Une étude pointe le manque de compétitivité du secteur de la pêche artisanale
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rendu tout dernièrement publique une nouvelle étude relevant que la pêche artisanale peine à être compétitive en raison des cadres réglementaires en vigueur qui la marginalisent ou ne sont pas adaptés. Selon l’étude, intitulée « The Small-Scale Fisheries Guidelines: Global Implementation » (Les Directives pour la pêche artisanale : mise en œuvre à l’échelle mondiale), le manque de compétitivité dans cette activité s’explique par les « cadres réglementaires qui tendent à l’ignorer ou sont formatés pour répondre aux problématiques des grandes flottes commerciales ». L’étude, qui présente plus de 30 cas de figure allant du Groenland jusqu’à l’île de Zanzibar et traite de problèmes variés tels que l’égalité des sexes et l’utilisation durable des ressources, rappelle toutefois que deux-tiers des poissons consommés par les humains sont capturés par les pêcheurs artisanaux. Pour Nicole Franz, agent principal chargé des questions liées à la pêche artisanale durable cité par l’organisation, « il est maintenant temps que les décideurs politiques prennent des mesures concrètes – qui porteront sur la législation mais aussi le renforcement des capacités techniques au sein des communautés de pêcheurs – afin de s’assurer de la bonne mise en œuvre de ces directives ». D’autant plus qu’il y va aussi de la vie des 100 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur et dont il faut renforcer les moyens d’existence. A en croire la FAO, les droits fonciers constituent l’un des problèmes clés liés à la pêche artisanale, qui doivent être conçus en se basant sur les droits de l’Homme, selon les directives. « Une perspective qui prendra également en compte les complexités locales relatives à la pêche artisanale », a estimé l’agence onusienne sur son site web. Citant le cas des Iles Solomon, l’organisation a relevé que la législation concernant les droits de propriété sont basées sur des principes coutumiers, donnant aux locaux un droit de pêche exclusif et définissant de manière stricte la manière dont ils s’y prennent. Elle a ajouté, par ailleurs, que « leurs captures ne doivent pas être destinées à la vente mais à la consommation personnelle, au troc ou utilisées dans le cadre de cérémonies. Par conséquent, ces traditions ne jouent pas en faveur des pêcheurs non autochtones ». Aux yeux des auteurs de l’étude, l’autre défi émergent est de savoir comment garantir l’accès continu des pêcheurs artisanaux aux aires marines protégées, où dans certains cas toute activité de pêche est interdite. A ce propos, la FAO a fait savoir que « les compromis à faire entre d’un côté, protéger les ressources marines et d’un autre, protéger les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des communautés vulnérables, doivent être soigneusement examinés ». Autre exemple cité par la FAO, celui du Costa Rica, un pays pionnier dans la création de zones dédiées à la protection de la biodiversité, et qui met actuellement en œuvre avec l’aide l’organisation, les Directives SSF en utilisant une nouvelle approche qui met les pêcheurs artisanaux au centre du dialogue afin de leur permettre d’utiliser davantage de ressources marines de manière durable. Comme l’a souligné Nicole Franz, « la cohérence des politiques, fruit d’une collaboration interministérielle sur le commerce, l’environnement, le tourisme et les questions relatives au développement socio-économique, doit être un élément central qui permettra de protéger les droits et les moyens d’ existence des personnes, souvent pauvres et marginalisées, qui exercent dans le secteur de la pêche artisanale ». D’après la FAO, cette étude a servi de rapport de base qui a permis de se rendre compte des progrès réalisés dans la mise en œuvre des directives d’application volontaire visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté.