Congo-Littérature : « La Poésie Congolaise en mouvement » de Noël Kodia-Ramata récemment à Brazzaville
L’écrivain congolais, Noël Kodia-Ramata, a publié aux éditions L.C en 2022, à Paris en France, un recueil de poèmes intitulé, « La Poésie Congolaise en mouvement », dans lequel il fait figurer une vingtaine de poètes rencontrée à Brazzaville et au niveau de la diaspora. Ces poètes sont réunis au sein de deux organisations d’écrivains, à savoir, le Forum des Gens de Lettres et le Pen Centre Congo Brazzaville. Le désir de voir ses frères toujours réunis lui a fait prendre la décision de les rassembler davantage dans ce livre. Mais Kodia-Ramata a été inspiré par le fait que ces poètes sont sur les traces de leurs aînés, plus précisément, Tchicaya U Tam’Si, Jean Baptiste Tati Loutard et Maxime Ndébéka, sans s’oublier. Dans cette réflexion sur la poésie, l’auteur sort des sentiers battus des anthologies traditionnelles qui ne présentent que des auteurs de l’extérieur sans pour autant donner la possibilité de « pénétrer » leur inspiration et sentiments par le biais de l’analyse de quelques-uns de leurs textes. L’auteur de l’anthologie regroupe des écrivains-poètes qui percent depuis quelques années et qui ont su se mettre sur les traces de leurs aînés. Ils sont donc, Neil Davis Batchi, Eta Hugues, Ghoma Boubanga Serge Eugène, Kihindou Liss, Maha Lee Cassy, Lemra Glad Among, Alima Madina, Makaya Ndzoundou Julien, Malanda Huppert, Matoko Prince Arnie, Mouanda Tristell, Ngolo Awé Virginie, Ngoma Malanda Sauve Gérard, Ngoua Gaëtan, Ntsémou Pierre, Sogni Zaou Florent, Tsibinda Marie Léontine et Poungui Pindy Léopold. Kodia-Ramata embarque ces frères dans les barques de Tati Loutard et de Georges Pompidou qui disent, chacun en ce qui le concerne, pour le premier, que le poète est ce grand oiseau qui bat des ailes pour éventer le réel afin que celui-ci respire mieux aux yeux de l’homme et pour le second, que si l’art des vers me parait le plus difficile, et donc sans doute le premier de tous, c’est parce que le poète prend un risque redoutable : délibérément, il fait profession de prétendre à ce que les autres peuvent n’atteindre que de surcroit. Dans son avant-propos, Kodia-Ramata affirme que c’est la poésie qui a montré une grande fécondité mais qui a été paradoxalement et est encore loin du regard des amateurs de la littérature. Peut-être, appuie-t-il, à cause de sa spécificité qui découle souvent de sa beauté hermétique. En général, argumente-t-il encore, tout écrivain commence souvent par « griffonner » quelques vers quand il est encore sur le banc du lycée ou de l’université, avant de se faire connait re quelques années par la prose quelques années après, une prose qui est plus près du référentiel, les récits qu’on lui propose s’avère être un miroir que l’on promène le long de son quotidien. Dans l’après-propos en outre, l’auteur évoque un souvenir inoubliable qui lui revient, chaque fois qu’il termine un texte. Un souvenir qui date des années 70 de son passage au lycée Savorgnan de Brazza au moment où il vivait encore dans son Ouenzé natal. Il s’agit d’un devoir de commentaire composé sur un poème de Ronsard dont le texte lui paraissait ambigu à exploiter. Kodia-Ramata est un écrivain bien installé dans le milieu littéraire. Il est né au Congo Brazzaville avant d’aller chercher un Doctorat en littérature française à l’université de Sorbonne Paris IV en France. Il a publié, entre autres, « l’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais » aux éditions Cécile Langlois (LP) à Paris en France. Florent Sogni Zaou
Congo/Littérature: La critique littéraire : ce qu’il faut savoir » de Noël Kodia-Ramata
Depuis plus d’une décennie, la littérature congolaise, par le biais de la nouvelle génération d’écrivains, dont le talent n’est plus un vain mot, impose aux amateurs du livre, une autre rivalité dans la création littéraire, selon Noël Kodia-Ramata dans son livre « La critique littéraire : ce qu’il faut savoir » paru aux éditions LC à Paris en France. De sa naissance jusqu’aux années 2000, la littérature écrite congolaise a été plus créatrice qu’analytique, affirme Noël Kodia-Ramata dans ce titre. Beaucoup de romanciers, de poètes, de dramaturges mais peu de critiques et de chroniqueurs littéraires. Une grande partie de la jeunesse, surtout, dans les grandes villes, s’intéresse peu ou prou à la culture du livre, en particulier dans les milieux scolaires et universitaires. Une grande visibilité du livre est remarquée par la présentation de nouvelles publications à travers les séances de dédicace, les conférences-débats sur certaines œuvres jugées pertinentes et ayant retenu l’attention des lecteurs, les animations culturelles de certains organismes. Il parle également de la littérature, critique et politique en précisant que dans la théorie de l’art pour l’art, l’artiste a pour mission primaire de mettre en exergue l’esthétique au premier plan dans toute création artistique. En