Arts plastiques. Loubaba Laalej expose ses « Poésie et peinture » à Rabat

Arts plastiques. Loubaba Laalej expose ses « Poésie et peinture » à Rabat

Les cimaises de l’Espace Rivage de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) abritent jusqu’au 14 décembre 2024  les œuvres récentes de l’artiste peintre et poétesse marocaine Loubaba Laalej sur le thème « Poésie et peinture».  Le vernissage de cette exposition qui a eu lieu le 14 novembre 2024 a été marqué par la présence de plusieurs hommes de lettres, médias, critiques d’art, artistes, poètes, écrivains, passionnés d’art de tous bords. Poésie ou peinture? Indubitablement, les deux. La peinture et la poésie sont intimement liées par l’extase de l’image. L’Espace Rivage de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) a choisi de présenter les œuvres  de l’artiste et poétesse Loubaba Laalej sur le thème « Poésie et peinture».   Grandiose, ludique et originale, cette exposition, qui se poursuit jusqu’au  14 décembre 2024,  mêle la poésie à la peinture et marie bien leurs indicibles harmonies, dévoilant les secrets de l’une à l’autre. Ici, la novation est si forte qu’elle agit comme une tornade débordant les spécificités universelles d’une palette riche, très riche. Dans ses œuvres authentiques qu’elle présente lors de cette exposition, les enjeux de la peinture sont tout aussi débattus.  Des œuvres qui reflètent ses sources d’inspirations qui disent avec clarté toute leur dimension symbolique.  Somme toute, elles incitent à la réflexion. «Les toiles contenues dans le livre reflètent l’esprit et l’âme des artistes qui ont marqué de leur empreinte mon propre parcours artistique, au-delà des sentiers battus.  Cette exposition comprend 39 œuvres avec en toile de fond des histoires humaines profondes et significatives, au sein d’une expérience artistique qui promeut la convergence entre la peinture et la poésie», explique Loubaba Laalej. Cette exposition c’est aussi et surtout un voyage décoiffant dans un monde où entre la peinture et la poésie, il n’y a qu’un seul pas de danse. Tant qu’à faire! Comme quoi entre les deux, il y a seulement des nuances de couleurs et de mots. «Conjointement poétesse et artiste peintre, elle explore en promeneuse avertie les dédales de l’acte de créer par le verbe et par la forme, les géographies tantôt divergentes tantôt convergentes, de l’un et de l’autre, de l’un par rapport à l’autre.  Elle sonde cette zone, tantôt claire tantôt obscure, de l’entre-deux qui semble élever, à première vue et pour les esprits pressés, les frontières d’une incommunicabilité dualiste entre les deux sphères, d’une conflictualité inflexible», souligne le journaliste et écrivain SaidAhed. Cette manifestation artistique a été marquée par une lecture poétique accompagnée de luth, et suivie d’une séance de signature du livre «Poésie et Peinture». Dans ce livre de 198 pages magnifiquement illustré, Loubaba Laalej parcourt avec une grande richesse et une profondeur étonnante la dimension créative de l’âme humaine. Elle invite les lecteurs à un voyage intemporel à travers des émotions et des pensées. «Par l’entremise d’une démarche didactique réfléchie et pondérée, l’auteure illumine les données, souvent impénétrables mais toujours labyrinthiques de la question prospectée par son ouvrage ; prospection qui l’amène et la mène, en dernière instance, à brandir le fanion de l’incontournable et permanente perméabilité des cloisons entre les deux champs, cloisons erronément admises comme étanches par le sens commun (tel qu’entendu par Pierre Bourdieu). La matrice de cette « noce » réitérée par l’ouvrage et le traversant n’est autre que le dialogue mutuel, la complémentarité, l’accouplement fécond, voire la symbiose ; une certaine unité dans la diversité et par la diversité avérée théoriquement et historiquement», poursuit SaidAhed. Ayoub Akil Bio-express Native de Fès, Laalej s’est installée à Paris dès 1956. Elle est diplômée en journalisme, sociologie et études internationales. Issue d’une famille d’artistes, Loubaba est passionnée par l’écriture et la peinture depuis son jeune âge. Elle compte à son actif plusieurs expositions en France, Italie, Vietnam, Espagne. En 2019, elle a obtenu un doctorat honorifique délivré par le Forum International des Beaux-arts en guise de reconnaisse de ses créations artistiques. Elle est membre du Bureau Permanent de la Ligue des Écrivaines d’Afrique et de l’Alliance des Créateurs Arabes. Parmi ses recueils de poésie figurent « Fragments », « Pensées vagabondes », « Mysticité et plasticité », « Melhoun et peinture », « Poésie et peinture », « Icônes de la plasticité au féminin ».

