Liss Kihindou aux femmes : « Faites en sorte que le futur ne vous réserve pas que des regrets »

Liss Kihindou aux femmes : « Faites en sorte que le futur ne vous réserve pas que des regrets »

CONSEILS. « Si quelque chose vous tient particulièrement à cœur, mettez tout en œuvre pour réaliser votre projet ou du moins pour préparer les conditions de sa réalisation », a lancé Liss Kihindou. Dans un entretien accordé récemment à sa consœur Marie-Léontine Tsibinda Bilombo, l’auteure, blogueuse et critique littéraire d’origine congolaise appelle les femmes à penser à elles et pas seulement aux autres. Car, comme elle le fait remarquer, « la femme se sacrifie souvent pour les autres, comme je le montre dans L’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique. Puis vient le temps où tous ceux pour qui elles se sont sacrifiées l’abandonnent ou méconnaissent même ce qu’elles ont fait pour eux ». « Je ne dis pas qu’il ne faut plus travailler au bonheur des autres », a toutefois affirmé l’écrivain congolaise précisant que « tout en se mettant en quatre pour le bien-être des autres, il ne faut pas s’oublier soi-même et travailler aussi à son propre épanouissement, en faisant ce qui nous plaît ». Pour l’auteure, qui a soutenu sa thèse sur « La poétique des fleuves d’Afrique dans les littératures de langue française », le 06 décembre 2022, les femmes doivent faire « en sorte que le futur ne vous réserve pas que des regrets, parce que vous auriez laissé passer le temps où vous auriez pu mener à bien tel ou tel autre projet ». Adrien Thyg

POESIE CONGOLAISE. La Morsure du soleil (1) ou le premier souffle poétique de Liss Kihindou

POESIE CONGOLAISE. La Morsure du soleil (1) ou le premier souffle poétique de Liss Kihindou

Voici une quarantaine de poèmes qui constituent La Morsure du soleil et qui nous fait découvrir le lyrisme de Liss Kihindou, plus connue comme prosateur. Un lyrisme multidimensionnel qui construit un pont entre la mort et la vie. Ici, on peut s’apercevoir du paradoxe qu’assume l’écrivaine car généralement l’homme élabore son destin sur la passerelle qui va de la vie à la mort ; peut-être nous révèle-t-elle inconsciemment que l’homme est un mort-vivant sur cette terre. Aussi, quatre mouvements peuvent se dégager de cette « morsure du soleil » qui brille devant nous dans les heurs et malheurs de l’humain. La mort dans l’esprit des inoubliables La mort accompagne indubitablement la conscience de l’homme, à plus forte raison celle des créateurs des œuvres de l’esprit. Rares sont les poètes et poétesses qui n’ont pas été marqués par la thématique de la mort. Femme sensible,  Liss Kihindou nous livre ici sa douleur après la disparition de deux grandes figures de la littérature congolaise. Dans « Année impitoyable », un poème où s’échappent douleur et tristesse, l’écrivaine se retrouve dans une situation psychologique où elle réalise la mort de deux illustres écrivains de son pays dans les méandres de l’année 1995 : « Mille neuf cent quatre vingt quinze / Jamais autant une année ne restera gravée / Dans mon cœur séché de tristesse / (…) Année qui a creusé dans la Littérature / Deux trous, deux trous béants » (p.13). Et, c’est en filigrane que s’exprime Liss Kihindou en faisant allusion implicitement à Sony Labou Tansi et Sylvain Bemba arrachés à la vie presqu’au même moment. Mais cette mort devrait frapper à toutes les portes des créateurs des œuvres de l’esprit. Ainsi, un ami de la poétesse, un passionné de poésie, un certain B. Dady n’hésite pas de pleurer avec son amie dans « Les larmes de Liss » quand la douleur devient intense et insupportable : « 1995 Liss pleure (…) / Les morts ne sont jamais morts / Est-ce raison Liss de toujours pleurer ? / Puisque tout compte fait / Les vitamines STL et SNB / Survivent et survivront / inexorablement à la mort » (pp.15-16). Aussi, certaines personnes qui ont marqué sa vie d’étudiante et ses liaisons culturelles reviennent sans cesse dans l’effluve de son inspiration. Dans « Une lumière éteinte », Liss Kihindou rend hommage à un grand universitaire de son pays, fauché trop tôt par la mort : « Qui va te remplacer / Toi baobab de la grammaire française ? / Qui va te remplacer / Toi qui enseignais le français aux Français ? » (p.19). Et cet universitaire dont fait allusion la poétesse n’est autre que le défunt professeur Augustin Niangouna qui aura marqué moult étudiants de l’université Marien Ngouabi. À son ami Eugène Miakakouba de la revue Ngouvou où elle publie ses premiers poèmes, elle dédie ces quelques vers poignants : « Eugène / Tu vis toujours dans nos mémoires / Au creux de nos cœurs repose ton histoire / À cette heure, Ngouvou te pleure » (p.21). En mémoire de son bel oncle, l’époux de sa tante Céline, elle écrit : « Il n y a plus que ton nom / Pour rafraichir les traces de ton passage sur terre » (p.22). Et ce cri de douleur nous rappelle la disparition d’un grand poète de sa génération, Congo Mbemba qu’elle interpelle dans « Tu n’es que cendre » : « Congo Mbemba / Ton corps / disparait dans le néant / (…) Congo Mbemba / Tu es / Un Ténor-Mémoire » (pp.2324). Dans les méandres du cœur Le sentiment d’aimer et d’être aimé se découvre dans le cœur de tout poète. Les créateurs des œuvres de l’esprit sont des « amoureux de l’amour » ; et Liss Kihindou s’échappe pas au feu de l’amour avec un cœur froid, mais qui sera réchauffé par l’être aimé : « Mon cœur était froid / Dedans il faisait sombre / (…) Dans ton cœur / Il puisa l’amour / Et mon cœur se mit à vivre » (p.31). Aussi, sur l’élan qui l’emmène vers son amour dans « La route de ton cœur » (p.32), tout est allégresse et synonyme de bonheur à travers l’image de la fleur et du miel. Ce bonheur que l’on peut rencontrer dans « Mes joies secrets » où brillent des rayons sur le visage de l’être aimé : « Me perdre / Dans les eaux mystérieuses / De tes yeux / M’accrocher aux rayons satisfaisants / De ton sourire » (p.33). L’image de l’homme aimé apparait aussi dans « La preuve » où elle demande à son homme la preuve idéelle et non matérielle de ses sentiments : « Les mots qui sortent de ta bouche / (…) ne sont pas une preuve / Ni les vêtements que tu m’offres / (…) La preuve que tu m’aimes / C’est l’épreuve » (p.34). Dans « Mystère », c’est la magie de l’amour qui s’extériorise : « Ton nom / Devient chaque jour plus précieux / Mes pensées sont pleines de toi » (p.35). Et le bonheur que provoque un amour est pleinement valorisé dans les textes tels « Délices » (p.36), « Quand on est amoureux » (p.37), « Ivresse » (p.38), et «Frissons » (p.39) avec cette attention de la poétesse pour l’être aimé : « J’attends que naissent sur ses lèvres / Les mots tant désirés » (p.39). Si l’auteure manifeste un grand amour à son homme, elle n’oublie pas ses « mamans-femmes » auxquelles elle adresse un long poème où se manifeste, à certains moments, le langagier du terroir : « Femmes, bakento / Laissez parler votre cœur / Batika basi ba loba (Laissez parler les femmes) / Mbikeno na zonza (Laissez-mi parler » (p.27). Une poésie de l’intérieur philosophique et psychologique De l’éclatement des sentiments dans ce recueil, Liss Kihindou se refugie parfois dans la méditation pour réfléchir sur certains aléas de la société qui la rattrapent. Dans « Complainte », elle met en exergue la fatalité qu’impose le Sida à l’Homme : « Sida si invulnérable / Que tu sois, deux sont capables / De nous servir de bouclier / Et nous permettre de lier / Ton destin, ton sort funeste » (p.43), cette société qui oppose simultanément le bonheur des nuits de la campagne : « Tu nous grises de bonheur / Tu es la nuit des campagnes »(p.45) aux vices des nuits de la ville : « Nuit meurtrie par