littérature, la conception des textes a subi une grande évolution dans l’espace et dans le temps. On a remarqué qu’en Afrique, l’art reste encore au service de l’idéologie dominante. La critique africaine est en général sur les traces de la traditionnelle. Avec les nouvelles techniques de communication qui influencent la création littéraire, tels la télévision et le cinéma, il est dangereux de juger, comprendre et apprécier les textes littéraires avec les outils que nous a légués la critique traditionnelle, outils trop dogmatiques. Dans la critique et littéraire africaine, Noël Kodia-Ramata dit que le développement de la littérature africaine et francophone dans le domaine des textes écrits voit le jour avec l’avènement de l’écriture dans la société. On passe de l’oralité aux textes écrits. On éprouve du plaisir à écrire dans la langue du colonisateur. Il se penche aussi sur l’opposition entre les critiques traditionnelle et moderne. Pour lui, dans les années 50, la naissance du nouveau roman bouleverse le paysage textuel des lecteurs et du roman. Cette nouvelle technique de construire un récit met implicitement en cause celle du roman en rapport des aventures qui déconcertent les lecteurs comme le fait le nouveau roman. Dans ce livre, Noël Kodia-Ramata développe également la notion du temps, reconnaissant qu’un travail laborieux et considérable par rapport au récit a été développé dans son livre, Figures III par Gérard Genette. Il y aborde aussi la fonction du narrateur qui était confondue avec l’auteur, surtout dans les récits autobiographiques. Il affirme également que le narrateur a une fonction langagière et scripturale alors que celle de l’auteur est sociale et extralinguistique. Il souligne que dans la tradition littéraire, le personnage doit être considéré comme une personne de chair et d’os. Noël Kodia-Ramata y aborde également les questions de critique traditionnelle, de tendances de la recherche critique, des rôles et tendances de la critique. Docteur en littérature française de l’université de Paris IV Sorbonne, Noël Kodia-Ramata est un écrivain qui s’intéresse à la critique des œuvres littéraires. Il a mis sur le marché le premier Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises de 1954 à 2005, publié aux éditions Paari à Paris en France. Il est aussi l’auteur de l’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais, paru aux éditions LC, Paris 2018. L’auteur est une plume vivante et est l’auteur de plusieurs titres. Florent Sogni Zaou
Congo/LIVRE. Interview de Noël Kodia-Ramata à propos de sa nouvelle publication La critique littéraire : ce qu’il faut savoir aux éditions Kemet
Leboutchi-Nanguila, un compatriote, habitué du site pagesafrik.info, s’est intéressé à notre collègue Noël Kodia-Ramata qui lui a accordé une interview très intéressante sur son dernier ouvrage paru aux éditions Kemet. Leboutchi-Nanguila : Noël Kodia Ramata, vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages dans plusieurs genres littéraires. Vous êtes aussi un grand critique littéraire adulé par les uns et redouté par les autres. Vous venez de publier aux éditions Kemet un essai intitulé La critique littéraire : ce qu’il faut savoir. Pourquoi le choix des éditions Kemet alors que ces derniers temps, vous publiez chez une éditrice de la place de Paris? Noël Kodia-Ramata : Le choix me parait objectif et personnel car en ce moment où j’ai décidé de publier enfin cette réflexion, il y a un autre ouvrage qui sous presse chez mon éditrice à Paris. Il s’agit d’un roman-journal qui se fonde sur mon séjour actuel à Paris. Une autre raison : la découverte des éditions Kemet, qui ont été déjà appréciées des écrivains respectables comme Pierre Ntsémou et Julien Makaya Ndzoundou pour ne citer que ces deux compatriotes, m’ont parues crédibles. L-N : Pourquoi publiez-vous un essai sur la critique littéraire ? NKR : Un essai sur la critique littéraire a été le résultat des discussions avec des étudiants en lettres qui se sont souvent intéressés à mes ouvrages de réflexion sur la littérature de notre pays tels Le Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises et l’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais. J’ai voulu aider les étudiants qui s’intéressent à la recherche dans le domaine des textes littéraires où la critique littéraire est obligatoirement exigée pour une lecture scientifique des textes. L-N : Comment peut-on définir le plus simplement possible la critique littéraire ? NKR : Tout est presque expliqué dans mon ouvrage. Mais pour vous donner une idée sur la critique littéraire, je dirai que c’est une science fondée sur la linguistique, la sémiotique, les grammaires normative et textuelle pour autopsier des textes littéraires. Parfois on peut tomber inévitablement dans la comparaison de plusieurs textes par le biais de la littérature comparée. La critique littéraire est souvent confondue avec la chronique littéraire, arme littéraire des hommes de medias pour