La croissance mondiale restera modérée dans un contexte d’incertitude persistante, selon un rapport de l’ONU

La croissance mondiale restera modérée dans un contexte d’incertitude persistante, selon un rapport de l’ONU

La croissance économique mondiale devrait se maintenir à 2,8 % en 2025, comme en 2024, selon un rapport des Nations Unies publié jeudi. D’après ce rapport intitulé Situation et perspectives de l’économie mondiale 2025, si l’économie mondiale a fait preuve de résilience en résistant à une série de bouleversements qui se renforcent mutuellement, la croissance reste inférieure à la moyenne de 3,2 % avant pandémie, en raison du manque d’investissement, de la faible croissance de la productivité et des niveaux d’endettement élevés. Le rapport souligne que la baisse de l’inflation et l’assouplissement monétaire dont bénéficient actuellement de nombreuses économies pourraient donner un léger coup de pouce à l’activité économique mondiale en 2025. Cependant, l’incertitude demeure, avec des risques liés aux conflits géopolitiques, aux tensions commerciales croissantes et aux coûts d’emprunt élevés dans de nombreuses régions du monde. Ces défis sont particulièrement lourds pour les pays à faible revenu et les pays vulnérables, où une croissance insuffisante et fragile menace de compromettre encore davantage la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). « Les pays ne peuvent ignorer ces risques. Dans notre économie interconnectée, les bouleversements qui se produisent à une extrémité du monde font grimper les prix à l’autre extrémité. Chaque pays est concerné et doit faire partie de la solution, sur la base des progrès accomplis », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans l’avant-propos du rapport. Perspectives économiques régionales La croissance des États-Unis devrait ralentir pour passer de 2,8 % en 2024 à 1,9 % en 2025, en raison du ralentissement du marché du travail et de la baisse des dépenses de consommation. L’Europe devrait connaître une reprise modeste, avec une croissance du PIB passant de 0,9 % en 2024 à 1,3 % en 2025, soutenue par une baisse de l’inflation et des marchés du travail résistants, bien que le resserrement budgétaire et les défis à long terme, notamment la faible croissance de la productivité et le vieillissement de la population, continuent de peser sur les perspectives économiques. L’Asie de l’Est devrait connaître une croissance de 4,7 % en 2025, tirée par la Chine qui prévoit une croissance stable de 4,8 %, soutenue par une forte consommation privée dans toute la région. L’Asie du Sud devrait rester la région à la croissance la plus rapide, avec une croissance du PIB prévue de 5,7 % en 2025, poussée par la solide expansion de l’Inde (6,6 %). La croissance en Afrique devrait augmenter légèrement pour passer de 3,4 % en 2024 à 3,7 % en 2025, grâce à la reprise de grandes économies comme l’Égypte, le Nigéria et l’Afrique du Sud. Toutefois, les conflits, l’augmentation des coûts du service de la dette, le manque de perspectives d’emploi et la gravité croissante des effets du changement climatique pèsent sur les perspectives de l’Afrique. Rebond du commerce et assouplissement monétaire Le commerce mondial devrait croître de 3,2 % en 2025, après un rebond de 3,4 % en 2024, grâce à l’amélioration des exportations de produits manufacturés en provenance d’Asie et à la vigueur du commerce des services. Toutefois, les tensions commerciales, les politiques protectionnistes et les incertitudes géopolitiques sont des risques qui pèsent lourdement sur les perspectives. L’inflation mondiale devrait baisser de 4 % en 2024 à 3,4 % en 2025, ce qui devrait soulager les ménages et les entreprises. Les principales banques centrales devraient continuer à réduire leurs taux d’intérêt en 2025 à mesure que les pressions inflationnistes continueront de s’atténuer. Si elle continuera de ralentir, l’inflation dans de nombreux pays en développement devrait rester supérieure aux moyennes historiques récentes, et un pays sur cinq devrait enregistrer des pourcentages à deux chiffres en 2025. Menaces liées au poids du service de la dette Pour les économies en développement, l’assouplissement des conditions financières mondiales pourrait contribuer à réduire les coûts d’emprunt, mais l’accès aux capitaux reste inégal. Beaucoup de pays à faible revenu continuent à se heurter à un service de la dette élevé et à un accès limité au financement international. Le rapport souligne que les gouvernements devraient profiter de la marge de manœuvre budgétaire créée par l’assouplissement monétaire pour donner la priorité aux investissements dans le développement durable, en particulier dans les secteurs sociaux essentiels. Malgré l’atténuation de l’inflation mondiale, l’inflation alimentaire demeure élevée, près de la moitié des pays en développement enregistrant des taux supérieurs à 5 % en 2024. Cette situation a aggravé l’insécurité alimentaire dans les pays à faible revenu déjà confrontés à des phénomènes météorologiques extrêmes, à des conflits et à l’instabilité économique. Le rapport avertit que la persistance de l’inflation alimentaire, associée à une croissance économique lente, pourrait faire basculer des millions de personnes dans la pauvreté. Minéraux critiques : une occasion pour accélérer le développement durable Le rapport souligne le potentiel des minéraux critiques tels que le lithium, le cobalt et les terres rares pour la transition énergétique, ainsi que pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable dans de nombreux pays. Pour les pays en développement riches en ressources, l’augmentation de la demande mondiale de minéraux critiques représente une occasion unique de stimuler la croissance, de créer des emplois et d’augmenter les recettes publiques pour investir dans le développement durable. Toutefois, le rapport avertit que ces opportunités s’accompagnent de risques importants. Une mauvaise gouvernance, des pratiques de travail dangereuses, la dégradation de l’environnement et une dépendance excessive à l’égard des marchés volatils des matières premières pourraient exacerber les inégalités, nuire aux écosystèmes et compromettre les bénéfices du développement à long terme. Appel à une action multilatérale audacieuse Le rapport appelle à une action multilatérale audacieuse pour faire face aux crises interconnectées de la dette, des inégalités et du changement climatique. L’assouplissement monétaire ne suffira pas à lui seul à relancer la croissance mondiale ou à combler les disparités croissantes. Les gouvernements doivent éviter les politiques fiscales trop restrictives et se concentrer sur la mobilisation des investissements dans les énergies propres, les infrastructures et les secteurs sociaux essentiels tels que la santé et l’éducation. Une coopération internationale plus forte est

