RDC/REGARD SUR LE PASSÉ. Joseph KABASELE et l’African Jazz nouvelle formule (1966) dans l’œuvre du chanteur Mizele : « Natunaki yo »

RDC/REGARD SUR LE PASSÉ. Joseph KABASELE et l’African Jazz nouvelle formule (1966) dans l’œuvre du chanteur Mizele : « Natunaki yo »

RETRO. Joseph KABASELE était un grand idéaliste. Comme musicien, il était absolument merveilleux et représentait quelque chose d’important dans l’histoire de la musique congolaise. Il restera un modèle de rigueur et de musicalité, par la qualité de ses solos et l’excellence de ses œuvres. Les moments prodigieux de la carrière de Joseph Kabasele prirent fin avec sa mort le 12 février 1982 à Kinshasa. Notamment : – création de l’African jazz et son évolution de 1953 à 1955 aux éditions Opika – sa brillante prestation et surtout sa meilleure collaboration avec les Orchestres Rock-A-Mambo (Nino Malapet) et Conga jazz (Paul Ebengo « Dewayon » aux éditions Esengo – l’épopée glorieuse de l’année 1960, année de « l’indépendance cha cha » et sa présence à la Table Ronde de Bruxelles, suivi par la création de la 1ère édition musicale à Kinshasa « Surboum African jazz » – Enfin son brillant passage dans l’African Team de Paris en compagnie de Manu Dibango, Essous, Mulamba « Mujos », Kwami, Gonzalo et autres. Nota : Par « l’African Jazz nouvelle formule », il faut retenir l’orchestre à ossature Vox Africa que Joseph Kabasele a reformé après son éviction de l’African jazz en 1963. Clément ossinondé

RDC/Deux merveilles des années 50 chantées par Joseph Kabasele : Compositeur : Tino Baroza

RDC/Deux merveilles des années 50 chantées par Joseph Kabasele : Compositeur : Tino Baroza

RETRO. C’est en 1950 que Joseph Kabasele avait pris l’habitude de chanter régulièrement dans les bar-dancings de Léopoldville avec des amis dans la forme de « Maringa »(danse populaire de l’époque). C’est donc à ce moment que le Grand Kale avait découvert Georges Dula, Marcellin Laboga, Albert Yamba-Yamba dit « Kabondo » musiciens avec qui il a produit des compositions bâties sur des rythmes de danses populaires. Dans « Nabanzi yo Gertrude » et « Omoni te » Thsilumba Baloji « Tino Baroza », le saxophoniste belge Fud Candrix à fait avec Kabasele un de ses meilleurs enregistrements aux éditions Opika des frères Moussa Benattar. Clément Ossinondé

RD Congo. Un livre en mémoire de Joseph Kabasele et l’African Jazz : « Carrefour African Jazz »

RD Congo. Un livre en mémoire de Joseph Kabasele et  l’African Jazz : « Carrefour African Jazz »

Le nom de Joseph Kabasele brille de nouveau en lettres d’or dans un livre que lui dédie José Nzolani et dans lequel il fait vivre son histoire de A à Z. Un livre de souvenirs, qui contient de nombreuses informations sur la discographie, les concerts et surtout la participation à la Table ronde de Bruxelles en 1960. En effet, José Nzolani, l’auteur de ce livre est un chercheur fondamental. Passionné d’histoire et de musique, il a décidé de les approfondir ensemble, tant la musique et la chanson en Afrique, et singulièrement au Congo, font depuis toujours la chronique des évènements. Son livre, « Carrefour African Jazz », revient sur l’histoire du Congo (RDC) et sur les musiques qui l’ont accompagnée. Forcément, l’African jazz de Kabasele y occupe une place de choix, puisque l’orchestre est né dans l’ébullition sociale, politique et culturelle précédant l’Indépendance, et qu’il posa les fondations de la musique qui pendant 50 ans fut la plus populaire du continent africain, la rumba congolaise. « Carrefour African Jazz ». Une somme historique précieuse car soigneusement documentée, qui contient également les traductions d’une vingtaine de chansons bien choisies. Clément Ossinondé (carrefour African Jazz) Contact José Nzolani : ausondelarumba.com (contact@ausondelarumba.com)

Joseph Kabasele & L’African Jazz dans un grand accès de nostalgie : 38 ans après sa mort, le 11 février 1983

