Insécurité au sahel : Le Niger et le Mali échangent sur la prise en charge des ex-combattants issus des groupes armés non étatiques
Le Ministre d’Etat de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, le Général de brigade Mohamed Toumba a présidé, dans la matinée de ce mardi 20 août 2024 au Centre des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey, l’ouverture de la réunion ministérielle d’échanges avec une délégation malienne portant sur la démobilisation, la déradicalisation et la réintégration (DDR) des ex-combattants des groupes armés non étatiques. Cette rencontre de haut niveau, qui s’est déroulée en présence des membres du gouvernement nigérien ainsi que ceux du Mali, du Gouverneur de la région de Niamey, des chefs religieux et traditionnels, a pour objectif principal de discuter avec la délégation malienne de la prise en charge et la réintégration des anciens terroristes en vue de faire régner la paix dans l’espace AES. Prononçant son discours d’ouverture, le Général de Brigade Mohamed Toumba a tenu à saluer la présence de la délégation malienne au Niger pour cette mission d’échanges, qui ‘’traduit la volonté des Présidents du Mali, Col. Assimi Goita et du Niger, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani dont la vision première est de renforcer la cohésion d’actions de nos pays pour une paix durable et la stabilité su sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES)’’. ‘’Dans le cadre de l’opérationnalisation de notre Confédération, la machine est très bien lancée car cette rencontre s’inscrit dans la droite ligne de la tenue des réunions ministérielles au niveau sectoriel et permettra à nos délégations respectives d’échanger et d’apprendre les uns des autres’’ a affirmé le Général Toumba notant que ‘’la question de la prise en charge des ex-combattants des groupes armés non étatiques ne date pas d’aujourd’hui’’. A ce sujet, ‘’le Niger a organisé au cours de l’année 2000 la flamme de la paix, sanctionnant la reddition des ex-combattants du Nord du Niger suivie d’un programme de réintégration’’ a-t-il rappelé, indiquant que depuis plus d’une dizaine d’années, le Niger ‘’qui partage avec le Mali le même défi sécuritaire, est au centre de plusieurs foyers de crises sécuritaires et de criminalité transnationale organisées’’ dans plusieurs localités. Ces crises, a-t-il fait savoir, ‘’menacent régulièrement l’existence de nos communautés et la mise en œuvre des politiques publiques en matière de développement économique et social’’ et la réponse à celles-ci ‘’est passée non seulement par des actions militaires vigoureuses mais également par des initiatives civiles’’. Ainsi en 2015, ‘’le Niger a élaboré une stratégie de sortie de crise dans le Bassin du Lac Tchad et les recommandations qui en sont issues ont débouché en 2016 sur un appel solennel à la reddition à l’endroit de nos concitoyens partis, soit par errement, soit par mimétisme, au sein des groupes terroristes de Boko Haram’’ a-t-il encore rappelé. Cet appel fut entendu, selon le Général de Brigade Toumba Mohamed, ‘’au regard de l’engouement qu’a suscité la première vague des personnes en reddition volontaire et cela a amené le gouvernement à créer, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, le centre de réinsertion socio-économique de Goudoumaria non loin de Diffa’’. Ce centre, a-t-il fait souligné, ‘’a enregistré plusieurs centaines de nos pensionnaires composés d’hommes, des femmes et des enfants qui ont subi avec succès le processus de re-socialisation’’. Quant à la zone du Liptako Gourma, ‘’au vu de l’urgence des besoins de repentance, le Gouvernement a pris des mesures urgentes et nécessaires pour prendre en charge à Niamey plusieurs repentis, en attendant l’opérationnalisation du Centre d’Accueil de Hamadallaye qui est pratiquement achevé’’ a poursuivi le ministre d’Etat selon qui, ‘’certains ont été recrutés à la Garde Nationale du Niger et d’autres ont opté pour les Activités Génératrices de Revenus’’. ‘’Tous ces résultats découlent de la mise en œuvre du Programme National de Prise en charge de la Reddition au Niger qui a connu une évolution positive allant du niveau local au niveau national’’ a-t-il fait remarquer expliquant qu’il en est ‘’de même de la réadaptation du cadre légal qui a été initiée pour répondre au besoin du processus en modifiant le code pénal pour la première fois afin de prendre en compte la notion de reddition volontaire’’. A cet effet, il a tenu à saluer les communautés pour leur adhésion, raison pour laquelle depuis les premières