Arts plastiques. Quatre artistes marocains réalisent une grande fresque à Stronarte

Arts plastiques. Quatre artistes marocains réalisent une grande fresque à Stronarte

A l’occasion de la Journée mondiale de la Terre, quatre artistes marocains ont réalisé récemment  une grande fresque  dans la commune italienne Strona dans le cadre de la première édition de Stronarte. Organisée par l’Association culturelle Pro Loco di Strona autour du thème «L’environnement et  l’art», cette manifestation a réuni, pendant huit jours, les artistes Abdel Flitti, Rachid Jouida, Kaoutar Bassir et Tarik Sakhi, pour créer des installations permanentes, avec des matériaux recyclés, et une peinture murale dans le centre de la ville afin de sensibiliser à la protection de l’environnement. Abdel Flitti est un sculpteur qui utilise du fer, de l’acier et d’autres métaux, vivant à Palma de Majorque. Rachid Jouida est un artiste-peintre à Strona, Italie depuis 18 ans, partageant son temps entre l’Italie et New York. Kaoutar Bassir est une architecte d’intérieur et plasticienne à Paris. Tarik Sakhi est un graphiste et directeur artistique à Bruxelles. Ces artistes, tous lauréats de l’École des Beaux de Casablanca, ont participé à la première édition de Stronarte en apportant leur expérience, compétence, créativité et talent pour l’environnement.  Leur participation à Stronarte a été saluée par la critique pour son originalité, sa diversité et sa qualité artistique. En apportant leur touche personnelle à cet événement culturel majeur, ces artistes ont confirmé le rayonnement de l’École des Beaux-Arts de Casablanca sur la scène artistique internationale et ont ouvert de nouvelles perspectives pour sa communauté d’artistes émergents.  Cet événement a offert aux visiteurs une expérience immersive unique. « Je suis fière d’avoir participé à cet événement fédérateur. C’était une expérience riche en émotion et en partage. Avec trois autres artistes marocains, on a réalisé une fresque en utilisant des objets recyclés pour sensibiliser à l’environnement. Nous avons passé plusieurs jours à travailler sur ce projet, alliant nos différentes techniques artistiques pour donner vie à une œuvre unique. Chacun de nous a apporté sa touche personnelle à la fresque, créant ainsi une harmonie visuelle impressionnante», a indiqué l’artiste-peintre et architecte d’intérieur Kaoutar Bassir. Au-delà de la dimension artistique, cette initiative avait pour but de sensibiliser le public à l’importance du recyclage et de la protection de l’environnement. Elle nous rappelle l’urgence d’agir pour préserver notre planète. «Cette expérience m’a profondément marquée et m’a donné envie de continuer à m’engager à travers l’art pour des causes qui me tiennent à cœur. C’est une belle manière de faire passer des messages forts et de toucher les gens au plus profond d’eux-mêmes», a-t-elle poursuivi. Huit jours durant, Strona a été immergé dans des activités artistiques. La diversité des formes d’expression artistique a nourri l’esprit du public qui a pu admirer les œuvres des élèves de l’école d’art Jouid Art et du groupe Onde d’arte, lors de l’exposition de peinture. Il y eu aussi un atelier d’aquarelle animé par Lorena Castro Hurtado, une représentation théâtrale poignante avec la compagnie Atelier Teatro de Milan et un atelier de recyclage artistiquepour les enfants des écoles primaires de Strona, Soprana, Mosso, Valle Mosso, Trivero, Pettinengo et Valle San Nicolao.  Ajouter à cela, une chorale avec les Amici del canto de Cossato, un spectacle de danse avec les filles d’Arabesque et un Aperi-Swing avec l’école Crazy swing Ornet. Enfin, la cuisine de rue le samedi a ajouté une dimension festive et conviviale à cette semaine riche en découvertes et en partages.

