L’économie marocaine a fait preuve de résilience mais le secteur privé est confronté à des défis
Malgré divers obstacles, tels que le ralentissement de l’économie mondiale, un choc inflationniste et le tremblement de terre d’Al Haouz, l’économie marocaine a fait preuve de résilience et s’est redressée, avec une production réelle augmentant de 3,4 % en 2023, selon le dernier rapport économique de la Banque mondiale pour le pays. Les principaux moteurs de cette accélération ont été la reprise du secteur touristique, les niches manufacturières orientées vers l’exportation, notamment dans les secteurs automobile et aéronautique, ainsi que le redémarrage de la consommation privée. Des politiques macroéconomiques favorables, telles que des stratégies d’expansion du secteur public et de consolidation budgétaire, ont également contribué à cette croissance économique. De plus, le Maroc a enregistré une augmentation substantielle des investissements directs étrangers, offrant d’importantes opportunités de développement, et une baisse du déficit du compte courant à son niveau le plus bas depuis 2007. Cependant, l’économie marocaine fait face à des défis alors que les entreprises et les ménages peinent à se remettre des récents chocs, comme en témoignent une augmentation des faillites d’entreprises et une perte de 200 000 emplois dans les zones rurales en 2023, et ce malgré l’accélération économique. La consommation par habitant a à peine retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie, et un nouveau programme d’aide sociale viendra soutenir les ménages les plus vulnérables. En 2024, la croissance économique devrait ralentir à 2,9 % en raison d’une mauvaise campagne agricole, mais le PIB non agricole devrait rester stable. « Ce rapport démontre l’importance de la productivité dans l’amélioration de la croissance économique et du niveau de vie d’un pays. Cela s’inscrit dans le Nouveau Modèle de Développement (NDM) et la vision de développement inclusif à long terme du Maroc », a déclaré Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte. « Le pays a récemment accompli des progrès significatifs, notamment en rendant opérationnel le Conseil de la concurrence, en modifiant la loi sur la concurrence, et en concluant un accord antitrust historique avec les distributeurs de carburant. Pour tirer parti de ces avancées, et comme le souligne le NDM, des efforts continus devront être déployés, en particulier pour soutenir les petites et moyennes entreprises ». Le rapport comprend un chapitre spécial consacré à la dynamique du secteur privé marocain, soulignant ses performances en matière de productivité et la nécessité de surmonter les obstacles pour améliorer la création d’emplois. Cette analyse repose sur une étude menée conjointement avec l’Observatoire Marocain des Petites et Moyennes Entreprises, utilisant une base de données exhaustive des entreprises du secteur formel. Le rapport, intitulé « Libérer le potentiel du secteur privé pour stimuler la croissance et la création d’emplois », met en avant l’importance des données microéconomiques pour comprendre les tendances de la productivité et élaborer des politiques visant à améliorer la performance du secteur privé. Il souligne la nécessité d’un environnement commercial dynamique, favorisant l’innovation et la réaffectation des ressources vers des entreprises plus productives pour stimuler la croissance de la productivité. De plus, le rapport note que la prédominance des petites entreprises et des micro-entreprises au Maroc, qui peinent à se développer, contribue à l’insuffisance de la création d’emplois dans un pays à la main-d’œuvre en expansion. Enfin, il met en lumière les défis et les mesures nécessaires pour améliorer la productivité et la croissance dans le secteur privé formel.
