Maroc: L’impact de la pandémie serait moins prononcé sur l’économie nationale au troisième trimestre

Maroc: L’impact de la pandémie serait moins prononcé sur l’économie nationale au troisième trimestre

Avec l’allégement des mesures instaurées pour limiter la propagation du virus et la reprise, l’impact de la pandémie sur l’économie nationale serait moins prononcé au troisième trimestre 2020, a annoncé Bank Al Maghrib (BAM). La Banque centrale rappelle qu’au trimestre précédent, l’ampleur du double choc de la pandémie du Covid-19 et des conditions climatiques s’était nettement fait sentir sur l’économie nationale. Selon les données des comptes nationaux relatives au deuxième trimestre 2020, « la valeur ajoutée non agricole a chuté de 15,5% en glissement annuel, contre une hausse de 3,7% à la même période un an auparavant, et celle du secteur agricole s’est contractée de 6,9%, après 6%. Le PIB en volume a baissé ainsi de 14,9% contre un accroissement de 2,4% », a-t-elle rappelé. La situation a depuis lors évolué. Puisque « pour le quatrième trimestre, à l’exception de certains secteurs sinistrés, la reprise se poursuivrait mais à un rythme qui a tendance à s’affaiblir ces dernières semaines avec l’accélération de la propagation du virus et la remise en place de plusieurs restrictions locales », selon les prévisions de Bank Al-Maghrib. Au niveau sectoriel, si les industries de transformation ont vu leur valeur ajoutée chuter de 22% au deuxième trimestre, la Banque centrale a noté un redressement de l’activité au troisième trimestre, précisant toutefois qu’elle demeure en deçà de son niveau observé une année auparavant. En effet, l’analyse des résultats de l’enquête mensuelle de conjoncture de Bank Al-Maghrib pour le troisième trimestre dans l’industrie montre « un recul du taux d’utilisation des capacités de 6 points de pourcentage par rapport à la même période de l’année précédente, pour s’établir à 67%, niveau proche de sa moyenne historique de 71% », a fait savoir l’institution financière. Après une contraction de 17,1% au deuxième trimestre, contre une augmentation de 1,4% un an auparavant, l’activité dans le BTP se serait redressée au troisième trimestre. Au cours du même trimestre, les ventes de ciment ont reculé de 4,5% au lieu d’une hausse de 1,1% à la même période un an auparavant. Concernant la branche «électricité et eau», dont la valeur ajoutée s’était repliée de 12,3% au deuxième trimestre contre une hausse de 19,1% un an auparavant, son activité se serait légèrement redressée au troisième trimestre comme le laisse présager la hausse de 0,3% de la production d’électricité. Concernant la production d’électricité, il ressort de l’enquête de BAM qu’elle « a régressé de 28,6% pour l’hydraulique, de 0,9% pour l’éolienne et de 8,6% pour le solaire, alors qu’elle s’est accrue de 1,4% pour le thermique », a indiqué l’institution notant parallèlement une amélioration de la demande d’électricité de 0,8%, avec un léger recul de 0,4% pour celle très haute, haute et moyenne tension. Les économistes de la Banque centrale en déduisent que les importations ont augmenté de 0,6% et les exportations ont chuté de 37,4%. S’agissant des industries extractives, qui ont montré une bonne résilience, avec une amélioration de leur valeur ajoutée de 7,9% après une baisse de 1,1% un an auparavant, il ressort de l’enquête que « cette situation devrait se confirmer au troisième trimestre comme l’atteste l’amélioration de 5% de la production marchande de phosphate, après un accroissement de 2,3% un an auparavant ». Concernant la branche « hôtels et restaurants » dont la VA a chuté de 90% au second trimestre contre une hausse de 4,3% à la même période de 2019, « cette contre-performance devrait se poursuivre au troisième trimestre mais à un rythme moindre, avec la légère reprise du tourisme interne et, dans une moindre mesure, la réouverture partielle et conditionnelle du trafic aérien et maritime de passagers », selon BAM. Quant aux services de transport, le repli de 55,7% de leur valeur ajoutée au précédent trimestre devrait nettement s’atténuer au troisième trimestre, « avec notamment la reprise progressive du trafic notamment interne de voyageurs et de l’activité dans plusieurs branches économiques », a estimé l’institution notant que les dernières données font état d’une hausse de 5,8% du trafic de marchandises maritime au niveau des ports gérés par l’Agence nationale des ports. Après un recul de 1,7% de leur valeur ajoutée au deuxième trimestre, au lieu de 0,4% un an auparavant, les postes et télécommunications devraient poursuivre cette tendance au troisième trimestre « comme le montre la baisse de 7% du chiffre d’affaires de Maroc Telecom », a relevé Bank Al-Maghrib dans son enquête. Il est important de préciser que l’étude de la Banque centrale se base sur des données statistiques arrêtées au 28 octobre 2020. Alain Bouithy