Maroc/Arts plastiques. Hommage posthume à  Omar Afous à l’ESBAC

Maroc/Arts plastiques. Hommage posthume à  Omar Afous à l’ESBAC

Du 26 octobre au 2 novembre 2023, l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Casablanca (ESBAC) abritera un événement en hommage à feu l’artiste Omar Afous (1949 – 2005). Cette manifestation culturelle et artistique, organisée par l’Association Atelier Athar Art avec le soutien du  Ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication (Secteur de la Culture),  et en  partenariat avec le Conseil Communal de Casablanca et en coordination  avec  l’ESBAC, offrira  un programme riche et varié en relation étroite avec l’œuvre d’Afous. Le point d’orgue sera une exposition collective d’art plastique qui débutera le  jeudi 26 octobre à partir de 17h30 et s’achèvera le 2 novembre 2023. Un pavillon spécial accueillera les œuvres d’Omar Afous. Un autre sera dédié aux œuvres des artistes plasticiens amis du défunt et professeurs des filières arts plastiques des lycées Al-Khansaa et Jaber Ben Hayane. Parmices artistes figurent Hassan Moukdad, Mohamed Bouziane, Mohamed Moussik, Mohamed Hamidi, Aziz Rokhsi , Said Housbane , BouchaibJalib and Mohammed Annabi . Un troisième pavillon spécial mettra en valeur les créations issues d’un atelier intitulé « Expression aux couleurs d’Afous », encadré par les plasticiens SaidJaidi and Mustapha Ghazlani. L’inauguration de cette cérémonie –hommage collectif-, animée par le critique d’art Abdallah Cheikh,prévoit également une présentation d’un documentaire  audiovisuel  retraçant la dernière exposition d’Omar Afous intitulée «Gouttes De Lumière»à Rabat en1998. La monographie «Artiste Omar Afous : Le Sultan de la Lumière»,  écrite  par Brahim El Haissan, sera également signée lors de cette cérémonie en hommage à l’artiste disparu. Le 27 octobre 2023, une table ronde animée par le chercheur esthétique Mohamed Chiguer se tiendra autour de l’œuvre picturale d’Omar Afous. Des critiques et des chercheurs tels que BenyounesAmirouche , Hassan Moukdad , Chafik Ezzouguari , Driss Kattir, Hassan Lagdach et Mohammed  El Wadi, Ahmed Rachidy participeront à cet échange enrichissant. Cet événement, occasion de plonger au cœur de l’univers artistique d’Omar Afous,  rendra un vibrant hommage à l’artiste disparu  en mettant en lumière son héritage artistique exceptionnel et enrichira les visiteurs d’une  expérience culturelle unique.  Les critiques et chercheurs présents mettront à la disposition de chacun leurs connaissances et leur expertise afin d’analyser en profondeur les différentes dimensions esthétiques, conceptuelles et techniques qui caractérisent les créations d’Afous.

