USA/RD Congo.. La prise du Capitole et la politique intérieure congolaise…
TRIBUNE. Ce sujet de réflexion a pour objet de mesurer les conséquences sur la politique intérieure congolaise, de la récente prise du Capitole par les émeutiers pro-Trump et de la précipitation des événements avant l’investiture officielle du nouveau président démocrate. S’il est vrai que le vice-président Mike Pence a renoncé de recourir au 25 e amendement contre le président Trump, le camp démocrate n’est pas pour autant prêt à lui pardonner la bavure du mercredi de l’Epiphanie. Nancy Pelosi, la présidente de la chambre des représentants, a annoncé son projet de lancer dès ce lundi 11 janvier 2020, la procédure d’impeachment au motif que le président Trump a sciemment incité à la révolte contre les institutions démocratiques états-uniennes. Elle est allée jusqu’à le qualifier de président « instable » et, a-t-elle ajouté, dans ces conditions, Trump n’est plus en mesure de détenir le mot de passe des codes nucléaires. Pour passer des paroles aux actes, elle a eu ce vendredi matin, une rencontre de travail avec Mark Milley, le chef d’état – major des forces armées américaines, étudiant avec lui des voies et moyens pour empêcher ce président instable de déclencher de nouvelles hostilités militaires ou d’avoir accès au code de lancement d’armes nucléaires. Ceci dit, il est obvie que la démarche des démocrates vise à pousser Trump, sinon à la démission du moins à la délégitimisation de toute nouvelle initiative qu’il prendra dans les tout derniers jours de son mandat. Laquelle démarche est partagée également par une grande partie d’élus républicains. Ce nouvel environnement politique fragilise au plus haut point le président Trump qui venait d’annoncer ne pas vouloir participer le 20 janvier à la cérémonie de passation de pouvoir avec son successeur. La presse internationale n’est pas non plus tendre à son endroit et va jusqu’à le comparer aux présidents despotes africains et l’accuser de « tiers-mondisation » des Etats-Unis avec les fosses communes des covid-19 et la prise d’assaut du parlement par ses émeutiers. De toute évidence, cette fragilisation à grande envergure de Trump va de pair avec la perte momentanée du Soft Power de la première Démocratie mondiale qui l’investissait d’une mission « messianique » et du droit d’intervenir dans toutes les parties du monde accusées de violations de droit de l’homme ou des institutions démocratiques. L’opinion intérieure américaine encore sous le choc, la démarche de Pelosi de le soumettre à une gestion “contrôlée » de derniers jours de son pouvoir et la grande clameur des dirigeants du monde contre ce que l’histoire nommera désormais le grand scandale du Capitole constituent autant des facteurs défavorables à toute initiative de Trump d’exécuter pour les deux semaines restantes de son mandat, des projets de dernière minute qu’il envisageait entre autres au Mexique (renforcer le verrou contre l’immigration), en Iran (bombardements éventuels des sites d’nstallations nucléaires) et en RDC ( défenestration de Kabila avant l’arrivée des démocrates). La position officielle prise sur les tristes événements du Capitole par Mike Hammer, la pièce maîtresse de la politique trumpienne à Kinshasa, est elle-même très lourde de signification politique. « Les criminels qui ont commis des actes de terreur violents contre notre démocratie hier, écrit-il sur Twitter, seront tenus pour responsables conformément à l’état de droit aux États-Unis ». En remerciant dans ce même message, le peuple congolais qui lui a témoigné de sa compassion en ce moment difficile que traverse son peuple, le diplomate américain ne s’est peut-être pas rendu compte de la certification qu’il donne sur le degré de palissement de l’étoile américaine sur le monde et sur l’opinion congolaise. Cet infatigable donneur de leçons aux politiciens congolais se retrouve lui-même pris dans le piège de l’arroseur arrosé, le plaçant dans une posture très inconfortable de par la tempête qui secoue la Maison Blanche et l’administration dont il reçoit et exécute des ordres. Qu’on le veuille ou non, ce qui est en train de se passer à Washington DC impactera énormément sur l’orientation prochaine de la politique intérieure du Congo, obligeant tous les acteurs politiques congolais (toutes tendances confondues) et leurs tireurs de ficelle de revoir leurs calculs politiques suite au possible renversement des alliances et aux nouvelles perspectives qui se dessinent à l’horizon. Par Germain Nzinga (Chercheur indépendant)