EUROPE. L’histoire bégaie encore
TRIBUNE. En 1938, un an avant le début officiel de la 2e guerre mondiale, l’Allemagne hitlérienne envahit les Sudètes, région tchécoslovaque habitée par des gens d’ethnies allemandes. La République de Tchécoslovaquie, fraîchement créée au sortir de la première guerre mondiale par les vainqueurs, a donc moins de 20 ans. Elle est constituée de petits peuples différents. Hitler qui estime que tout ce qui parle allemand doit faire partie de sa grande Allemagne, n’hésite pas à s’en emparer. La France et la Grande Bretagne, alliées du jeune État, protestent. Mais leurs presses insistent: « personne ne veut aller mourir pour la Tchécoslovaquie, État fantoche né d’un coup de crayon à Versailles ». Oui, la même rhétorique. Une conférence est tenue à Munich en septembre 1938 avec la France, la Grande Bretagne, l’Italie et l’Allemagne sur le sujet. Les deux premiers demandent à la Tchécoslovaquie leur protégé qui n’est rien sans les forces militaires de ses alliés, d’accepter la partition de son pays en donnant un bout à l’Allemagne afin de, je cite, « faire ce sacrifice pour sauver la paix en Europe ». La pauvre République de Tchécoslovaquie sera obligée de céder à l’ogre allemand ce qu’il réclamait. La suite on la connait: quelques mois plus tard, Hitler finira par démembrer tout le pays et ira plus loin encore. J’entends beaucoup les gens dire, « et si l’Ukraine acceptait d’être un pays neutre comme le veut la Russie? Et si elle cédait le Donbass qui est de toutes les façons majoritairement habité de populations russes, que cela changera t-il? Au moins pour préserver la paix ». Mouais… Bien sûr qu’aucun centimètre carré de l’Ukraine ne devrait être cédé et l’Ukraine doit aussi apprendre à respecter cette minorité russe qu’elle traite mal. Mais j’espère aussi que cette phrase que « personne n’ira mourir pour Kiev » est juste stratégique. Par Hervé Mahicka