Maroc/Arts plastiques. Hassna El Idrissi exprime sa perception du monde

Maroc/Arts plastiques. Hassna El Idrissi exprime sa perception du monde

Avec un sens de frontalité de l’espace pictural, les œuvres de l’artiste-peintre marocaine Hassna El Idrissi se caractérisent en somme par l’absence hiérarchisation des parties dans la toile qu’il couvre totalement de peinture, s’appuyant sur la technique du « All over ».  Expressionnisme et abstraction lyrique obligent, l’artiste a choisi dans ses travaux de grands formats pour exprimer sa perception du monde avec beaucoup de poésie. Dans les œuvres récentes de cette artiste-peintre et présidente de l’Association Fil d’art, la non-représentation est la pierre fondatrice.  On y observe une volonté délibérée de ne rien reproduire du spectacle du monde, le détachement de la peinture figurative ou, en d’autres termes, de la peinture représentative. A l’instar de l’artiste Wassily Kandinsky, la grande tâche de notre plasticienne consiste à créer des formes et des couleurs pour rendre visible l’invisible, l’irréel réel.  A ce titre, il est très important de rappeler que, dans ce processus de réalisation abstraite, Hassna toujours réalisé des compositions plastiques harmonieuses et a imposé un certain équilibre dans sa démarche. Elle est une artiste abstraite, comme une voyageuse qui, pour la première fois, effectue un voyage vers une destination inconnue, via un certain itinéraire, elle sait qu’elle est sensés marcher, mais ne sait pas ce que le voyage lui réserve comme paysages. C‘est seulement, une fois que le voyage est terminé qu’elle peut décrire ce qu’elle a fait et ce qu’elle a découvert durant son itinéraire. Ainsi l’autonomie et l’indépendance de l’œuvre de Hassna El Idrissi lui permettent de s’exprimer indépendamment d’elle.  L’œuvre raconte l’histoire de sa création, de sa naissance et de sa réalisation, elle confirme sa provenance de l’invisible et de l’irréel, dans un langage autre que celui de l’image où la signification trouve, amplement, sa place. De même que dans l’écriture, les lettres de l’alphabet constituent un outil de communication avec l’intellect, dans les compositions abstraites de notre artiste, ce sont les formes et les couleurs. Cette composition a le pouvoir de parler à l’âme de celui qui la regarde en silence et sans l’intervention inutile de l’artiste. Elle porte en elle la signification authentique ; il suffit à celui qui la regarde de comprendre cette vérité. Au cours de la réalisation de l’œuvre, la seule préoccupation de l’artiste est la recherche de l’équilibre. La force créatrice se manifeste à travers elle, il est au service de cet idéal, il est le trait d’union entre l’invisible et le visible, l’immatériel et le matériel. En fait, Hassna puise son inspiration dans l’irrationnel, raison pour laquelle, ses œuvres abstraites ne s’adressent pas à l’intellect de celui qui les regarde, elles parlent à son âme par le biais des formes et des couleurs, que l’on peut éventuellement considérer comme un «alphabet pictural» fonctionnant de la même façon que des notes de musique. En outre, la particularité des travaux de cette plasticienne réside dans le fait qu’ils sont comme une mélodie visuelle. En témoignent ses œuvres récentes qui s’inscrivent dans une logique de continuité dans la rupture. En somme, ces travaux se profilent comme le fruit d’une quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat du jaillissement de sa palette si riche mais également de ses recherches plastiques. Chez Hassna, cette tension picturale s’exprime par l’interpénétration des formes, des couleurs vives posées.  Elle simplifie ainsi les formes abstraites de ses toiles jusqu’à obtenir des coloris comme des vibrations vaporeuses et lumineuses dans une matière parfois opaque.  C’est dire que les plages de couleurs ne se touchent jamais complètement. Ses toiles, d’un format mural, présentent des tâches en forme de flammes puis de grandes plages de couleurs en aplats, constituées de deux ou trois couleurs, sa « non-couleur privilégiée ». Dépassant les apparences dont elle refuse de se faire le reflet passif, évitant les pièges du plaisir décevant que procurent les seules harmonies décoratives, c’est dans une expérience spirituelle que son travail propose d’entrer.  Ayoub Akil

Arts plastiques : «Dreaming a dream» d’Ilias Selfati et Amina Bouchta s’invite à Matisse Art Gallery de Marrakech

Arts plastiques : «Dreaming a dream» d’Ilias Selfati et Amina Bouchta s’invite à Matisse Art Gallery de Marrakech

