Gérard Boukambou, une figure de valeurs qui nous quitte
TRIBUNE. Moulé, dans la rigueur des principes pédagogiques, culturels et moraux du collège catholique Chaminade de Brazzaville où il a suivi ses enseignements secondaires pour devenir plus tard, après de brillantes études supérieures, ingénieur agricole, Gérard Boukambou était un Monsieur, au sens strict du terme. Très discret, ouvert, d’accès facile et généreux, son humanisme présidait dans ses relations autour de lui. A Agri Congo, institution d’expérimentation agraire où il a exercé, il laisse le souvenir d’un travailleur acharné, sans cesse préoccupé par la réussite de l’établissement. En politique Gérard Boukambou était un géomètre en la matière. Très tôt dans sa vie, défenseur des causes scolaires, séduisant par sa verve oratoire et son discernement. Au delà de ma vieille et longue amitié avec Gérard Boukambou, depuis le collège Chaminade, il y a une image que jamais je n’oublierai de lui, ne l’ayant plus revu jusqu’à son décès à Brazzaville le 2 juillet 2019. C’est l’image où le Général Jean Marie Michel Mokoko, lui et moi, avions échangé, courant novembre 2015, à la Porte Maillot Paris. Une période où le Général Jean Marie Michel Mokoko travaillait, avec le ferme et intelligent apport de son compagnon de lutte Gérard Boukambou, à la construction de son projet fédérateur d’une alternative nouvelle au Congo, dans la perspective des élections présidentielles congolaises constitutionnelles de 2016. Entre le Général Jean Marie Michel Mokoko et Gérard Boukambou l’identité de vue et de sentiment était parfaite sur cette ambition politique du Général. Une ambition que partagera largement le peuple congolais lors de la campagne du scrutin présidentiel anticipé, au regard des meetings sans commune mesure avec ceux du candidat du pouvoir que le General aura tenus dans les localités parcourues. En ces moments d’intense douleur, les anciens Chaminadiens residant en France se joignent à moi pour exprimer à la famille de Gérard Boukambou l’expression des condoléances les plus attristées. A Tall Boukambou, fils de Gérard qui, fondant en larmes, m’a annoncé la triste nouvelle dès qu’elle est survenue, que la force et le courage l’habitent pour surmonter la peine. Au Général Jean Marie Michel Mokoko dont l’épreuve de la disparition de son bras droit est partagée par les républicains et autres démocrates attachés à sa cause, que cette affliction née de la disparition de Gérard Boukambou lui soit le symbole de l’endurance pour supporter les souffrances qu’il subies dans son injuste détention. Enfin, que par un dépassement citoyen, l’administration pénitentiaire de la maison d’arrêt de Brazzaville reçoive, par les presentes, de l’ancien garde des sceaux, ministre de la justice du Congo que je suis, la demande formelle d’obtenir des autorités nationales que le Général Jean Marie Michel Mokoko soit exceptionnellement autorisé à faire ses adieux à son ami Gérard Boukambou en prenant une part active aux obsèques de ce dernier. Paris le 3 juillet 2019. Par Ouabari Mariotti Ancien Ministre de la justice.