Congo. Amnesty International: Le général Mokoko dont la santé est en danger doit être libéré
Les autorités congolaises doivent, de toute urgence, libérer le général Jean-Marie Michel Mokoko dont la santé est en danger, alors que des cas de contamination au COVID-19 ont été rapportés à la maison d’arrêt de la capitale Brazzaville où il est arbitrairement détenu depuis quatre ans, a déclaré Amnesty International hier. Des proches et avocats du général, 73 ans, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, condamné en 2018 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État » et « détention illégale d’armes et de munitions de guerre », ont confirmé à l’organisation qu’il a subi un malaise lundi 29 juin. En 2018, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire avait considéré comme arbitraire la détention de M. Mokoko, et appelé les autorités à le libérer immédiatement et sans conditions. « Alors qu’il est établi que les personnes âgées sont particulièrement vulnérables à la pandémie du COVID-19, continuer à maintenir en détention le général Mokoko relève d’un mépris du droit à la santé, » a déclaré Fabien Offner, chercheur au bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. « Les autorités doivent le libérer immédiatement et sans conditions de même que tous les prisonniers d’opinion du pays, et agir de toute urgence afin de protéger toutes les personnes détenues contre la COVID-19, tout en assurant l’accès aux soins de santé et aux produits sanitaires dans tous les centres de détention. » Après son malaise, des proches du général Mokoko et un de ses avocats ont été autorisés à le voir en prison. Depuis 2016, la répression de la dissidence au Congo a pris la forme d’attaques visant des défenseurs des droits humains et des opposants politiques. Dans son avis de 2018, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a estimé « qu’une pratique est mise en place au Congo pour réduire au silence l’opposition politique. » André Okombi Salissa, un autre candidat à l’élection présidentielle de mars 2016, arrêté le 10 janvier 2017, est lui aussi détenu depuis lors. Le 18 avril 2018, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a jugé sa détention comme étant arbitraire. Parfait Mabiala Hojeij, sympathisant du mouvement d’opposition Incarner l’Espoir, est incarcéré depuis son arrestation le 23 novembre 2019 à Pointe-Noire. Trois autres sympathisants du mouvement, Franck Donald Saboukoulou, Guil Ossebi Miangué et Rolf Meldry Dissavouloud ont été arrêtés entre le 13 et le 17 décembre 2019 à Brazzaville. Ils ont été inculpés d’atteinte à la sécurité de l’Etat et sont détenus illégalement, les délais de la détention provisoire prévus par le droit congolais ayant été dépassés depuis plusieurs mois. Leur avocat a déclaré à Amnesty International : « Cette détention est arbitraire car l’article 120 du code de procédure pénale au Congo précise que la détention provisoire ne peut excéder quatre mois, avec une possibilité de prorogation de deux mois par le procureur de la République. Or dans leur cas cela fait déjà sept mois, les délais légaux sont donc dépassés. » Malade, Franck Donald Saboukoulou a fait une demande d’autorisation de sortie pour soins refusée par les autorités. Le général Mokoko, André Okombi Salissa, Parfait Mabiala Hojeij, Franck Donald Saboukoulou, Guil Ossebi Miangué et Rolf Meldry Dissavouloud doivent tous être immédiatement libérés. Depuis l’apparition du premier cas de Covid-19 au Congo le 12 mars, les autorités ont recensé 1087 cas positifs et 37 décès. Elles avaient annoncé la libération de 365 prisonniers condamnés pour des délits mineurs ou parce qu’ils avaient déjà purgé la plus importante partie de leur peine. De plus amples mesures doivent être prises pour protéger le droit à la santé de toutes les personnes détenues. Avec CP
Une pensée pour le Général Mokoko et André Okombi Salissa
TRIBUNE. « Un règlement de comptes politiques », telle avait été la réaction du Général Jean Marie Michel Mokoko, l’homme qui a refusé de reconnaître la mascarade électorale de 2016, à l’énoncé de sa condamnation à vingt (20) ans de « détention criminelle » pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », une peine prononcée par un tribunal aux relents fétidement politiques et animé par des cyniques et sinistres personnages. « Personne n’est dupe. J’ai assez parlé pour prouver mon innocence. Je n’ai pas de défense. Je me soumets à votre conviction. Que vous me condamniez à 20, 30 ou 40 ans, j’assume parce que je suis citoyen congolais » avait lâché André Okombi Salissa, condamné à vingt (20) ans de travaux forcés, par des ayatollahs en djellaba rouge, remontés comme des coucous et toujours prêts à exécuter des sentences mortifères d’un pouvoir qui a fait de l’élimination de ses