MAROC. Du 4 au 31 mars 2022, les cimaises de la Matisse Art Gallery de Marrakech abritent les créations communes de deux artistes peintres Ilias Selfati et Amina Benbouchta sur le thème « Dreaming a dream». Le vernissage de cette exposition authentique aura lieu le 4 mars en présence des deux artistes. Créatures mythologiques, forêts profondes, un monde imaginaire habité par un bestiaire merveilleux et une nature lyrique.  Voilà ce que proposent les artistes Ilias Selfati et Amina Benbouchta pour leur première exposition en duo à la Matisse Art Gallery de Marrakech.  A partir du 4 mars, les passionnés d’art découvriront non seulement le fruit de plus d’une année de collaboration entre les deux plasticiens mais également celui de plusieurs années d’amitié sincère.  Leurs créations collectent l’esprit, la démarche et l’histoire des deux artistes impliqués dans cette belle aventure intitulée « Dreaming a dream».  Pour faire bon poids bonne mesure, les galeristes Youssef Falaky  et Nabil El Mallouki ont décidé d’accueillir cette exposition réunissant les œuvres issues de la collaboration entre Amina et Ilias pour nous ouvrir ainsi un champ de découverte infini,  une quête de soi et un voyage décoiffant dans l’univers poétique des deux artistes. Ici, chaque tableau est une découverte, mais aussi une nouvelle expérience picturale autant pour ses créateurs que pour les passionnés d’art.  Les tableaux intellectuellement très riches d’Ilias Selfati et d’Amina Benbouchta prouvent que les deux  sont surtout des plasticiens dont l’œuvre est un clin d’œil à leur propre expérience de la vie.  L’ensemble de cet univers commun est un hommage au rêve idéalisé du partage et de l’échange quand il aboutit à une création commune.  Ce travail à quatre mains est fait d’échanges et de partages, de confrontations et de discussions. Cette année a été remplie de voyages, d’errances entre Tanger et Casablanca, deux villes mythiques, de déplacements imaginaires, d’échanges épistolaires. Les œuvres ont également voyagé, soulignant l’aspect spirituel du voyage, la route comme vecteur de mouvements, d’air frais et de renouveau. Ensemble, ils recherchent un équilibre vibrant, un équilibre dans lequel deux mondes, paradoxaux, similaires mais distincts, coexistent. C’est l’exploration d’une utopie, de son déroulement inattendu, et du rôle sublimatoire de l’Art. Aucun détail superflu. Ilias et Amina  vont à l’essentiel. Cette méditation que rien ne semble pouvoir déranger, le spectateur l’éprouve à son tour. Leurs tableaux  troublent par leur simplicité totale. Car les plasticiens, apparemment impassibles, traitent leur splendides univers avec le même souci de réalité plus que de réalisme. Ils offrent ainsi beaucoup d’émotion mais aussi l’occasion de comprendre la réalité du travail des deux artistes  peintres exigeants qui se fient à leur inspiration. Ils partagent cette affinité avec le spectateur comme un langage pour traiter avec l’esprit. Bref, cette grammaire se veut une locution susceptible de s’appliquer au langage graphique des deux artistes, en sa rigueur, sa diversification, sa fluidité. Ils croient et font croire en cette puissance et cette richesse infinies avec quatre mains de virtuoses, comme un premier jet de la création. Il s’agit dans l’univers pictural de nos deux artistes d’une forme de communication autonome, complète, capable de tous les effets et de toutes les expressions.

Maroc/Arts plastiques. Abdeslam El Fakir expose son « Introspection» au Centre culturel russe

Maroc/Arts plastiques. Abdeslam El Fakir expose son « Introspection» au Centre culturel russe

