Fondation Mo Ibrahim | Le rapport 2023 sur l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique met en évidence une forte corrélation entre la qualité des données et l’efficacité de la gouvernance

Fondation Mo Ibrahim | Le rapport 2023 sur l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique met en évidence une forte corrélation entre la qualité des données et l’efficacité de la gouvernance

La Fondation Mo Ibrahim a présenté récemment son rapport IIAG 2023, intitulé The Power of Data for Governance: Closing data gaps to accelerate Africa’s transformation («  Le pouvoir des données au service de la gouvernance : combler les lacunes en matière de données pour accélérer la transformation de l’Afrique »). La disponibilité de données fiables est un pilier des programmes de gouvernance et de développement de l’Afrique. Le rapport souligne le rôle essentiel des données comme moteur de progrès, mais aussi pour l’évaluation de l’action des pouvoirs publics, la définition des priorités stratégiques et la confiance à l’égard des gouvernements. En s’appuyant sur l’ensemble de données de l’IIAG 2022, le rapport 2023 met en évidence une corrélation très significative entre l’accès à des statistiques de qualité et l’efficacité de la gouvernance dans les pays africains entre 2012 et 2021. Or, l’Afrique reste le continent le plus touché par le manque de données, affichant les plus faibles niveaux de disponibilité en matière d’enregistrement des faits d’état civil et de statistiques. De nombreux pays africains manquent de données de base essentielles à l’élaboration de politiques publiques, notamment les recensements de la population et l’enregistrement des naissances et des décès. Même dans les domaines en progression, de graves lacunes subsistent, notamment sur les infrastructures de santé, l’économie informelle, l’environnement, la violence à l’égard des femmes, le travail des enfants ou les flux financiers illicites. Le sous-financement des systèmes statistiques demeure une difficulté majeure à l’échelle mondiale, ces derniers ne recevant que 0,34 % du total de l’aide publique au développement (APD). En Afrique, l’APD allouée aux données et aux statistiques a presque diminué de moitié entre 2018 et 2021. Outre l’investissement dans les données, le rapport indique des pistes essentielles pour renforcer l’impact des données et accélérer le développement sur le continent : assurer l’indépendance des instituts nationaux de statistique, exploiter d’autres sources de données telles que les données produites par les citoyens et les données des entreprises privées, et tirer parti de technologies nouvelles telles que l’intelligence artificielle. Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation, a souligné l’importance des données pour la réalisation des programmes de développement et la définition des politiques publiques : « Sans données, nous avançons à l’aveuglette : les politiques sont mal ciblées et les progrès chaotiques. Si nous souhaitons vraiment ne laisser personne de côté, nous devons agir de toute urgence pour combler l’insuffisance de données en Afrique. Les données sont essentielles à la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des objectifs de développement durable des Nations Unies. Je pense depuis longtemps que le Programme 2030 des Nations Unies aurait dû comporter un ODD  0 qui se serait intitulé “Des données fiables au service de la gouvernance”. » Le rapport a été présenté à Accra, au Ghana, lors d’un événement coorganisé avec Afrobaromètre. Depuis sa création, la Fondation Mo Ibrahim soutient énergiquement Afrobaromètre, aujourd’hui le principal institut africain menant des enquêtes d’opinion sur le continent. Afrobaromètre est l’unique source de données de la section Voix des citoyens, qui complète l’ensemble de données de l’IIAG. La présentation du rapport fait suite à une réunion de deux jours du groupe d’experts de l’IIAG à Accra. L’organe consultatif renouvelé se réunit une fois par an en présentiel dans un pays africain pour mener des consultations sur l’IIAG.