heures du processus, ‘’d’intenses activités de cohésion sociale et de consolidation de la paix sont menées à travers des forums, des caravanes de paix et des tribunes d’expression populaire ainsi que la mise en place des comités communaux de paix pour renforcer le dispositif de prévention et de gestion de crises’’. Ainsi, ‘’l’élaboration et la mise en œuvre d’une Stratégie Nationale de DDR inclusive qui prendra en compte les défis du moment conformément à la nouvelle vision de l’Etat’’ s’avère primordiale, s’est engagé le Général de Brigade Toumba annonçant à cet effet, la mise en place d’un comité technique qui sera appuyé par deux consultants recrutés pour la circonstance. Pour sa part, le chef de la délégation malienne, M. Mahamadou Kassogue, ministre de la justice et des droits de l’homme, s’est réjoui de prendre part à cette rencontre saluant ainsi les plus hautes autorités du Niger ainsi que sa population, au nom de la délégation malienne pour l’accueil reçu. Ainsi, le chef de la délégation malienne a, à cette occasion, expliqué que le motif de leur mission au Niger, qui consiste à partager leurs expériences avec le Niger, s’inscrit dans cette dynamique de prise en charge des ex-combattants issus des groupes armés non étatiques, mutualisant ainsi leurs ressources pour la stabilisation de la paix et la cohésion sociale dans ces deux pays affectés par le terrorisme. Auparavant, le gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna a pris la parole pour souhaiter la chaleureuse bienvenue à la délégation malienne arrivée au Niger dans le cadre de cette mission si bien importante pour la Confédération de l’AES. ANP
Congo/Pool : Toujours en attente de l’apport des partenaires techniques et financiers
Le Haut-commissariat à la réinsertion des ex-combattants, Euloge Landry Kolélas, a sollicité, le 25 mars 2023 à Brazzaville, l’appui des partenaires techniques, des financiers bilatéraux et multilatéraux dans la mobilisation des ressources du programme Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) pour le département du Pool. Cette demande a été lancée au cours d’une table ronde à Brazzaville. C’est un programme DDR-Pool qui date du 31 août 2018 par la signature du document programme entre le gouvernement et les Nations unies et qui peine à décoller à cause de la non mobilisation des fonds. Ce programme dont la vocation principale est de contribuer à la pacification, à la sécurisation et au développement socioéconomique du Pool, présente des enjeux socioculturels de taille. Pour le haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, Euloge Landry Kolelas, depuis la date de sa signature jusqu’à ce jour, certaines contraintes structurelles et conjoncturelles n’ont malheureusement pas permis le démarrage effectif du programme DDR-Pool. Ce programme DDR-Pool prévu pour quatre ans, a pour but d’assurer le désarmement, la démobilisation et la réinsertion d’au moins vingt mille bénéficiaires dont 7500 ex-combattants, 2500 associés et 10 000 membres de leurs communautés d’accueil. Il s’agit donc d’une opportunité offerte aux communautés du Pool en matière de relèvement communautaire et de relance des activités économiques et agropastorales pour un département qui fut un des principaux greniers du pays. Le haut-commissaire a de ce fait sollicité de la communauté internationale un accompagnement dans la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre de ce programme, dont la présente table ronde en est le point de départ. Il a rassuré que le gouvernement congolais venait d’honorer son engagement tout en précisant que cela ne suffisait pas. Parlant des différentes démarches menées auprès des partenaires techniques et financiers, la représentation nationale du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a souligné que la non démobilisation des ex-combattants est un facteur d’insécurité puisqu’ils pourraient échapper au contrôle de leur chef. Le Pnud a en outre insisté sur la cohésion sociale, le développement économique et la prévention des conflits dans le cadre de la mise en œuvre du programme DDR. Il a également été soulevé le problème de l’approche des élections de 2026 et 2027, et incité à faire démarrer le programme DDR et la prise en compte du département du Pool dans la cartographie d’investissement en cours d’élaboration dans le pays. Le représentant résidant du Pnud au Congo, Opia Mensah Kumah, a reconnu l’engagement politique des autorités nationales qui viennent de verser la contrepartie pour permettre à certains partenaires qui s’étaient engagés à