Liss Kihindou réitère l’expression de son talent dans « Des migrations au métissage, suivi de l’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique »

Liss Kihindou réitère l’expression de son talent dans « Des migrations au métissage, suivi de l’image de la femme à travers 25 auteurs  d’Afrique »

Liss Kihindou est aujourd’hui l’une des plumes les plus brillantes de la littérature africaine. Son huitième ouvrage est un récit foisonnant qui mêle les thèmes et les cultures. Une auteure dont on parle beaucoup ces dernières années. Son palmarès est une véritable illustration. Dès migrations au métissage et l’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique sont deux conférences qui peuvent constituer des pistes de réflexion intéressantes pour quiconque s’intéresse au vivre ensemble d’une part et la littérature africaine d’autre part. Le métissage né de la rencontre entre différentes civilisations, différentes cultures, différents peuples est un thème qui a toujours passionné l’auteure. Après avoir souligné les manifestations de métissage dans les œuvres d’auteurs africains dans son essai L’expression du métissage dans la littérature africaine, elle s’attache à présent à montrer ce que les uns doivent aux autres. La reconnaissance des apports respectifs des peuples dans la construction de l’histoire de l’humanité est une condition du mieux vivre ensemble. Au-delà de l’intérêt porté à l’évolution du statut de la femme dans la société africaine, la seconde conférence est une invitation à découvrir ou redécouvrir les lettres africaines à travers 25 auteurs. Liss Kihindou, née au Congo-Brazzaville, publie parallèlement à son travail d’enseignante des textes critiques, narratifs et poétiques. Des migrations au métissage, suivi de l’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique est son huitième livre. Clément Ossinondé.

