Des légendes du sport africain inaugurent une infrastructure sportive de « première classe » au profit de jeunes orphelins en Côte d’Ivoire

Il y avait un bourdonnement perceptible alors que les jeunes spectateurs essayaient de trouver leurs places. Leur excitation fut à son comble à la vue de trois légendes africaines, l’ancien joueur emblématique du Chelsea Football Club et capitaine légendaire des Eléphants de Côte d’Ivoire, Didier Drogba ; le géant américain du basket-ball et huit fois All-Star de la NBA, Dikembe Mutombo, et le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina. Ils étaient là pour inaugurer la nouvelle installation sportive ultramoderne destinée aux jeunes défavorisés dans la ville ivoirienne de Bingerville, pas loin d’Abidjan. Une compétition intense s’annonçait déjà alors que les jeunes athlètes entraient dans les installations flambant neuves et se préparaient à concourir. Tel était lundi, le décor sons et images à l’orphelinat pour garçons de Bingerville lors de la cérémonie d’inauguration du terrain de basket « Giants of Africa ». « Les jeunes sont l’avenir d’une Afrique en plein essor et l’Afrique c’est maintenant. La population des jeunes en est la preuve », a déclaré Masai Ujiri, fondateur de la fondation Giants of Africa alors qu’il s’adressait avec passion à une foule de plus de 300 jeunes lors de l’inauguration du nouveau terrain de basket dans les locaux de l’orphelinat. Lancée en 2003, la fondation « Giants of Africa » utilise le basket comme moyen d’éducation et d’enrichissement de la vie de la jeunesse africaine. L’organisation vise à fournir des installations, du matériel et des entraîneurs qualifiés dans le but de développer le basket-ball en Afrique, de sensibiliser et de soutenir les enfants et les jeunes adultes défavorisés par le biais de ses camps de basket-ball – en incitant la jeunesse africaine à rêver grand. Chaque été depuis 2003, les Giants of Africa d’Ujiri ont traversé le continent africain et organisé des camps pour les garçons et les filles âgés de 15 à 19 ans. Ce terrain est le 12e des 100 terrains de basket prévus par Giants of Africa sur le continent. Il est situé dans les locaux de l’orphelinat, qui accueille 256 enfants orphelins et défavorisés âgés de 4 à 18 ans. « Il y a quelques années, j’étais venu ici pour des œuvres caritatives en faveur de l’orphelinat et lors de nos échanges, il est apparu qu’il manquait à l’orphelinat un terrain de sport, a expliqué Musai Ujiri. J’ai donc pris l’engagement d’offrir une infrastructure de première classe à ses enfants qui sont nos enfants et nos petits frères pour leur permettre de réaliser leur rêve. Ces enfants ici présents sont les légendes de demain et leur développement holistique grâce à la construction d’infrastructures sportives adéquates leur permettra de rêver grand ». Ujiri a délivré ses messages clés lors des éditions 2018(le lien est externe) et 2019(le lien est externe) de l’Africa Investment Forum. Il a alors exhorté : « Nous devons prendre le sport au sérieux sur ce continent car il nous aide à rester ensemble. Le sport peut être un moteur de croissance économique sur le continent, et il existe un écosystème autour du sport que nous pouvons développer. Nous avons besoin d’investisseurs pour capitaliser sur cet élan. » » Pour le président du Groupe de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi A. Adesina, les investissements tels que ceux de Giants of Africa sont des graines importantes plantées en vue d’un meilleur avenir pour les jeunes en Côte d’Ivoire et en Afrique. Adesina a déclaré : « Je suis ravi d’être ici pour vous encourager dans cette initiative. Prendre soin de ce ciment de l’avenir de la Côte d’Ivoire est une grande œuvre de construction pour l’avenir de l’Afrique. Je prie Dieu pour que vous deveniez des géants d’Afrique. », a-t-il lancé aux jeunes avec qui il a interagi en levant les cinq doigts pour montrer les « High 5 », les priorités stratégiques de la Banque africaine de développement. Il leur a expliqué que c’est à travers ces priorités que la Banque investit dans la formation et l’emploi des jeunes, ainsi que dans les infrastructures pour le développement socio-économique du continent. Drogba a également exprimé ses espoirs pour l’avenir de la jeunesse africaine à travers le sport : « C’est un réel plaisir pour moi d’être là pour soutenir mon ami et frère Musai Ujiri. Sa fondation est une fierté pour l’Afrique, une fierté pour les jeunes. Je me reconnais dans ces enfants issus de milieux défavorisés. Le sport est une leçon de vie. Je suis disponible pour accompagner davantage l’action de la Fondation Giants of Africa pour les jeunes de l’Afrique ». Dikembe Mutombo a reconnu que le sport a le pouvoir de changer les communautés. « Tous ces jeunes, leur avenir est entre nos mains. Si nous nous ne faisons rien, leur avenir n’aura pas de sens. On n’a jamais eu la chance de voir quelqu’un venir nous tendre la main, lorsque nous étions petits au Congo. Aujourd’hui, les jeunes, cela est possible. L’avenir vous appartient, le terrain est là, prenez-en soin, c’est à vous de l’utiliser pour devenir des géants. » « Le vrai talent de l’Afrique, c’est son peuple – dans la diaspora ou sur le continent, et nous devons créer les opportunités pour que les jeunes puissent se développer ici sur le continent. » a souligné Ujiri Lors d’un match de basket amical sur le nouveau terrain, ces personnalités phares du leadership et de l’excellence sportive ont incarné le type de progrès réalisable lorsque la collaboration occupe le devant de la scène.

