RD Congo. Enfin, une sépulture en la mémoire du héros national Patrice-Emery Lumumba
HOMMAGE. « Que la terre de nos ancêtres vous soit douce et légère ». Ces mots du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, prononcés, ce jeudi 30 juin 2022, à la Place de l’échangeur de Limete, lors de la cérémonie d’inhumation de Patrice-Emery Lumumba, clôturait la série d’hommages rendus à ce vaillant combattant de la liberté, levant, par la même occasion, le deuil national de trois jours décrété sur l’ensemble du territoire national. L’oraison funèbre dit par le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, consacrait, pour ainsi dire, l’épilogue de la très longue démarche de rapatriement de la dépouille de ce défenseur de l’unité nationale qui, 61 ans après, peut enfin recevoir une sépulture digne de ce nom. La cérémonie s’est voulue grandiose, à la hauteur de la stature de l’homme, un des pionniers de l’indépendance nationale et de la souveraineté des peuples. La présence du Président de la République du Congo, Dénis Sassou N’Guesso, mais aussi, des représentants des institutions, des diplomates et autres diverses autorités, tant publiques que coutumières, avait suffit pour faire de cette cérémonie, le point focal d’un moment, à la fois douloureux et historique. C’est à juste titre que dans son oraison funèbre, le Chef de l’Etat a, d’emblée, circonscrit l’événement en indiquant qu’il n’avait rien d’un banal rituel funéraire. Pour lui, le présent Mémorial de Patrice-Emery Lumumba était, avant tout, un « lieu d’affirmation de notre foi en notre capacité à construire par nous-mêmes notre grande nation », mais aussi, « le sanctuaire de notre mémoire collective ». De ce fait, il a invité ses compatriotes à prendre soin de ce Mausolée afin de maintenir constamment allumée la flamme de l’amour du Congo qui s’y dégage. Rendant en cette circonstance particulière un hommage appuyé à toutes les femmes et à tous les hommes de bonne volonté ayant rendu possible la matérialisation de ce moment historique, le Président Félix Tshisekedi a salué l’engagement de la famille biologique du Héros National. Il lui a réitéré la reconnaissance de la Nation toute entière, désormais fière de s’associer à l’héritage politique et spirituel légué par ce digne fils du pays. Le Garant de la nation a aussi remercié le peuple belge et ses autorités, particulièrement le Roi Philippe ainsi que le Premier Ministre Alexander de Croo, pour avoir contribué au rétablissement de la vérité sur le triple assassinat de Patrice Lumumba et de ses deux compagnons d’infortune, Maurice Mpolo et Joseph Okito. Et de nuancer en ces termes : « C’est seulement après avoir dit la vérité et établi les responsabilités des uns et des autres que nous pourrons, ensemble, Congolais et Belges, entamer l’étape déterminante du pardon, de la justice et de la réconciliation véritable et définitive ». Dans la dernière partie de son oraison funèbre consacrée au personnage Lumumba, le Chef de l’État a, tout en saluant son retour au pays, mis en exergue les qualités humaines hors normes de l’illustre disparu avec, à la clé, une force de conviction soutenue par le caractère non violant de sa noble lutte. Présentant Lumumba comme un Homme du peuple, il a également loué son intransigeance à ne pas céder à l’endoctrinement colonial, mais aussi, son combat pour l’égalité entre citoyens, les droits fondamentaux de la personne humaine, la justice sociale et la liberté. Les instants ayant suivi cette oraison funèbre furent simplement émouvants. Les membres de la famille biologique de l’illustre disparu ont assisté, non sans retenir leurs émotions, à la descente de la dépouille dans le caveau aménagé au bas du Mausolée, sous les notes de la fanfare. La relique de Patrice Lumumba murée dans un cercueil, gagnait ainsi, dans l’intimité familiale, son lieu de repos éternel, en présence du Président Félix Tshisekedi et de son homologue Denis Sassou N’Guesso. Le tout négocié dans un rituel funéraire que requérait la circonstance. Quelques heures plus tôt, les petits-fils du Héros National avaient, à leur manière, rendu hommage à leur défunt Grand Père. Il ont remercié les autorités, mais aussi, le peuple congolais qui, d’après eux, aura démontré que l’aura incarné par ce dernier continuera d’incarner un esprit qui rassemble au-delà des groupes ethniques et des appartenances politiques. Ils ont, par ailleurs, mis une emphase particulière sur ce qu’ils ont qualifié de « Génération Lumumba », celle des jeunes ambitieux décomplexés qui s’engagent à rééquilibrer les différents rapports de forces avec le reste du monde et même au sein du pays à travers des concept innovants. Les églises ont également joué leur partition, en cette circonstance, dans un culte œcuménique au cours duquel la grâce divine fut implorée pour une sincère réconciliation du Congo avec son histoire, mais aussi, pour l’affermissement des vertus nationalistes et de l’unité nationale.
Congo-Kinshasa : Joseph Kasa Vubu, Héros national non célébré !
PETITION. Selon un communiqué du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale daté du 13 janvier 2022, aux termes de l’ordonnance 14/010 fixant les jours fériés en République Démocratique du Congo, les journées du 16 et du 17 janvier dédiées respectivement à Laurent-Désiré Kabila et à Patrice Lumumba, sont chômées et payées sur toute l’étendue du territoire nationale. Joseph Kasa Vubu est le seul héros national à ne pas être honoré. Né vers 1917 et décédé le 24 mars 1969, Joseph Kasa Vubu est le premier président de la République du Congo-Léopoldville de 1960 à 1965. Kasa Vubu s’est avant tout révélé au grand public comme dirigeant et président de l’Association des Bakongo (ABAKO), organisation culturelle au départ qui, peu à peu, s’est transformée en parti politique vers 1955. Au nom de l’ABAKO, Joseph Kasa Vubu s’est opposé au plan Joseph Van Bilsen, lequel préconisait 30 ans de préparation de l’élite congolaise avant d’accéder à l’indépendance. En 1958, après une élection largement remportée par l’ABAKO à Léopoldville, Kasa Vubu devient le premier bourgmestre noir de la commune de Dendale (aujourd’hui commune de Kasa Vubu) situé au centre de la ville de Léopoldville (actuellement Kinshasa). Arrêté avec les autres dirigeant de l’ABAKO (Daniel Kanza, Gaston Diomi Ndongala, Arthur Pinzi, etc.) à la suite des graves émeutes survenues dans la capitale congolaise le 4 janvier 1959, puis libéré grâce à la pression populaire et politique de plus en plus montante, Joseph Kasa Vubu va participer aux négociations, avec les forces politiques nationales, à la « Table ronde de Bruxelles », pour une indépendance totale et immédiate. Il exige, à cet effet, la libération de Patrice Lumumba en contrepartie de la poursuite de ses assises. Son attitude lui a valu le qualificatif de « sage » de la part des Belges, et sa position fédéraliste sur la base de la non-violence a incarné une sorte de décentralisation sur fond de l’indépendance totale du Congo sans allégeance au roi des Belges. Dirigeant très respectueux de la chose publique, le premier président de la République Démocratique du Congo a incarné le modèle de gestion et d’administration. Par souci d’équité et du traitement égalité, les Congolais partisans de la cohésion nationale demandent avec force et vigueur au gouvernement et au Parlement de prendre des initiatives appropriées en vue de la célébration de tous les Héros nationaux le 4 janvier, date symbolique ayant préfiguré l’Indépendance du pays. Signez la pétition ICI