Les Rencontres littéraires « La Pensée vraie » – Paris 2016

Les Rencontres littéraires « La Pensée vraie » – Paris 2016

Liss KIHINDOU fait partie des 20 auteurs retenus à la journée de dédicaces : Les Rencontres Littéraires « La pensée vraie » – Paris 2016. La Mairie du 16ème arrondissement de Paris – 71 avenue Henri Martin 75116 – abritera le Samedi 22 Octobre 2016 de 9 h à 18 h : Les Rencontres Littéraires « La pensée vraie », pour permettre à 20 auteurs de dédicacer leurs livres. LISS KIHINDOU fait partie des 20 auteurs Il est primordial pour un auteur autoédité d’aller à la rencontre de ses lecteurs pour assurer la promotion d’un livre papier. La séance de dédicace des 20 auteurs qui aura lieu le Samedi 22 Octobre 2016 de 9h à 18 h à la Mairie de Paris 16eme sera un moyen efficace pour vendre, placer leurs ouvrages dans une librairie et leur faire connaitre au niveau local et international. Pour l’occasion Liss Kihindou disposera des exemplaires de tous ses livres, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus : « J’Espère », « Détonations et Folie », « L’Expression du métissage dans la littérature africaine », « Chêne de Bambou », « La Morsure du Soleil », « Négritude et Fleuvitude », « Mwanana », « Sous mes paupières », « Sirène des sables », « Ce soir quand tu verras Patrice », « Anthologie des 60 ans de la littérature congolaise ». Vous aurez forcément le choix ! 🙂 Franciliens, n’hésitez pas à y faire un tour. Entrée libre de 9 h à 18 h.

Comment se forger une personnalité

Comment se forger une personnalité

Chêne de Bambou, c’est l’art de se forger une personnalité au fil des épreuves de la vie. Des épreuves joyeuses, pénibles ou nostalgiques qui vous déforment une personne, la dévergondent ou la forgent au gré de ses rêves imbibés, trompés ou vécus. Des rêves qui se frottent à la rudesse de la vie train-train en confrontation avec l’altérité, mieux, avec le connu devenu inconnu et vice-versa. Chêne de Bambou est donc une épreuve romancée de la vie, avec ses hauts et ses bas ; c’est l’épreuve d’une vie en sursis, qui se transforme en une vie en prose, moins versée sur l’émotion que sur le réalisme critique ; un réalisme qui atteint son paroxysme sur un pont culturel bâti par deux jeunes femmes entre le midi et l’occident, le Congo et la France. Liss Kihindou y peint le rêve du voyage, l’envie de partir dans les lettres, pour permettre à sa vie de se transformer en livre. L’écrivaine nous montre que la vie est dans les lettres, dans les lettres qu’on aurait écrites comme dans les lettres qu’on n’écrirait jamais parce que notre cœur n’arrive pas à s’en séparer. Or, pour se forger une personnalité, un caractère en acier trompé, il faille bien les confronter à autrui, donc à la vie, afin de savoir se loger entre l’écorce du chêne et la peau du Bambou et de rester soi-même tout en ne vivant pas que pour soi-même : telle est la vocation humaine, dans un monde devenu global… d’autant que l’homme est un animal social, qui est aussi un loup pour l’homme. Chêne de Bambou, c’est la vie du livre, c’est la vie en livre et l’envie du livre faite chaire… Car, le livre, comme un chêne ou un bambou, résiste aux épreuves du temps, aux siècles et aux intempéries de tous ordres… y compris les censures. Le livre, c’est l’avenir de l’homme ; car, les livres sont des êtres comme les autres ; ils ont une âme, ils ont l’âme que nous leur donnons ; ils ont une force de poigne, que dis-je, une force d’empoigne, tout en étant aussi sensuels et charmants… Ils portent en eux ce désir de partir, ce désir d’aller voir ailleurs pour s’aérer sans se perdre. Ils nous permettent de découvrir l’âge et l’avenir de la passion. Chêne de Bambou nous permet de partir loin sans oublier son lointain laissé loin derrière soi, la famille, le terroir et ses racines… Il nous permet ainsi d’apprendre comment vivre à la fois des rêves de chêne et des rêves de bambou, en déclarant sa flamme au livre… C’est un art de vivre qui atteste que « les arts mettent en valeur la vie » (page 72), et que la vie est un art. Quand on a lu et compris Chêne de Bambou, « rien ne sert plus de guetter la météo pour savoir le temps qu’il fait sur le corps des autres » (page 57) ; on comprend que quand on est Bambou rien ne sert devenir Bamboula dans la vie pour réussir ; et on peut ainsi apprendre à vivre avec les vertus de la solidarité, de l’honnêteté et de la vérité, qui nous permettent de recevoir de l’aide des autres et d’aider les autres à notre tour sans se ruiner, comme dans un cercle vertueux. Ce premier roman de l’écrivaine franco-congolaise Liss Kihindou (paru en 2013 aux éditions Anibwe) est une vraie eau de vie, une source de jouvence, c’est comme le fleuve, vraiment comme le fleuve et ses aliquantes ; c’est la vie des autres, qui devine ce que vous pensez sans penser le dire… comme pour vous soulager. Et, ce que vous n’avez jamais osé dire, Liss le dit, le rendant potable, voire lice, buvable et tout bénef pour le lecteur… pour que le livre ne souffre plus de Kwashiorkor à l’avenir…