Maroc. Réduction des disparités de création de la richesse entre les régions

Les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont créé plus de la moitié de la richesse nationale au terme de l’année 2020, a annoncé le Haut-commissariat au plan (HCP). Selon les chiffres publiés par l’organisme public, aux prix courants, ces trois régions ont concentré respectivement 32,2%, 15,9% et 10,9% des richesses produites par le Maroc, générant ainsi 59% à la richesse nationale. Dans une note d’information relative aux résultats des comptes régionaux pour l’année 2020, produits selon la nouvelle année de base 2014, le Haut-commissariat indique que cinq autres régions ont généré 32,7% du PIB. En l’occurrence : Marrakech-Safi (7,9%), Fès-Meknès (7,7%), Souss-Massa (6,5%), Béni Mellal-Khénifra (5,4%) et l’Oriental (5,2%). Selon la même source, « la région de Drâa-Tafilalet et les trois régions du Sud n’ont contribué qu’à hauteur de 8,1% à la création du PIB en valeur, avec 3,2% et 4,9% respectivement ». Après analyse des données recueillies, il ressort que «les disparités de création de la richesse entre les régions ont diminué», a fait savoir le Haut-commissariat dans sa note d’information. Selon l’organisme public, «l’écart absolu moyen (la moyenne des écarts absolus entre le PIB des différentes régions et le PIB régional moyen) est passé de 70,8 milliards de DH en 2019 à 65,5 milliards en 2020 ». Les disparités sont, en revanche, plus prononcées en ce qui concerne la croissance économique régionale, a fait savoir le Haut-commissariat dans sa note d’information. En effet, en volume, les comptes régionaux de 2020 font ressortir des disparités des taux de croissance du PIB entre les régions, a indiqué le HCP relevant que trois régions ont pu enregistrer des taux de croissance positifs, en dépit d’une conjoncture économique marquée par les effets de la crise sanitaire. Le Haut-commissariat cite ainsi le cas des régions du Sud que sont Laâyoune-Saguia al Hamra (21,5%), Guelmim-Oued Noun (3,6%) et Dakhla-Oued Ed-Dahab (1,9%). Selon les données recueillies, «quatre régions ont enregistré des taux de croissance négatifs moins accentués que la moyenne nationale (-7,2%). Il s’agit des régions de Drâa-Tafilalet (-0,9%), de Béni Mellal-Khénifra (-2,2%) et de Rabat-Salé-Kénitra (-5,9%)», a souligné le HCP dans sa note. Il est à noter que la région de Casablanca-Settat a marqué un taux de croissance, proche de la moyenne nationale, de -7,9%, a fait savoir le Haut-commissariat de même source. Après analyse des données, il apparait que « les quatre régions restantes ont présenté des taux de croissance négatifs plus accentués que la moyenne nationale ; allant de (-13%) dans la région de Marrakech-Safi à (-8,4%) dans la région de Fès-Meknès», ressort-il de la note. S’agissant de la contribution régionale aux activités économiques nationales, la note du HCP indique que les activités du secteur primaire sont restées l’apanage d’un nombre limité de régions. Des données analysées, il ressort que sept régions ont créé plus de quatre cinquièmes de la valeur ajoutée du secteur, a constaté le Haut-commissariat. Selon l’institution, « les régions de Rabat-Salé-Kénitra, de Fès-Meknès, de Casablanca-Settat, de Marrakech-Safi, de Souss-Massa, de Béni Mellal-Khénifra et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont contribué pour 81% à la création de la valeur ajoutée nationale du secteur primaire en 2020 au lieu de 84,1% en 2019 ». En ce qui concerne les activités du secteur secondaire, le HCP indique qu’elles sont concentrées dans les régions de Casablanca-Settat et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima qui ont participé pour 62,4% à la valeur ajoutée nationale du secteur en 2020 au lieu de 61,4% en 2019. Quant aux activités tertiaires, les données montrent que la richesse créée par celles-ci (56,5%) est attribuable à trois régions : Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. A titre de rappel, l’économie nationale, sous l’effet de la crise sanitaire, a enregistré, au titre de l’année 2020, un PIB en volume de 1150,7 milliards de DH avec un recul de 7,2% par rapport à l’année 2019. Selon le Haut-commissariat au plan, aux prix courants, le PIB a marqué une valeur de 1152,4 milliards de DH avec une diminution de 7,1%. Alain Bouithy
Maroc: les vraies sources de création de la richesse

Appréhender les déterminants structurels de l’évolution des niveaux de vie et le partage du surplus de productivité de l’économie entre les différents agents économiques. Tel est l’intérêt de l’étude sur les sources de la création de la richesse au Maroc et sa répartition réalisée par le Haut-commissariat au plan (HCP) et dont les grandes lignes ont été présentées mercredi 20 au siège du HCP. Des premières conclusions de l’étude, il ressort qu’entre les années 2001 et 2015, la contribution de la productivité du travail a été de 92,5% et celle de l’effet démographique de 19,8%. Alors que la contribution de l’effet emploi (taux d’emploi) a été négative de 12,2%. Commentant ce volet de l’étude, le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, a indiqué que la productivité du travail s’est accrue durant cette période de 2,9% par an en moyenne et le ratio de la population en âge d’activité à la population