Niger : le secteur privé appelle la Banque africaine de développement à des investissements massifs pour dynamiser davantage l’économie nationale
Le secteur privé du Niger, vaste pays sahélien d’Afrique de l’Ouest confronté depuis quelques années à une crise sécuritaire appelle le Groupe de la Banque africaine de développement à investir massivement dans le pays pour dynamiser davantage l’économie la plus performante d’Afrique en 2024. S’exprimant le 15 mai dernier devant la vice-présidente du Groupe de la Banque chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services, Marie-Laure Akin-Olugbade, les membres du secteur privé ont demandé « un plan Adesina » (du nom du président du Groupe de la Banque) pour redynamiser l’économie du Niger. Avec une croissance de 11,2%, l’économie du Niger sera la plus performante d’Afrique en 2024, selon la Banque africaine de développement. Cinq autres propositions ont été faites par les participants à la rencontre : apurement de la dette intérieure pour soulager les opérateurs économiques, adaptation de l’offre de produits financiers des banques commerciales aux besoins réels de financement, recrutement de profils adaptés pour accompagner les PME/PMI et mise en relation des femmes entrepreneures, notamment dans le secteur de la transformation des produits agricoles en facilitant leur accès aux produits de l’Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique (AFAWA, sigle en anglais). Ils ont aussi souhaité une meilleure implication des structures et acteurs de la recherche-action pour améliorer la qualité des productions agricoles et de stockage et la mise en place de partenariats public-privé pour accompagner les startups du secteur agricole. Le secteur privé a aussi noté des difficultés d’accès des PME/PMI aux lignes de crédit financés par la Banque, auprès des banques commerciales locales, ainsi que l’absence de dispositif de renforcement de capacités techniques des femmes entrepreneures en gestion d’entreprise, en éducation financière et en entreprenariat. La vice-présidente a indiqué que le Niger bénéficiera de l’initiative AFAWA dont l’un des dispositifs permet de renforcer les capacités techniques des femmes entrepreneures et des Banques locales afin que celles-ci appréhendent mieux l’entreprenariat des femmes. Marie-Laure Akin-Olugbade a aussi rencontré les principaux partenaires bilatéraux et multilatéraux du Niger : Banque mondiale, Fonds monétaire international, Union européenne, Programme des Nations unies pour le développement, Fonds international pour le développement de l’agriculture, Organisation des Nations unies pour l’alimentation, Onu/Femmes, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, les ambassades des États-Unis d’Amérique et l’USAID, du Royaume-Uni, de la Turquie et les coopérations belge et italienne dans le pays. Outre l’échange d’informations sur la situation politique du pays, les partenaires ont fortement encouragé la Banque africaine de développement à reprendre sa coopération avec le Niger au profit des populations. Ils ont plaidé également pour le renforcement de la prise en compte de l’autonomisation économique des femmes dans les programmes de développement à venir et la capitalisation des acquis des réformes engagées notamment sur la digitalisation et la gouvernance des finances publiques, l’accès au financement climatique, etc. Marie-Laure Akin-Olugbade a confirmé le souhait de la Banque de renforcer la coopération avec le Niger avec un bureau pays plus étoffé de plusieurs experts en adéquation avec le programme de travail à moyen terme. Les échanges ont permis de noter la convergence dans les domaines prioritaires d’intervention à savoir l’agriculture, les transports, l’énergie, l’eau et assainissement. Sur ce point, des possibilités de partenariat entre la Banque et certains partenaires techniques financiers, notamment la Banque mondiale, peuvent être envisagées pour des financements parallèles d’opérations d’envergure disposant d’études de faisabilité complètes dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, des transports.