Joseph Kabasele & L’African Jazz dans un grand accès de nostalgie : 38 ans après sa mort, le 11 février 1983

01 – Ce que c’est que l’African Jazz  L’African Jazz constitue le point de jonction entre deux époques : – La première est celle de la musique de tradition orale fondée sur une organisation polyphonique instrumentale et vocale, laquelle a donné naissance à des musiciens « individuels » qui ont chanté seul en s’accompagnant d’un instrument. – La seconde va de 1950, celle qui est caractérisée par les nouvelles formes d’expression musicales soutenues par une orchestration moderne. L’African Jazz a ainsi joué le rôle de transition entre les deux époques pour avoir été en 1953 le tout premier orchestre congolais de musique instrumentale entièrement moderne et dans le genre cubain « Conjuto » Cette période sera enrichie on le sait par la création : –  à Brazzaville en 1954 des orchestres Negro Jazz et Cercul Jazz –  à Kinshasa, en 1956 de l’OK Jazz, en 1957 du Rock-A-Mambo. –   à Brazzaville en 1959 de l’orchestre Les Bantous, puis tant d’autres formations à Kinshasa et à Brazzaville d’un niveau appréciable. 02 – Le grand mérite de Joseph Kabasele Joseph Kabasele a donc le grand mérite d’avoir été le grand architecte de l’African Jazz. En 30 ans d’activité, il s’est placé parmi les grands créateurs musicaux africains. Il a formé et valorisé le talent des grands noms de la musique congolaise et a créé un style qui a fait école. Le nom de Joseph Kabasele évoque l’époque délirante d’enthousiasme qu’a connu la chanson congolaise dans les années 50. Il est indéniable qu’il est parmi les pionniers qui ont apporté une contribution considérable à l’histoire de la musique congolaise, puisque c’est lui qui le premier a mis en évidence les possibilités d’une orchestration moderne. Ainsi d’ailleurs naquit l’African Jazz dont la popularité dans tout le continent a été impressionnante. Pourtant Kabasele ne vint à cette musique qu’à partir des chants religieux. 03 – La petite histoire de Joseph Kabasele Né le 16 Décembre 1930 à Matadi, Tshamala Kabasele Joseph Athanase « Kalejoph » a fait ses études primaires chez les pères catholiques, où une place de choix est réservée à la musique religieuse, car il va se révéler excellent choriste à la voix la plus vive et gaie. En 1950, la petite liberté autorisée dans le culte lui donne l’occasion de chanter régulièrement à la cité, avec des amis dans la forme de « Maringa » (la sœur aînée de la Rumba, venue du Loango et très populaire à l’époque). C’est à ce moment qu’il découvre Georges Dula, Marcellin Laboga Albert Yamba Yamba dit « Kabondo », musiciens avec qui il produit des compositions bâties sur des rythmes de danses populaires. En 1951, il tourne avec eux un film publicitaire avec l’ensemble O.T.C. (Orchestre Tendance Congolais) intitulé « Les voix de la concorde ». Le succès de ce film marque un progrès considérable dans les aptitudes de « Kalejoph » pour qui l’année 1952 constituera le premier pas vers l’affranchissement des méthodes de chant et de danse, avant d’avoir accès au studio « Opika » des Frères Moussa Benattar (belges