Le FMI s’inquiète d’une croissance mondiale décevante

Le FMI s’inquiète d’une croissance mondiale décevante

ECONOMIE. « La croissance mondiale devrait rester stable mais également décevante », a estimé récemment le Fonds monétaire international (FMI) soulignant toutefois que cette continuité apparente masque des révisions notables apportées depuis avril 2024. Selon les estimations de l’institution financière internationale, « la croissance devrait se maintenir à 3,2% en 2024 et 2025, même si les taux de quelques pays, en particulier les pays en développement à faible revenu, ont fait l’objet d’importantes révisions à la baisse, souvent du fait de l’intensification des conflits », a expliqué le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas. Ainsi, comme le relève le Fonds dans son rapport intitulé Perspectives de l’économie mondiale d’octobre 2024- Changement de cap et menaces grandissantes, « le relèvement des prévisions pour les Etats-Unis a compensé l’abaissement de celles des autres pays avancés, en particulier les plus grands pays européens ». Aussi, poursuit-il, dans les pays émergents et les pays en développement, les perturbations de la production et du transport des produits de base (du pétrole, en particulier), les conflits, les troubles sociaux et des phénomènes météorologiques extrêmes ont entraîné des révisions à la baisse des perspectives pour la région Moyen-Orient et Asie centrale, et pour l’Afrique subsaharienne. Dans son rapport, le Fonds constate que « ces abaissements des prévisions ont été compensés par les révisions à la hausse des perspectives pour les pays émergents asiatiques, dont la croissance est stimulée par la forte augmentation de la demande de semi-conducteurs et de composants électroniques, alimentée par d’importants investissements dans l’intelligence artificielle ». Selon une analyse de l’institution de Washington, cette tendance est épaulée par des investissements publics considérables en Chine et en Inde. Et d’ajouter : d’ici à cinq ans, la croissance mondiale devrait atteindre 3,1%, un chiffre médiocre si on le compare à la moyenne d’avant la pandémie. La décrue de l’inflation devrait se poursuivre Autre point abordé dans ce rapport concerne la désinflation mondiale qui se poursuit. Une décrue qui contraste toutefois avec l’inflation des prix des services restée élevée dans de nombreuses régions, fait remarquer l’organisation internationale expliquant que cela « souligne l’importance de comprendre les dynamiques sectorielles et de moduler la politique monétaire en conséquence ». En effet, « l’inflation dans les services reste trop élevée, à presque le double du niveau prépandémique. Certains pays émergents voient réapparaître des pressions inflationnistes, parfois en raison des prix élevés des denrées alimentaires », selon Pierre-Olivier Gourinchas. Quoi qu’il en soit, tout semble indiquer que « la bataille mondiale contre l’inflation a été dans une large mesure remportée, même si des pressions sur les prix persistent dans certains pays », a-t-il fait remarquer. « Après avoir culminé à 9,4% en glissement annuel au troisième trimestre de 2022, les taux d’inflation globale devraient à présent s’établir à 3,5% d’ici la fin de 2025, en dessous du niveau moyen de 3,6% enregistré entre 2000 et 2019 », a-t-il expliqué dans ce rapport. Qu’à cela ne tienne, compte tenu du fait que les déséquilibres cycliques de l’économie mondiale sont en train de se résorber, le FMI exhorte les pouvoirs publics à doser soigneusement leurs priorités à court terme afin d’assurer un atterrissage en douceur. En parallèle, il estime que « des réformes structurelles s’imposent pour améliorer les perspectives de croissance à moyen terme, tout en continuant à aider les plus vulnérables ». Alain Bouithy