présenter un nouveau livre. Si la critique littéraire se fonde sur la science de la littérature et peut traiter n’importe quel ouvrage au-delà de son temps de parution, la chronique littéraire, elle, se fonde sur l’actualité ; elle est souvent brève et succincte, contrairement à la critique littéraire qui peut emmener à des mémoires ou des thèses. L-N : À quel type de lecteur est destiné votre ouvrage ? NKR : C’est un ouvrage destiné aux amateurs de la littérature, surtout, surtout ceux qui s’intéressent au fonctionnement du roman ainsi qu’à son évolution dans l’espace et dans le temps. D’ailleurs on peut remarquer que le roman, dans son évolution, a provoqué aussi l’évolution de la critique littéraire. C’est pourquoi, à un certain moment, on a parlé du roman traditionnel et du roman moderne. L-N : Quels sont les sujets que vous traitez dans cet essai ? NKR : Dans cet ouvrage, j’ai d’abord mis en relief la critique littéraire en général dans sa démarche évolutive. Aussi, ai-je proposé des pistes pour analyser les romans en fonction de leur spécificité car il y a toujours plusieurs regards sur les textes narratifs. Le roman balzacien, par exemple, n’a pas la même puissance de regard par rapport aux textes du Nouveau roman avec des auteurs comme Michel Butor, Alain Robbe Grillet et Claude Simon pour ne citer que ces grands noms du Nouveau roman des années 50. Notre littérature orale s’étant donné quelques possibilités d’aller vers l’écrit avec la venue de l’école des Blancs, dans la période postcoloniale, j’ai quand même analysé deux romans qui ont marqué la littérature francophone pour montrer que la critique littéraire, comme science, peut s’imposer sur les textes écrits de n’importe quel pays. L-N : Quel message pouvez-vous adresser aux lecteurs pour les inciter à lire votre essai? NKR : À travers ce mode essai, j’ai voulu montrer aux lecteurs des récits narratifs que le roman est pluriel car il s’est forgé des métamorphoses dans l’espace et dans le temps. Avec ces quelques notions de la critique littéraire que je propose aux lecteurs des romans, je leur donne des armes littéraires pour lire et comprendre, pourquoi pas analyser n’importe que roman. L-N : Vous êtes l’auteur du premier Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises et de l’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais. Quelles sont vos prochaines publications dans ce registre ? NKR : Mon prochain projet littéraire se fonde sur la poésie. C’est le genre que j’ai affronté au début de mon carrière littéraire avec la rencontre des noms emblématiques de l’époque comme Léopold Pindy Mamansono et Jean Baptiste Tati Loutard.qui n’avaient cessé de m’encourager dans ce domaine après mon Prix de poésie au concours organisé par Radio Nederland des Pays Bas en 1974. C’est la poésie qui m’a ouvert la porte de littérature quand j’étais encore sur les bancs du lycée. Et je profite de rendre hommage à mes condisciples du lycée comme les poètes Jean Blaise Bilombo Samba et André Matondo devenu Matondo Kubu Turé. Il m’arrive de me demander comment nous avions affronté l’hermétisme de Tchicaya U Tam’Si dont nous avions découvert quelques œuvres à la bibliothèque du Centre Culturel Français de l’époque. L-N : Avez-vous un dernier mot à l’endroit de vos lecteurs ? NKR : Un retour de ceux-ci après lecture de mon ouvrage qui me permettrait de me revoir dans celui-ci comme dans un rétroviseur pour d’autres éventuels projets sur la critique littéraire. Propos recueils à Paris par Leboutchi-Nanguila
« L’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais » (1) de Noël Kodia-Ramata : la littérature congolaise en mouvement
Au cours d’une table-ronde à Brazzaville, en abordant la question relative aux œuvres congolaises enseignées à l’Université Marien Ngouabi nous devions donner notre point de vue sur la question d’autant qu’il y avait dans la salle trois enseignants du département des Lettres. L’idée qui venait d’être émise était celle qui consistait à dire que les œuvres congolaises étaient en petite quantité. Nous avions alors brandi un pavé de plusieurs dizaines de pages, de couleur rose en posant la question de savoir combien de passionnés de littérature congolaise disposaient de cet ouvrage en général et combien d’enseignants de ce même département de Lettres le connaissaient et qui l’avaient lu : le Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises, une sélection de 154 romans et recueils de nouvelles de la période 1953-2005. Question à un likuta : peut-on aussi aisément évoquer cette littérature sans dire un mot sur ce pavé que nous venions de présenter à l’assistance ? Nous ne pensons pas. En effet, le livre que nous avions en main, ce Dictionnaire de la littérature des œuvres congolaises était signé Noël Kodia-Ramata. Le dévoreur de livres que nous sommes ne peut s’empêcher de dire qu’auparavant il y a eu l’Anthologie de la littérature congolaise d’expression française de Jean Baptiste Tati Loutard (éd. Clé, Yaoundé, 1976) ; quelques années après, nous découvrons la Nouvelle Anthologie de la littérature congolaise (éd. Hatier International, Paris, 2003) du même auteur écrite en collaboration avec Philippe Makita. Avec le Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises, Noël Kodia-Ramata est allé bien plus loin car il couvre une période bien plus large avec des informations plus précises et plus complètes encore. Chaque fois que nous abordons un auteur trouvé ou retrouvé dans son Dictionnaire, nous avons comme l’impression qu’il le connait personnellement. Après quelques années de recherche sur la littérature congolaise, voici l’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais qui couvre dix ans et qui apparait comme une suite logique du Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises. Ici, Noël Kodia-Ramata sort des sentiers battus des anthologies qui consistent à présenter traditionnellement aux lecteurs des morceaux choisis des auteurs. Avec Noël Kodia-Ramata, l’anthologie se veut analytique puisqu’elle ne livre plus des morceaux de texte des auteurs, mais une critique de chaque œuvre choisie afin de pousser le lecteur de la découvrir en profondeur, tant au niveau du fond que celui de la forme. Dans cette anthologie, on peut découvrir quatre vingts ouvrages publiés par soixante quinze auteurs de 2006 à 2016, une période où la littérature congolaise a démontré sa fécondité qui, sans cesse, étonne les amateurs de la création littéraire au sud du Sahara. Chaque auteur est illustré par une biobibliographie sommaire. Nous ne serions pas complet si, après avoir lu cette immense œuvre critique, nous ne rappelions pas l’auteur qui affirme dans son avant-propos que « dans l’ensemble, les écrivains de la période 2006-2016 créent leurs fictions à partir de leur vécu quotidien. Se révèlent chez les écrivains de la diaspora les vicissitudes de l’exil. Du côté de ceux qui sont restés sur le continent, on remarque la dénonciation des mauvaises fluctuations politiques accouplées aux guerres civiles et à la dictature des dirigeants africains, des thèmes déjà traités dans certaines œuvres d’avant 2006. Au-delà de cette année, la majorité des écrivains congolais d’après 2006 tentent souvent de “photographier” le côté sociopolitique de leur pays ». Cette anthologie peut être considérée comme un outil fondamental pour les étudiants et chercheurs qui travaillent sur la prose de la nouvelle génération des écrivains congolais (…). Gakosso Obambe Ecrivain panafricaniste. (1) Noël Kodia-Ramata, Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais, éd. LC, Paris, 2018, 486 pages.
Livre : Noël Kodia Ramata publie «l’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais».
L’écrivain et critique littéraire Noël Kodia Ramata vient de publier aux éditions Cécile Langlois une œuvre de grande portée intellectuelle sur la littérature congolaise, à savoir, «L’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais» après le «Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises». « En dépit de la taille imposante de l’ouvrage (…) les différentes dispositions que nous avons énumérées permettent ainsi au lecteur de se repérer sans trop de peine dans le corpus de ce « pavé » dont on ne pouvait trop souligner à la fois l’originalité et la richesse, et qui est sans doute pour son auteur la meilleure façon de rendre hommage à la littérature de son pays dont il est l’un des meilleurs connaisseurs » (p. 11), écrivait le professeur Jacques Chevrier dans sa préface du Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises publié en 2010. La préface de cette nouvelle parution qui met les écrivaines et écrivains congolais de 2006 à 2016, soit dix années de suivi, porte la signature d’un autre fils du Congo, pour nommer Gakosso Mboundzé Obambé. Dans sa fougue, le préfacier rapporte que « Dans ce document où l’auteur confirme sa place parmi les critiques littéraires les plus prolifiques du continent, force nous est de rappeler l’éminent professeur émérite des Universités françaises Jacques Chevrier qui, dans sa préface du Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises, stipule que « [Noël Kodia-Ramata] est l’un des meilleurs connaisseurs de la littérature de son pays. Lisez et faites lire cette Anthologie pour découvrir et faire découvrir la fécondité de cette littérature congolaise qui ne cesse d’étonner les amateurs de la littérature africaine. Une littérature en mouvement qui continue sa marche fructueuse au-delà de la décennie 2006-2016 ». Noël Kodia-Ramata est un universitaire du Congo-Brazzaville. Salué dès la parution du premier Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises (éditions Paari, 2010) comme l’un des critiques littéraires le plus prolifique de son pays. Romancier, dramaturge, poète, nouvelliste, il est également membre du jury du Prix littéraire Sylvain Bemba de l’Association Le Quai de la culture (France). De la critique, ses recherches se fondent