Déclaration de la Fondation Mo Ibrahim sur la COP28

Déclaration de la Fondation Mo Ibrahim sur la COP28

Nous saluons le tout premier engagement explicite dans l’histoire des COPs pour une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques. Nous saluons également la reconnaissance de la nécessité de transitions justes, ordonnées et équitables, et la reconnaissance du rôle des énergies de transition. Cela permet de réconcilier objectifs climatiques et objectifs de développement s’agissant du continent africain, ainsi que nous le préconisons depuis longtemps, et comme l’a récemment souligné le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète. Comme nous l’espérions, la COP28 a confirmé un intérêt global marqué pour les actifs verts de l’Afrique. L’engagement à augmenter les énergies renouvelables au niveau mondial, déjà souscrit au niveau du continent africain par le tout premier Sommet Africain sur le Climat organisé avant la COP28, est porteur de grands espoirs pour l’Afrique. Le continent possède un potentiel considérable d’énergies renouvelables et des minerais essentiels à la mise en place d’une économie verte mondiale – de nature à générer investissements, emplois locaux et développement. Mais la gouvernance doit être au cœur de la mise en œuvre de ce potentiel pour assurer qu’effectivement il favorise le développement économique et social de tous les habitants du continent. Nous saluons également le fait que la COP28 reconnaisse le lien entre climat, sécurité alimentaire et santé, qu’il est essentiel de prendre en compte pour renforcer la résilience du continent face aux impacts du dérèglement climatique. Si tout ceci mérite d’être salué, reste la question fondamentale du financement, en particulier en matière d’adaptation au dérèglement climatique. Si le Fonds de compensation est enfin opérationnel, un gouffre demeure entre les montants annoncés et les besoins. C’est peut-être un signal donné pour que l’Afrique sorte d’une dépendance exclusive aux partenaires externes et aux bailleurs, pour puiser dans ses ressources propres et monétiser judicieusement ses actifs verts. « La COP28 a généré des opportunités importantes pour le continent africain et mis l’accent sur des priorités essentielles que nous défendons depuis longtemps. La nécessité cruciale pour le continent de concilier climat et développement a été enfin reconnue, avec la mise en place de transitions énergétiques justes et équitables. L’accord de Dubaï ouvre aussi la voie à des opportunités d’investissement et d’emplois considérables autour des actifs verts de notre continent. Reste l’essentiel, le nerf de la guerre : qui va payer ? Car face à ces engagements majeurs, aucun engagement financier à ce stade. Le moment est sans doute venu pour notre continent de cesser de compter uniquement sur ses partenaires. Cessons d’attendre indéfiniment que le reste du monde se décide à agir, cessons de dépendre des autres pour notre propre développement. Désormais en route vers la COP29, nous continuerons plus que jamais de plaider pour un continent plus fort et plus autonome. » Mo Ibrahim Président et fondateur de la Fondation Mo Ibrahim

Le marché africain dépassera bientôt celui d’Asie et d’Europe, selon un rapport

Disposant d’une population très importante et surtout jeune, la Zone de libre-échange continentale africaine offre de riches possibilités de croissance économique. Cependant, un sous-développement prononcé des infrastructures empêche les échanges intrarégionaux, selon un récent rapport. Avec ses plus de 1,4 milliard d’habitants, l’Afrique représente déjà près de 20% de la population mondiale. En 2023, elle est la deuxième zone du monde la plus peuplée derrière l’Asie (avec 4,7 milliards). Sa population compte déjà pour le double de celle de l’Europe (743 millions), fait ressortir un récent rapport de la Fondation Mo Ibrahim, fondée en 2006 par l’homme d’affaires et philanthrope soudanais-britannique éponyme. La Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) représente donc une énorme opportunité pour l’Afrique, selon le rapport. Qui plus est, la population de l’Afrique est la plus jeune du monde et devrait augmenter de manière significative à partir de 2060. Les ressources naturelles du continent, y compris les minéraux essentiels pour les technologies renouvelables, le rende indispensable à une économie verte, qui aspire à réduire les émissions de carbone. Des avantages Si l’Asie restera la région la plus peuplée du monde en 2100, elle commencera à diminuer à partir de 2060. L’Amérique du Nord et l’Océanie continuent de croître, mais la population africaine est estimée être la seule à augmenter considérablement. Née en 2021, la Zleca est le plus grand marché potentiel au monde, souligne le rapport. Elle engage ses signataires à supprimer les droits de douane sur 90% des marchandises, à libéraliser progressivement le commerce des services et à éliminer les autres barrières non tarifaires. Avec ses plus de 1,4 milliard de personnes, la taille du marché de la Zleca a dépassé le marché unique de l’UE, l’accord États-Unis-Mexique-Canada (USMCA) et le marché commun du Sud (MERCOSUR) combinés, d’après le rapport. Il s’agit de l’accord de libre-échange le plus important pour le nombre de pays membres. Des problèmes Malgré tout, le commerce intercontinental reste faible, ne représentant que moins de 13% du commerce total de l’Afrique, en comparaison aux 66,9 % de l’Europe, aux 63,8% de l’Asie et aux 44,4% des Amériques, ajoute la fondation. L’Afrique est confrontée à un important déficit d’infrastructures, avec des réseaux de transports qui ne reflètent pas sa population, constate aussi le rapport. En l’absence d’infrastructures appropriées pour faciliter les déplacements au sein du continent, le commerce intrarégional continuera d’être coûteux et inaccessible, quelles que soient les réductions tarifaires. L’Afrique occupe plus d’un cinquième de la superficie terrestre mais possède moins de 8% des routes et des rails dans le monde.