HCP: la croissance mondiale devrait se stabiliser cette année

HCP: la croissance mondiale devrait se stabiliser cette année

L’économie mondiale devrait croître en 2024 au même rythme que l’année précédente, soit 3,1%*, a indiqué récemment le Haut-commissariat au plan (HCP) dans son Budget économique exploratoire 2025. Cette évolution devrait bénéficier de l’atténuation des contraintes sur les chaines d’approvisionnement et de la solidité du marché de l’emploi, et ce malgré la poursuite des tensions géopolitiques et le maintien des taux d’intérêts élevés, selon les explications de l’institution publiques marocaine. En 2025, l’activité économique devrait progresser de 3,2% suite à une modeste expansion du commerce et de l’investissement profitant du reflux de l’inflation. Ces rythmes de croissance demeurent toutefois inférieurs à la moyenne de 3,8% observée entre 2000 et 2019, sur fond d’un Policy-mix restrictif et de la persistance des incertitudes. Des trajectoires de croissance contrastées La croissance économique devrait rester modérée, en deçà de 2%avec de fortes disparités inter-pays dans les économies avancées, et soutenue dans les pays émergents avec une croissance de 4%, en dépit du ralentissement prévu de l’économie chinoise. Aux États-Unis, l’activité économique devrait maintenir son rythme d’évolution de 2,5% en 2024. L‘inflation devrait ralentir restant toutefois à des niveaux élevés malgré l’augmentation significative des taux d’intérêt. En effet, l’activité des entreprises américaines devrait continuer de réaliser des résultats favorables et les dépenses de consommation devraient rester fortes tirant profit de la solidité du marché du travail. La politique monétaire de la FED devrait ainsi rester restreinte plus longtemps que prévu. La croissance américaine devrait ralentir à 1,8% en 2025, suite aux effets cumulatifs du resserrement monétaire et aux mesures budgétaires restrictives visant la réduction du déficit budgétaire et l’allégement de la dette publique. Celle-ci devrait continuer d’enregistrer des taux préoccupants dépassant les 125% du PIB en 2025. La situation défavorable des économies européennes accentue le contraste apparu dès le début de la crise sanitaire avec l’économie américaine. La croissance en zone euro devrait rester faible en 2024 avec un taux limité à 0,7%. Les conditions financières restrictives devraient peser sur l’investissement et la consommation, tandis que la faiblesse de la demande extérieure devrait freiner les exportations. La croissance devrait rester fragile en Allemagne et en France, timide en Italie et nettement meilleure en Espagne. L’activité économique dans la zone euro devrait rebondir légèrement à 1,4% en 2025, stimulée par l’expansion de la consommation privée dans un contexte de reflux de l’inflation combiné au dynamisme des salaires. Les investissements devraient se redresser progressivement avec l’amélioration attendue du marché des crédits suite au relâchement de la politique monétaire. Par ailleurs, la contribution du commerce extérieur à la croissance devrait rester neutre malgré la reprise des exportations. Quant à la politique budgétaire, elle devrait se durcir en liaison avec le retrait progressif des mesures d’aide énergétique. Dans les économies émergentes et en développement, la Chine devrait réaliser une croissance en décélération, passant de 5,2% en 2023 à 4,8% en 2024 et 4,1% en 2025. La demande intérieure et l’activité des services devraient continuer de manquer de vigueur, freinées par la crise du secteur immobilier, par les incertitudes réglementaires et par les faibles niveaux de confiance des consommateurs et des investisseurs privés. Cependant, l’économie chinoise devrait tirer profit de la contribution favorable des exportations grâce au redressement de l’industrie manufacturière. En Inde, la croissance économique devrait se modérer suite principalement à la décélération de la demande extérieure. Elle devrait rester toutefois stimulée par la dynamique de l’investissement et de la consommation privée qui devrait bénéficier d’une reprise de la production agricole et de la baisse de l’inflation. Le taux de croissance devrait ainsi rester élevé avoisinant 6,7% en 2025 après 6,6% en 2024 et 8,2% en 2023. En Russie, l’économie devrait réaliser une croissance de 2,9% en 2024 et 1,4% en 2025, bénéficiant de l’importance des dépenses publiques et des investissements liés à la guerre.  Les recettes d’exportation de pétrole devraient rester élevées malgré les sanctions occidentales, bénéficiant du développement d’importants liens commerciaux notamment avec la Chine. Au Brésil, la croissancedevrait se modérer à 2% en 2024, impactée par les effets retardés du resserrement monétaire et par une moindre contribution de l’agriculture. En 2025, la croissance devrait avoisiner 2,2%, soutenue par les réformes budgétaires. *Prévisions de la Banque Mondiale – JUIN 2024