Des dirigeants régionaux et internationaux du secteur privé, des gouvernements et du monde universitaire sont réunis à Addis-Abeba pour s’attaquer aux obstacles qui empêchent l’Afrique de fabriquer ses propres médicaments et vaccins
Une centaine de dirigeants du continent africain et d’autres régions, notamment des États-Unis et d’Europe, sont réunis, aujourd’hui et demain (lundi 25 et mardi 2, Dnr) à Addis-Abeba, pour une conférence axée sur la résolution des principaux défis en matière d’innovation et de transfert de technologie afin de renforcer le secteur pharmaceutique en Afrique. Les thèmes abordés vont de la sécurité de l’approvisionnement régional aux lacunes technologiques dans le développement du secteur privé et la recherche et développement du secteur public, en passant par la quête d’un juste équilibre entre les droits de propriété intellectuelle et l’accès pendant et après les pandémies. Les panélistes examinent également de nouveaux modèles de financement pour stimuler l’investissement dans le secteur. « Cette conférence est la première du genre en Afrique à examiner les obstacles à la fabrication et à la production nationales de produits de santé essentiels pour le continent », a déclaré Padmashree Gehl Sampath, la directrice générale de la nouvelle Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique (APTF). Présentant la vision de l’APTF, Mme Gehl Sampath a déclaré que l’agence souhaitait « une industrie pharmaceutique africaine dynamique, capable de fabriquer des produits pharmaceutiques et d’innover en la matière en Afrique, pour le peuple africain ». Elle a ajouté que la fondation aspirait à « passer de 400 sociétés à au moins 800 sociétés pharmaceutiques dans la région d’ici à 2040 ». Les débats des sept sessions, qui se déroulent aujourd’hui et demain, sont ouverts par des discours liminaires de Mekdas Daba Feyssa, ministre éthiopien de la Santé, Monique Nsanzabaganwe, présidente de la Commission de l’Union africaine, Ahmed Ogwell Ouma, directeur général adjoint d’Africa CDC, Edward Kwakwa, sous-directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, Michel Sidibé, envoyé spécial de l’Union africaine auprès de l’Agence africaine de médicaments, et Oyebanji Oyelaran-Oyeyinka, conseiller spécial principal du président de la Banque africaine de développement. Le premier jour a débuté par la diffusion d’enregistrements vidéo d’allocutions de bienvenue de la part du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, de la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, et du président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina(le lien est externe), apportant leur soutien aux discussions. « L’accès aux produits de santé est une composante essentielle de la couverture sanitaire universelle et de la sécurité sanitaire, a souligné le Dr. Tedros de l’OMS. Merci pour votre engagement en faveur d’un secteur pharmaceutique plus fort sur le continent ». « De multiples étoiles s’alignent dans le paysage mondial afin que le continent attire des investissements nationaux et internationaux pour construire des chaînes de valeur et une base manufacturière solide dans ce secteur », a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala. Les entreprises devraient essayer de prendre une longueur d’avance… établir des partenariats et travailler sur des licences volontaires… [qui] s’accompagnent d’un véritable transfert de technologie. L’APTF a un rôle important à jouer dans tout cela ». L’Afrique importe plus de 70 % de ses besoins en matière de santé, ce qui représente un coût annuel de près de 14 milliards de dollars. Le continent ne mène que 2 % de la recherche mondiale sur les nouvelles infections, bien qu’il supporte un quart du fardeau mondial des maladies. Pour inverser cette tendance, l’Afrique devra, entre autres mesures nécessaires, surmonter les obstacles à l’accès aux technologies dans les secteurs public et privé du continent. Parmi les organisations présentes à la conférence figurent la Fondation Science pour l’Afrique, la Communauté des brevets sur les médicaments, le National Vaccine Institute du Ghana, l’African Vaccine Manufacturing Initiative, les Partenariats pour la fabrication de vaccins en Afrique, l’initiative Médicaments contre les maladies négligées, le Centre d’excellence africain pour la génomique des maladies infectieuses, l’institut de recherche sur les virus de l’Ouganda, le Regionalized Vaccine Manufacturing Collaborative, la Zone de libre-échange continentale africaine, Unitaid et la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques. Des cadres dirigeants de sociétés africaines pharmaceutiques, biotechnologiques et de vaccins, ainsi que des universitaires de renommée mondiale, participent également à la conférence. « L’Afrique doit changer son environnement technologique […] et construire un écosystème de recherche et développement pharmaceutique et biomédical capable de soutenir des industries pharmaceutiques locales de classe mondiale », a appelé Akinwumi Adesina. « Nous étions convaincus que cela ne pourrait se faire qu’avec une institution dédiée, œuvrant à promouvoir le changement et à faciliter l’accès à la technologie. C’est pourquoi la Banque africaine de développement a créé l’APTF avec le soutien de l’Union africaine », a-t-il expliqué. Créée en 2022 en tant qu’agence régionale indépendante, l’APTF s’efforce d’améliorer l’accès de l’Afrique aux technologies nécessaires à la découverte, au développement et à la fabrication de médicaments, de vaccins et de diagnostics. La Fondation aide les entreprises africaines à s’engager dans des transactions technologiques, à commercialiser la propriété intellectuelle et à diversifier les porteuilles de produits, les instituts de recherche à devenir des centres d’excellence et les gouvernements à façonner des marchés de produits sains, entre autres initiatives. Devex, une plateforme médiatique pour la communauté mondiale du développement, a récemment désigné la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique comme l’une des 24 agences à suivre dans le monde en 2024. « L’APTF va changer la donne, a affirmé Oyebanji Oyelaran-Oyeyinka, conseiller spécial principal du président de la Banque africaine de développement. Son objectif est de changer la manière dont les entreprises internationales établissent des relations et des partenariats avec les entreprises africaines. La Fondation facilitera l’entrée dans la région et éliminera les barrières structurelles, réglementaires et institutionnelles de manière à accélérer les projets de production nationale en collaboration. » La conférence internationale sur l’innovation, la propriété intellectuelle et le transfert de technologie dans le secteur pharmaceutique en Afrique est soutenue par le ministère allemand de la Coopération et du Développement.