Lancement de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) 2022

Lancement de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) 2022

L’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine 2022 (IIAG), publié mercredi 25 par la Fondation Mo Ibrahim, révèle que la gouvernance africaine a stagné depuis 2019, reflétant une série de perturbations qui compromettent sérieusement plusieurs années de progrès sur le continent.   Commentant ces données, Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim, a déclaré : « L’indice Ibrahim 2022 de la gouvernance africaine souligne que la gouvernance africaine a stagné depuis 2019. Si nous ne remédions pas rapidement à cette tendance inquiétante, les années de progrès dont nous avons été témoins pourraient être perdues, et l’Afrique ne sera pas en mesure d’atteindre en temps voulu les Objectifs de Développement Durable ou ceux de l’Agenda 2063. Notre continent est exposé de manière unique aux conséquences convergentes du changement climatique, plus récemment de la Covid-19, et maintenant de l’impact indirect de la guerre Russie-Ukraine. Nos gouvernements doivent simultanément résoudre l’absence de perspectives décentes pour notre jeunesse, l’aggravation de l’insécurité alimentaire, le manque d’accès à l’énergie pour près de la moitié de la population du continent, l’alourdissement du fardeau de la dette et la multiplication des mouvements sociaux. Les coups d’État sont de retour et le recul de la démocratie fait tache d’huile. Nous traversons à l’évidence une zone de vents mauvais. Plus que jamais, l’engagement à renforcer la gouvernance doit être renouvelé, faute de perdre tous les progrès acquis. » Selon l’IIAG 2022, même si le niveau continental moyen de Gouvernance Globale est meilleur en 2021 qu’en 2012 (+1,1), les progrès ont stagné depuis 2019.   Cette stagnation résulte de la détérioration conjointe des deux dimensions Sécurité et État de droit et Participation, droits et inclusion, du fait de la multiplication des conflits armés, des actes de violence contre les civils et d’un recul de la démocratie qui s’étend sur le continent.   L’IIAG 2022 confirme que ces tendances préoccupantes sont antérieures à la pandémie. Mais la mise en place de mesures restrictives et de dispositions d’urgence pour faire face à la pandémie de la COVID-19 et à ses retombées les a exacerbées. Les mesures prises ont accéléré le déclin des pratiques démocratiques, accentué la répression contre la dissidence politique, rétréci l’espace de la société civile et justifié un moindre contrôle démocratique.   L’évolution des deux autres dimensions de l’IIAG – Développement humain et Fondements des opportunités économiques – autorisent toutefois un certain optimisme, car elles ont toutes deux progressé entre 2012 et 2021.   C’est particulièrement le cas pour le Développement humain, qui s’est amélioré d’année en année tout au long de la décennie : en 2021, plus de 90 % de la population du continent vit dans un pays où la situation en la matière est meilleure qu’en 2012.   S’agissant des Fondements des opportunités économiques, non seulement le niveau atteint en 2021 est plus élevé qu’en 2012, mais c’est la seule catégorie à avoir même continué à progresser depuis 2019, malgré le choc sismique de la pandémie, principalement grâce aux améliorations considérables de la sous-catégorie Infrastructure, à partir d’un niveau initial faible.    Le rapport 2022 de l’IIAG relève par ailleurs la persistance de lacunes statistiques critiques pour un certain nombre de priorités de gouvernance, concernant notamment les secteurs de l’emploi, de la santé, du monde rural ou du changement climatique. Il demeure ainsi impossible d’inclure dans la sous-catégorie Santé les données souhaitables sur les infrastructures et les ressources humaines – pourtant essentielles pour répondre efficacement à toute pandémie. Or d’une manière générale, il n’est pas de politiques publiques efficaces sans données fiables. Le renforcement de la production et de l’utilisation des données en Afrique restera une priorité de la Fondation Mo Ibrahim.  Au total, l’IIAG 2022 montre que les progrès de gouvernance sont entravés par des trajectoires désormais clairement divergentes, les progrès en matière de Développement humain et de Fondements des opportunités économiques étant contrecarrés par la détérioration à la fois de la Sécurité et de l’État de droit et de la Participation, des droits et inclusion. Faute de renouveler fortement l’effort et les engagements envers une gouvernance équilibrée, des décennies de progrès ainsi que la capacité de l’Afrique à atteindre les ODD et l’Agenda 2063 seront compromises.

