Congo. Crise de légitimité du Chef traditionnel Mbakouo à Gamboma

Congo. Crise de légitimité du Chef traditionnel Mbakouo à Gamboma

Avec la disparition du Chef Mbakouo à Gamboma, Grande cité du Nord Congo, deux camps se sont affrontés, dans le processus de sa succession. Un affrontement qui a abouti à l’installation de deux Mbakouo. Au cours de deux cérémonies différentes, chacune, avec son public, riches en symboles et hautes en couleurs où dominait le rouge légendaire des Rois des Bateke. Chaque camp jurant sur la légitimité de son Mbakouo qu’il a porté en triomphe, en tipoye, et investi. Or, depuis les temps très reculés, des générations se succédant aux générations, à l’instar des autres dignes, respectés et intouchables Chefs traditionnels des Terres de Gamboma, Roi de Mbaya et Chef d’Etoro, par exemple, la fierté de Mbakouo repose sur l’unicité de son pouvoir traditionnel, assis sur un espace indivisible. Aux fins de préserver le climat de paix, la fraternité, la concorde et l’esprit de compréhension mutuelle qui ont toujours prévalu sur les Terres de Gamboma, peut-être faudrait il que les deux Mbakouo examinent, en toute liberté et avec responsabilité, le schéma de l’exceptionnel compromis suivant, en deux pistes. Un compromis qui repose sur le partage du pouvoir de Mbakouo qui, dans son principe traditionnel, dure le temps de la vie de son détenteur, jusqu’à la phase de la succession. Première piste. La formule de la rotation. L’ un après l’autre, un des Mbakouo règne, un temps défini. D’accord parties, sous l’oeil inquisiteur des autres Chefs traditionnels d’autres terroirs. Deuxième piste. La répartition, entre les deux Mbakouo, des prérogatives et charges locales dévolues au Chef Mbakouo, dans l’exercice unitaire de ses fonctions. Il reste entendu qu’au décès d’un des Mbakouo, le survivant reprend intégralement tous les pouvoirs pour désormais les exercer, seul, jusqu’à l’étape de sa propre mort. A cette phase finale, se rétablira, à nouveau, le processus normal de la succession de l’unique Mbakouo. Telle qu’elle a été, avant, la doublure actuelle. Une doublure qui nous afflige profondément. Nous, fils et filles de Gamboma. D’autant qu’elle brise la tradition millénaire des Mbakouo. Ouabari Mariotti – Membre de l’UPADS Paris 23.10.2020