d’origine juive), d’où sortiront les toutes premières chansons comme « Tika makele na ndako »,  « bolingo lokola like », « Coco wa ngai », « Valérie Regina »… réalisées avec l’accompagnement des guitaristes Emmanuel Tshilumba wa Baloji « Tino Baroza » et Charles Mwamba « Dechaud » (issus de l’école Zacharie Elenga  « Jhimmy ») et surtout du saxophoniste belge Fud Candrix, le premier européen à accompagner de façon magistrale les mélodies congolaises. Saxophoniste de grande valeur, Fud Candrix accompagne d’abord Zacharie Elenga « Jhimmy », mais c’est surtout avec Joseph Kabasele qu’il connut un succès fantastique. Sa sonorité classique ainsi que son sens du rythme simple ouvrent la porte à la véritable musique d’orchestre typique. « Kalejoph » et Fud Candrix firent enregistrer avec l’African Jazz plusieurs dizaines de chansons à grand succès, parmi lesquelles celles qui ont battu tous les records de vente et de popularité en fin d’année 1953 :  « Para Fifi » et « Kale Kato » (ambiance). Joseph Kabasele eut pour sa part le grand mérite d’introduire pour la première fois, le tam-tam de la tribu « Tetela », le « Lokole » dans la musique moderne d’orchestre, avant de bénéficier de l’apport de Marie-Isidore à l’introduction des « tumbas ». Mais 1953 est surtout considérée comme une des années importantes de l’histoire de la musique congolaise pour avoir donné naissance à la première grande formation de musique moderne de Léopoldville (Kinshasa) : 04 – L’African Jazz L’orchestre regroupe d’excellents musiciens qui vont exprimer avec brio tous les aspects du génie, de l’âme du groupe : « Kalejoph ». D’entrée de jeu, les titres « Kele »,  « African Jazz », « Nakanisi yo », « Nionso se pamba », ….présentent des formes rythmiques nouvelles, annonçant l’importance sonore de la guitare solo. En effet, le fait le plus marquant demeure la présence dans l’orchestre d’un jeune de 14 ans, un des rares guitaristes qui soit parvenu à son âge à imposer sa personnalité par son utilisation des accords d’harmonie, dans l’improvisation ainsi que la virtuosité de ses modulations : à savoir Nicolas Kasanda surnommé « Nico mobali » (plus tard « Docteur Nico »). NICO va concilier pendant plusieurs années, ses études de mécanique à l’Ecole Professionnelle et ses activités musicales dans l’African Jazz où il forme avec son frère aîné Charles Mwamba « Dechaud » un couple révélateur de talents nouveaux. Il y a lieu de noter que le cumul Musique-Mécanique de NICO s’est étendu dans la durée, pour avoir été entre 1957-1959 mécanicien à H.C.B. (Société anonyme des huileries du Congo Belge) et professeur de mécanique à l’Ecole Technique de Ndjili entre 1959-1960. Possédant une connaissance absolument prestigieux de l’art dans lequel ils avaient choisi de s’exprimer, les musiciens de l’African Jazz des années 1953-1954 constituaient une équipe homogène et talentueux composée de : Joseph Kabasele (chant) – Roger Izeidi (maracas-chant) – Etienne Diluvila (batterie-chant) – Nicolas Kasanda, (guitare solo) – Charles Mwamba (guitare accompagnement) – Albert Taumani (guitare basse) – André Menga, Isaac Musekiwa (saxo)