EXPOSITION. «Introspection» est le thème qu’a choisi l’artiste-peintre, chercheur en sociologie et professeur de philosophie Abdeslam El Fakir pour sa première exposition individuelle qui se poursuit jusqu’au 30 janvier 2022 au Centre culturel russe de Rabat. Organisée par l’Association marocaine pour le développement, la formation et l’insertion avec le concours du Centre Russe de la Science et de la Culture de Rabat, cette exposition donne à voir et à apprécier une série de plus de 25 œuvres récentes de ce plasticien d’un onirisme de rêveries incantatoires au cœur de l’abstraction. Le vernissage de cette exposition aura lieu le 12 janvier 2022.   A l’instar de l’artiste Wassily Kandinsky, la grande tâche du plasticien Abdeslam El Fakir consiste à créer des formes et des couleurs pour rendre visible l’invisible, l’irréel réel. A ce titre, il est très important de rappeler que, dans ce processus de réalisation abstraite, Abdeslam est un artiste abstrait, comme un voyageur qui, pour la première fois, effectue un voyage vers une destination inconnue, via un certain itinéraire, il sait qu’il est sensé marcher, mais ne sait pas ce que le voyage lui réserve comme paysages. C‘est seulement, une fois que le voyage est terminé qu’il peut décrire ce qu’il a fait et ce qu’il a découvert durant son itinéraire. Ainsi l’autonomie et l’indépendance de son œuvre lui permettent de s’exprimer indépendamment de sa peinture elle-même.  Dans ses œuvres abstraites qu’il expose actuellement au Centre culturel russe,  aucun détail superflu chez Abdeslam El Fakir. Il va à l’essentiel. Cette méditation que rien ne semble pouvoir déranger, le contemplateur l’éprouve à son tour. Car le plasticien, apparemment impassible, offre beaucoup d’émotion mais aussi l’occasion de comprendre la réalité du travail d’un artiste-peintre exigeant qui se fie d’abord et surtout à son inspiration qui découle de son monde intérieur. Il s’appuie sur son propre terrain fertile en thèmes et en sujets. Il fait appel à l’imagination, son précieux outil, lui accordant le premier rôle et l’autorisant à s’ébattre en toute liberté et fantaisie. Il fait confiance également à ce riche substrat de matières variées qui couvent en lui dans les tréfonds de sa psyché.  Ici, qui dit abstraction ne signifie pas forcément dénuée de sens puisque notre artiste retranscrit ses sentiments sur la nature, l’univers, l’environnement, la vie, les secousses de la mort, ainsi que ses rêves poétiques à souhait. Sa peinture évoque beaucoup les mémoires perdues et ses portes souterraines, la place de l’individu dans la société, son absurdité causée par son éloignement de Dieu, le progrès de la science, le capitalisme, la disproportion de l’Homme, sa nature et sa condition, entre autres thématiques philosophiques. Mais la vie est là discrète, tamisée, comme un visage endormi entre deux rêves.  Chez Abdeslam, l’art et l’évasion se prononcent comme un univers scénique qui s’est considérablement transcendé par une narration picturale éclatée, abstraite, expérimentable, mais saisissable. Une narration qui englobe à la fois le post-modernisme, le transcendantalisme et le naturalisme.  C’est dire qu’en somme, ses œuvres resteront le lieu d’inspiration pour son public grâce à ses différentes relectures et analyses à travers lesquelles il réussit à produire des tableaux différents allant du simple lecteur et au plus érudit des critiques.  Techniquement aussi, Abdeslam explore l’espace, dynamite la matière, explose les couleurs, installe des plans, métamorphose des supports, trace des chemins et des passages, réveille une couleur, ennoie une autre, éclaire tel point et plonge tel autre dans l’obscurité, il recouvre ou épargne, il froisse, écrase. Afin de galvaniser les émotions, l’art, en tant que création, prétend élever l’observateur jusqu’à un état transcendant de lucidité. Si cela peut être effectué, l’artiste a atteint son but. C’est comme si ce plasticien ne se suffisait plus de platitude mais chercher à célébrer surtout la diversité créatrice et sa liberté individuelle d’exprimer ses émotions, quelles qu’elles soient. Crédit photos : Larbi Retal