Burkina Faso. Le Premier ministre rassure le secteur privé après le retrait de la CEDEAO
Deux semaines après le retrait du Burkina Faso de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Premier ministre, Me Appolinaire Kyelem de Tambèla, a rencontré le secteur privé ce lundi 12 février pour apaiser les inquiétudes et réaffirmer la volonté du gouvernement de poursuivre son développement économique. « Le retrait de la CEDEAO va nous permettre de nous réorganiser en fonction de nos intérêts et de signer des accords bilatéraux avec ceux qui le voudront, dans divers domaines en fonction des intérêts réciproques. Et de manière indépendante sans l’immixtion d’une quelconque puissance que ce soit. » a déclaré le Premier ministre. Me Kyelem de Tambèla a également souligné que le retrait du Burkina Faso n’est dirigé contre personne et vise uniquement à assumer la souveraineté du pays et à assurer la sécurité et la prospérité de ses populations. « Rien n’empêche donc, de renouveler ou d’adapter en cas de besoin nos relations avec chaque Etat membre de la CEDEAO. Mais plus jamais, personne ne pourra encore (…) nous imposer ou nous faire subir quoi que ce soit. » a-t-il martelé. Le Premier ministre a conclu son discours en assurant le secteur privé que le gouvernement est déterminé à créer un environnement favorable aux affaires et à encourager la croissance économique. « Notre retrait de la CEDEAO n’est pas une fin en soi, mais plutôt un nouveau départ pour le Burkina Faso. »** a-t-il déclaré.
Burundi : Booster la croissance économique en améliorant les conditions de travail du secteur privé
Un nouveau projet financé par la Banque mondiale vise à faciliter l’accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises et d’améliorer le climat des affaires afin d’augmenter la croissance économique et la création d’emploi au Burundi. Le Projet pour l’Emploi et la Transformation Economique (PRETE) a été conçu pour répondre aux besoins urgents du secteur privé du pays. Il ciblera prioritairement les bénéficiaires du secteur privé et les institutions publiques contribuant à son développement. Ce projet appuiera les institutions clés pour mener les réformes nécessaires à l’amélioration de l’environnement des affaires, tout en favorisant la création d’un noyau d’entreprises dynamiques grâce à un accès à de meilleures infrastructures productives et équipements technologiques. Ce projet profitera aux entreprises de transformation et de service et à une population plus large de demandeurs d’emploi « Le secteur privé est le moteur de la croissance économique au Burundi et ce projet répondra à certains défis dont il fait face. L’appui aux institutions burundaises est important pour créer des conditions favorables au développement du secteur privé afin que ce dernier puisse favoriser la création d’emploi et la transformation économique », note Hawa Wagué, Représentante Résidente de la Banque mondiale au Burundi Financé par un don de 100 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA)* de la Banque mondiale, ce projet vise à améliorer l’accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises, en particulier celles détenues par les femmes et les réfugiés tout en augmentant la création d’emplois. L’atteinte des objectifs de ce projet sera mesurée par le nombre d’emplois qui seront créés, le nombre de bénéficiaires qui auront eu accès à des services financiers et les montants des investissements qui contribueront à l’application des pratiques de résilience climatique. Il est attendu à ce que le projet contribue à créer 4 228 emplois directs et 113 000 emplois indirects, et augmentera de 15% le nombre d’emplois existant dans le secteur privé informel. Le soutien au développement des micros, petites et moyennes entreprises au Burundi passera par un accès aux crédits élargi, plus sûr et moins couteux rendu possible par le renforcement des infrastructures de crédit et la mise en place de nouveaux instruments de garantie bancaire et services financiers numériques. En outre, ce projet permettra à ces entreprises de mieux s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement locales ou internationales. Le financement du projet PRETE sera mis en œuvre sur cinq ans.
