Scandale ou énième théâtre de Naïrobi???

TRIBUNE. « Je suis prêt à dire au monde entier : Ne donnez plus l’argent à ces gens s’ils sont incapables d’organiser les pourparlers dans les bonnes conditions. Cet argent n’est pas pour eux mais c’est pour chercher la paix en RDC », c’est en ces termes crus qu’a réagi Uhuru Kenyatta, le médiateur de la crise sécuritaire qui sévit à l’Est congolais. 1.Beaucoup d’analystes qualifient de “scandale” cet incident de l’argent volatilisé dans la nature et destiné à payer le per diem des participants. Personnellement je suis loin de n’y trouver qu’un simple scandale. Cet incident est révélateur de quelque chose de plus profond et plus nuisible à l’avenir de la RDC. Il a l’air d’un grossier montage diplomatique semblable à une pièce de théâtre dont il est urgent de révéler l’intrigue et ses acteurs. 2.Aux dernières nouvelles, tous les groupes armés participant à la réunion de Nairobi sont nourris, logés, véhiculés et dotés de toute autre faveur pour les mettre dans des conditions de travail. Mais nous avons eu tort de ne pas nous interroger sur l’identité de celui qui finance ces rencontres. Nous avons eu tort de sous-estimer le fait que la main qui donne est aussi celle qui exerce le contrôle de feuille de route sur ce genre de rencontre. 3.La RDC garde un très mauvais souvenir de la culture de per diem. Que ce soit lors des assises de la Conférence Nationale Souveraine en 1992 ou lors du Sommet de Sun City en 2002, le per diem a toujours été utilisé comme moyen de contrôle de l’opinion des participants et de pression sur eux. Au demeurant, au fur et à mesure que se prolonge la rencontre dans le temps, les “financiers “ ( inconnus de l’opinion et souvent issus du camp des oppresseurs) étudient minutieusement la psychologie des participants et se livrent au sale jeu de les manipuler pour les récupérer dans leur camp de nuisance ou tout simplement pour les retourner contre leur propre pays. C’est ainsi que la CNS avait accouché d’une souris jusqu’à son blocage total avec le HCR-PT qui a engendré un pouvoir bicéphale au Zaïre de l’époque. Même scénario à Sun City en Afrique du Sud où les bénéficiaires congolais de per diem (enivrés de faveurs matérielles) avaient fini par prendre fait et cause pour le Rwanda ennemi. Si les congolais refusent de se laisser instruire par l’histoire, ils répéteront à Nairobi la même trahison contre leur propre pays. 4.À suivre attentivement l’intervention de l’ex président kenyan, les financiers de cet argent destiné à organiser cette réunion sont qualifiés par lui des “collègues” dont, suivant ses propres paroles, il ne souhaite pas citer de noms. Collègues par conséquent des individus avec statut de chefs de l’Etat comme lui. Mais qui des chefs d’état Africains est prêt à financer ces genres de rencontre qui se prolongent dans la durée? Qui sinon les présidents des pays nantis de l’occident qui y trouvent en même temps leur compte personnel? Quand Il ajoute :” nous avons suffisamment d’argent “. Bon sang! Cet argent géré par le bureau de l’EAC ne peut tout de même pas être conservé entre les mains d’un individu. Il doit être logé quelque part dans un compte bancaire et son retrait foot impérativement être conditionné par certaines normes strictes d’une personnalité morale. Pourquoi Uhuru Kenyatta fait cette sortie médiatique floue qui prête à toutes les interprétations, y compris à celle de soupçonner les officiels congolais? Qui est d’ordinaire chargé de remettre ces per diem? Est-ce un individu ou une équipe plurinationale? Que veut-on gagner en semant volontairement cette confusion et en faisant ces insinuations dommageables à des tiers? 5.En braquant les projecteurs sur les autres groupes armés qui refusent de participer à la rencontre pour des raisons de non paiement de per diem, le médiateur de la crise du Grand Lacs ne vise-t-il pas à voiler le rôle central du Rwanda et de M23 dans le débat actuel de la sécurisation de l’Est congolais? Dans l’art chinois de la guerre, cela s’appelle “retirer la poutre faîtière et la remplacer par le pilier de soutènement “. Devant cette fureur de l’opinion congolaise à défier frontalement Paul Kagame et ses bad boys de FPR, il est fort probable que le camp ennemi au Congo (dont font partie la plupart des pays membres de l’EAC dont le Kenya et Uhuru Kenyatta) soit en train de modifier son dispositif de combat en substituant les acteurs principaux de l’insécurité de l’Est ( Rwanda et les M23) par des acteurs secondaires ( groupes armés congolais) en vue d’expliquer l’échec de Nairobi 3 et de motiver le passage à un autre scénario plus favorable à la réussite du complot contre la RDC. L’objectif visé ici, c’est bel et bien l’effondrement total de l’infrastructure de l’ennemi. Cet effondrement s’accompagnant bien évidemment de la récupération de toutes les forces d’un rival potentiel. Et c’est sous cet angle qu’il faut interpréter les velléités de séparation et d’indépendance qui s’observent ces derniers jours chez les ressortissants du Katanga et du Kongo Central. L’on peut imaginer l’exploitation qu’ils veulent faire des erreurs du gouvernement en place ( nominations dans la territoriale par-ci et quelques lynchages des natifs locaux par-là) et de la nouvelle direction vers laquelle ils veulent pousser le peuple congolais. Plus que la dimension éthique d’un simple scandale, nous assistons là au déroulement de l’ACTE III d’un théâtre de mauvais goût. Malheur à nous congolais si nous persistons à combattre dans l’ignorance totale du principal objectif de l’ennemi ! Par Germain Nzinga
RD Congo. Le Président Félix Tshisekedi a reçu en tête-à-tête l’ancien Président kenyan, Uhuru Kenyatta