Kristalina Georgieva : «La croissance mondiale s’est marginalement accélérée »

Kristalina Georgieva : «La croissance mondiale s’est marginalement accélérée »

D’après les perspectives de l’économie mondiale du Fonds monétaire international (FMI) qui paraissent cette semaine, « la croissance mondiale s’est marginalement accélérée, grâce à la bonne santé de l’activité aux Etats-Unis et dans bon nombre de pays émergents », a récemment déclaré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. « La vigueur de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises et l’atténuation des problèmes des chaînes d’approvisionnement ont contribué à cette embellie », a indiqué la patronne de l’institution financière internationale avant de faire remarquer que l’inflation est en baisse. D’après les explications de la DG, la résilience de l’économie mondiale est principalement justifiée « par les solides bases macroéconomiques établies ces dernières années », ajoutant qu’ «elle s’appuie également sur le dynamisme des marchés du travail ainsi que sur l’accroissement de la main-d’œuvre, sous l’effet notamment de l’immigration, qui est particulièrement utile dans les pays à la population vieillissante ». Selon elle, dans l’ensemble, les données disponibles à ce jour pourraient inspirer un soulagement. Ce qui est une bonne nouvelle d’autant plus que, « contrairement à certaines prédictions, nous avons évité une récession mondiale et une période de stagflation ». L’activité économique est frêle par rapport à la moyenne historique Pour autant, Kristalina Georgieva prévient que les sujets d’inquiétude ne manquent pas, estimant que les défis se multiplient à l’échelle mondiale. En effet, fait-elle remarquer, « les tensions géopolitiques accroissent le risque d’une fragmentation de l’économie mondiale. Comme nous l’avons appris ces dernières années, nous vivons dans un monde dans lequel il faut s’attendre à l’imprévu ». A ceux qui ne l’auraient pas constaté, la DG note que « l’activité économique est frêle par rapport à la moyenne historique et les perspectives de croissance ralentissent depuis la crise financière mondiale ». L’inflation n’est pas complètement vaincue Par ailleurs, poursuit-elle, « l’inflation n’est pas complètement vaincue. Les marges de manœuvre budgétaire se sont épuisées. La dette est en hausse, ce qui est un défi de premier plan pour les finances publiques de beaucoup de pays ». Faut-il rappeler que « nous ressentons encore les séquelles de la pandémie. Les pertes de production enregistrées dans le monde depuis 2020 s’élèvent à quelque 3.300 milliards de dollars, les pays les plus vulnérables en payent un prix disproportionné », comme elle l’a relevé en évoquant la situation actuelle dans une analyse publiée sur le site Internet du Fonds. A toutes ces rasions d’être prudent, il faut ajouter la divergence au sein et entre les groupes de pays qui augmente. Soulignons que « parmi les pays avancés, les Etats-Unis ont enregistré le rebond le plus net, favorisé par une accélération de la croissance de la productivité. En contraste, dans la zone euro, l’activité reprend beaucoup plus progressivement, ce qui tient aux effets persistants des prix élevés de l’énergie et au repli de la croissance de la productivité », a fait savoir la DG estimant toutefois que des pays comme l’Inde ou l’Indonésie s’en sortent mieux parmi les pays émergents. Il sied cependant de noter que l’écart se creuse le plus avec les pays à faible revenu. Lesquels ont subi les plus graves séquelles, comme elle l’a rappelé ajoutant que « de ces nations, ce sont les pays fragiles ou touchés par des conflits qui portent le fardeau le plus lourd ». Aux yeux de Kristalina Georgieva, ces constatations ont un point commun: l’affaiblissement de la croissance est principalement dû à un ralentissement notable et généralisé de la croissance de la productivité. Selon une analyse du FMI, « ce phénomène explique plus de la moitié du ralentissement de la croissance économique dans les pays avancés et les pays émergents, et la quasi-totalité dans le cas des pays à faible revenu », a-t-elle dit concluant, en conséquence, que les perspectives de croissance mondiale à moyen terme, juste au dessus de 3%, restent de loin inférieures à la moyenne historique. Au final, si l’on ne change pas de cap, l’histoire retiendra «les Années moroses», une décennie timide et décevante sur le plan de l’économie, a-t-elle conclu. Alain Bouithy