Des vaccins pour l’Afrique : une question de sécurité mondiale

Dans une déclaration publiée aujourd’hui, la Fondation Mo Ibrahim a appelé à une série d’actions urgentes visant à renforcer l’accès aux vaccins en Afrique. L’Afrique est l’un des continents les plus vulnérables du monde. Alors que le continent abrite 17 % de la population mondiale, il n’a reçu que 0,5 % des doses de vaccins distribuées, selon les dernières données. La garantie d’un accès égal et équitable aux vaccins est un enjeu de sécurité mondiale, et une question d’intérêt commun. Nous savons tous que si le virus n’est pas efficacement éliminé partout, il continuera à se propager et à muter. Co-signée par les membres du conseil d’administration de la Fondation, ceux du comité du prix Ibrahim et les lauréats du prix Ibrahim, la déclaration appelle à des engagements immédiats et concertés pour faire avancer l’équité vaccinale. Cela implique notamment l’allocation de ressources financières supplémentaires pour les pays qui en ont le plus besoin et le renforcement des capacités locales de production de doses de vaccins. Tous ces sujets feront l’objet d’un prochain rapport de la Fondation sur « L’Afrique et la COVID-19 : un an après » et seront au cœur des discussions du Forum Ibrahim 2021 pendant le Ibrahim Governance Weekend, qui se tiendra virtuellement du 3 au 5 juin 2021.

La Fondation Mo Ibrahim dévoile l’identité des lauréats des bourses professionnelles de leadership Ibrahim 2020

La Fondation Mo Ibrahim dévoile l’identité des lauréats des bourses professionnelles de leadership Ibrahim 2020

La Fondation Mo Ibrahim est heureuse d’annoncer les lauréats des bourses professionnelles de leadership Ibrahim 2020 sélectionnés pour constituer la neuvième cohorte du programme. Cette année, les lauréats sont Hanan Taifour (Soudan), qui rejoint le Centre du commerce international (CCI), Eliam Kadewele (Malawi), qui rejoint la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et Sylvain Degolmal Ngaryo (Tchad), qui rejoint la Banque africaine de développement (BAD). En raison de la pandémie de COVID-19, Sylvain prendra ses fonctions en 2021. Les bourses de leadership Ibrahim sont un programme sélectif conçu pour identifier et préparer la prochaine génération de leaders africains en leur proposant un tutorat de haut niveau au sein de trois grandes institutions multilatérales dédiées au continent africain. Les trois candidats, choisis parmi plus de 2 000 postulants, seront directement encadrés par les dirigeants actuels de ces institutions. À l’occasion de l’annonce des lauréats, Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation, a déclaré : « Je félicite les trois nouveaux lauréats du programme de bourses professionnelles de leadership Ibrahim. Plus que jamais, l’actualité confirme combien l’ampleur et la complexité des défis auxquels l’Afrique est confrontée, et mettent en évidence la nécessité d’un leadership et d’une gouvernance de qualité. Plus que jamais, il faut investir dans la nouvelle génération des leaders de demain et leur apporter tout notre soutien. Je souhaite aux nouveaux boursiers de développer les compétences requises pour propulser notre continent vers le haut, en apprenant, en utilisant leurs connaissances et en collaborant étroitement avec leurs collègues au sein de ces organisations de premier plan. » Hanan Taifour (Soudan) intègre le CCI. Hanan est économiste. Elle dispose d’une vaste expérience dans les domaines de la recherche en politique économique et de la gestion de projets et soutient la croissance des petites et moyennes entreprises africaines. Elle a collaboré à ce titre avec diverses organisations telles que l’Institut de recherche en politique économique, en Afrique du Sud. Eliam Kadewele (Malawi) intègre la CEA. Également économiste, Eliam possède une grande expérience du secteur public. Il a travaillé en particulier sur la formulation et l’analyse de politiques économiques, l’élaboration et la gestion de projets, la planification et l’établissement de budgets publics ainsi que leur suivi et évaluation, l’analyse économique et les modèles financiers. Il a travaillé au Parlement du Malawi et exercé de nombreuses fonctions au ministère malawite des Finances. Sylvain Degolmal Ngaryo (Tchad) rejoindra la BAD. Sylvain est entrepreneur et dispose d’une expérience considérable dans le secteur de l’énergie. Son parcours professionnel l’a amené à gérer de nombreux programmes relatifs à l’énergie, et plus particulièrement aux énergies renouvelables, à la bioénergie, au pétrole et au gaz. Sylvain a également travaillé au sein d’organisations telles que l’Union africaine et la société d raffinage, N’Djamena Refinery Company Limited. Les candidatures au Programme de bourses professionnelles de leadership Ibrahim 2021 seront ouvertes à partir d’août 2020.

Fondation Mo Ibrahim: il n’y a pas de Lauréat 2019 du Prix Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique

Fondation Mo Ibrahim: il n’y a pas de Lauréat 2019 du Prix Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique

La Fondation Mo Ibrahim a annoncé hier, jeudi 5 mars, qu’il n’y a pas de lauréat 2019 du Prix Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique et que cette décision a été prise à l’issue des délibérations du Comité indépendant d’attribution du Prix. « Le Prix Ibrahim récompense les dirigeants africains qui ont fait preuve d’un leadership véritablement exceptionnel, et met en exergue des modèles d’exception pour le continent. Il est décerné aux dirigeants qui, grâce à leur gouvernance remarquable, ont apporté paix, stabilité et prospérité à leurs concitoyens», a déclaré le président du Comité, Festus Mogae, lors de l’annonce la décision de la Fondation. Il se trouve qu’«à l’aune de ces critères rigoureux, le Comité n’a pas été en mesure d’identifier un lauréat pour 2019 », a-t-il fait remarquer dans un communiqué parvenu à Pagesafrik.info. Pour le Président de la Fondation Mo Ibrahim, Mo Ibrahim, « l’Afrique est confrontée à une pluralité de défis parmi les plus lourds du monde contemporain. Notre continent réclame des dirigeants capables de gouverner dans le respect des valeurs et principes démocratiques et de transformer ces défis en opportunités». Dans sa déclaration, il affirme que des progrès sont déjà indéniables. Pour preuve, «les deux tiers de nos concitoyens vivent désormais dans un pays mieux gouverné qu’il y a dix ans», a-t-il souligné assurant que la fondation aura prochainement l’occasion de décerner ce Prix. Adrien Thyg

Fondation Mo Ibrahim: Il est essentiel d’améliorer la disponibilité des données sur les pays africains si l’on veut réaliser les ODD

Fondation Mo Ibrahim: Il est essentiel d’améliorer la disponibilité des données sur les pays africains si l’on veut réaliser les ODD