Maroc/Arts plastiques. Les territoires infinis de la création Fatiha Laâlej

Maroc/Arts plastiques. Les territoires infinis de la création Fatiha Laâlej

La peinture de caractère universel l’artiste-peintre Fatiha Laâlej, qui vit et travaille à Paris, ne saurait se limiter à ce regard récurrent sur les seuls environs de la peinture marocaine, maghrébine, arabe ou africaine. Sa peinture impressionniste n’est que le point de départ d’une errance dans laquelle elle nous entraîne avec elle pour faire quelques pas dans les territoires infinis de la création.    Dans son ouvrage, «La pensée et le mouvant»,  le philosophe français Henri Bergson, Prix Nobel de littérature (1927), a écrit : «C’est donc bien une vision plus directe de la réalité que nous trouvons dans les différents arts; et c’est parce que l’artiste songe moins à utiliser sa perception qu’il perçoit un plus grand nombre de choses». C’est autour de cette même perception que tournent les œuvres de l’artiste-peintre Fatiha Laâlej. En somme, ses travaux mettent en évidence la vocation première de l’art : retrouver toute l’intensité d’une perception non soumise à de telles nécessités de la vie pratique.   Il est question dans ses tableaux de modifier les apparences en vue de l’expression. Elle bouscule, malmène et renverse le sens commun des choses pour arriver à leur signification profonde. Ce qui explique la ferme volonté de Fatiha Laâlej de ne jamais s’en tenir des explications superficielles et d’aller plutôt au-delà des vues conventionnelles vers des réalités intérieures. Dépassant les apparences dont elle refuse de se faire le reflet passif, évitant les pièges du plaisir décevant que procurent les seules harmonies décoratives, c’est dans une expérience spirituelle et philosophique que son travail propose d’entrer. Quel recueillement, quel silence contemplatif dans les œuvres de Fatiha! Ses nouvelles toiles nous prouvent ce cheminement intérieur. C’est aussi l’une des composantes de son univers impressionnistes aux envolées romantiques. Sur le plan vertical, les étages superposés de la peinture réinterprètent continuellement, de toile en toile, cette vision de cette histoire humaine sertie par la vitesse des touches obliques tantôt lentes, tantôt rapides, tantôt étales, tantôt fébriles. Cela s’opère aussi par le changement d’atmosphère induit par le changement des tonalités chromatiques dominantes chaudes ou froides.  Chaque toile exhibe alors sa gamme particulière. Sur le plan horizontal,  chaque tableau se présente comme une coupe dans une bande passante au déroulement infini, un arrêt sur image, à tel moment, dans le film du temps. La dimension verticale délimite l’espace, la dimension horizontale illimite le temps avec son absence de bornes latérales qui suggère que ce qui se déroule sur la toile n’est qu’un spécimen, dans l’instant présent, de ce qui se déroule hors-toile dans les deux directions gauche et droite, passé et avenir, libre à l’imagination de le prolonger indéfiniment. La peinture de Fatiha Laâlej mène aussi un subtil jeu où la non-figuration ne se réduit pas au signe catalyseur qui l’arme et la désigne à travers la spontanéité du geste, ni aux seuls codes réducteurs d’une syntaxe soumise aux lois de la géométrie.  En effet, sans adhérer radicalement à l’un des axes portants de l’abstrait, son œuvre se tient dans cette aire intermédiaire où l’analogie se fond dans les réseaux métaphoriques d’une écriture iconique de pure sensibilité. Une écriture qui s’avère tissée de multiples gradations, d’énergies foisonnantes canalisées par un flux régulateur et régie par une infrastructure subtile, qui en définit l’armature. Le regard vacille sans cesse, émerveillé, entre ses toiles où chacune, d’une seconde à l’autre, suscite une vision nouvelle. Ainsi son œuvre se révèle-t-elle  multiple, polymorphe, créatrice d’un univers pictural unique, comme toutes les grandes œuvres qui, qu’elles soient dramatiques, symphoniques, poétiques ou littéraires, sont si riches que l’on peut soi-même les déchiffrer et les interpréter de façons diverses. Ici, les silhouettes, les paysages, les sujets présentés parmi les grandes toiles, ne sont pas divertissements d’esthète, mais focalisation, symbole du regard de l’artiste elle-même et de l’émotion qu’elle éprouve. Souvent, Fatiha Laâlej débute, sans idée préconçues, par des gestes très spontanés, c’est comme une exploration intuitive visant à traduire un monde intérieur qui est faite, à prime abord, sans souci de beauté rationnelle autre que la cohérence des formes et des couleurs. De cet élan créatif émergent des formes, une atmosphère, bref, une composition. Bilal Kamil

