Timide reprise du marché du travail à l’échelle mondiale
La reprise du marché du travail à travers le monde devrait être lente, inégale et aléatoire, selon le rapport que vient de publier l’Organisation internationale du travail (OIT). Après les perturbations sans précédent qui ont marqué l’année 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, le marché du travail montre des signes d’une timide reprise économique à l’échelle mondiale. Selon la septième édition de l’« Observatoire de l’OIT : le Covid19 et le monde du travail », quand bien même l’on s’attend à une forte reprise économique dansla seconde moitié de 2021 en raison du déploiement de la vaccination contre le Covid 19, force est de constater que l’économie mondiale fait toujours face à un haut niveau d’incertitude et le risque d’assister à une reprise inégalement répartie existe. Si le rapport fait état de la persistance d’un déficit au niveau de l’emploi au cours de cette année, il présente également trois scénarios en matière de relance : un scénario de référence, un scénario pessimiste et un scénario optimiste. Ainsi, selon le scénario de référence, qui s’appuie notamment sur les prévisions économiques du FMI d’octobre 2020, une baisse persistante de 3% des heures de travail équivalant à 90 millions d’emplois à temps plein (ETP) est attendue en 2021 par rapport au quatrième trimestre de 2019. S’agissant du scénario pessimiste, les pertes en heures de travail en 2021 resteraient à 4,6%, soit 130 millions d’ETP par rapport au quatrième trimestre de 2019. Quant au scénario optimiste, qui suppose des conditions plus favorables, le rapport table sur une baisse de 1,3% des heures de travail cette année équivalant à 36 millions d’ETP par rapport au quatrième trimestre de 2019. A noter qu’en 2020, 8,8% des heures de travail au niveau mondial ont été perdues en comparaison avec le quatrième trimestre de 2019, a indiqué l’OIT dans son rapport. Equivalant à 255 millions d’emplois à temps plein, ces heures de travail perdues représentent environ un nombre quatre fois plus élevé que celui des heures perdues pendant la crise financière mondiale de 2009, a souligné l’agence onusienne. Soulignons que « les pertes en heures travaillées ont été particulièrement importantes en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Europe du Sud et en Asie du Sud », a relevé l’OIT. Selon les nouvelles données contenues dans son rapport, au quatrième trimestre, les heures de travail au niveau mondial se sont inscrites en baisse de 4,6%, correspondant à 130 millions d’emplois à temps plein. Précisons que « la baisse des heures de travail en 2020 s’est traduite à la fois par des pertes d’emplois et par une réduction des heures de travail pour celles et ceux qui ont gardé leur emploi, avec des variations significatives selon les régions », comme l’a souligné l’organisation internationale. En comparaison avec 2019, l’année 2020 a enregistré des pertes d’emplois sans précédent au niveau mondial atteignant 114 millions d’emplois. « En termes relatifs, les pertes d’emplois ont été plus élevées chez les femmes que chez les hommes, et chez les jeunes travailleurs, par rapport aux travailleurs plus âgés », a fait savoir l’organisation. En effet, en 2020, les femmes ont été plus touchées que les hommes par les perturbations entraînées par la pandémie sur le marché du travail et les pertes d’emplois ayant affecté les femmes se sont élevées à 5% contre 3,9% pour les hommes. Concernant les jeunes travailleurs, le rapport explique qu’ils ont été particulièrement impactés, soit en perdant leur emploi, soit en quittant la vie active ou encore en retardant leur entrée sur le marché du travail. Selon les chiffres publiés dans l’Observatoire de l’OIT, « les pertes d’emplois chez les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) s’élevaient à 8,7%, contre 3,7% pour les adultes. Dans son rapport, l’OIT a toutefois constaté que les pertes d’emplois se sont traduites essentiellement par une augmentation de l’inactivité plutôt que du chômage. En effet, 71% des pertes d’emplois (81 millions de personnes) « relèvent de l’inactivité plutôt que du chômage, ce qui signifie que ces personnes ont quitté le marché du travail parce qu’elles n’étaient pas en mesure de travailler, peut-être en raison des mesures de restriction liées à la pandémie ou, tout simplement, parce qu’elles ont cessé de chercher du travail », a expliqué l’OIT. Soulignons que l’inactivité a eu pour conséquence une baisse de la population active dans le monde de 2,2 points de pourcentage, à 58,7%. A en croire les économistes de l’OIT, les pertes massives de revenus du travail observées au cours de l’année écoulée ont entraîné « une baisse de 8,3% des revenus du travail de manière globale (avant la prise en compte des mesures de soutien) », équivalant à 3.700 milliards de dollars ou encore 4,4% du PIB. Le rapport note également que le secteur le plus touché est celui des activités d’hébergement et de restauration, dans lequel l’emploi a baissé de plus de 20%, en moyenne, suivi par le commerce et les activités de fabrication. Alain Bouithy