RD Congo: « LILLY GERMAINE », une composition de TINO BAROZA rendue fidèlement par Joseph KABASELE

RD Congo: « LILLY GERMAINE », une composition de TINO BAROZA rendue fidèlement par Joseph KABASELE

RETRO – « LILLY GERMAINE  » est sans conteste le plus grand succès de TINO BAROZA dans le Rock-A-mambo en 1957, chanté à cette époque par LANDO « Rossignol  » et Joseph KABASELE (Firme Esengo) Emmanuel TSHILUMBA WA BALOJI connu sous le sobriquet de « Tino Baroza « , doit sa formation guitaristique à Zacharie Elenga « Jhimmy « , avant de devenir l’un des plus grands stylistes congolais de la guitare solo. Écoutons Grand KALE en live dans « Lily Germaine » de TINO BAROZA

Joseph Kabasele, 34 ans après sa mort, on se souvient toujours de lui.

Joseph Kabasele, 34 ans après sa mort, on se souvient toujours de lui.

Joseph Kabasele, sa voix qui nous a tous exaltés et qui a magnifié l’amour s’est tue il y a 34 ans. Décédé à 53 ans le 11 février 1983 à Kinshasa, Kabasele est avant tout, pour nous, un mythe, un chanteur et chef de groupe. Le beau gosse à l’exceptionnelle voix veloutée de deux octaves et demie, est l’un des pères de la musique congolaise moderne. Il y a 34 ans le Club Kalé de Brazzaville, sous la plume de Sylvain Bemba, lui a rendu un vibrant hommage. Ci-après quelques extraits : « Kabasele-Tshamala : la mort d’Orphée. Lettre à un ami mort qui a vécu en chantant et chantait pour vivre. Mon cher Kallé-Jeff. Il parait que les artistes, jamais, ne meurent. Alors, pourquoi ne pas t’écrire cette dernière lettre? A l’heure où la revendication de l’identité culturelle est à l’ordre du jour qui se lève à l’horizon, il est permis de rester fidèle à une certaine conception de la mort africaine. Celle-ci, on le sait , est vécue non pas comme une fin, mais comme un passage vers une autre forme de vie. Je te savais malade, très malade même, mais de là à imaginer que tu nous quitterais comme un contrebandier, à cette date fatidique du 11 février… Tu es passé de l’autre côté, et je n’ai même pas vu le passeur t’emporter sur l’autre rive. Ton oncle, le Cardinal Malula était venu annoncer personnellement ton départ sur les antennes de Télé-Zaïre, et moi je suivais sur l’autre chaîne, celle de Télé-Congo, un programme scientifique, « La planète bleue ». Pouvais-je me douter qu’à cette heure là, tu t’envolais déjà vers ce « silence des espaces infinis » qui effrayait le philosophe, vers ces espaces à partir desquels l’intuition géniale d’Eluard a décelé en notre planète une belle « orange bleue ». A propos d’intuition, quelque chose devait démanger la caboche de Clément Massengo, quand il s’est mis en tête de raconter à la radio l’histoire du « Club Kallé » dans l’émission hebdomadaire « Escale à Brazza ». L’histoire d’une amitié pure, désintéressée entre toi et nous, nous qui ne t’avons jamais demandé de nous citer dans une seule de tes chansons, nous qui ne t’avons jamais trahi. Entre toi et nous, la clef (de sol) était sur la porte, et cette dernière restait ouverte nuit et jour pour la fête des cœurs et la joie de l’esprit… Je n’aurai probablement pas l’occasion de lire la presse écrite zaïroise, mais je peux te dire qu’en ce qui concerne les médias audio-visuels c’est un hommage unanime qui, de Brazzaville à Kinshasa est monté vers toi. Le mot qui est revenu le plus sur les lèvres des journalistes, c’est sans aucun doute le mot « monument ». Pour mes confrères, tu es un monument de notre musique zaïro-congolaise, une figure de proue. Par-delà le style ampoulé des éloges funèbres, il y a du vrai dans cette image. S’il fallait s’en tenir au seul critère de la beauté du timbre de voix, la tienne est de la famille de celles qui font d’un chanteur un enchanteur… Tes études terminées, tu entres dans la carrière prestigieuse des « kalaka » (clercs de l’époque). Tu n’y resteras pas longtemps. A vingt ans, tu enregistres « Coco wa ngai » et « Valérie Regina ». Tu te découvres et on te reconnait une voix exceptionnelle. Et c’est-là que tout a commencé. Les concerts. Les enregistrements, Les voyages. La gloire. La légende d’Orphée, le chanteur qui charme tous ceux qui l’écoutent. La richesse aussi, car tes disques te rapportent beaucoup d’argent, il te file entre les doigts. Tu as le cœur gros comme le Pool-Malebo, et tu ne sais rien refuser à personne. Tes titres de gloire ne se comptent pas. Tu as fondé le premier orchestre moderne dans ton pays. Tu es le premier à avoir introduit des tam-tams traditionnels dans la musique de variétés, le premier à avoir fait entrer le piano dans le cha cha cha congolais, le premier à avoir donné à l’indépendance politique de son pays une préface musicale. Tu as chanté l’épopée de Lumumba, puis sa mort. En 1967, tu profites du sommet de l’O.U.A. à Léopoldville (Kinshasa) pour offrir à chaque chef d’Etats présent un 45 tours refermant une chanson-hommage à son pays. Soit, pour plus d’une trentaine d’Etats indépendants, autant d’airs qui ont des musiques différentes et des arrangements distincts. Ce qui donne toute la mesure de ton savoir faire. Lâché par tes musiciens, tu laisses tout tomber. On te croit fini. Ta réponse s’appelle l’African team avec Gonzalo et Dibango en 1970. Mais tu te dispense dans plusieurs projets, ce qui fait que tu ne peux en réaliser aucun. Une sorte de malchance qui ne te quittera pas jusqu’au bout de ton chemin terrestre. Même si tu as conservé intacts tous les trésors de ta gorge enchantée. Cultivateur de sons, tu as tracé des milliers de sillons sur disques. Ces traces ne s’effaceront pas. Par elles, tu resteras vivant dans les mémoires. Tu as bien mérité de ta société et de ton époque quand on sait, selon un éminent sociologue, que la fin supérieure de l’art est de réconcilier, de calmer, d’harmoniser. Tu ne nous a quittés que pour être encore plus près de nos souvenirs. »