Elikia Mbokolo : Nous devons nous défaire des clichés des masques
« Il est vrai, nous avons l’histoire avec nous et que nous devons assumer. Mais je pense que la culture vivante, celle d’aujourd’hui, contemporaine, nous devons la montrer. Nous devons nous défaire des clichés des masques », a déclaré Elikia Mbokolo dans un entretien au quotidien ivoirien de langue française Fraternité Matin. Répondant à une question de savoir si les discours et autres thèses africanistes, panafricanistes ont aujourd’hui droit de cité, l’historien d’origine congolaise a poursuivi en ajoutant que « c’est notre héritage, mais il appartient aux médias de montrer la vivacité des arts et de la culture contemporaine, de la richesse de notre littérature ; c’est le point de départ d’une prise de conscience des populations et des politiques ». Pour l’intellectuel africain, « les intellectuels et les journalistes doivent jouer dans le même camp. Il importe de faire savoir notre savoir-faire. Pour aujourd’hui et pour demain ». L’écrivain et auteur entre autres de L’Afrique au XXe siècle, le continent convoité pense que « nous devons, certes, produire, mais surtout consommer nos produits culturels. Nous ne devons pas produire pour les autres, car, ainsi fait, il n’y aura jamais de valeur ajoutée à nos biens culturels qu’ils valoriseront ou dévaloriseront à leur gré ». Certes « c’est dommage », concède ce spécialiste de l’histoire africaine, mais il pense néanmoins que l’on devait, d’une certaine manière, « tuer » Senghor. Mais, précise-t-il, le « tuer » dans l’honneur. Comment ? En se disant simplement, explique-t-il, « Papa, Papi, tu as fait de grandes choses, mais les nouvelles générations sont en train de faire de nouvelles choses allant dans le sens d’affirmer notre négritude autrement, avec d’autres formes d’expression ».