La croissance mondiale devrait rester faible en 2023

La croissance mondiale devrait rester faible en 2023

Perspectives. « L’économie mondiale s’est montrée plus résiliente que prévu au premier semestre de 2023 », a annoncé l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport intermédiaire sur ses perspectives économiques. Dans ce document, rendu public mardi 19, l’organisation internationale d’études économiques prévoit cependant que « les perspectives de croissance restent moroses ». En  2024, compte tenu de la matérialisation progressive des effets des politiques monétaires et de la reprise plus faible que prévu enregistrée en Chine, estime l’OCDE, « la croissance mondiale devrait être inférieure à celle observée en 2023 ». « L’inflation globale diminue, mais l’inflation sous-jacente demeure persistante, alimentée par le secteur des services et par la situation encore relativement tendue des marchés du travail », souligne également l’organisation dans son rapport  constatant que les risques restent orientés de manière prédominante à la baisse. Pour l’OCDE, « l’inflation pourrait de nouveau s’avérer plus persistante qu’anticipé, dans la mesure où les marchés de l’énergie et des produits alimentaires pourraient encore subir des perturbations. Un ralentissement plus marqué de l’activité en Chine freinerait davantage la croissance partout dans le monde. La dette publique reste élevée dans de nombreux pays ». Ainsi, selon les perspectives économiques intermédiaires – septembre 2023, la croissance économique mondiale devrait ressortir autour de 3% au titre de cette année, avant de refluer à 2,7% l’année prochaine. Dans ses explications, l’organisation internationale estime qu’«une part disproportionnée de la croissance mondiale en 2023-24 devrait rester imputable à l’Asie, malgré la reprise plus faible que prévu observée en Chine ». Poursuivant son analyse, l’institution fait remarquer que l’inflation globale a continué de reculer dans de nombreux pays, sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et des produits alimentaires au premier semestre de 2023. Elle note cependant que « l’inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors composantes les plus volatiles, à savoir l’alimentation et l’énergie) n’a pas sensiblement reflué ».Pour les analystes de l’OCDE, elle reste  donc nettement supérieure aux objectifs fixés par les banques centrales. Dans ce cas, « l’un des principaux risques est que l’inflation s’avère de nouveau plus persistante qu’anticipé, ce qui obligerait les banques centrales à relever encore les taux d’intérêt ou à les maintenir à un niveau élevé pendant une période plus longue », souligne l’organisation. Abordant la question des effets des politiques monétaires qui se font sentir progressivement dans les économies, l’OCDE note que « sur fond de hausse rapide des taux directeurs, les taux d’intérêt des nouveaux prêts aux entreprises et des nouveaux prêts hypothécaires ont augmenté ». Aussi, bien qu’elle soit douloureuse pour les ménages et les entreprises, elle estime que «la hausse des coûts d’emprunt, qui vise à freiner la demande, constitue un canal classique de transmission des effets de la politique monétaire». A la question de que peuvent faire les pouvoirs publics, l’OCDE recommande que les politiques monétaires restent restrictives, appelle les autorités budgétaires à se préparer aux futures tensions sur les dépenses et les invite à assouplir les restrictions aux échanges qui stimuleraient la productivité et la croissance. Alain Bouithy