surtout sur la littérature africaine en général et congolaise en particulier. Beaucoup de réflexions au niveau littéraire publiées dans les presses nationale et internationale, notamment dans le magazine panafricain Afrique Education. L’auteur a également produit «Les enfants de la guerre, Eteindre le feu par le feu ? en 2005» ; «Mer et écriture chez Tati Loutard, de la poésie à la prose» et Colloquium sur l’écriture d’Emmanuel Bounzeki Dongala en 2006 ; «Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises» en 2010 ; «Réflexions et démocratie pluraliste au Congo-Brazzaville: analyse des essais politiques de Denis Sassou Nguesso» en 2012 ; «Drôles d’histoires françafricaines, ou, La fesse de l’affaire: taku dia saamu» : nouvelles en 2015 et «Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais» en 2018. Cette parution est ardemment attendue à Brazzaville et au Congo par toute la crème des écrivaines et écrivains qui y ont leur texte. C’est un trésor que tout le monde devrait avoir dans sa petite bibliothèque privée. Florent Sogni Zaou
La brève histoire de ma mère1 de Dibakana Mankessi : un roman congolais écrit en français
Le deuxième roman de Dibanaka Mankessi se présente comme un puzzle dont les pièces maîtresses sont respectivement les personnages de Mâ Mado, sa fille qui rapporte son histoire et Délé. Et l’épicentre du récit est Mâ Mado avec les deux hommes, Kitoko et Petit Falacé qui l’ont accompagnée dans sa vie. Son mari Kitoko sera à l’origine de la mort qu’elle sollicite quand, assez âgée, elle comprend que ses enfants peuvent se prendre en charge sans problème. Mâ Mado, un destin exceptionnel qui entre en porte-à-faux avec le commun des mortels. Sa mère Délé, ayant vu « ce qu’elle ne devait pas voir », connait un destin dramatique. Reçue dans une famille comme esclave loin de son village pour éviter de divulguer ce qu’elle avait vu une certaine nuit, elle passe, après un moment, de l’état d’esclave à la femme du prince Kitoko avec qui elle va fonder une famille. De leur union, naissent plusieurs enfants dont Mâ Mado. Cette dernière se voit sans cesse être interpelée par sa fille qui lui rappelle ses mésaventures. Elle a épousé un homme indigne qui la fait souffrir moralement et physiquement. Mère de plusieurs enfants dont le milicien de la jeunesse du Parti, Tagodi qui se fait remarquer négativement dans la société, Mâ Mado connait le paradoxe de l’amour avec les deux hommes de sa vie. Elle retrouve en ville Petit Falacé qui serait son premier mari qu’elle a repoussé à cause de son physique, préférant Kitoko, un époux qui va se montrer désagréable. Ainsi réalise-t-elle le véritable sens de l’amour à travers les poèmes que lui adresse Petit Falacé dont les tendres sentiments s’opposent à l’animalité de son mari, des poèmes que sa fille-narratrice va découvrir dans sa chambre après sa mort. Celle-ci en gardera le secret pour l’honneur de sa défunte mère qui a connu deux amours : le premier mariage triste et pénible et dégradant avec le père de ses enfants et l’amour idyllique avec Petit Falacé à travers les poèmes d’amour qu’il lui adressait en cachette. La brève histoire de ma mère, un roman polyphonique où les femmes et les hommes se partagent le destin de Mâ Mado dans des réalités congolaises dont l’auteur semble connaitre certains méandres. De la condition féminine déplorable… Les femmes dans La brève histoire de ma mère évoluent dans l’univers pessimiste de leur société. Leur vie est souvent perturbée négativement par le comportement rétrograde des hommes. Délé avec sa mère, Gasparde Tralala et Mâ Mado sont les principales femmes qui se confrontent à leur brutalité, tant morale que physique. La jeune Délé commence son supplice quand, par inadvertance, elle voit ce qu’elle ne devait pas voir ; ce que l’on fera comprendre à sa mère : « [Ta fille] Délé a vu. Tu connais la règle. Tu dois décider tout de suite » (p.167) Et cette interpellation d’un chef de groupe énigmatique va bouleverser le destin de la pauvre fille. Malgré tout ce que fera sa mère pour la sauver du danger qui la guette, elle sera par la suite enlevée par trois hommes anonymes dans leur plantation d’arachides : « Aussitôt, alors qu’une main s’était planquée contre sa bouche pour l’empêcher de crier, deux autres mains se collèrent à ses yeux » (p.47). A partir de ce moment, le destin de Délé prend une autre trajectoire. Elle est accueillie, loin de son village, dans une famille où elle est considérée comme une esclave avec toutes les souffrances et humiliations que lui impose son statut avant d’être réhabilitée socialement après avoir miraculeusement retrouvé sa beauté physique. Aussi le mépris et l’indifférence laissent la place à l’admiration. Elle est alors victime d’une tentative de viol avant d’être récupérée par le chef du village dont le fils sera son mari. Mais son bonheur sera éphémère car ses souffrances vont se prolonger à travers sa fille Mâ Mado. Celle-ci, à cause de ses enfants qui