La surpêche en forte diminution en Méditerranée et en mer Noire

La surpêche en forte diminution en Méditerranée et en mer Noire

Les ressources halieutiques restent sous forte tension en Méditerranée et en mer Noire, malgré la forte diminution de la surpêche dans la région, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). «La surpêche en Méditerranée et en mer Noire a fortement baissé au cours de la décennie écoulée, mais l’exploitation de la plupart des espèces commerciales est loin d’être durable », a indiqué la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) de l’agence onusienne dans un récent rapport sur La situation des pêches en Méditerranée et en mer Noire. Les auteurs de ce rapport se réjouissent de ce que l’exploitation excessive dans la région a particulièrement baissé en ce qui concerne les espèces essentielles faisant l’objet de plans de gestion multilatéraux. En effet, « bien que la plupart des principales espèces commerciales ne soient pas encore exploitées de manière durable, presque la totalité d’entre elles connaissent une baisse de la pression de pêche et sont actuellement à des niveaux inférieurs à la moyenne régionale », a noté la FAO dans son rapport. Selon l’organisation internationale, il a été « constaté une diminution notable de la surpêche des stocks de merlu européen en Méditerranée, de turbot en mer Noire et de sole commune en mer Adriatique, qui sont actuellement soumis à un ou plusieurs plans de gestion, et certaines de ces espèces montrent déjà des signes de reconstitution de la biomasse ». La CGPM dont l’objectif principal est de veiller à la préservation et à l’utilisation durable des ressources marines biologiques ainsi qu’au développement durable de l’aquaculture constate cependant que 73% des espèces commerciales sont encore surexploitées. Par ailleurs, et quoique moins forte que dans le passé, la pression de pêche «reste le double de ce qui est considéré comme durable», a déploré la CGPM qui a mis en œuvre 10 plans de gestion pluriannuels des pêches visant des stocks prioritaires et concernant près de 7.000 bateaux. Rappelons à ce propos que cette même Commission a également créé 10 zones de pêche réglementée en vue de réduire l’exploitation de stocks et d’écosystèmes d’eaux profondes sur plus de 1,7 million de kilomètres carrés de la Méditerranée et de la mer Noire et d’en améliorer la conservation. «La Méditerranée et la mer Noire comptent parmi les régions de pêche les plus surexploitées au monde, mais nous y observons également un fort engagement dans la gestion efficace des ressources ces dernières années», se veut toutefois rassurant Manuel Barange, directeur de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO. Et ce dernier de soutenir : «Une transformation bleue du secteur des pêches est le seul moyen de garantir que cette filière continue à soutenir la production alimentaire et les moyens de subsistance des générations actuelles et futures.» A titre de rappel, la pêche en Méditerranée et en mer Noire génère chaque année 2,9 milliards d’USD de recettes et occupe un demi-million de travailleurs tout au long de la chaîne de valeur, selon les estimations. D’après toujours les estimations des experts, en moyenne, dans la région, un habitant sur 1.000 est un pêcheur sur le littoral et, dans certaines zones côtières, ce chiffre peut être jusqu’à dix fois supérieur. Il a été cependant observé que la main-d’œuvre vieillit. Comme l’a relevé l’organisation dans un communiqué synthétisant ledit rapport, « en 2020, plus de la moitié des marins-pêcheurs étaient âgés de plus de 40 ans et 10% seulement avaient moins de 25 ans ». Cette tendance s’accentue, d’après les dernières données du rapport. A noter également que « la pêche artisanale représente 82% des navires et 59% des emplois. Elle fait également travailler le plus grand nombre de jeunes, mais les petits pêcheurs gagnent en général moins de la moitié du salaire des marins-pêcheurs de la flottille industrielle». Alain Bouithy

Le manque à gagner généré par la surpêche : Plus de 80 milliards de dollars perdus annuellement à travers le monde

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La pêche illicite menace les moyens de subsistance de quelque 500.000 marocains, selon la Banque Mondiale La surexploitation n’est pas une bonne façon de gérer les ressources naturelles renouvelables comme les poissons si l’on souhaite pérenniser les profits, les emplois et la croissance liés à la pêche, a indiqué la Banque mondiale dans un récent rapport, intitulé « The Sunken Billions Revisited: Progress and Challenges in Global Marine Fisheries ». Pour placer le secteur de la pêche sur une trajectoire plus durable, notons que la Banque mondiale et ses partenaires ont travaillé avec différents pays sur un certain nombre d’initiatives récentes ou en cours qui présentent différents éléments de solutions prometteuses. Parmi ces solutions, la réduction des flottilles de pêche à l’anchois pour protéger un secteur vital au Pérou, l’incitation à plus de collaboration pour réformer la pêche au thon aux Îles du Pacifique, le soutien aux petits pêcheurs de l’Afrique de l’Ouest dans le combat contre la pêche illégale et la géolocalisation des navires au Maroc afin d’assurer un meilleur respect des réglementations. En ce qui concerne le Maroc, la Banque mondiale s’est réjouie de ce que le Royaume montre l’exemple en concevant et adoptant des stratégies de croissance verte dans différents secteurs dont celui de la pêche, « alors que de nombreux pays sont en train d’épuiser leurs ressources naturelles et sont aux prises avec des problèmes exacerbés par le changement climatique ». Dans un communiqué, la Banque mondiale a affirmé qu’elle soutient cette vision d’avenir à travers des prêts à l’appui des politiques de développement, des projets d’investissement et une assistance technique. Et pour cause, « si la pêche risque de devoir faire face, à terme, aux conséquences du changement climatique, le principal danger qui pèse actuellement sur l’essor du secteur réside dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui menace le renouvellement des stocks halieutiques et les moyens de subsistance de quelque 500 000 Marocains », a indiqué l’institution internationale financière. Selon la Banque mondiale, à l’échelle mondiale, « on estime à 83 milliards de dollars le manque à gagner pour le secteur halieutique en 2012 par rapport à un scénario optimal, en grande partie à cause de la surpêche ». La BM assure qu’ « une reconstitution des stocks à des niveaux plus sains réduirait ces pertes et créerait des revenus à l’appui d’une croissance durable, tout en permettant au secteur halieutique de s’adapter au changement climatique et de satisfaire la demande mondiale de produits de la mer ». A propos toujours du Maroc, la Banque a rappelé un certain nombre de dispositifs dans lesquelles a investi le Royaume dont le système de suivi des navires par satellite. Ce dernier, « impose aux bateaux à partir d’un certain gabarit de s’équiper de balises afin de pouvoir les suivre en temps réel et d’avoir une vraie traçabilité », a souligné l’institution. Pour atteindre un niveau de pêche à la fois pérenne et rentable, la BM a indiqué que « les pêcheurs doivent respecter des zones de reproduction de certaines espèces, interdites à la pêche, et appliquer les règles concernant le matériel acceptable et la taille minimale des prises ». La bonne nouvelle est que les pêcheurs comprennent bien l’intérêt des nouvelles règles. A noter que le rapport de la Banque mondiale s’appuie sur un modèle bioéconomique conçu par le professeur Ragnar Arnason, de l’Université d’Islande.