RDC – RWANDA : ce triste jeu du chat et de la souris

RDC – RWANDA : ce triste jeu du chat et de la souris

PARLONS-EN. Le rideau venait de tomber sur le face à face des délégations de la RDC et du Rwanda sous l’égide du président angolais. Qu’en dire? 1. La petite victoire diplomatique engrangée par la partie congolaise est d’avoir piégé Paul Kagame qui a toujours nié être l’agresseur du Congo et a manié sans cesse son narratif présentant le conflit Congolais comme opposant les congolais entre eux. La RDC en siégeant avec les officiels du gouvernement rwandais n’a donc plus le temps à perdre avec les proxy. Il met le Rwanda devant ses responsabilités historiques. D’autres part, en se présentant à la table de négociation et en posant dans son cahier des charges, des conditions humiliantes contre le peuple congolais, sans le savoir peut-être, le président rwandais ne cache plus sa boulimie politique et ses ambitions expansionniste. Il les met sur la place publique et se fait démasquer devant le regard ahuri de l’opinion publique mondiale. À l’instar de 36 stratagèmes chinois, la diplomatie congolaise a pu faire sortir le tigre du bosquet tout en le rendant vulnérable à long terme sur le terrain des juridictions internationales régissant les relations entre les nations. 2. Fort malheureusement, ces juridictions internationales qui devraient être impartiales penchent en faveur de la partie rwandaise dont elles ont choisi de couvrir crimes et massacres de masse durant un quart de siècle. Au lieu de désigner le mal par son nom, au lieu de citer nommément le M23, l’AFC ou tout simplement les Forces Rwandaises de Défense ( RDF) comme véritables causes de l’instabilité de la région interlacustre, la stratégie de Kagame et de ses maîtres impérialistes, a consisté à Luanda à ne mentionner que les FDLR comme forces négatives et responsables de l’insécurité régnant dans la région des Grands lacs. Ce qui est bien évidemment un mensonge grossier et une injustice historique que de rendre coupable un pays qui est agressé et qui a déjà perdu dix millions de ses citoyens. Autrement dit, on fait porter le chapeau à la RDC comme la cause principale de l’insécurité, dédouanant du coup le sanguinaire Paul Kagame de toute responsabilité. 3. C’est le lieu de redire ici que les depuis longtemps les FDLR dont devenues une simple coquille vide ne constituant plus du tout une menace sécuritaire contre le Rwanda. Au contraire depuis une décennie, Kigali a pratiquement récupéré ces FDLR dans ses rangs pour s’en servir comme supplétifs des RDF, comme épouvantail et fusible, toutes les fois que le Rwanda a besoin d’un prétexte pour déclencher la guerre en RDC. 4. La bourde du gouvernement congolais c’est d’avoir accepté le plan de neutralisation des FDLR. Cette acceptation est synonyme de la reconnaissance non seulement de leur existence en RDC mais de la collaboration entre ces anciens génocidaires et le pouvoir de Kinshasa. En acceptant de les neutraliser, Kinshasa avoue en d’autres termes sa mainmise sur les FDLR et par conséquent il conforte la thèse de Kagame, il crédibilise le faux prétexte de ce dernier et légitime son plan de lancer ses troupes militaires contre la RDC pour prétendre défendre ses frontières nationales qui n’ont jamais été menacées. 5. Ceci dit, quoi que fasse Kinshasa dans son effort de neutralisation des FDLR, l’arme diplomatique ne lui sera jamais favorable car Kigali poussera loin, très loin son narratif « imaginaire » pour exiger encore et encore des concessions à un pays déjà étranglé et essoufflé. À chaque nouvelle réunion programmée comme celle du 15 août prochain, il sera toujours demandé à Kinshasa de sacrifier un pan entier de sa souveraineté. Aujourd’hui Kigali exige le doigt, demain le bras puis plus tard tout le corps, à savoir tout le territoire national. Dans ce triste ballai diplomatique des dupes, dans ce sinistre jeu du chat et de la souris, tout y est sauf la sincérité des partenaires. La France, la Belgique, l’Union européenne et l’ONU qui ont salué ce soir la signature de ce texte savent exactement pour quel belligérant ils dansent. Les USA qui ont imposé unilatéralement la trêve humanitaire, exigent désormais un face à face entre le gouvernement congolais et l’AFC de Nangaa (c’est le mobile caché du point C du communiqué relatif à l’élaboration du plan de désengagement des forces) pour mieux porter un coup fatal à la RDC. Le seul point focal qui pourra dénouer l’écheveau de ce conflit est à chercher soit dans un chambardement radical des jeux d’alliances de Kinshasa qui se retournerait vers d’autres partenaires internationaux crédibles qui vont dans le sens de défendre ses intérêts vitaux. Soit encore dans la lueur d’espoir qui pourra poindre le 25 novembre 2024 prochain avec l’éventuel retour de Trump aux affaires. Retour qui serait synonyme de la neutralisation du plan de Bill Clinton exécuté à la perfection par tous les présidents démocrates qui se sont succédé à la Maison Blanche. Germain Nzinga

RD Congo. Ce que je crois

RD Congo. Ce que je crois

TRIBUNE. Une cellule de communication stratégique doit exister et bien fonctionner. Les réactions épidermiques des personnalités de premier plan ont donné à la déclaration de John Numbi une ampleur qu’elle n’aurait pas dû avoir. Nous pouvons dire que militaire de son état, il a réussi son test d’entrée en politique pour avoir complètement bougé et monopolisé l’actualité nationale par une sortie médiatique qui pourtant cache son désarroi. Sous cape, il doit se frotter les mains. Un voleur n’annonce pas sa venue. S’il le fait, ça veut dire qu’il a déjà tenté et échoué ou qu’il n’en a pas du tout de moyen. Les deux exilés, Numbi et Nangaa s’attendaient à un dialogue politique qui leur aurait permis de rentrer au pays et jouer un rôle dans les institutions. La réussite apparente du processus électoral et l’implication de presque tous les opposants, qui laisse entrevoir une victoire légitime du Président de la République, les ont plongés dans un désespoir. Ils voient leur exile se prolonger. D’où leurs réactions à l’emporte-pièce. Il ne fallait pas que le ballon d’essai de John Numbi bénéficie d’une aussi grande ampleur qui peut receler une panique générale injustifiée. Par Steve Mbikayi