contribuer à hauteur de 75% de se prononcer. Il a annoncé l’arrivée sur la liste de quatre autres partenaires. Le représentant du pasteur Ntumi, Ané Philippe Bibi, a apprécié l’engagement des différents acteurs dans ce processus. Il a aussi interpellé la conscience collective, notamment celle du peuple congolais sur l’impérieuse nécessité de prendre son destin en main, son respect de la personne humaine ainsi que son engagement à mobiliser les énergies et de les mettre au service du développement, de la paix et de la justice sociale. Il a dit le caractère irréversible de leur volonté de paix est. Pour lui, l’état d’avancement du processus de paix dans le département du Pool commande qu’on redouble les efforts en vue de réparer les équilibres rompus au cours des différentes turbulences qu’il a connues. Il sied de souligner que le coût global du programme DDR-Pool est de 8 milliards 300 000 000 FCFA dont 2 000 000 000 de contrepartie du gouvernement. Florent Sogni Zaou
Congo/Politique : Le CNR dénonce l’arrêt du processus DDR
Le Conseil national des républicains (CNR) a fustigé, le 4 février 2023 à Brazzaville, l’arrêt du processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des ex-combattants dans le département du Pool. Le CNR réclame l’établissement du statut particulier à attribuer à son président fondateur, Frédéric Bintsamou, dit Pasteur Ntoumi. Les responsables de ce parti politique ont dénoncé l’arrêt systématique depuis un moment du processus DDR des ex-combattants enclenché pourtant après la signature de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités entre le gouvernement et les ex-rebelles, le 23 décembre 2017. La structure avait rempli quelques-unes de ses missions tel que prévu dans l’accord. Les activités y relatives portaient sur la sensibilisation de la population aux valeurs de paix dans le département et sur le ramassage d’armes. A cet effet, 8007 armes à feu de petit calibre avaient été collectées pour être incinérées. Pour Ané Philippe Bibi, secrétaire chargé de l’organisation du CNR, il s’était aussi agi de normaliser la circulation dans la contrée par le démantèlement de tous les barrages sur l’ensemble du réseau. Il a cependant été noté que malgré tous ces efforts, tout le processus s’est arrêté sans justification du gouvernement, alors que plus de 15 000 ex-combattants attendent impatiemment d’être réinsérés socialement. Pour lui, après le ramassage des armes, il était prévu la réinsertion socio-économique des ex-combattants, la détermination du statut particulier du président du CNR et la libération de ses résidences privées de Soumouna et Mbouaboundi. Il constate que rien n’a malheureusement été fait jusqu’à ce jour et invite le gouvernement à le faire car ces points font partie des conditions essentielles pour garantir une paix durable dans le Pool. Pour le gouvernement, le lancement du DDR visant à contribuer à la consolidation de la paix et l’amélioration de l’environnement sécuritaire dans le Pool est imminent. A l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale, le président Isidore Mvouba a annoncé le déblocage de la contrepartie du Congo pour sa mise en œuvre effective. Il avait affirmé que ce programme ciblait au moins 7 500 ex-combattants et environ 2500 personnes issues de leurs familles ainsi que les communautés. Le secrétaire général du parti, Bienvenu Nzengui, et Ané Philippe Bibi, candidats malheureux aux législatives dans la circonscription électorale unique de Mayama, ont profité pour dénoncer « la tricherie » observée aux législatives. Ils ont toutefois précisé que leur formation politique a pu avoir quatre élus au niveau des conseils. Selon eux, malgré ce « hold-up électoral », le CNR garde sa détermination à conquérir le pouvoir par les voies démocratiques. Ils ont annoncé que le révérend Pasteur Ntoumi se porte très bien, contrairement à ce que disent les gens précisant qu’il a le regard fixé vers des horizons nouveaux, motivé par l’envie de conquérir le pouvoir par des voies démocratiques. Florent Sogni Zaou
République centrafricaine: des ex-combattants commencent une nouvelle vie
