Afrique noire : les services de sécurité de plusieurs pays interpellés en ces temps apocalyptiques

TRIBUNE. Le conflit rwando-congolais prend la tournure tragique que nous avions annoncée ! Les tambours de guerre grondent de toutes parts. Plusieurs pays, parmi lesquels le Congo-Brazzaville, arrivent au seuil du choc et de l’effroi du fait de leurs propres turpitudes. Le 29/01/2025, dans un discours d’orgueil et de défis, le président rwandais, Paul Kagame, a tancé son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa : « si jamais la RSA s’aligne derrière Félix Tshisekedi pour combattre l’armée rwandaise et le M23… ». Sur X, il a déclaré que la SAMIDRC n’est pas une force de maintien de la paix. Elle a été autorisée par la SADEC en tant que force belligérante engagée dans des opérations de combats pour aider le Gouvernement de la RDC… Paul Kagamé justifie son intervention en RDC pour défendre ses frontières contre des éléments extrémistes Hutu. Mais de nombreux observateurs pensent que l’objectif de Kagamé, appuyé par certains Occidentaux, d’une part, est le contrôle des métaux précieux (Coltan, Cobalt, Cuivre, Or, Diamant et uranium) de l’est de la RDC (journal Elpais). D’autre part, c’est la reconquête des terres de Kivu qui appartiendraient à l’Empire Hima (Tutsiland) selon certains mythes. La réponse du berger à la bergère Le 3 février, le président Cyril Ramaphosa, qui n’accepte pas la mort de ses 14 ressortissants, a réagi : « l’Afrique du Sud ne relâchera pas son soutien au peuple de la RDC ». La communauté internationale a exprimé sa préoccupation face à cette escalade. De leurs côtés, les États-Unis ont manifesté leur inquiétude, tandis que l’Allemagne a annulé des discussions sur l’aide et le Royaume Uni envisage de revoir son assistance au Rwanda. Par ailleurs, des appels à un cessez-le-feu immédiat ont été lancés par plusieurs nations africaines (Reuters). Vendredi 31 janvier, les seize pays membres de la SADC réclamaient un « sommet conjoint en Tanzanie pour ce week-end » avec les huit pays de la communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Sur le terrain, le M23 soutenu par le Rwanda, conforte ses positions à Goma et les environs. De son côté, Félix Tshisekedi, très remonté contre les charlatans qui lui ont vendu du vent, des officiers généraux qui ne suivent pas le cours de l’histoire, les affairistes qui lui ont ramené des pseudo-mercenaires et du matériel jamais vu, s’obstine à ne pas négocier avec le M23 et l’alliance du fleuve Congo. Après la réunion de Dares Salam de vendredi passé, le M23 et l’AFC ont imposé le cessez-le-feu à l’Est en attendant la réunion de Tanzanie. Ce n’était qu’une ruse. La preuve, ces deux groupes avec les soldats rwandais, ce 5 février 2025, ont mené d’intenses combats contre les troupes de Kinshasa jusqu’à s’emparer de la cité minière de Nyabibwé, à environ 100 km de l’aéroport provincial. La place des services de sécurité Le rôle des services de renseignements est de centraliser et d’analyser des renseignements précis et prédictifs dans les domaines institutionnel, économique, social, sécuritaire, qui sont par la suite transmis au gouvernement pour prendre des décisions. Mais nos enquêtes révèlent qu’en RDC, Félix Tshisekedi, comme bon nombre des Chefs d’États africains, focalise sa gouvernance sur le clan avec des individus sans expérience ou des personnes nommées à des postes de responsabilité par clientélisme. En conséquence, l’armée, les services de sécurité, l’intendance, bref, tout a été géré à vau-l’eau. La faillite est totale et l’effondrement se déroule sous nos yeux. C’est ce qui risque d’arriver à la République du Congo. Que dire du Congo-Brazzaville dans ce marigot ? Selon certaines indiscrétions, dans ce pays, les services de sécurité et de l’armée manquent de suffisamment de professionnalisme et de matériel pour passer une journée de combat à haute intensité. Comme en RDC, l’argent qui sort des caisses de l’État pour équiper les services spéciaux et la force publique va droit dans les poches des tiers. En effet, 80% des militaires et gendarmes sont privés de leurs primes. À la DGSP et la GR, le constat est très amer. Idem aux frontières, les hommes en treillis sont voués à la mendicité à défaut de faciliter l’entrée aux clandestins. Dans les services de renseignements, les fiches se limitent à « boutiquer » des histoires contre des citoyens ou à régler des comptes aux opposants. Sinon, comment ces services n’ont-ils pas signalé au gouvernement la magouille dans le recrutement des enseignants à l’université qui n’honore pas le Congo ? Même si on procède au rétropédalage en affichant aujourd’hui une note antidatée du 17 janvier recrutant dix docteurs, l’idéal serait de reprendre ce recrutement ou de virer les détenteurs de masters 1 ou 2. Agir autrement est synonyme d’avoir des universitaires faussaires et injustes. Ce n’est pas au docteur Collinet Makosso qui est enseignant – chercheur qu’en apprendrait que l’éducation (la bonne formation) est la base du développement d’une nation et la force des services de renseignements. ACM conviendra donc que les injustices et les frustrations sont généralement au centre des soulèvements populaires dans le monde. C’est en encourageant la tricherie et en plaçant des gens à des postes qu’ils ne méritent pas, qu’aujourd’hui, le Congo manque d’eau, d’électricité et de carburant et compte des morts en cascade dans les hôpitaux, ou encore que des accords léonins ont été signés avec les Rwandais. A propos desdits accords, il sied de dire que des incompétents dépourvus d’esprit critique et d’analyse ne voient pas la présence des milliers d’Interhamwés (Hutu Power) réfugiés au Congo-Brazzaville. Lesdits réfugiés venus à la suite du repli tactique avec la France lors de l’échec des opérations Turquoise au Rwanda puis Mobutu au Zaïre entre 1994 et 1997 poseront problèmes. La probabilité est grande que Kagamé, sous le prétexte de poursuivre ces Hutus, envisage d’embraser Brazzaville et Kinshasa. La tension est palpable dans les deux capitales qui cantonnent des commandos américains et français qui attendent le « ok » pour entrer en action. Ce, après que l’ambassade américaine ait demandé à nouveau à ses ressortissants de quitter Kinshasa, le 3 février 2025 ! La seconde convocation en extrême urgence d’un conseil
Rwanda. La fin du mythe Paul Kagame en Afrique noire ?

OPINION. « Il aura fallu du temps, beaucoup de temps pour que triomphe enfin la vérité. Il aura fallu du temps pour que l’une de plus grandes impostures du 21 siècle soit dévoilée à la face du monde ». C’est par ces mots qu’Alain Foka, journaliste à Radio-France Internationale et France24, commence sa chronique consacrée au rôle du Rwanda de Paul Kagame dans la déstabilisation de la République démocratique du Congo (RDC) par le groupe terroriste rwandais M23 interposé. La charge est frontale. Alain Foka n’hésite pas à mettre sur la table de la vérité étouffée le rôle hautement déstabilisateur joué par le Rwanda en RDC au cours des 20 dernières années. