Congo Brazzaville/Terre des Légendes. Pourquoi un silence pesant.
TRIBUNE. Le 10 août 2019, SARDP et PEPA, un consortium congolais travaillant en tant qu’opérateurs du bloc, a annoncé la découverte du gisement pétrolier du Delta de la Cuvette. Celui ci qui s’étend sur une superficie de 9.392 m2, couvre quatre puits. Il se situe dans le bassin du Congo, une zone de tourbières qui constitue un puits à carbone considérable. Cette zone serait le deuxième poumon de la planète, après la forêt amazonienne. Les premiers jets indiqueraient que les gisements de Delta pourraient produire jusqu’à 359 millions de barils de pétrole, soit 983 barils/jour. Ce qui quadruplerait la production actuelle du Congo Brazzaville. Une bonne nouvelle pour l’économie du pays qui pourrait être boostée, générer des emplois et réduire la pauvreté. Avec la possibilité de construire des voies d’évacuation du pétrole sur le port autonome de Pointe Noire. Et peut-être même, pour accroître localement la plus-value, créer une raffinerie de pétrole dans le Nord du pays pour augmenter la capacité nationale de raffinage, couplée à la CORAF de Pointe Noire . Depuis la publication de la nouvelle de Delta de la Cuvette, un silence pesant s’est installé. Les autorités n’en parlent pas. Pas un seul baril n’a été extrait du gisement. Le Delta de la Cuvette semble avoir pénétré le domaine du secret au point de passer pour un mystère qui n’est pas ou qui ne doit pas être connu par autrui ou par un grand nombre. Les Congolais, en patriotes et bons citoyens, sont en droit légitime de savoir de quoi il en retourne. Le pétrole, patrimoine stratégique dans le développement de leur pays, est leur propriété inaliénable. Les autorités nationales, en vertu de leur obligation légale d’instruire la nation, sont en devoir de fournir aux populations les informations nécessaires sur le gisement pétrolier Delta de la Cuvette. Ce gisement demeure pour les Congolais un immense espoir pour la mise en valeur des territoires où coulera le pétrole, parallèlement à son effet induit sur l’ensemble de la Nation. Nous voudrions bien savoir à quoi sert le silence lourd sur le Delta de la Cuvette. Il y a comme quelque chose de troublant dans ce silence, même si le silence dans la recherche pétrolière est le sanctuaire de la prudence. Ouabari Mariotti Paris 1er décembre 2022
Congo-B: des doutes sur les données concernant le nouveau gisement de pétrole
Depuis l’annonce de la découverte du premier gisement pétrolier onshore du pays, certains émettent des doutes sur la fiabilité des prévisions de production. Le « Delta de la Cuvette » – c’est le nom du gisement – fait parler de lui. Le 10 août à Oyo, la Société africaine de recherche pétrolière et distribution (SARPD-Oil) et Petroleum exploration and production Africa (PEPA), ont annoncé la découverte d’un gisement de 9 392 mètres carrés dans cette région du nord du Congo. Le 14 août dernier, le président Denis Sassou-Nguesso, originaire de cette même région, s’était réjoui de cette découverte qui devrait permettre à terme de quadrupler la production du pays, troisième producteur africain de pétrole. Selon les études de prospection, le gisement devrait produire 983 000 barils par jour. Mais depuis la présentation des caractéristiques de ce nouveau gisement, certains émettent des doutes. Mercredi, lors d’une conférence de presse, l’opposition congolaise, dirigée par Pascal Tsaty Mabiala, a exprimé ses inquiétudes sur cette « annonce précipitée alors que les études techniques de confirmation ne sont pas encore achevées ». Une précipitation qui pourrait aboutir, selon Pascal Tsaty Mabiala, à un camouflet comme celui enregistré par le dirigeant congolais lors d’une visite aux États-Unis en 2016. Référence à ce rendez-vous annoncé entre le Denis Sassou-Nguesso et Donald Trump qui n’avait finalement pas eu lieu. « Le président de la République ne semble pas avoir tiré les leçons de la honte essuyée aux États-Unis suite au camouflet diplomatique subi après que le président Donald Trump eut refusé de le recevoir, a-t-il rappelé. Ici encore nous ne sommes pas à l’abri d’une telle déconvenue tant que certaines questions sur ce gisement demeurent sans réponse ». Le 18 août déjà, la branche congolaise de la coalition d’ONG Publiez ce que vous payez (PCQVP) s’était interrogée sur la fiabilité des données concernant ce gisement. « Cette annonce paraît pour le moins intrigante », avait estimé PCQVP, qui milite pour la transparence dans les industries extractives. Retrouvez cet article sur RFI