Plus de 1000 anciens combattants centrafricains ont rejoint une initiative de l’ONU dans le pays visant à les désarmer, les démobiliser et à les réintégrer dans la société. Le message du programme est simple: ne prenez plus part aux actes de violence, déposez les armes et, en échange, nous vous aiderons à commencer une nouvelle vie. Les participants bénéficient de plusieurs formations au choix : jardinage, horticulture, élevage de poulets ou encore de porcs et reçoivent des outils, des semences et des poussins pour pouvoir démarrer leur entreprise. «Cette initiative représente une étape importante pour parvenir à la paix et restaurer l’espoir. Ces derniers temps, nous avons constaté un regain de tension, de violences, comme celles enregistrées en 2013-2014, donc le fait de donner à ces groupes armés une option, une issue, arrive véritablement à point nommé», a déclaré M. Jean-Alexandre Scaglia, Représentant de la FAO en République centrafricaine. Un nouveau départ Agé de 28 ans, Moussa (le nom a été changé) est un ancien combattant. Il s’occupe à présent de ses animaux dans un quartier de la capitale Bangui, réputé pour avoir été le théâtre de nombreux affrontements. Il a récemment vendu un de ses porcs, qu’il a reçu grâce au programme de l’ONU, et avec l’argent a lancé sa petite affaire. Il achète et vend maintenant des matelas et des panneaux. «Je ne sais même pas pourquoi je me battais. Cela n’a pas de sens et cela ne m’a mené nulle part. Ma mère est musulmane et mon père est chrétien. Donc, contre quoi me battais-je ?», dit-il, non sans amertume. «J’ai choisi de suivre la formation sur l’élevage de porcs. Je dois dire que c’est une nouvelle porte qui s’ouvre à moi, surtout après avoir eu mon certificat. Je veux contribuer à restaurer la paix dans mon pays et pouvoir me bâtir une meilleure vie», a-t-il ajouté. D’autres jeunes comme Moussa ont choisi de se former dans l’agriculture et apprennent à cultiver des légumes, tandis que d’autres sont occupés à réparer les routes et les infrastructures publiques détruites par les conflits. «Le programme leur permet de bien gagner leurs vies. Le salaire moyen d’un centrafricain tourne autour des 50 000 FCFA, alors que ces activités peuvent leur rapporter entre 200 000 et 300 000 FCFA par mois. Le programme ne contribue pas seulement à restaurer la paix, il stimule l’économie et permet aux jeunes de participer à la reconstruction de leur pays», a ajouté M. Scaglia. La formation qui s’étale sur trois mois se déroule à Bangui et dans plusieurs autres régions du pays, celles qui ont été les plus touchées par les conflits (telles que Kaga Bandoro, Bambari et Haute Kotto) et où vivent toujours des centaines de milliers de déplacés. Il n’y a pas si longtemps, ici, dans des salles de couleur vive, dans des mairies vieillissantes ou encore dans des logements militaires abandonnés, ces anciens combattants – hommes et femmes confondus – ont été impliqués dans des actes de violences qui ont fini par diviser le pays et horrifié le monde entier. A présent, tous sont sagement assis devant leurs bureaux, désireux d’apprendre. Marie (son nom a été changé), ancienne combattante, vient d’achever sa formation en élevage de poulet. Elle a déjà élevé et vendu près de 600 poulets et vient d’en acheter 1000 autres. La jeune femme a réinvesti ses recettes et vend maintenant des beignets de bananes, ce qui lui permet d’augmenter ses revenus. «Avant la crise, c’était difficile de trouver du travail même en ayant étudié l’informatique et l’administration. Lorsque la guerre a commencé, je me suis rapprochée de plusieurs membres de la rébellion. C’est ainsi que tout a commencé. Je me suis rapprochée d’eux car j’avais besoin de trouver un travail. Je sais maintenant que cette nouvelle activité m’aidera à retrouver une vie normale», a déclaré Marie. Pour Marie, une vie normale ne signifie pas seulement être capable de gagner assez pour subvenir à ses besoins, mais aussi être capable de circuler librement et d’être acceptée par sa communauté. La FAO soutient le développement de l’initiative de l’ONU visant à désarmer, démobiliser et réintégrer ces anciens combattants qui, dans le cadre d’un nouveau projet, auront également accès à des programmes de micro-crédit pour lancer leur propre entreprise. La population centrafricaine ne peut pas attendre De nouveaux troubles ont poussé le pays dans sa quatrième année de conflit. Plus d’un million de personnes ont fui leurs domiciles, parfois au-delà des frontières ou vers des camps de déplacés internes. Une personne sur deux souffre de la faim. La FAO a besoin de manière urgente de 10 millions dollars d’ici février pour venir en aide à plus de 350 000 personnes – des déplacés et des communautés hôtes vulnérables – afin qu’elles puissent reprendre leurs activités agricoles et se préparer pour la prochaine saison de récolte (qui va de mars à avril 2018) en leur fournissant des semences, des outils et des services vétérinaires basiques pour leur bétail.