sont encore mineurs, accepte le calvaire que lui impose son mari volage, infidèle, ivrogne et brutal. Et sa sœur de culpabiliser Délé qui serait à l’origine de ce terrible mariage dont la mère ignorait le calvaire qu’elle vivait. Aussi, pense-t-elle au pire devant le sadisme permanent de son homme : « Au fil des années, malgré le temps qui passait, tes souffrances dans ton foyer ne s’estompaient pas. Chaque jour qui passait apportait son lot de misères. Tu en arrives à souhaite ta mort » (p.183). Et nous ne serons pas étonnés que Mâ Mado se décide à mourir quand elle est sûre que ses enfants, déjà grands, pourront se prendre en charge. La condition féminine déplorable se remarque aussi à travers le personnage de Gasparde Tralala, une femme incomprise dans la société où elle évolue. Pour avoir été en avance sur les autres femmes car elle s’habille à l’occidentale, elle se fait vilipender par la police : « le chef de patrouille signifiait à Gasparde Tralala le motif de son interpellation : vous êtes hors la loi et vous le savez ; le pantalon est interdit aux femmes de la ville » (p.68). A propos des souffrances psychologiques et physiques de Mâ Mado et autres, le roman de Dibakana Mankessi apparait comme un tableau de peinture qui présente des visages de femme tristes, apeurés et soucieux. … au sadisme de l’homme C’est Kitoko qui résume le sadisme de l’homme dans son mariage avec Mâ Mado. C’est un homme sans foi qui ne respecte pas les principes élémentaires d’un foyer conjugal. Il ne s’excuse même pas quand sa femme l’attrape en flagrant délit avec une autre femme : « C’est en franchissant la porte que tu faillis tomber face au spectacle qui s’offrit à toi : Kitoko était avec Lafi sur le lit conjugal en train de faire des choses. Tous nus » (p.172). Kitoko, un homme brutal qui veut que la femme se mette sous ses ordres. Mâ Mado est soumise et dépend de son mari comme le signifie sa fille : « Maman n’étant pas autonome, c’est papa qui
LIVRE: Politique de l’éducation, formations des compétences et construction de l’Etat en République du Congo1 de Cl.E. Kiamba
Voici un des livres sur l’historique de l’enseignement au Congo, un document qui doit être considéré comme un ouvrage de référence avec tous les sujets développés par l’auteur en ce qui concerne l’enseignement au Congo de 1911 à 1997. Deux points essentiels dans ce document centrés sur l’évolution de l’enseignement et la formation des compétences. L’enseignement de 1911 aux années 90 en passant par l’axe 1963 A l’époque coloniale, l’enseignement est d’abord une œuvre missionnaire avec la mise en place d’un embryon de l’enseignement primaire de 1911 à 1936. De 1936 à 1945, André Davesne, Inspecteur d’académie en France met en forme une pédagogie spécifiquement adapté à l’enfant africain. Beaucoup d’établissements scolaires sont réalisés au Congo pour une formation de cadres subalternes et des auxiliaires tournés vers la Métropole. Brevié devant le Conseil de l’AOF annonce : « le devoir colonial et les nécessités politiques et économiques imposent à notre œuvre d’éducation une double tâche : il s’agit d’une part de former des cadres indigènes qui sont destinés à devenir nos auxiliaires dans tous les domaines et d’assurer l’ascension d’une élite soigneusement choisie : il s’agit d’autre part d’éduquer la masse pour la rapprocher de nous et transformer son genre de vie. Du point de vue politique, il s’agit de faire connaitre aux indigènes nos efforts et nos intentions de les rattacher à leur place à la vie française. Du point de vue économique enfin, il s’agit de préparer les producteurs et les consommateurs de demain ». Et c’est ce que va faire l’assistance française au Congo jusqu’à l’indépendance du pays et quelques années après avant que le Congo tombe dans le régime socialiste avec la Révolution des 13,14 et 15 août 1963 avec la congolisation progressive de l’enseignement. Avec la Révolution congolaise, le politique intègre le monde de l’enseignement : « concernant l’enseignement, des réformes avaient été initiées de sorte que l’école intègre les réalités locales et l’idée de sa nationalisation fut avancée le 14 juillet 1965 au nom de la JMNR [Jeunesse du Mouvement Nationale de la Révolution] par Martin MBéri au congrès constitutif de l’UGEEC [Union Générale de Elèves et Etudiants Congolais] ». A partir de ce moment, le politique s’occupe de plus en plus de l’éducation et les politiques de l’enseignement se mettent au service de la lutte pour l’indépendance véritable du Congo. Aussi, observe-t-on dans le pays une évolution au niveau de l’éducation. De 1960 à 1963, avec la première république, il y a dégradation progressive des conditions de vie des enseignants ainsi que de leur métier. Aussi, l’auteur le souligne : « [On constate] l’exode des enseignants vers d’autres emplois garantissant plus de sécurité matérielle ». En 1964 les décideurs politiques ont opté le régime socialiste et vont aller jusqu’à la nationalisation de