adversaires politiques, une véritable arme. Malgré les appels incessants des évêques qui n’ont jamais arrêté de rappeler à toute la classe politique le besoin d’« une justice équitable et indépendante » et de demander à chaque fois que l’occasion se présente, la libération de « toutes les personnes en prison à la suite des contentieux politiques », le pouvoir autiste de M. Sassou Nguesso, qui porte des œillères siliconées et des bouchons d’oreilles comme des poneys, reste insensible et hermétique à ces idées partagées par la majorité des congolais. Disons les choses clairement. Seuls ceux qui pensent qu’ils n’iront jamais en prison parce qu’ils entretiennent des relations ambigües avec le pouvoir, refusent de se battre pour les prisonniers politiques. Malheureusement, l’histoire politique de notre pays montre que même ceux qui, à un moment de leur vie politique, ont été proches du promoteur de la boucherie « bon bœuf», n’ont pas échappé à sa furie maladive. L’attitude passive, minable et méprisable affichée par certains envers le locataire du palais du peuple n’est donc, ni une garantie, ni une immunité absolue. En ce qui nous concerne, nous n’entretiendrons jamais le flou et la confusion entre d’un côté ceux qui se battent pour le peuple et de l’autre, les fossoyeurs de la république. Le Général Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa sont en prison non pas parce qu’ils auraient préparé un coup d’état contre M. Sassou Nguesso mais parce qu’ils ont rêvé d’un Congo débarrassé des médiocres qui ont transformé notre pays en une épicerie familiale. C’est pour cette raison que nous ne baisserons jamais les bras tant que ces braves leaders seront des otages du régime. A travers ces quelques mots, nous aimerions donc que le Général Jean Marie Michel Mokoko et M. André Okombi Salissa, qui traversent une période épouvantable, sachent que le combat qu’ils mènent est un combat juste et les congolais commencent à s’en apercevoir, et qu’ils puisent dans notre force de conviction, l’énergie nécessaire à la poursuite du combat pour la libération de notre pays. Chers compagnons de la liberté, soyez assurés de notre amitié et de notre soutien. Nous serons toujours dans le camp du peuple pour lutter contre la corruption, la pauvreté et la misère. Ensemble, pour un Congo uni, libre et prospère. Plus jamais sans nous. Que Dieu bénisse le Congo. Laurent DZABAPrésident du Mouvement Panafricain et Citoyen « Bougeons-Nous »
Les Nations Unies demandent aux autorités la libération immédiate du général Mokoko
Dans un avis notifié le 9 novembre 2018, le Groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire a reconnu le caractère arbitraire de la détention du Général Jean-Marie Michel Mokoko, et appelé les autorités congolaises à procéder à sa remise en liberté immédiate. Candidat aux élections présidentielles de mars 2016 face à Denis Sassou-Nguesso, Jean Marie Michel Mokoko avait été assigné à résidence au lendemain de la réélection contestée du Président sortant, puis placé en détention provisoire, et mis en examen pour des faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de détention d’armes, avant d’être condamné le 11 mai 2018 par la Cour criminelle de Brazzaville à une peine de 20 ans d’emprisonnement. La défense de Jean-Marie Michel Mokoko, qui n’a eu de cesse de dénoncer la parodie de justice à laquelle se sont livrées les autorités judiciaires congolaises afin de neutraliser un opposant politique jouissant d’une forte popularité, se réjouit de cette décision, qui constitue une réelle victoire pour la démocratie. Dénonçant « une pratique (…) mise en place au Congo pour réduire au silence l’opposition politique », le Groupe de travail a notamment reconnu une « une ingérence de l’exécutif violant l’indépendance du pouvoir judiciaire » dans cette affaire. En conclusion, outre sa remise en liberté immédiate et le droit d’obtenir réparation notamment sous la forme d’une indemnisation et d’une garantie de non répétition, « le Groupe de travail demande au gouvernement congolais de prendre les mesures qui s’imposent pour remédier sans tarder à la situation de M. Mokoko et la rendre compatible avec les normes internationales applicables (…) ». Enfin, il « exhorte le gouvernement à mener une enquête complète et indépendante sur les circonstances entourant la privation arbitraire de liberté de Mr. Mokoko et à prendre les mesures appropriées à l’encontre des responsables de la violation de ses droits ». La défense de Jean-Marie Michel Mokoko reste particulièrement attentive aux suites que les autorités congolaises donneront à cette décision, et qui pèseront assurément dans la relation du Congo-Brazzaville avec ses bailleurs de fonds (le FMI, l’Union européenne et la France). Les avocats du Général Mokoko, le 12 novembre 2018