Une économie mondiale fragilisée dans un contexte de taux d’intérêt élevés

Une économie mondiale fragilisée dans un contexte de taux d’intérêt élevés

Selon les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale, la croissance a nettement ralenti et le risque de tensions financières dans les économies de marché émergentes et en développement s’intensifie dans un contexte de taux d’intérêt élevés. La croissance mondiale devrait marquer le pas en 2023, pour tomber à 2,1 %, contre 3,1 % en 2022. En excluant la Chine, les économies émergentes et en développement devraient voir leur croissance ralentir à 2,9 % cette année, contre 4,1 % l’année dernière. Ces anticipations font état d’une révision à la baisse généralisée. « Le moyen le plus sûr de faire reculer la pauvreté et de favoriser la prospérité est l’emploi, et le ralentissement de la croissance rend la création d’emplois beaucoup plus difficile, souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga. Il est important de garder à l’esprit que les prévisions de croissance ne sont pas une fatalité. Nous avons la possibilité d’inverser la tendance, à condition d’y œuvrer tous ensemble. » Jusqu’à présent, la plupart des économies émergentes et en développement n’ont été que peu affectées par les turbulences bancaires récentes dans les économies avancées, mais elles évoluent désormais dans des eaux dangereuses. Avec le durcissement croissant des conditions de crédit au niveau mondial, 25 % d’entre elles ne peuvent plus accéder aux marchés obligataires internationaux. La situation est particulièrement critique pour celles qui présentent des vulnérabilités sous-jacentes telles qu’une faible solvabilité. Les projections de croissance pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, ce qui rend ces économies très vulnérables à de nouveaux chocs. « L’économie mondiale est dans une position précaire, indique Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale. En dehors de l’Asie de l’Est et de l’Asie du Sud, elle est loin du dynamisme nécessaire pour éliminer la pauvreté, lutter contre le changement climatique et reconstituer le capital humain. En 2023, le commerce progressera à moins d’un tiers du rythme observé dans les années précédant la pandémie. Dans les marchés émergents et en développement, la pression de la dette s’accroît sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. La faiblesse des finances publiques a déjà fait basculer de nombreux pays à faible revenu dans une situation de surendettement. Dans le même temps, les financements nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable dépassent largement les projections les plus optimistes en matière d’investissement privé. » Selon les dernières prévisions, les chocs simultanés causés par la pandémie, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le ralentissement économique brutal dans un contexte de resserrement des conditions financières mondiales constituent un sérieux revers pour le développement, qui persistera dans un avenir prévisible. D’ici à la fin de 2024, l’activité économique dans les pays émergents et en développement devrait en effet être inférieure d’environ 5 % aux projections établies à la veille de la pandémie. Dans les pays à faible revenu, en particulier les plus pauvres, les dégâts sont considérables : dans plus d’un tiers de ces pays, le revenu par habitant à l’horizon 2024 sera encore inférieur aux niveaux de 2019. La faiblesse de la croissance des revenus aggravera l’extrême pauvreté dans nombre d’entre eux. « De nombreuses économies en développement sont déjà aux prises avec une croissance faible, à la persistance d’une inflation élevée et à des niveaux d’endettement record. Or de nouveaux risques pourraient encore aggraver leur situation, dont notamment l’éventualité et les répercussions plus étendues d’un regain de tensions financières dans les économies avancées, explique Ayhan Kose, économiste en chef adjoint au Groupe de la Banque mondiale. Les responsables politiques de ces économies doivent agir rapidement pour prévenir la contagion financière et réduire les vulnérabilités intérieures à court terme. » Toujours selon le rapport, dans les économies avancées, la croissance devrait chuter de 2,6 % en 2022 à 0,7 % cette année, et rester faible en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie des États-Unis devrait ralentir à 0,8 % en 2024, principalement sous l’effet de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt enregistrée ces dix-huit derniers mois. Dans la zone euro, la croissance devrait tomber de 3,5 % en 2022 à 0,4 % en 2023, en raison de l’effet différé du durcissement de la politique monétaire et de l’augmentation des prix de l’énergie. Le rapport analyse en outre les conséquences de l’augmentation des taux d’intérêt américains sur les économies émergentes et en développement. La hausse des rendements des bons du Trésor à deux ans depuis un an et demi s’explique en grande partie par le fait que les investisseurs s’attendent à ce que les États-Unis durcissent leur politique monétaire pour juguler l’inflation. Ce qui se traduit par des effets financiers particulièrement néfastes dans les économies émergentes et en développement, avec notamment une probabilité plus élevée de crise financière. En outre, ces effets sont plus prononcés dans les pays plus vulnérables sur le plan économique. En particulier, sur les marchés naissants (caractérisés par des marchés financiers moins développés et un accès plus limité aux capitaux internationaux), les coûts d’emprunt ont tendance à s’accroître de manière disproportionnée. Les écarts de risque sur les obligations d’État peuvent ainsi y augmenter plus de trois fois plus que dans les autres économies émergentes et en développement. Par ailleurs, le rapport fournit une évaluation complète des enjeux de politique budgétaire auxquels sont confrontées les économies à faible revenu. Ces pays sont en grande difficulté. La hausse des taux d’intérêt a aggravé la détérioration de leur situation budgétaire au cours de la dernière décennie. La dette publique y représente aujourd’hui en moyenne 70 % du produit intérieur brut (PIB). Les paiements d’intérêts absorbent une part croissante de recettes publiques déjà limitées. Quatorze pays à faible revenu sont déjà surendettés ou fortement menacés de l’être. Les pressions sur les dépenses s’accentuent dans ces économies. Les chocs négatifs comme les évènements climatiques extrêmes et les conflits sont plus susceptibles de faire basculer les ménages dans la précarité dans les pays à faible revenu que partout ailleurs, en raison de l’insuffisance des filets de protection sociale. En moyenne, ces pays ne consacrent que 3 % de leur PIB à leurs populations les plus vulnérables, ce