Le Rapport sur la gouvernance en Afrique, publié dernièrement par la Fondation Mo Ibrahim, s’appuie sur les données de l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) pour apporter de nouveaux éclairages sur les progrès accomplis vers la réalisation tant de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) que des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Il met en évidence les efforts qui restent à accomplir afin d’améliorer la gouvernance en Afrique, et souligne de façon générale la nécessité urgente de combler le « data gap » sur le continent, si l’on veut être à même d’évaluer les progrès accomplis et les efforts qui restent à mettre en œuvre. Le rapport est publié alors même que le continent s’apprête à entamer la dernière décennie de l’Agenda 2030 (ODDs) et se trouve à mi-parcours du Premier Plan décennal de Mise en œuvre de l’Agenda 2063. L’IIAG, qui constitue l’ensemble de données le plus complet sur la gouvernance publique en Afrique, relève d’abord l’existence d’une corrélation forte entre les scores obtenus en matière de Gouvernance globale et les résultats de l’Africa SDG Index, soulignant l’importance de la gouvernance publique pour assurer un développement durable. Le rapport met ensuite en évidence les priorités à aborder dans les différents domaines ciblés conjointement par les deux Agendas 2030 et 2063 et couverts par l’IIAG : Accès à l’éducation et éducation de qualité, Santé et nutrition, Inclusion des femmes et des jeunes, Prospérité et opportunités économiques, Sécurité, justice et institutions fortes. Ainsi, en matière d’éducation, même si des progrès incontestables ont été accomplis en termes d’accès à l’enseignement, le décalage entre l’offre d’enseignement et les besoins du marché de l’emploi est un sujet de préoccupation croissante. Dans le domaine de la santé, la disponibilité et l’accessibilité, notamment financière, des services de santé de base appellent une attention particulière. La détérioration des indicateurs en matière de sécurité alimentaire est également un sujet. En matière de prospérité et d’opportunités économiques, les progrès restent encore notoirement insuffisants en ce qui concerne la diversification des exportations, l’accès de tous à l’électricité, les infrastructures de transport, les investissements en secteur rural et l’intégration régionale. Les données de l’IIAG mettent également en valeur d’intéressantes corrélations, entre l’accès à l’électricité et les performances en matière de santé et d’éducation par exemple. Le rapport met enfin en exergue, de façon générale, le caractère inquiétant du manque de données constaté à l’échelle du continent. Près de la moitié des objectifs de l’Agenda 2063 ne sont pas directement quantifiables et, à ce jour, moins de 20 % d’entre eux s’accompagnent d’un indicateur permettant de mesurer les progrès accomplis. Moins de 40 % des indicateurs relatifs aux ODD disposent de suffisamment de données pour suivre avec précision les progrès réalisés sur le continent. En outre, plus de la moitié des données sur les indicateurs des ODD concernant l’Afrique proviennent d’estimations, ou de modélisations. La capacité de suivi des progrès réalisés, vers les objectifs de développement en Afrique, et, partant, de ceux qui restent à accomplir, est donc en question. Depuis l’adoption des deux Agendas 2030 et 2063, la couverture et l’accessibilité des données dans des domaines clés se sont détériorées en Afrique. Cette évolution préoccupante touche en particulier les statistiques démographiques et l’état civil. Huit pays africains seulement disposent d’un système d’enregistrement des naissances couvrant au minimum 90 % de la population, et trois seulement d’un système d’enregistrement des décès couvrant au minimum 90 % de la population. Le manque de données d’état civil présente un contraste frappant avec la croissance démographique d’un continent qui pourrait compter 1,68 milliard d’habitants en 2030. En l’absence de statistiques démographiques précises et exhaustives, il est impossible de mettre en œuvre des politiques de développement efficaces et adaptées aux populations effectivement concernées. Depuis 2008, selon l’IIAG, très peu d’améliorations ont été obtenues d’une manière générale en matière de capacités statistiques. Le problème est aggravé par la faible autonomie des Instituts nationaux de statistique. En conclusion, le rapport plaide pour la mise en place prioritaire de données solides. L’Obtention des Données de Développement (Sound Data for Governance) constituerait en quelque sorte un ODD (SDG) « chapeau », préalable indispensable à la réalisation effective de tous les autres. Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim : « Nous nous félicitons des efforts constants pour améliorer la gouvernance, facteur crucial pour la réalisation des ODD et de l’Agenda 2063. Nous sommes toutefois préoccupés par l’incapacité dans la plupart des cas de suivre avec précision les progrès accomplis. Il n’est pas de politiques efficaces sans données solides. Sinon, nous avançons à l’aveuglette : les politiques sont inadéquates, les ressources mal orientées, et les progrès incertains. Il faut conjuguer les efforts pour combler en urgence ce data gap, si nous voulons effectivement achever nos ambitions sans laisser personne sur le bord de la route ». Ci-dessous, les réflexions de Mo Ibrahim autour du Rapport sur la gouvernance en Afrique ici: https://www.youtube.com/watch?v=O3LYUA-D4Dc