Arts plastiques: George Lapassade dans la palette de Claude Senouf à Paris

Arts plastiques: George Lapassade dans la palette de Claude Senouf à Paris

Sur le thème « Orhodoxie et transgression », l’artiste-peintre marocain Claude Senouf expose ses oeuvres récentes en clin d’oeil au philopsophe et sociologue français George Lapassade (1924-2008) à l’Univesité Paris 8 Saint-Denis. Cette exposition s’inscrit dans le cadre des journées intitulées «Georges Lapassade, une pensée et des pratiques pour aujourd’hui». Les cimaises de l’Université Paris 8 Saint-Denis abritent les dernières oeuvres de l’artiste-peintre Claude Senouf en rapport avec l’oeuvre et le parcours de George Lapassade notamment son travail ethnographique à Essaouira. Organisée par le Centre de recherche interuniversitaire Expérience Ressources Culturelles Éducation (EA 3971), Université Paris 8 Saint-Denis, cette exposition dont le vernissage aura lieu ce soir, se poursuit toujours au même endroit. Les travaux de Claude Senouf, parfait connaisseur de George Lapassade, s’annoncent comme une effervescence de sensations renouvelées et chargées de charme. Au fil du temps, l’artiste-peintre se crée un univers d’émotions matérialisées par des couleurs et des formes. Il s’appuie sur son propre terrain fertile en thèmes et en sujets et fait appel à l’imagination, son précieux outil, lui accordant le premier rôle et l’autorisant à s’ébattre en toute liberté et fantaisie. Il fait confiance également à ce riche substrat de matières variées qui couvent en lui dans les tréfonds de sa psyché et qui est fait de souvenirs, d’expériences marquantes, de rêves, de cauchemars, d’idéaux, de toute une symbolique personnelle. Voici comment s’opère la magie de son travail. « La création renvoie à Œdipe et constitue elle-même un sur-Œdipe. Dans le silence bruissant de la nature ou dans le fracas tonitruant de la ville». «Il s’agit donc d’un rapport à l’autre sublime et une tentative inconsciente ou consciente de substitution globale à la séduction. Mille rêves et mille transgressions!», confie Claude Senouf à ce propos. Tout cela se bouscule sur la toile en voisinages inattendus, suscitant chez le spectateur la surprise et le questionnement. Le rapprochement est tantôt éloquent, tantôt obscur, jusqu’à ce que l’effort soit fait de se laisser inviter dans cet univers et de s’en imprégner. Surtout en ce qui concerne la responsabilité de la forme dans l’apparition du style. Il est question dans ses tableaux de modifier les apparences en vue de l’expression. Il bouscule, malmène et renverse le sens commun des choses pour arriver à leur signification profonde. Ce qui explique la ferme volonté de Claude Senouf de ne jamais s’en tenir des explications superficielles et d’aller plutôt au- delà des vues conventionnelles vers des réalités intérieures. Ainsi, le songe qui s’avance de prime abord masqué offre soudain alors le visage du réel. D’où la consistance de son œuvre qui communique avec toute l’humanité sans rester une digression dans l’histoire. En attestent ses œuvres récentes qui sont en somme à l’image de la palette riche de cet artiste qui a depuis toujours inscrit son œuvre dans un processus favorisant l’évolution des mentalités, de la réflexion et donc de la spiritualité. Et ce n’est pas le philosophe et sociologue français George Lapassade qui nous dira le contraire sur l’oeuvre de ce plasticien inspiré: «La rencontre des monothéismes n’a pas réussi à effacer les traces de cultes plus anciens. Claude Senouf voulait retrouver, par une sorte de dérive maîtrisée, un monde de totems surdéterminé par l’effort de l’imaginaire et habité de fantasmes originaires. Le bonheur quotidien du culte de la mer et de la terre rouge qui resurgissent constamment pour rappeler par une sorte de fièvre soudaine explosant au milieu de plages de calme une hâte d’exister par laquelle la modernité vient séjourner au milieu de la tradition». C’est dire qu’en somme, les œuvres de ce plasticien chevronné resteront le lieu d’inspiration pour son public grâce à ses différentes relectures et analyses à travers lesquelles il réussit à produire des tableaux différents allant du simple lecteur et au plus érudit des critiques. Son expérience demeurera au fil du temps un travail riche de recherches et ouvert à toute interprétation au fur et à mesure que la vie elle-même se renouvelle de jour en jour, car le mérite de Claude Senouf réside dans sa découverte de la vie tout en nous invitant à la découvrir ensemble. L.M.