NBA: Dikembe Mutombo, l'ambassadeur du basket africain

Dix ans après avoir raccroché les baskets, l’héritage de la légende congolaise Dikembe Mutombo reste toujours intact. À 53 ans, son impact et son influence dans le basket africain en NBA et sur son continent natal reste unique. Son fameux « not in my house », sa célébration où il remuait son doigt pour dire non à ses adversaires à qui il venait de contrer le tir, a beau faire partie intégrante de la culture basket – et être la « marque de fabrique » de Dikembe Mutombo partout où il passe, mais limiter l’influence du natif de Kinshasa à ce simple geste serait un véritable faux pas. Première légende africaine de la NBA Dix-huit saisons durant, aux quatre coins des États-Unis et en se frottant aux Michael Jordan, Hakeem Olajuwon et autres Magic Johnson, Mutombo a été l’un des premiers joueurs africains à impacter le jeu de la meilleure ligue du monde, à un moment où la NBA n’ouvrait que très peu ses frontières aux basketteurs venus du continent. « À l’époque, c’était un rêve quasiment impossible, quelque chose qu’on ne pensait jamais pouvoir atteindre. Mais avec mes frères Hakeem Olajuwon (Nigeria) et Manute Bol (Soudan), on a réussi à ouvrir la voie pour l’Afrique », se souvient l’ancien étudiant de l’université de Georgetown, qui se voyait, à son arrivée aux États-Unis, devenir médecin ou diplomate, avant de se découvrir une véritable passion pour le basket. Sur les parquets, le pivot faisait la différence par ses bras tentaculaires et sa défense de guerrier. Au long d’une immense carrière couronnée par plusieurs sélections au All Star Game (à huit reprises) et de titres de meilleur défenseur de la saison (quatre fois, record NBA), l’intérieur a marqué quasiment deux décennies de basket de son empreinte. Lui qui a dû stopper sa carrière un soir de match de playoffs avec les Houston Rockets, en avril 2009, pour cause de rupture des ligaments croisés, à 43 ans ! « Je n’oublierai jamais ce moment-là, mais je savais aussi que ma vie dans le basket allait continuer, avec mon continent en tête de toutes mes initiatives. » Conseiller incontournable et second père Aujourd’hui, il vit dans une philosophie qui le poursuit depuis toujours : « Donner et rendre à l’Afrique, aider la jeunesse de mon continent, quelles que soient les circonstances. C’est ce qui me fait avancer et vivre avec une telle passion. » Après avoir été nommé ambassadeur de la NBA en Afrique en 2011, Dikembe Mutombo n’a aucunement perdu de son influence depuis la fin de sa carrière, pour le plus grand bonheur de ses successeurs qui font les beaux jours des franchises nord-américaines et qui font briller le Cameroun, la République démocratique du Congo, et le Sénégal sur les parquets d’Amérique du Nord. De Joël Embiid, à Pascal Siakam, en passant par ses compatriotes Bismack Biyombo et Emmanuel Mudiay, la légende africaine est un conseiller incontournable, une sorte de second père toujours présent. « Ils savent que je suis là pour eux, qu’ils peuvent compter sur moi tout le temps. J’ai vécu ce qu’ils vivent bien avant eux », précise-t-il. Avant d’avouer « être fier de ce qu’ils font ». « Ils suivent mes conseils, à savoir être exemplaire, appliqué, travailler dur et ne jamais baisser les bras, continueDikembe Mutombo. Ça paraît simple, mais la vie de joueur NBA est très difficile, surtout pour les jeunes d’aujourd’hui qui sont encore plus exposés, avec les médias et les réseaux sociaux. Un gars comme Joël Embiid est scruté sur tous les angles chaque soir, et il est attendu comme le messie en permanence. Je suis aussi là pour l’aider à gérer cela, pour qu’il continue à avancer et à inspirer la jeunesse africaine. » « L’avenir de la NBA, c’est l’Afrique » Pas une semaine ne se passe pour Mutombo sans qu’il ne se déplace à travers le continent nord-américain pour suivre de près les performances des basketteurs venus de l’autre côté de l’Atlantique. Il décroche volontiers son téléphone pour échanger avec ceux qui rêvent de devenir les nouveaux Pascal Siakam ou Serge Ibaka. Témoin privilégié de l’explosion du basket en Afrique, et conscient du potentiel énorme de celui-ci, Dikembe Mutombo est aussi totalement investi dans un autre projet qui pourrait révolutionner son sport sur le continent : le lancement de la Basketball Africa League (BAL). Sur ce projet financé en grande partie par la NBA, le Congolais est impliqué à plusieurs niveaux, tant sur le côté sportif que sur le plan du développement de la première ligue transcontinentale de basket professionnel. « L’avenir de la NBA, c’est l’Afrique », affirme-t-il. « Le continent est gorgé de trésors, de talents qui ne demandent qu’à être aidés et formés pour pouvoir réaliser leurs rêves. Je veux les aider, et avec la NBA, leur donner les outils et les moyens de les atteindre. C’est plus qu’un engagement pour moi, ça dépasse le cadre du basket. La jeunesse africaine, j’ai envie de tout lui donner, d’aider autant que possible mon magnifique continent. C’est un peu ma raison d’être. » Par Michaël Oliveira Da Costa Retrouvez cet article sur RFI.fr