La Tunisie, l’Algérie et la Libye s’engagent à renforcer leur coopération
Les dirigeants de la Tunisie, de l’Algérie et de la Libye sont convenues lundi à Tunis de déployer des efforts conjoints en vue de lutter contre la migration irrégulière et d’accélérer l’interconnexion électrique entre les trois pays. Le président tunisien Kaïs Saïed, le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président du Conseil présidentiel libyen Mohamed Younes Al-Menfi se sont réunis à Tunis ont fait part de leur engagement dans une déclaration conjointe lue par le ministre tunisien des Affaires étrangères Nabil Ammar à l’issue d’un premier sommet consultatif tripartite entre les dirigeants des trois pays voisins, qui s’est tenu dans la capitale tunisienne. Selon la déclaration, les trois dirigeants sont convenus de mettre en place des groupes de travails conjoints, qui seront chargés de coordonner des efforts visant à lutter contre la migration irrégulière et toute autre forme de criminalité organisée afin de préserver la sécurité le long des frontières communes. Ils se sont aussi engagés à accélérer la mise en œuvre du projet d’interconnexion électrique entre les trois pays, à faciliter la libre circulation de personnes et de marchandises et à établir des zones de libre-échange. Concernant la question libyenne, les trois dirigeants ont catégoriquement rejeté toute forme d’intervention étrangère, souhaitant l’organisation en temps opportun des élections libyennes qui « répondent aux aspirations des Libyens ».
Tunisie : toutes les échéances électorales, dont la présidentielle, auront lieu dans les délais
Le président tunisien Kaïs Saïed a assuré lundi soir que « toutes les prochaines échéances électorales, y compris la présidentielle, prévue en 2024, auront bel et bien lieu dans les délais ». Dans un communiqué diffusé à l’issue d’une rencontre avec le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Farouk Bouasker, il a souligné que « ceux qui réclament un boycott des élections de l’Assemblée des représentants du peuple, des districts et des régions se mobilisent activement pour la prochaine échéance électorale (…) Leur unique préoccupation n’est autre que la présidence. Ils omettent déjà leur passé, mais le peuple ne peut pas oublier ». « Leurs tromperies se poursuivent », a-t-il poursuivi. « Ils oublient toujours que la responsabilité constitue un lourd fardeau et demeure assez loin d’être un simple fauteuil ou une fausse gloire. »
La Tunisie refuse d’être un « simple gendarme protégeant les frontières des autres »
Tunis n’a pas à protéger les frontières d’autres pays, mais doit d’abord régler ses propres problèmes migratoires tout en veillant à la dignité des réfugiés, a déclaré le Président tunisien Kaïs Saïed. Le pays doit notamment faire face à des afflux de migrants subsahariens. La Tunisie n’a pas à faire la police pour protéger d’autres pays des migrants. C’est le discours qu’a tenu le Président tunisien Kaïs Saïed lors d’une visite inopinée dans la ville de Sfax. Le dirigeant a affirmé que son pays protégerait la dignité des migrants, tout en veillant à ce que les lois de l’État soient respectées. Le responsable a encore appelé à chercher une solution humaniste et collective à la crise globale de l’immigration, plutôt que de s’appuyer sans cesse sur les pays de la rive sud de la Méditerranée… Lire la suite sur Sputniknews
Tunisie : l’ordre constitutionnel doit être rétabli !

Ce 22 septembre, en promulguant un décret d’urgence, le Président tunisien Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs et ce, jusqu’à nouvel ordre. En subordonnant la validité des articles de la Constitution de 2014 au contenu de ce décret, le Président tunisien fait un pas supplémentaire vers un régime concentrant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Avec d’autres acteurs tunisiens et internationaux, EuroMed Droits dénonce fermement cette décision et exprime ses plus vives inquiétudes pour le respect de l’Etat de droit, des droits humains et du rôle que joue la société civile depuis la révolution de 2011. « Pour résoudre une telle crise politique et constitutionnelle, l’ordre constitutionnel doit être rétabli ! Cet ordre a purement et simplement été abrogé, de manière unilatérale, par le Président tunisien, ce qui constitue un tournant dangereux vers l’autoritarisme », a déclaré Wadih Al-Asmar, Président d’EuroMed Droits. « Le respect de la séparation des pouvoirs, des libertés fondamentales et des droits humains est fondamental pour répondre aux aspirations démocratiques du peuple tunisien. » EuroMed Droits souligne que si des ajustements du système politique et de la Constitution sont envisagés, ils ne peuvent être opérés que dans le cadre d’un dialogue impliquant toutes les structures de l’Etat, les partis politiques et les acteurs de la société civile, et non par un président agissant sans entraves et sans contre-pouvoirs. L’urgence ne peut être invoquée que dans des conditions très spécifiques, comme une dérogation temporaire soumise à des garanties strictes, et l’Etat de droit doit continuer à prévaloir, comme le prévoit le droit international des droits de l’homme. « Le décret d’urgence confère des pouvoirs illimités et incontrôlés à la présidence, et empêche en même temps tout recours sur la légalité de tout acte ou loi émanant de celle-ci, en supprimant le contrôle de leur constitutionnalité. EuroMed Droits est attaché à soutenir tout processus permettant de sortir de cette impasse, avec ses membres et partenaires en Tunisie », a ajouté Rasmus Alenius Boserup, Directeur exécutif d’EuroMed Droits.