La crise de l’emploi s’aggrave : L’impact de la pandémie sur le marché du travail plus sévère que prévu au premier semestre, selon l’OIT

La crise de l’emploi s’aggrave : L’impact de la pandémie sur le marché du travail plus sévère que prévu au premier semestre, selon l’OIT

L’impact de la pandémie de Covid-19 sur le marché du travail a été plus sévère que prévu, avait révélé dernièrement l’Organisation internationale du travail (OIT), notant que « le nombre d’heures de travail perdues dans le monde au cours du premier semestre 2020 est largement supérieur à ce qui avait été estimé». « La reprise hautement incertaine au deuxième semestre ne suffira pas à revenir aux niveaux antérieurs à la pandémie, même dans le meilleur des scénarios possibles », avait-elle prévenu dans la cinquième édition de l’Observatoire de l’OIT : le Covid-19 et le monde du travail. Mettant en garde contre une reprise incertaine et incomplète du marché du travail, l’agence onusienne avait même affirmé qu’il existe un risque de voir se poursuivre les pertes d’emploi à grande échelle. Plus tard que ce week-end, le Haut-commissariat au plan (HCP) a publié le Budget économique exploratoire 2021 dans lequel il a dit s’attendre à des répercutions significatives de l’activité économique mondiale sur le marché du travail. En effet, selon ses prévisions, « l’activité mondiale, fortement désorganisée cette année par le bouleversement de la production, de la consommation et des échanges commerciaux, devrait entraîner des effets désastreux sur le marché du travail au niveau mondial ». Dans ce contexte de détérioration de la croissance économique, l’institution publique a ajouté que le marché du travail connaîtrait au niveau national « des pertes d’emploi qui atteindraient 712 mille postes sur l’ensemble de l’année 2020 ». Sous l’hypothèse d’une poursuite de la baisse tendancielle du taux d’activité, le Haut-commissariat a affirmé que « ces pertes devraient porter le taux de chômage au niveau national à près de 14,8%, soit une hausse de 5,6 points par rapport au niveau enregistré en 2019 ». Pour expliquer l’aggravation des pertes d’heures travaillées observée au premier semestre 2020, à l’échelle mondiale, rappelons que l’OIT avait évoqué la fermeture des lieux de travail et l’application d’autres mesures de confinement, combinées à la détérioration rapide des conditions économiques. Selon elle, ces trois facteurs ont conduit à une chute brutale et majeure des heures travaillées au premier semestre 2020 ». Selon les estimations de l’Observatoire, le nombre d’heures travaillées dans le monde au deuxième trimestre 2020 a chuté de 14%. Sur la base d’une durée hebdomadaire de travail de 48 heures, ce recul correspond à 400 millions d’emplois à temps plein. Pour l’agence onusienne, « ces chiffres reflètent une aggravation de la situation dans de nombreuses régions au cours des dernières semaines, en particulier dans les économies en développement. D’après les estimations de ses analystes, les pertes d’heures de travail au cours du deuxième trimestre étaient de 18,3% dans les Amériques; 13,9% en Europe et en Asie centrale; 13,5% en Asie et dans le Pacifique; 13,2% dans les Etats arabes et 12,1% en Afrique. Il est à souligner que dans sa dernière analyse, l’OIT propose également trois scénarios de reprise pour le second semestre 2020, mais prévient que les résultats à long terme dépendront de la trajectoire future de la pandémie et des choix politiques des pouvoirs publics. Le premier, « le modèle de référence », suppose un redressement de l’activité économique conformément aux prévisions actuelles, une levée des restrictions sur le lieu de travail et une reprise de la consommation et des investissements. Dans ce cas, l’OIT « prévoit une diminution de 4,9% des heures de travail perdues (équivalant à 140 millions d’emplois à temps plein) par rapport au quatrième trimestre 2019 ». Le « scénario pessimiste » prévoit une deuxième vague de la pandémie et le retour des restrictions qui ralentiraient considérablement la reprise. La conséquence serait « une baisse des heures de travail de 11,9% correspondant à 340 millions d’emplois à temps plein. Quant au « scénario optimiste, il part du principe que les travailleurs vont rapidement reprendre leurs activités, ce qui stimulera sensiblement la demande globale et la création d’emplois », selon l’OIT. Ainsi, avec cette reprise exceptionnellement rapide, la perte des heures de travail au niveau mondial serait ramenée à 1,2%, ce qui correspond à 34 millions d’emplois à temps plein. Alain Bouithy