La visite de travail de la Chambre africaine de l’énergie en Algérie permet de conclure de nouvelles alliances entre les acteurs nord-africains et ceux du secteur privé
L’Algérie continue d’avancer à grands pas vers sa contribution au développement des principaux marchés du pétrole et du gaz en Afrique. Au cours de la dernière visite de travail de la Chambre africaine de l’énergie (AEC) dans le pays – qui a eu lieu cette semaine et a été conduite par le président exécutif de l’AEC, NJ Ayuk – le ministère algérien de l’énergie et des mines a donné un aperçu de la façon dont le pays joue un rôle beaucoup plus important dans le secteur de l’énergie en Afrique, avec S.E. le ministre Mohamed Arkab soulignant les façons dont le pays tire parti de son expérience en tant que producteur de pétrole et de gaz, d’une liste solide d’acteurs privés et de sociétés de services, et d’installations de formation en énergie de classe mondiale pour ouvrir une nouvelle ère de prospérité à travers le continent. L’Algérie, qui est l’un des plus grands producteurs de pétrole en Afrique, le cinquième exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) et un acteur en pleine expansion dans le domaine des énergies renouvelables, s’est engagée à mettre son expérience et son expertise au service du développement des marchés énergétiques en plein essor sur le continent. Le récent rapport de marché de l’AEC, « The State of African Energy Q1 2023 Outlook » (L’état de l’énergie en Afrique au 1er trimestre 2023), donne un aperçu du marché algérien. Selon le rapport, la production de gaz en Afrique est largement tirée par les pays d’Afrique du Nord tels que l’Algérie, le pays représentant l’un des six pays appelés à stimuler la capacité de GNL en Afrique à long terme. L’Algérie devrait maintenir sa capacité d’infrastructure GNL de 29 millions de tonnes par an et devrait également rester l’un des cinq principaux producteurs de liquides en Afrique cette année, contribuant à plus de 80 % de la production de liquides de l’Afrique en 2023, aux côtés du Nigeria, de la Libye et de l’Égypte. Le pays produit actuellement environ 970 000 barils de pétrole et 9,9 milliards de pieds cubes de gaz par jour, avec des réserves prouvées mesurées respectivement à 12 milliards de barils et 159 billions de pieds cubes, ce qui en fait un marché des hydrocarbures à la fois attractif et hautement stratégique. À l’avenir, le pays souhaite utiliser cette expertise pour amplifier son influence en Afrique, conformément à la vision du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui considère l’Afrique comme une priorité pour le pays. La visite de travail de l’AEC en Algérie cette semaine a vu l’organisation collaborer avec le ministère de l’énergie et des mines pour faire avancer cet objectif, en jetant les bases pour que les entreprises énergétiques et les sociétés de services algériennes investissent dans d’autres pays africains et collaborent avec eux. La priorité étant de promouvoir la participation des acteurs privés, tant au niveau national que continental, la collaboration permettra à l’Algérie de tirer parti du réseau continental de l’AEC pour soutenir le développement, accroître les investissements et ouvrir de nouveaux marchés dans toute l’Afrique. L’AEC créera une plateforme permettant aux entreprises et aux fournisseurs algériens de pénétrer d’autres marchés africains, en fournissant des services pétroliers et gaziers de haut niveau et en ouvrant de nouvelles portes dans des secteurs en pleine croissance. Pour sa part, l’Algérie apporte déjà un soutien de haut niveau aux marchés émergents. Le pays a actuellement mis en place divers programmes d’assistance technique avec des pays tels que l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya, le Zimbabwe et d’autres encore, l’Algérie assurant la formation de la main-d’œuvre, l’investissement et le soutien fiscal, ainsi que la fourniture de services dans les industries pétrolières et gazières en amont, en aval et en milieu de chaîne. Ce soutien sera essentiel pour les marchés en plein essor, et avec de nouvelles découvertes