LITTERATURE CONGOLAISE. Quand la femme chante l’amour en poésie
Une pierre précieuse sur l’île de Virginie (1) : un chant d’amour multidimensionnel Une poésie d’amour sans fausses hontes, un chant déclaré par une femme à son amour. Un véritable amour dont elle semble être prisonnière tout en demandant à son homme de la chérir, de l’adorer, d’être une pierre précieuse pour le bonheur de leur destin. Ce chant d’amour donne une autre dimension à la femme qui se dévoile dans la lumière qui éclaire un certain homme qu’elle appelle nommément par Pierre qui, curieusement rime avec une pierre qui lui est précieuse. Et dans ses vingt huit textes qui constituent ses envolées lyriques, se reflète l’amour de la poétesse pour son homme, pour sa mère et sa grand-mère. S’y découvrent aussi deux poèmes qui chantent l’amour du pays natal. Une pierre précieuse sur l’île de Virginie, une poésie qui navigue dans le bonheur, loin des douleurs, des larmes de tristesse provoquées paradoxalement l’amour, à certains moments. Une femme au cœur de l’homme aimé La foi en amour devient pour la poétesse une sorte de religion qui fait de son homme aimé une espèce de Christ, un amour indélébile dans le cœur de l’homme. Se dégage dans la majorité des textes, le bonheur d’aimer et d’être aimée. Dans ce recueil, certains textes s’appellent les uns les autres, créant ainsi une isotopie de l’amour exponentiel d’une femme pour son homme. Un amour qui parfois sème le doute : « L’amour est une chose extrêmement sérieuse / C’est pourquoi j’ai toujours eu peur de tomber amoureuse » (p.36). Mais pour Virginie Ngolo Awé, les frontières de l’amour pour son homme ont été détruites par le destin. Elle a décidé d’aimer l’homme qu’elle estime et qui doit être l’homme de sa vie ; une sorte d’engagement : « Quand je m’engage, c’est sans partage / Quand je m’engage, c’est pour l’éternité » (p.26). D’abord exprimé implicitement à travers le bestiaire avec l’image du colibri : « Gentil colibri / (…) Sois mon ami / Fais de moi ton abri » (p.27), image où s’exprime la beauté de l’amour à travers cet oiseau enchanteur, la poétesse se dévoile ouvertement à partir du texte intitulé « Ma pierre précieuse » ; un texte qui exprime le bonheur de la poétesse d’avoir rencontré la perle rare, un certain homme qui se prénomme Pierre : « La Divine Providence / A voulu qu’on t’appelât Pierre / Pierre Ngolo, l’élu de mon cœur : Ma pierre d’amour / ma pierre pour toujours » (p.30). Aussi, l’homme aimé dévoilé au grand jour devient en quelque sorte le nerf directeur de l’amour qu’exprime la poétesse à son Pierre, une pierre précieuse. Pierre : l’homme-vie de la poétesse En parcourant ce recueil, tout homme se sentirait heureux d’être à la place de ce Pierre que la femme adore, aime, adule et estime de toute son âme, de toute sa clairvoyance. Cet homme qui, par coïncidence, se prénomme Pierre, apparait ici comme une pierre précieuse pour la poétesse, à l’instar d’un morceau de diamant qui illustre la couverture de l’ouvrage.. L’amour est une épreuve difficile à affronter ; mais l’auteure a su quand même le contenir pour l’être aimé : « Je suis amoureuse / Et je suis heureuse / Car à l’épreuve du temps / Nombre d’amours s’émoussent / Comme de la mousse » (p.31). Dans ce recueil, la poétesse s’interroge sur l’homme en ce qui concerne ses qualités avant de mettre en exergue l’homme parfait qu’est son Pierre : « Existe-t-il un homme parfait ? / (…) Existe-t-il une pierre / Plus précieuse que les autres / (…) Que ma pierre à moi, oui / (…) C’est un diamant d’homme / Un homme parfait, mon Pierre Ngolo » (pp. 35-36). Et à tout moment, l’image de cet homme reste accroché à son cœur comme on peut le remarquer dans « Amour lunaire » quand on peut lire : « Pays des roses et d’Eros / Où moi Virginie, jument de Vénus / J’ai succombé à Pierre, étalon d’Apollon » (p.40). Aussi, dans « Mon précieux », elle écrit « Si j’avais été un gnome ? / À toi, Pierre Ngolo, j’aurai offert / Les plus belles pierres » (p.49) ; dans « Merci infiniment », elle clame : « Merci Pierre pour la pureté / La douceur et la force incontestable de ton amour » (p.51) et dans « Sur cette pierre, j’ai bâti ma maison », elle récidive : « Mon amour s’appelle Pierre / Et sur cette pierre j’ai bâti ma maison »(p.59), la poétesse clame aux yeux du monde l’attachement qu’elle a pour son homme. Un amour permanent et constant qui n’a pas subi les turpitudes du destin comme on le remarque souvent pour certains tourtereaux : « De mes émotions déchaînées / Dégoulinent de ma plume / Pour traduire la constance de mes sentiments / À l’endroit de mon Prince charmant / Après toutes ces années, rien n’a changé ; / Car en amour / Rien n’est plus important que la constance » (p.39). Malgré l’amour qui la lie à son homme, amour qui a enflammé et qui enflamme encore son cœur, la poétesse n’oublie pas ses parents et son pays natal qui occupent aussi une partie de son cœur. Mère et grand-mère dans le pays natal Même si on aime follement son homme ou sa femme, on ne peut oublier le cordon ombilical qui nous lie à une autre femme-mère. Aussi, se réveille en nous l’amour maternel. Et Virginie Ngolo Awé ne fait pas exception. C’est d’abord à sa maman qu’elle exprime son amour : « Mère Michou / (…) J’écris ces mots pour te dire / Et te redire encore que je t’aime infiniment » (p.69). Mais cette femme qui est sa mère aussi a, à son tour, une mère. Peut-on aimer sa mère sans penser à sa grand-mère ? Impossible pour notre auteure. Elle exprime son attachement à la mère de sa mère dans « La femme à la main garnie » quand elle s’exclame : « La générosité, le respect et l’amour du / prochain sont des qualités que j’ai héritées de : cette femme au grand cœur, ma grand-mère » (p.74). De cet amour que la poétesse a pour sa mère et sa grand-mère se réveille celui de son Congo natal. Et le sentiment d’appartenir à un terroir se lit