La croissance mondiale ralentira jusqu’en 2023

La croissance mondiale ralentira jusqu’en 2023

Après un fort rebond en 2021, l’économie mondiale entre dans une phase de ralentissement prononcé dans un contexte marqué par la menace de nouveaux variants de la COVID-19 et une montée de l’inflation, de la dette et des inégalités de revenus qui pourraient mettre en péril la reprise dans les économies émergentes et en développement, selon les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale. La croissance mondiale devrait ralentir sensiblement, pour s’établir à 4,1 % en 2022 et 3,2 % en 2023, contre 5,5 % en 2021, sous l’effet de l’essoufflement du rattrapage de la demande et du retrait des mesures de soutien budgétaire et monétaire à travers le monde. La propagation rapide du variant Omicron laisse présager que la pandémie continuera probablement de perturber l’activité économique à court terme. En outre, la décélération notable enregistrée dans les grandes économies (dont les États-Unis et la Chine) pèsera sur la demande extérieure dans les économies émergentes et en développement. Alors que les gouvernements de nombreux pays en développement ne disposent pas d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir l’activité si nécessaire, la menace posée par de nouvelles flambées de COVID-19, des goulets d’étranglement persistants dans les chaînes d’approvisionnement et les pressions inflationnistes, ainsi que les fortes vulnérabilités financières dans une grande partie du monde sont autant de facteurs qui pourraient accroître le risque d’un atterrissage brutal pour ces économies. « L’économie mondiale est confrontée aux effets conjugués de la COVID-19, de l’inflation et d’un environnement incertain, dans un contexte où les dépenses publiques et les politiques monétaires entrent en territoire inconnu. La hausse des inégalités et les problèmes de sécurité sont particulièrement préjudiciables aux pays en développement, souligne le président du Groupe de la Banque mondiale David Malpass. Pour permettre à un plus grand nombre de pays de se placer sur une trajectoire de croissance favorable, il est indispensable de mener une action concertée au niveau international et de se doter d’un arsenal complet de mesures au niveau national. » Le ralentissement de l’économie mondiale s’accompagnera d’une divergence progressive des taux de croissance entre économies avancées et économies émergentes et en développement. Les économies avancées devraient voir leur taux de croissance fléchir de 5 % en 2021 à 3,8 % en 2022 et 2,3 % en 2023. Bien que leur progression marque le pas, elle sera suffisante pour rétablir les niveaux de production et d’investissement aux tendances observées avant la pandémie. Dans les économies émergentes et en développement, en revanche, la croissance devrait reculer de 6,3 % en 2021 à 4,6 % en 2022 et 4,4 % en 2023. D’ici à 2023, les économies avancées auront totalement retrouvé leur niveau de production pré-COVID, tandis que la performance des économies émergentes et en développement restera inférieure de 4 % à leur tendance pré-COVID. Pour de nombreuses économies vulnérables, le recul est encore plus important : la production des économies fragiles et touchées par un conflit et celle des petits États insulaires seront inférieures de respectivement 7,5 % et 8,5 % à leur tendance pré-COVID. En même temps, la montée de l’inflation, qui frappe particulièrement durement les travailleurs à faible revenu, entrave les mesures de politique monétaire. À l’échelle mondiale et dans les économies avancées, l’inflation est à son plus haut niveau depuis 2008. Dans les économies émergentes et en développement, elle a atteint un niveau record depuis 2011. Afin de contenir les pressions inflationnistes, de nombreuses économies émergentes et en développement procèdent au retrait de leurs mesures de soutien à la relance alors même que la reprise est encore loin d’être acquise. Les dernières Perspectives économiques mondiales consacrent des analyses détaillées à trois obstacles qui risquent de compromettre l’avènement d’une reprise durable dans les économies en développement. Le