l’enseignement. Aussi faut-il former les cadres locaux dans le domaine car ils sont surpris par le départ massif du personnel anciennement en fonction dans l’enseignement privé, surtout avec la campagne de dénigrement et la propagande anticléricale menée par certaines figures de la JMNR Et l’auteur de le signifier : « La démission des religieux et religieuses enseignantes – environ 150 – fut une surprise pour les autorités et les mit dans l’embarras : ils n’avaient pas envisagé les conséquences d’un acte posé par les idéologues du parti ». De 1963 jusqu’aux années 70-80, il y a une intégration idéologique notoire de la jeunesse scolarisée au sein des appareils de l’Etat et cela jusqu’à sa remise en cause en 1990. Aussi, au cours de l’hégémonie du Parti-Etat sur l’éducation, certaines réformes auront des impacts parfois positifs, parfois négatifs sur l’école. En plus de la nationalisation et l’intégration idéologique de la jeunesse scolarisée, on pense démocratiser l’enseignement pour lutter contre les inégalités sociales. Au niveau de l’éducation, on aménage des plans et des programmes d’étude dont le premier objectif est la revalorisation de l’enseignement : « Le gouvernement prévoyait d’étendre l’enseignement dans tous les coins de la République ». Et pour cela, il fallait aussi réfléchir sur les méthodes à appliquer en insistant sur l’intégration idéologique des élèves. Les programmes scolaires sont réformés en instituant en leur sein l’instruction civique, l’histoire et la géographie du Congo. L’enseignement devient en quelque sorte un moyen de conscientiser les larges masses populaires par rapport aux nouveaux enjeux sociopolitiques du socialisme scientifique. L’enseignement primaire étant le soubassement de l’école, le ministre de l’Education de l’époque, dans son projet de réforme de l’enseignement primaire dans la période 1969-1970, note : « L’école primaire doit être, non seulement dispenser des connaissances, mais enseigner à l’enfant à être davantage et à transformer ; il faut certes qu’elle transmette les valeurs, mais il faut également qu’elle prépare l’enfant à modifier le milieu dans lequel il vit et le dépasser pour s’ouvrir progressivement au monde ». Malheureusement, de changement en changement de méthode d’appréhension des notions d’écriture et de lecture (méthode syllabique, méthode globale), l’enseignement va subir un coup dans le primaire. Au cours de cette période marquée par le socialisme scientifique, naît au Congo le concept de « l’Ecole du peuple qui aura pour objectif primordial la formation des producteurs de biens matériels et intellectuels destinés à améliorer les conditions d’existence du peuple congolais » dixit Antoine Ndinga Oba le 7 octobre 1980. Mais jusqu’en 1990, le système éducatif va continuer à décliner et subir un bouleversement avec la Conférence nationale qui va de nouveau le libéraliser avec le retour de l’école privée, conséquence de la démocratie pluraliste. Travaillant sur la politique de l’éducation, l’auteur n’oublie pas de faire l’historique de l’enseignement professionnel et supérieur au Congo. Officiellement c’est en 1903 que l’enseignement professionnel voit le jour à Brazzaville. Il vise la formation des ouvriers manuels (secteur du bois, de fer, de la vannerie…), des ouvriers agricoles, des auxiliaires pour l’administration (commis aux écritures, comptables, moniteurs, infirmiers). De l’enseignement supérieur, Claude Ernest Kiamba révèle que Dakar voit naître l’établissement d’enseignement supérieur en 1950, alors que c’est dix ans plus tard que le supérieur se concrétise dans la sous-région de l’Afrique
VIENT DE PARAITRE: Louezie, la fille-soldat (1) ou les dirigeants africains cloués au pilori
LITTERATURE CONGOLAISE. Encore un autre récit sur le sociopolitique des soubresauts de la démocratie pluraliste en Afrique. Louezie, la fille-soldat, un roman dont les aventures de l’héroïne pourraient rappeler certains pays de l’Afrique centrale en mouvement vers la démocratie pluraliste avec ses guerres fratricides. Nous sommes en République du Centre où vient de se dérouler la présidentielle à l’issu de laquelle le président Bassou a été déclaré vainqueur face aux candidats Moustapha et Sambi. Festivité à la dimension de l’événement du côté de l’élu et amertume et frustration chez les vaincus. La République du Centre commence à vivre le désenchantement de la démocratie pluraliste quand une grande partie des Centristes conteste la victoire de Bassou. Mécontentement et grogne dans les états-majors politiques qui aboutissent à une crise que les acteurs politiques n’arrivent pas à endiguer, laissant la place au régionalisme de se manifester dans le pays. Se crée dans la République du Centre l’opposition territoriale nord-sud qui provoque une guerre civile entrainant sur le terrain des affrontements entre les milices des trois principaux leaders politiques : Moustapha, ancien chef de l’état qui vient de reprendre le pouvoir par la force des armes, Bassou, président éphémère de la République du Centre et Sambi qui n’est pas trop engagé dans la guerre mais qui est plus proche de Bassou et qui dirige ses miliciens à partir de l’exil. Au cours de cette guerre civile apparait la jeune adolescente Louezie bouleversée par l’assassinat odieux de son père ainsi que le viol de sa mère par les miliciens de sa propre région. Elle intègre le groupe du colonel Puma qui va la former en matière de combat pour venger ses parents. Elle devient par la suite l’héroïne de la guerre de la République du Centre Aussi apparait-elle comme l’élément primordial de la victoire sur le président Moustapha qui va finalement négocier avec les autres pour le rétablissement de la paix dans le pays. Moustapha : une image du politique africain Il est le prototype de certains dirigeants africains qui n’acceptent pas l’alternance au pouvoir. Battu à l’élection présidentielle par Bassou, il manifeste son hypocrisie vis-à-vis de ce dernier : « Mais en bon perdant, Moustapha, le malheureux candidat félicita courageusement et avec honneur l’heureux élu » (p.15). Son comportement laisse à désirer car il profite du mécontentement d’une grande partie de la population centriste contre la victoire de Bassou pour reprendre le pouvoir par la force des armes. Et cette tentative de coup d’état entraine le pays dans une guerre civile atroce. Ses miliciens lourdement armés écument les régions du sud, bastion de Bassou et Sambi. Avec ses hélicoptères, Moustapha bombarde les villages « ennemis » dont les populations sont obligées de trouver refuge dans les forêts environnantes. Pendant cette guerre tribalo-régionaliste, Moustapha va se révéler comme un politique cruel qui rappelle certains dirigeants du continent prêts à tuer leurs propres populations pour le pouvoir : « Le président Moustapha (…) suivait méticuleusement l’évolution de ces bombardements. (…) Ces milliers de cadavres qui jonchaient les cours des villages (…) constituaient d’importantes preuves des crimes contre l’humanité ou de génocides » (p.17). Mais il sera vaincu à la fin quand Louezie, originaire de la région de Sambi va s’intéresser au métier des armes suite à l’assassinat de son père et au viol de sa mère. Louezie, l’héroïne de la guerre civile en République du Centre Louezie, une fille qui rappelle le courage des femmes du royaume Kongo, une Kimpa Vita, une Mama Ngunga. Son courage est manifeste au cours de cette guerre contre les éléments de Moustapha. Simple soldat quand elle intègre le groupe du colonel Puma, elle devient lieutenante-colonelle quand le pays retrouve la paix après la débâcle du président Moustapha. Le véritable personnage de Louezie naît quand, encore adolescente, elle se confronte à la réalité de la guerre, plus particulièrement à ses atrocités dont ses parents seront victimes comme le lui signifie sa mère : « Ils m’ont violée devant ton père à qui ils ont tranché le cou après leur forfait » (p.24). Elle tient à tout prix de venger ses parents maltraités cruellement et paradoxalement par les miliciens du président Sambi qui devraient en principe les protéger. En République du Centre, le président Moustapha, n’arrive pas à maitriser la situation malgré son coup d’état et l’abdication de Bassou qui a demandé à ses miliciens de déposer les armes. Seuls les éléments de Sambi continuent à se battre. Beaucoup d’exactions dans la région de Louezie qui va décider de devenir une fille-soldat parmi les éléments du colonel Puma. Ce dernier sera son instructeur après avoir admiré son courage : « Louezie avait pris une décision irrévocable, devenir une fille-soldat. Elle espérait obtenir une bonne formation auprès du colonel Puma (…). Son rêve : (…) régler le sort à ceux qui avaient tué atrocement son père et violé bestialement sa mère » (p.27). Le carnage dans les villages ainsi que les atrocités infligées à ses parents, un point noir dans la conscience de l’héroïne. Par son courage, sa bravoure, son intrépidité et son sens de l’organisation dans la stratégie militaire, Louezie est agréablement admirée par son chef, le colonel Puma. De ses propres mains, elle arrive, comme elle le souhaitait, de tuer les assassins et violeurs de ses parents. Aussi son sexe sera l’arme fatale pour ces derniers comme on peut le remarquer dans cette scène qui sera répétitif pour les quatre malheureux miliciens : « Yankée qui avait déjà sa verge en érection n’attendit pas qu’on le lui demanda. Il se déshabilla (…) et Louezie l’accueillit, lui offrant totalement son Vénus. (…) Du côté de son anus, elle saisit les deux amandes de Yankée qui pendaient et les lui broya sans pitié » (p.64). Grâce à elle, les hélicoptères bombardiers ainsi que les fantassins de Moustapha seront mis hors d’état de nuire. Devant le fait accompli, le président Moustapha est obligé de négocier avec le président Sambi pour relancer la République du Centre. Fille-soldat devenue ensuite lieutenante-colonelle, Louezi imprime sa personnalité