Guerre en Ukraine/RD Congo. Neutralité ou impartialité
TRIBUNE. L’attitude de La République démocratique du Congo dans le conflit Russo-Ukrainien dénommée la « guerre de Poutine » doit être celui d’un pays qui observe une certaine distance et qui ne confond pas neutralité et impartialité Les deux termes neutralité et impartialité sont souvent utilisés de façon synonyme dans le langage courant, ils ont pourtant une signification très différente.La Neutralité ; c’est la Situation d’un État qui demeure à l’écart d’un conflit international. Tandis que l’Impartialité ; c’est le Caractère, la qualité de quelqu’un qui est impartial ou d’une personne qui est juste, équitable : L’impartialité d’un arbitre par exemple .La discussion actuelle autour de la neutralité de certains pays africains concernant la guerre de Poutine en Ukraine nous permet parfaitement d’illustrer cette nuance. Comment pourrait-on fermer les yeux, comment rester indifférent face aux atrocités commises dans le monde, comme en RDC avec l’agression injuste a l’est du pays, au Mozambique, au Mali et ailleurs, comment rester indifférent face aux violations des droits humains, aux massacres des populations civiles, face aux bombardements des infrastructures civiles, face aux injustices et face à la violation du droit international et des principes humanistes fondamentaux ? La République démocratique du Congo, mon pays est soi-même une victime d’une Agression injuste a l’est de ses frontières et comptabilise plus de 8 millions de morts suite à cette calamité. La RDC ne peut pas se taire lorsqu’un pays déclenche une guerre agressive contre un voisin et ce qui arrive à l’Ukraine en fait clairement partie. Comment alors la RDC pourrait-elle rester neutre dans une telle situation ? Non, elle ne le peut pas, et elle ne le doit pas ! Faire de la politique, y inclut à l’international, c’est forcément un acte animé par des valeurs, par un projet de société. Dans le cas présent, ces valeurs qui nous animent sont la non-violence, la paix, la protection de la vie et de la dignité humaine, la liberté a avoir son opinion et aussi la démocratie et le respect du droit international. La République démocratique du Congo doit promouvoir et défendre ces valeurs sans aucune retenue. Y renoncer serait renier à ce que nous sommes au plus profond de nous. Ce n’est pourtant pas en contradiction avec la neutralité telle qu’on devrait la concevoir, est c’est ici que la confusion entre neutralité et impartialité se manifeste. Effectivement, la première se réfère à notre rapport à la « chose », à l’enjeu ou au litige, en l’occurrence donc à l’agression militaire, à la guerre, nous ne pouvons rester neutre à son égard vu que nous les congolais sommes aussi victimes d’une Aggression de la part de nos voisins du Ruanda, de l’Ouganda et du Burundi ! Notre refus d’une invasion et notre critique doivent être vifs, clairs et sans aucun langage diplomatique. Quant à la deuxième notion, l’impartialité, elle se réfère quant à elle à notre rapport aux personnes, aux acteurs, donc à la dimension relationnelle. Nous congolais, nous n’avons pas des problèmes avec nos frères russes et ukrainiens. Cette guerre est la guerre de Poutine. C’est ne pas une guerre entre un pays communiste et un autre capitaliste. La Russie post communiste est un pays démocratique avec une économie capitaliste , elle organise des élections présidentielles après un cycle constitutionnel, elle a députés élus par le peuple. L’Ukraine aussi est un pays démocratique avec une presse libre et des élections libres à tout les niveaux. C’est ici que nous devons garder l’équidistance avec tous les acteurs, ou mieux encore, la multi-partialité pour être plus engagé et inclusif. Maintenir des relations avec la Russie et l’Ukraine tout en restant ferme sur les principes, ou bien « dur sur le fond, doux avec les individus » pour reprendre la fameuse formule du principe de négociation selon Harvard. Donc rester un interlocuteur, un médiateur au meilleur des cas, mais toujours dans un cadre normatif non-négociable : la promotion de la paix.Le premier, le dialogue, étant la méthode, le deuxième, la paix, étant l’objectif. Et c’est là où peut-être qu’on se trompe de terminologie (voire de politique ?), nous ne devons pas être neutres, bien au contraire, nous devons être engagés, pleinement et sans aucune retenue pour les principes cités plus haut. Cependant, la République démocratique du Congo peut rester impartiale, sans favoriser un acteur quelconque par rapport à un autre, sans être plus proche d’un bloc que d’un autre . Négocions toujours avec tout le monde, cela peut paraitre inacceptable en temps de guerre, mais c’est à ces moments-là que c’est aussi le plus important. C’est dans cette optique là que l’adhésion de la République démocratique du Congo au « Partenariat pour la paix », a la déclaration de l’union africaine, à la décision du secrétaire général de l’ONU me semble tout à fait discutable, sachant que cela est plus facile à affirmer en temps de paix que pendant une guerre devant nos petits écrans. 🟣 Quid alors des sanctions ? Est-ce que la mise en place de sanctions économiques relève plutôt d’une mesure touchant la dimension relationnelle avec le sanctionné (donc impact sur l’impartialité) ou visant la résolution du litige en cours (donc concernant la neutralité) ? Difficile à dire, l’intention peut se référer à l’un, la perception du destinataire à l’autre. Pour le moment, la République démocratique du Congo ne soutient pas les sanctions de l’Union Européenne contre la Russie, elle se contente d’observer et de renforcer plutôt son armée , les FARDC au front à l’est du pays, en prenant des mesures militaires et politiques pour éviter de servir comme contournement des celles prises par les états en conflit dans la guerre de Poutine en Ukraine. En résumé : la République démocratique du Congo doit continuer a faire les affaires avec les deux belligérants en conflit sans pour autant ne pas perdre sa neutralité et son impartialité . Nous les congolais, ne sommes ni pour, ni contre ; bien au contraire… Dans le doute, c’est en faveur de l’objectif suprême, de la paix, que devrait pencher la