d’hydrocarbures sur des marchés frontières tels que la Namibie et l’Afrique du Sud, l’Algérie cherche à renforcer la collaboration et l’investissement à travers l’Afrique, en fournissant une gamme de mécanismes de soutien. Nonobstant la coopération technique, l’Algérie abrite l’Institut de recherche sur le gaz du Forum des pays exportateurs de gaz, parmi d’autres installations de classe mondiale, et constitue donc une destination de choix pour la formation du personnel du secteur de l’énergie. Le pays s’est engagé à améliorer le personnel local en Afrique, et la collaboration avec l’AEC et le secteur privé soutiendra la formation et le développement du capital humain dans les marchés émergents en ouvrant des programmes par lesquels les individus et les entreprises africaines peuvent être formés dans des institutions d’hydrocarbures de classe mondiale en Algérie. Sur le plan intérieur, l’Algérie continue d’offrir une série d’opportunités d’investissement lucratives. Le pays a fait de grands progrès dans la réforme de ses cadres fiscaux et juridiques dans le cadre des efforts visant à simplifier les procédures, à encourager l’investissement et à débloquer de nouveaux capitaux et participations privés. Alors que S.E. le ministre Arkab doit prononcer un discours liminaire lors de l’événement annuel de l’AEC, l’African Energy Week (AEW) – prévu du 16 au 20 octobre au Cap – le ministère présentera les nouvelles licences de production algériennes et les opportunités. L’AEW 2023 verra la participation d’une importante délégation d’acteurs algériens, dont la compagnie pétrolière nationale Sonatrach et diverses sociétés de services et investisseurs, qui cherchent tous à signer des accords et à forger des partenariats. En outre, au cours de l’AEW 2023, le ministre donnera un aperçu du nouveau cycle d’octroi de licences dans le pays. Dirigé par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), ce cycle ouvrira l’Algérie à de nouveaux investissements, déclenchant une nouvelle vague d’activités d’exploration et de production dans le pays nord-africain. Outre sa réunion avec le ministère, le CEA a tenu des réunions bilatérales avec ALNAFT, au cours desquelles les parties ont discuté de collaborations potentielles concernant la promotion des licences et l’avancement des acteurs algériens dans le secteur de l’énergie en Afrique. Alors que l’Algérie cherche à exercer son influence en Afrique, la collaboration avec l’AEC et
Rtb – Rencontre entre le gouvernement et le secteur privé : le bilan de l’année 2022 au menu
Le secteur privé doit concurrencer à armes égales les entreprises publiques afin de créer des emplois dans les pays de la région MENA
Les marchés du travail de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) ont besoin de conditions de concurrence équitables, a souligné la Banque mondiale dans un récent rapport offrant un nouvel éclairage sur les difficultés auxquelles se heurte le développement du secteur privé. «Il est essentiel que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) permettent au secteur privé d’accéder aux marchés et de concurrencer à armes égales les entreprises publiques», a estimé l’institution financière internationale affirmant que cela permettrait de créer des emplois dans une région où le chômage des jeunes est le plus élevé du monde. La Banque mondiale exhorte ainsi les gouvernements de la région à prendre des mesures à même de remédier au marasme du marché du travail qui, dix ans après le Printemps arabe, fait-elle remarquer, continue de saper le développement économique et le progrès social. Selon le document intitulé «Le défi de l’emploi : Repenser le rôle des pouvoirs publics envers les marchés et les travailleurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord», la lutte contre le fléau du chômage, en particulier chez les jeunes et les femmes de la région, passe par un secteur privé plus développé et dynamique, ainsi que par des réformes réglementaires sur les marchés du travail et des produits. Citant ledit rapport, le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ferid Belhaj, explique : «Les gouvernements se doivent de redéfinir leurs relations avec le secteur privé, les travailleurs et surtout avec les femmes, un facteur d’une importance égale». Ce dernier estime que, «plutôt que d’intervenir dans les secteurs économiques, l’Etat doit créer les conditions pour un secteur privé concurrentiel et réglementé. Plutôt que de se reposer sur un code du travail obsolète, l’Etat doit repenser ses programmes de protection sociale et son approche au marché de l’emploi. Enfin, plutôt que de chercher à préserver l’héritage de certaines normes historiques et sociales, l’Etat se doit d’être le gardien de l’équité entre les genres dans la région MENA». Afin de rendre leurs marchés plus fluides, les auteurs dudit rapport soutiennent que les gouvernements doivent réduire la domination des entreprises publiques, par exemple en éliminant les exclusions et les exceptions aux lois sur la concurrence, les marchés publics et la fiscalité qui sont appliquées aux opérateurs privés. Le rapport préconise pour un certain nombre de pays «l’adoption de réformes en vue de lever les restrictions qui sont imposées à l’activité des femmes dans des secteurs spécifiques et sur le plan des horaires de travail, de remédier à l’inégalité des salaires par rapport aux hommes et de mettre fin à l’obligation de requérir l’autorisation du conjoint pour obtenir un emploi». Il est à noter qu’en plus d’offrir un nouvel éclairage sur les difficultés auxquelles se heurte le développement du secteur privé, pourtant crucial pour la création d’emplois, cette publication montre en particulier comment le nombre et la qualité des emplois dans l’économie sont tributaires de la fluidité (ou «contestabilité») des marchés, a souligné l’institution internationale dans un communiqué. La Banque rappelle, à ce propos, qu’«un marché est considéré comme contestable lorsqu’il est facile pour les entreprises d’y entrer et d’en sortir et que s’y exerce en permanence la pression de la concurrence potentielle». Partant de cette définition, la Banque mondiale affirme que les marchés de la plupart des pays de la région ne sont pas contestables. Et pour cause : «Les entreprises publiques jouent un rôle prépondérant et bénéficient d’un traitement préférentiel en matière de taxes, de financements et de subventions». Le rapport explique en outre que «de nombreux pays de la région MENA disposent d’entités qui font à la fois office d’organismes de réglementation et d’opérateurs au sein des entreprises publiques, ce qui affaiblit la concurrence, tandis que les contrôles des prix et les subventions réduisent les incitations à la participation du secteur privé». Ce n’est pas tout. La publication relève, par ailleurs, que «les pays de la région MENA continuent de se caractériser par le poids des professions moyennement qualifiées, lui-même probablement lié à l’importance de leur secteur public, les travailleurs effectuant nettement moins de tâches nécessitant des compétences essentielles pour les emplois de demain, telles que des compétences cognitives (techniques) et socio-comportementales de niveau supérieur». Selon une analyse de la Banque mondiale, l’emploi dans les pays de la région MENA a progressé de 1% par an en moyenne dans les entreprises du secteur privé, bien loin des 5% enregistrés parmi les autres économies à revenu intermédiaire. L’organisme international estime en outre qu’«avec un taux d’activité féminine de 20% seulement, la participation des femmes sur le marché du travail est la plus faible au monde, tandis que le taux de chômage chez les jeunes est élevé et estimé à 26%». Il est à préciser que le rapport de la Banque mondiale examine de nouvelles données sur la réglementation des marchés de produits, qui rendent compte notamment des politiques favorisant ou entravant la fluidité des marchés, en Arabie Saoudite, en Egypte, en Jordanie, au Koweït, au Maroc, en Tunisie, aux Emirats arabes unis et en Cisjordanie et a Gaza. Ainsi, pour la première fois, l’organisme international a pu établir des comparaisons au sein de la région MENA et avec 51 pays ailleurs dans le monde. Alain Bouithy