Tunisie : quel avenir pour les droits humains et la démocratie ?

TRIBUNE. Depuis le 25 juillet dernier, EuroMed Droits, ses membres tunisiens et ses partenaires suivent de près la situation politique en Tunisie après que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a été interdite de réunion et le Chef du Gouvernement limogé. L’annonce récente par le Président tunisien Kaïs Saïed, dans la nuit du 23 au 24 août, de la prolongation de ces mesures exceptionnelles « jusqu’à nouvel ordre » et d’une déclaration au peuple « dans les prochains jours » soulève des interrogations quant à l’avenir pour les droits humains et les acquis démocratiques depuis 2011. EuroMed Droits constate l’augmentation des interdictions de voyager qui touchent plusieurs tranches de la population, des assignations à domicile et le recours à des tribunaux militaires pour juger des civils, et s’inquiète des discours de haine qui se propagent dans le pays. La démocratie ne peut fonctionner sans l’existence d’institutions législatives et exécutives qui représentent la volonté du peuple et mettent en action cette volonté. Un retour au fonctionnement normal des institutions de l’État, fondé sur la séparation des pouvoirs, est d’autant plus nécessaire que les citoyen.ne.s tunisien.ne.s continuent de faire face à d’importantes difficultés économiques, sociales et sanitaires. L’annonce d’un délai clair (et son respect) pour mettre fin à l’état d’exception et marquer le retour à l’État de droit et à la démocratie est une nécessité à laquelle aucun État démocratique ne peut se soustraire. EuroMed Droits considère que la mise en place, réclamée plusieurs fois par le réseau, de la Cour Constitutionnelle, organe prévu par la Constitution de 2014, aurait permis de trancher le débat sur la constitutionnalité des récentes décisions. Sa création dans les plus brefs délais est primordiale. Tout projet futur doit en outre s’assurer du respect des engagements internationaux de la Tunisie, tout particulièrement en matière de respect des droits humains, y compris des droits des femmes et des droits des personnes migrantes. Les libertés d’expression, d’association, de participer à la vie politique du pays sont des droits fondamentaux garantis par la Constitution de 2014 ; ceux-ci doivent être respectés afin d’empêcher tout retour à un état policier. L’autonomie des Instances publiques indépendantes, dont la liste complète figure au chapitre VI de la Constitution tunisienne, doit également être au cœur de ces priorités. Soutenues depuis leur création par des organisations de la société civile, dont EuroMed Droits, celles-ci sont les garantes du respect des droits humains et des libertés fondamentales. Leur indépendance est essentielle pour la transition démocratique. EuroMed Droits dénonce la fermeture des locaux de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, par décision du Ministre de l’Intérieur, et la suspension de ses activités pour une durée indéterminée. EuroMed Droits se tient aux côtés de ses membres et partenaires tunisiens, de toute la société civile et des Tunisien.ne.s, afin d’assurer une transition pacifique vers une démocratie participative qui puisse répondre à leurs besoins et aspirations. EuroMed Droits restera vigilant quant au respect des droits humains et aux restrictions aux libertés que le réseau observerait dans les prochaines semaines, et appelle à une vigilance similaire au niveau international. C’est à cette condition que la Tunisie pourra rester un phare démocratique qui brille dans la région depuis les révoltes arabes de 2011. Dans le cas contraire, les droits humains, les garanties constitutionnelles et la démocratie seront en danger en Tunisie