OCP Africa et ITFC s’allient pour renforcer les capacités agricoles en Afrique
L’OCP Africa et la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC) ont annoncé la signature d’un mémorandum d’entente (MOU) prévoyant la promotion d’un financement stratégique, de l’innovation et des mesures de renforcement des capacités agricoles en Afrique. L’accord, qui vise à accroître les rendements de la production et à augmenter les revenus des agriculteurs africains, a été signé récemment par Karim Lotfi Senhadji et Eng. Hani Salem Sonbol, respectivement directeur général d’OCP Africa et directeur général de l’ITFC. En vertu de cet accord, la filiale du Groupe OCP et l’institution-membre du groupe de la Banque islamique de développement (BID) conviennent de renforcer leur collaboration dans différents domaines susceptibles de contribuer à l’amélioration du secteur agricole sur le continent. Il s’agit notamment de la formation des agriculteurs aux bonnes pratiques agricoles, des analyses de sols et des conseils de fertilisation pour contribuer à l’augmentation des rendements agricoles, du soutien à l’innovation et la transformation digitalisée de l’agriculture ainsi que du renforcement des capacités et du soutien aux jeunes pour un développement durable et inclusif, ont indiqué les deux parties dans un communiqué conjoint. Dans le cadre de ce partenariat, les parties signataires prévoient de lancer ensemble une nouvelle campagne du «OCP School Lab» au Sénégal, le programme phare de l’OCP Africa. Soulignons que ce programme vise à accroître les rendements et les revenus des petits exploitants agricoles sur des récoltes stratégiques par le biais « de sessions de formation interactives avec des démonstrations sur les bonnes pratiques agricoles et diffusion de vidéos illustrées dans les dialectes locaux pour un plus fort impact», rappelle-t-on. Le programme offre également un laboratoire mobile permettant de faire des analyses des sols à l’aide des dernières innovations (rayons infrarouges, Data et machines informatisées) et la formation sur les besoins du sol et recommandations d’engrais, ajoute le communiqué. La coopération entre OCP Africa et l’ITFC, qui fournit un appui important contribuant à la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, «est en totale conformité avec le mandat de l’ITFC d’aide au développement des chaînes de valeur stratégiques dans les pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI)», a affirmé Eng. Hani Salem Sonbol assurant que ce partenariat constitue un réel atout pour la promotion du secteur agricole en Afrique. A ce propos, il a indiqué que «les services délivrés par l’ITFC pour le secteur agricole, que ce soit en termes de financement du commerce ou d’assistance technique, ont considérablement accru au cours des dernières années, ciblant des secteurs cruciaux des chaînes de valeur, allant des intrants agricoles jusqu’à l’exportation en passant par la transformation et la pré-exportation», faisant savoir que le secteur est également l’une des chaînes de valeur qui est prête pour l’innovation et le développement des PME. «Le petit exploitant agricole est au cœur de la stratégie d’OCP Africa pour soutenir la transition d’une agriculture de subsistance vers une agro-industrie moderne et durable», a, pour sa part, affirmé Karim Lotfi Senhadji. Egalement cité par le communiqué, ce dernier a indiqué que «notre objectif est de contribuer au renforcement des écosystèmes agricoles du continent afin de permettre aux agriculteurs africains de prospérer». Dans ce cadre, le rapprochement entre l’ITFC et l’entité fondée depuis 2016 par le Groupe OCP «appuiera nos efforts de formation des agriculteurs sur les meilleures pratiques agricoles, d’analyse des sols pour des recommandations précises sur les engrais, de facilitation de l’accès au financement et d’amélioration de l’accès aux marchés», a-t-il affirmé. Dédiée au continent africain, OCP Africa œuvre activement en vue de sécuriser la production d’engrais compétitifs près des grands bassins agricoles, de renforcer les capacités logistiques existantes et de contribuer au développement de nouveaux réseaux de distribution de proximité, au service de l’ensemble de la filière agricole. Quant à l’ITFC, le communiqué rappelle que les approbations de financement du commerce pour le secteur de l’alimentation et de l’agriculture se sont élevées à 749,6 millions de dollars en 2018. Ce qui correspond à 14,4% du portefeuille total de financement du commerce, soit une augmentation de 71% par rapport à l’année précédente. Et de préciser : «L’Afrique subsaharienne représente 50% du financement du secteur de l’alimentation et de l’agriculture octroyé par ITFC en 2018». Alain Bouithy
Appel au transfert de technologies aux agriculteurs africains
Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD), a lancé un appel urgent pour le transfert de technologies aux agriculteurs africains, à l’occasion de la conférence sur l’agriculture qui s’est tenue du 5 au 7 août à Washington aux Etats-Unis. «L’Afrique devrait être le grenier du monde. Elle n’a aucune raison de dépenser 35 milliards de dollars par an dans l’importation de la nourriture », a-t-il estimé lors d’une adresse aux assemblées annuelles 2018 de l’Association pour l’agriculture et l’économie appliquée (AAEA). Akinwumi Adesina, qui est intervenu sur le thème « Utiliser l’économie appliquée pour orienter les politiques améliorant la vie des populations », a expliqué que l’exploitation de technologies disponibles contribuera à augmenter rapidement la productivité agricole et les revenus des agriculteurs, et de garantir des prix alimentaires accessibles aux consommateurs. «Les technologies permettant de réaliser la révolution verte de l’Afrique existent, mais sont rangées au placard. Le défi réside dans leur vulgarisation auprès de millions d’agriculteurs», a-t-il souligné dans son adresse. Ainsi, pour le patron de la BAD, il ne fait aucun doute que le transfert de nouvelles technologies aux agriculteurs africains va contribuer à transformer la production agricole du continent. Adesina en veut pour preuve le cas du Nigeria où une telle volonté politique, soutenue par des politiques scientifiques, technologiques et pragmatiques, a permis d’engranger des résultats probants. A propos du Nigeria, l’institution financière a fait remarquer dans un communiqué que la politique menée par le ministère de l’Agriculture de ce pays d’Afrique de l’ouest s’est soldée par une production massive de riz en l’espace de trois ans. Le déploiement de nouvelles technologies en Afrique est ainsi susceptible de transformer son agriculture. « Comme pour le riz, une myriade de technologies peuvent être déployées pour améliorer la production du maïs, du manioc, d’autres pour développer l’élevage ou nos ressources halieutiques », a soutenu le président de la BAD assurant la détermination de la BAD à changer le visage de l’agriculture en Afrique pour libérer de nouvelles sources de richesse. Ainsi qu’elle l’a rappelé dans son communiqué, la Banque africaine de développement est pleinement engagée dans la mise en œuvre de technologies innovantes en faveur de l’agriculture africaine. La BAD « travaille actuellement avec la Banque mondiale, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) et la Fondation Bill et Melinda Gates en vue de mobiliser 1 milliard de dollars américains pour développer les technologies agricoles sur tout le continent dans le cadre d’une nouvelle initiative appelée « Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique (TAAT) », peut-on lire sur le communiqué précisant que ce programme vise à éliminer certains obstacles qui empêchent les agriculteurs d’accéder aux dernières variétés de semences et aux technologies susceptibles d’améliorer leur productivité. Par ailleurs, « avec l’arrivée des drones, des tracteurs automatisés, de l’intelligence artificielle et de la robotique, l’agriculture évolue. Il est plus que probable que les futurs agriculteurs resteront assis chez eux avec des applications informatiques utilisant ces drones pour déterminer la taille de leurs fermes, surveiller et guider l’épandage des intrants agricoles ou les moissonneuses-batteuses sans conducteur», a souligné le président Adesina de même source. Alain Bouithy