Faut-il avoir peur des initiatives élyséennes envers les diasporas africaines?
TRIBUNE. En réalité, quand on entend parler de l’année de la Chine en France, année du Brésil ou de la Russie, ça se passe EXACTEMENT DE LA MEME MANIERE. On donne des banquets pour des français bi-nationaux ou qui ont un rattachement avec ces pays, on les associe à des réflexions, certains ont des missions, il y’a des voyages de ceux de là-bas vers la France et vis versa tout au long de l’année, secteur par secteurs, des échanges culturels, d’affaires, des nettoyages des lois commerciales existant entre ces deux entités, des contrats, des accords universitaires, des tournois sportifs etc etc. Eux aussi à leur tour (Chine, Turquie, Etats-Unis, Japon, etc) dans leurs pays font exactement la même chose vis à vis de la France ou d’autres pays ou zones pour qui ils ont une vision et des choses à gagner. C’est la marche normale des relations internationales, et chacun y gagne. La France va vendre plus d’Airbus, plus de vin et de sacs Vuitton aux Chinois, à savoir qu’elle va user même de la diplomatie de l’aide sur la Chine car le premier budget de l’Agence française de Développement est consacré à la Chine depuis quelques années. En retour, les chinois profitant de la réciprocité vont prendre des parts dans les entreprises françaises, acheter des vignobles ou vont travailler des chinois pour apprendre, y exporter leur produits manufacturés, et acquérir des devises, du savoir-faire et des collaborations mixtes. Quand il s’agit d’Afrique, et surtout de la France vers l’Afrique, il y’a tout de suite des levés de boucliers de soit-disant « conscients » qui rejettent systématiquement tout, sans calcul, sans vision de rechange, sans regarder ce qui se passe autour de nous dans le monde. Enfermé dans le prisme du colonialisme, ils veulent tout expliquer par là, alors que le dictionnaire a d’autres mots, et le monde avance sans nous autour de ces nouveaux concepts. C’est dingue! Tout le monde y gagne. Aujourd’hui la Chine plus que la France, mais elle continue en inventivité pour prendre sa part, s’associe à l’UE ou deux ou trois autres pays etc. Ce qu’il faudrait chercher c’est de faire comme les autres. Qu’est ce qui empêche les Africains de se réunir et de trouver la réciprocité à leur tour en identifiant les avantages qu’ils pourraient tirer du gâteau français? On peut réunir les diasporas et les binationaux des pays quii nous intéressent, leur donner notre vision, inviter des hommes d’affaires et discuter avec eux des participations qu’ils pourraient avoir dans des secteurs que nous tenons à développer (ils demanderont des aménagement juridiques, comme partout ça se fait), et d’autre part nous mêmes nous pouvons avoir des participations dans des entreprises en France, Aux Etats Unis, en Chine et ailleurs ou les acquérir carrément comme font les chinois ou les qatariens et d’autres; je rappelle que c’est l’objet même des fonds souverains et que l’argent dit pour les générations futures était sensé servir à cela. Nous avons l’avantage pour le cas français d’avoir des diasporas qui connaissent tous les secteurs économiques de la France ainsi que leur culture, mieux que eux n’en ont qui connaissent aussi bien nos secteurs. Avec 14.000 milliards ont pouvait être actionnaire par ci, acheter totalement tel entreprise, hôtel, club de football, usines, banques, labo technologiques, médias, ou que sais-je, introduire nos compatriotes dans la gestion de ces affaires pour gagner en expérience, profiter des devises que cela nous rapporterait etc… Rien, je dis bien absolument rien ne l’interdit. Et le monde entier est en train de faire cela depuis 30 ou 40 ans et ça s’appelle la mondialisation. Qu’est ce qu’on attend pour tirer notre épingle du jeu au lieu de nous enfermer dans des concepts des années 1960? On attend la « vraie indépendance »? La faute au franc CFA l’empêcherait? Vous avez un problème! Nous sommes enfermés dans des concepts totalement ridicules. Nos ainés aujourd’hui au pouvoir sont incapables de profiter des réciprocités qui nous sont offertes. Les accords de Cotonou UE ACP 2000-2020 insistent sur cette réciprocité. J’ai participé à la réflexion sur leur relance post 2020 nous avons encore plus ouvert les portes, ajouté des assurances et des garanties que nos dirigeants ne verront pas hélas. Quant à la jeune génération qui arrive, buvant les populismes de facebook , ils sont encore plus obscurantistes en refaisant à l’infini le match suranné du néocolonialisme appelant des enfermements qui n’ont aucun modèle mondial ou ça a marché, ou des libérations dont on ne sait même pas comment ils vont s’opérer alors que les chaines sont visiblement dans leurs propres têtes. Ce que Macron vient de faire -qui ne fait que commencer car 2020 est l’année de l’Afrique en France-, la Chine le fait en permanence chez nous en Afrique. Des tas de fonctionnaires (sélectionnés par la Chine on ne sait comment) reçoivent des billets de stages de formation en Chine ou ils passent un mois à se faire apprendre la culture chinoise, des bribes de langues et d’écriture, à visiter le pays en bateau, en train, en autocar, à visiter des productions dans leurs secteurs (les médecins visiteront plus d’hôpitaux par exemple) etc, et à leur retour, ils sont fichés, invités aux festivités de l’ambassade de Chine, favorisés dans les demandes de collaborations (stages, bourses des enfants, partenariats divers), et c’est eux que l’ambassade appellera pour accompagner des entreprises ou des stagiaires chinois dans le pays. C’est comme ça que le monde d’aujourd’hui fonctionne et tout le monde a le droit de le faire chez l’autre. A nous de gagner notre intérêt dans le sens inverse. Pourquoi 10 pays Africains ne se mettront pas ensemble pour créer un fonds d’investissement et faire ce que Macron est entrain de faire, mais en direction de la France et de l’Europe voire de plus loin? Est ce qu’on peut se développer dans la peur de tout ce qui nous arrive sans prendre la peine de voir ce qui se passe dans le reste du monde, avant de tout qualifier de néocolonialisme? Herve Mahicka