle social de l’université dans les pays émergents et les opportunités qu’elle offre au dialogue et à la coopération Sud-Sud». Ils ont dit Dr Alberto Vital Diaz, coordinateur des sciences humaines de l’UNAM Dans le sous-système des sciences humaines, nous avons des programmes de droits de l’Homme dont a la charge le Dr Luis de la Barreta et un Centre de recherche sur la parité et l’équité dans tous les domaines. Ce sont là des espaces qui pourront accueillir les chaires. En outre, des commissions spécifiques ont été établies à Mexico et Rabat pour gérer les deux chaires qui ont été pensées d’une façon transversale pour impliquer tout ce qui peut l’être dans les domaines des droits de l’Homme, la parité, l’immigration, le cinéma, la science sociale et la littérature, entre autres. Dr David Romero, directeur du Centre des sciences génomique (CCG) L’Université nationale autonome de Mexico détient depuis 13 ans une licence en science génomique. Nous allons travailler ensemble avec l’Université Mohammed V de Rabat en vue de son adaptation et son établissement au Maroc. Le projet consiste à établir un programme qui soit compatible et permette la migration des étudiants entre le Mexique et le Maroc et éventuellement la double titularisation. Nous comptons aussi faire de la recherche dans des domaines de la science génomique et probablement encadrer une autre chaire avec des mécanismes de motivation sur de nouvelles recherches. Dr Luis de la Barreta, Centre d’études des droits humains Nous avons à l’UNAM un programme de préservation avec plusieurs spécialisations dont une porte sur les droits de l’Homme, un sujet placé au niveau des licences et des spécialisations en droit. Notre programme compte parmi les plus récents de l’université et dispose d’un magazine publié mensuellement. Nous développons aussi des recherches sur des thèmes très sensibles tels que les droits de l’Homme et l’émigration. Nous disposons d’une clinique juridique qui s’intéresse à ces problématiques et dont la collaboration des étudiants en fin d’études demeure importante. Qu’il s’agisse de différentes recherches et des supports de la clinique, nous serons très intéressés de recevoir des académiciens et des étudiants de l’Université Mohammed V. Propos recueillis par Alain Bouithy