Désigné facilitateur par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) dans le processus de Nairobi pour la paix et la sécurité à l’Est de la République Démocratique du Congo, l’ancien Président kenyan, Uhuru Kenyatta, entame depuis ce dimanche 13 novembre 2022, une visite de travail de quarante-huit heures à Kinshasa. Au Palais présidentiel de Mont Ngaliema où il a pris ses quartiers, l’ex Chef d’Etat kenyan a eu un tête-à-tête de plus d’une heure avec le Président Félix-Antoine Tshisekedi. Rien n’a filtré de ces échanges. Mais l’on ose croire que les préparatifs de la rencontre de Nairobi III prévue dans la deuxième quinzaine du mois en cours avec les différents acteurs engagés dans ce processus de paix ont figuré en bonne place dans les discussions. Après cette séquence, l’ancien Président kenyan était attendu, dans la soirée, au siège de la Monusco, pour des pourparlers approfondis avec les représentants des communautés des différentes provinces concernées par la situation sécuritaire à l’Est du pays, en l’occurrence, l’Ituri, le Nord et le Sud Kivu. Les consultations devront se poursuivre ce lundi 14 novembre 2022 avec un spectre plus large, de sorte à se forger des solides convictions susceptibles de faire avancer le processus de Nairobi pour une paix durable dans l’Est de la RDC et dans toute la région des Grands lacs.
RD Congo/Conclave de Nairobi : Déploiement imminent de la force régionale sans l’armée rwandaise

Réunis en conclave sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC, les présidents Uhuru Kenyatta, Félix Antoine Tshisekedi, Yoweri Museveni, Salva Kir, Evariste Ndayishimiye, Paul Kagame et le représentant de la présidente Samia Suhulu ont approuvé le déploiement imminent de la force militaire régionale à l’Est de la République démocratique du Congo. Placée sous le commandement militaire du Kenya, cette force devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines. La taille de cette force, la durée des opérations et d’autres informations opérationnelles feront l’objet d’une communication ultérieure spécifique. En attendant le communiqué final du State House, une source bien introduite au palais présidentiel de Nairobi nous a confirmé que les troupes rwandaises ne seront pas déployées en terre congolaise. Après une journée des discussions avec parfois des séquences très tendues , les 6 chefs d’Etat ont aussi noté avec satisfaction les avancées significatives du processus politique de Nairobi avec les consultations menées par l’équipe mixte RDC-Kenya. Ce processus irréversible doit se poursuivre avec les acteurs engagés dans la voie pacifique. Les 6 dirigeants ont unanimement condamné la campagne de haine , de stigmatisation et d’appels à la violence. Ils ont lancé un appel au calme .
Kenya: la justice déclare le processus de révision constitutionnelle illégal
Au Kenya, à moins d’un an de l’élection présidentielle la Cour d’appel a confirmé ce vendredi l’illégalité du processus de révision constitutionnelle. Cette réforme « Building Bridge Initiative » (BBI) a été engagée par le président Kenyatta en novembre 2019, avec selon lui, l’objectif d’atténuer le système présidentiel actuel du « vainqueur rafle tout » et qui serait à l’origine des conflits post-électoraux. « Le président n’a pas le pouvoir (…) d’initier des modifications de la Constitution », a conclut le président du tribunal au terme d’une dizaine d’heures de lecture. Un amendement constitutionnel ne peut être initié que par le Parlement ou par initiative populaire a-t-il précisé. En plus de retoquer la proposition de réforme, les sept juges ont estimé que le président Kenyatta pouvait faire l’objet de poursuites civiles pour avoir engagé ce processus. Uhuru Kenyatta ne peut se présenter à un troisième mandat aux élections d’août 2022, et ses détracteurs estiment que cette réforme avait pour objectif son maintien au pouvoir en tant que Premier ministre. Un maintien à la faveur d’un possible arrangement avec celui qui a été son principal opposant Raila Odinga. Cette décision vient asseoir l’indépendance des institutions judiciaires selon certains observateurs. « Nous sommes un peuple engagé dans un débat sain pour rendre notre pays meilleur », a tweeté l’ancien vice-président kényan… Lire la suite sur Rfi