totale a augmenté de 0,4 point en moyenne annuelle entre 2001 à 2015. En revanche, « le taux d’emploi, qui appréhende la dynamique du marché de l’emploi par rapport aux opportunités offertes par l’évolution démographique, a connu une baisse de 0,2 point en moyenne annuelle, passant de 45,1% en 2001 à 42,7% en 2015 », a-t-il poursuivi. Notons que durant cette période, le produit intérieur brut (PIB) par habitant s’est accru de 3,2% par an, principalement grâce à l’augmentation de la productivité du travail, suivi de l’effet démographique (part de la population en âge de travailler sur la population totale) au moment où le taux d’emploi s’est inscrit dans une baisse continue durant cette période. Mais a connu un ralentissement de sa croissance entre les périodes 2001-2008 et 2008-2015, passant respectivement de 3,6% par an à 2,7%, attribué à la régression du taux d’emploi induisant une contribution négative de 35,3% à la croissance du PIB par habitant au lieu d’une contribution positive de 5,4% durant la première période. Selon l’étude, l’effet négatif de la baisse du taux d’emploi sur le niveau de vie de la population a été largement compensé par l’amélioration de la productivité du travail, confortée par l’accroissement des productivités sectorielles de l’agriculture, forêt et pêche et de l’industrie qui ont enregistré des productivités de travail en hausse respectivement de 5,2% et 3% par an. Précisons, en outre, que le secteur agricole a contribué pour 25% à l’amélioration du PIB par habitant et l’industrie pour 20,4%, sachant que le reste des secteurs d’activité (BTP et services) ont contribué pour 15,8%. A noter que la contribution négative de l’effet emploi a montré que les structures économiques n’ont pas permis de valoriser le potentiel offert par l’effet démographique et que les créations d’emploi au niveau de l’économie, qui étaient en moyenne annuelle de 186 mille postes entre 2001-2008, ont baissé à seulement 70 mille postes entre 2008-2015. Ahmed Lahlimi a toutefois indiqué que l’effet démographique, qui s’est accru de 0,4 point par an durant la période 2001-2015, a pu contribuer de 17,8% et 19,1% à l’amélioration du niveau de vie de la population durant les deux sous-périodes respectivement. « Cela revient à dire que l’intensité de cet effet démographique a augmenté avec le temps et est devenue de plus en plus favorable à la croissance du PIB par habitant », a-t-il expliqué. Notons également que la transition démographique accélérée que connaît le Maroc, s’est traduite par une accélération de la population en âge de travailler (+de 15 ans) passant de 19,7 millions en 2001 à près de 24,2 millions en 2015, enregistrant une croissance annuelle moyenne de 1,7%, supérieure au rythme de croissance démographique qui est de 1,1%. Le Haut-commissaire a toutefois relevé que la baisse du taux d’emploi n’était pas uniforme dans tous les secteurs d’activité économique. « Le taux d’emploi dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche a baissé de 20,1% en 2001 à 16,7% en 2015 et celui des industries de 5,8% à 4,8%. Alors que les services et l’activité du BTP ont enregistré des améliorations des taux d’emploi de 16,2% et 3% en 2001 à 17,3% et 4% en 2015 respectivement », a-t-il fait remarquer. Dans ces conditions, les baisses des taux d’emploi dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche et dans l’industrie ont contribué négativement à la croissance du niveau de vie de la population durant la période 2001-2015, avec -20% et -5,2% respectivement. Concluant cette première partie de l’étude, consacrée aux déterminants structurels de l’évolution du PIB/hab, Ahmed Lahlimi a expliqué que la croissance modérée des niveaux de vie de la population de 3,2% au Maroc au cours de la période étudiée trouve son explication dans la baisse des taux d’emploi, « renvoyant à une sous-utilisation du potentiel de main-d’œuvre offert par la transition démographique et aux effets positifs relativement faibles de la productivité globale des facteurs et de la mobilité intersectorielle ». Il a, en outre, estimé qu’en dépit de l’amélioration significative de l’intensité capitalistique, « les structures économiques n’ont pas encore connu de mutations profondes et par conséquent le niveau de leurs productivités demeure faible, limitant ainsi les avantages qu’aurait procurés la mobilité de l’emploi d’un secteur à un autre ». Evoquant le volet relatif au partage de la valeur ajoutée et du surplus de productivité entre les facteurs de production, le Haut-commissaire a d’emblée souligné la distinction entre le secteur agricole et non agricole. Avant de noter que la valeur ajoutée du secteur agricole reste très volatile et fort tributaire des conditions climatiques comparativement à celle du secteur non agricole et que, de plus, s’accapare une part importante de la population active occupée avoisinant actuellement près de 40%. A propos du surplus de productivité dans le secteur agricole, qui a été principalement le fait du facteur capital, elle a été de 5,9% en moyenne annuelle en 2000-2008 et de 5,6% en 2009-2014 et a représenté ainsi près de 98% de la croissance de la VA agricole en moyenne annuelle en 2000-2008 et de 84% en 2009-2014. En outre, d’après l’étude, la contribution du facteur capital à la