premier de ces trois chapitres, dédié à la dette, propose une comparaison entre les efforts internationaux en cours pour remédier aux situations d’endettement non soutenable dans les économies en développement — à savoir le cadre commun du G20 — et les initiatives coordonnées menées par le passé en vue de faciliter l’allégement des dettes souveraines. Soulignant que la COVID-19 a fait monter la dette mondiale totale à son niveau record en 50 ans, sur fond de complexité croissante de la composition des créanciers, le rapport alerte sur les difficultés accrues auxquelles se heurteront les futurs efforts d’allégement de la dette. En appliquant au cadre commun du G20 les enseignements tirés des processus de restructuration précédents, on pourra accroître son efficacité et éviter les failles dont ont pâti les initiatives antérieures. « Les choix que feront les décideurs politiques dans les quelques années seront déterminants pour la prochaine décennie, assure Mari Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats. La priorité immédiate est de garantir un déploiement plus large et équitable des vaccins afin de parvenir à juguler la pandémie. Mais il faudra aussi un appui soutenu pour réparer les reculs essuyés sur le front du développement, dont notamment la montée des inégalités. Dans un contexte de dette élevée, la coopération mondiale sera essentielle pour aider à accroître les ressources financières des économies en développement afin qu’elles puissent parvenir à un développement vert, résilient et inclusif. » Le deuxième dossier spécial se penche sur les répercussions des fortes fluctuations des prix des produits de base pour les économies émergentes et en développement, dont la plupart dépendent fortement des exportations de matières premières. Ces fluctuations cycliques ont été particulièrement intenses au cours des deux dernières années, lorsque les prix des produits de base se sont effondrés avec l’arrivée de la COVID-19, avant de remonter en flèche en 2021 et d’atteindre dans certains cas des niveaux historiques. Les mouvements de balancier sur les marchés des matières premières sont probablement appelés à se poursuivre étant donné l’évolution de la situation macroéconomique mondiale et des facteurs liés à l’offre. Pour de nombreux produits de base, ils risquent en outre de s’accentuer sous l’effet du changement climatique et de la transition énergétique vers un abandon des combustibles fossiles. L’analyse montre également que l’ampleur des phases de boom depuis les années 70 a en général été plus importante que celle des phases de chute des cours. Ce qui ouvre des perspectives

Une réunion de haut niveau à Paris sur les principaux leviers de l’investissement en Afrique

Une réunion de haut niveau à Paris sur les principaux leviers de l’investissement en Afrique

Dans la continuité du dernier Forum Économique International sur l’Afrique de l’OCDE et du lancement du Consensus de Dakar à l’initiative du Cercle des économistes, se tiendra une réunion de travail de haut niveau organisée conjointement par le Cercle des économistes et le Centre de développement de l’OCDE, le 11 février 2020 au siège de l’OCDE à Paris. Dans un communjiqué, les organisateurs anoncent qu’elle réunira plusieurs ambassadeurs africains, des représentants ministériels, des chancelleries européennes, des économistes et des chefs d’entreprise. La même source indique que les conclusions des discussions et leurs implications pour l’investissement, le développement et les réformes structurelles en Afrique seront présentées à l’occasion d’une conférence de presse et qu’il sera également question du suivi de la dette, des questions monétaires et du rôle des institutions internationales. Cette réunon verra la participation de : Erik ORSENNA (économiste et écrivain), Cheikh KANTE (Ministre du Plan Sénégal Emergent, République du Sénégal), Mario PEZZINI (Directeur du Centre de Développement), Manuel ESCUDERO (Président du Comité Directeur du Centre De développement de l’OCDE) ainsi que Jean-Hervé LORENZI et Christian de BOISSIEU respectivement Président et Vice-Président du Cercle des économistes.