U.P.R.N: Déclaration sur la situation actuelle au Congo-Brazzaville
TRIBUNE. Dans les allées du pouvoir de Brazzaville, la lutte pour la succession du président de la République en exercice fait rage. A Talangaï, quartier situé dans la partie nord de la capitale congolaise, des photos géantes de candidats à la succession familiale sont affichées de façon ostentatoire le long des grandes artères, au vu et au su des autorités nationales et des responsables du Conseil supérieur de la liberté de communication, organe de régulation des médias. Pourtant, la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2021 n’est pas encore ouverte. D’ailleurs à ce propos, la loi électorale en vigueur dispose : « la campagne électorale est ouverte quinze jours avant le scrutin. Elle s’achève 24 heures avant le jour de l’élection. Nul ne peut, par quelque moyen ou sous quelque forme que ce soit, battre campagne électorale en dehors de la période prévue à cet effet ». Dans la même veine, la même loi électorale stipule : « l’élection présidentielle a lieu, trente jours au moins, quarante jours au plus, avant l’expiration du mandat du président de la République en exercice ». Or, le mandat du président de la République actuel prend fin en mars 2021, c’est-à-dire, dans un an. C’est donc en toute illégalité et en toute impunité que certains prétendants à la succession se livrent à cette campagne prématurée d’affiches électorales. Dans sa volonté obstinée de violer les lois de la République, le pouvoir de Brazzaville a en outre, entrepris clandestinement et de façon unilatérale, avec les seuls membres des partis et associations de la mouvance présidentielle, de réviser les listes électorales, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2021. Il est temps que le PCT et le gouvernement à sa solde arrêtent immédiatement ces pratiques mafieuses et de nature à accroître inutilement les tensions dans le pays. Pour rappel, la plupart des conflits qui déchirent aujourd’hui l’Afrique ont pour cause principale, des élections truquées et mal organisées. Le Congo a plus que jamais besoin d’apaisement et non pas d’embrasement. Du côté du PCT (parti au pouvoir), les partisans et les adversaires de Kiki le pétrolier (le dauphin désigné par son président de père) sont également à couteaux tirés, les premiers s’employant à promouvoir la candidature de leur champion à l’élection présidentielle de 2021, les seconds, à empêcher coûte que coûte cette candidature jugée infamante pour eux par les caciques du PCT et les féodaux de la famille régnante qui n’acceptent pas qu’un gamin politique et qui de surcroît a du sang étranger, vienne leur brûler la politesse. Il y a comme une bataille où chacun essaie de se positionner. Les contradictions entre les deux camps ont atteint un point de non-retour. Chauffée à 180°, la marmite PCT menace d’exploser. Ces querelles internes au pouvoir se doublent d’une rumeur insistante sur d’éventuels bruits de bottes, à tel enseigne que le président congolais, en séjour à Oyo, son village natal, a ordonné que soient perquisitionnés sans exception, tous les domiciles privés des cadres politiques, militaires et policiers de la contrée. Selon des sources généralement bien informées, à la faveur des perquisitions opérées à Oyo, Ollombo, Makoua, des quantités énormes d’armes et de munitions de guerre auraient été ramassées et entreposées à la résidence privée du chef de l’Etat à Oyo. A Brazzaville, le pouvoir a instruit la police de fouiller systématiquement tous les véhicules 4/4 et toutes les voitures aux vitres teintées, ce, à l’effet de rechercher des armes de guerre qu’ils pourraient transporter et des mercenaires étrangers qui pourraient s’y cacher. Une sommation a été faite à tous les propriétaires de ces véhicules et voitures, afin de remplacer les vitres teintées par des vitres transparentes dans les plus brefs délais. L’opération a été étendue à toutes les villes du Congo. Devant cette situation pour le moins étonnante (les véhicules teintés étant généralement un identifiant des dignitaires du pouvoir), le Congolais ordinaire se demande ce qui se passe. Tout semble indiquer qu’au sein du pouvoir on ne se fait plus confiance. A tout le moins, il y a de l’électricité dans l’air. Par ailleurs, depuis un peu plus d’une semaine, à la crise économique, financière, sociale, politique, électorale et sécuritaire qui plombe actuellement le Congo, se greffe une crise sanitaire, due à l’épidémie du Coronavirus qui traverse le monde entier. Selon les sources officielles, il y aurait 4 cas de contamination au Congo-Brazzaville (3 à Brazzaville et 1 à Pointe-Noire). A l’évidence, ces chiffres ne reflètent pas la réalité sur le terrain, car, le Congo ne dispose pas de kits de diagnostic du Coronavirus et ne peut donc pas déterminer de manière scientifique le nombre de cas de contaminations sur toute l’étendue du territoire national. Comme chacun le sait, le Congo-Brazzaville entretient d’excellentes relations diplomatiques et économiques avec la Chine, le berceau de l’épidémie. De ce fait, beaucoup de Congolais et de Chinois voyagent entre les deux pays. De même, Pointe-Noire, la capitale économique du Congo abrite une importante population d’Italiens travaillant à la société pétrolière Eni et de Français travaillant à la société pétrolière Total. Ces Italiens et ces Français voyagent beaucoup entre leurs pays et Pointe-Noire. Or, l’Italie et la France sont aujourd’hui d’importants foyers du Coronavirus. C’est dire que ce virus a pu probablement pénétrer profondément Pointe-Noire sans qu’on ne s’en rende compte, car, cette ville ne dispose pas de tests pour dépister le Coronavirus. En raison de l’état notoirement précaire de son système de santé, le Congo n’a pas les moyens scientifiques et infrastructurels de lutter efficacement contre le nouveau virus. Dans ce contexte, la prévention est la seule arme pour limiter sa propagation. C’est pourquoi, les Congolais doivent faire preuve de responsabilité et de civisme en appliquant rigoureusement les gestes barrières édictés par l’OMS et en respectant strictement les mesures annoncées par le gouvernement congolais. L’expérience vécue de la Chine, de l’Iran, de la Corée du Sud, de l’Italie, de l’Espagne, de la France, montre que le Coronavirus n’est pas une fiction, mais une pandémie réelle. Nul n’a le droit d’adopter des comportements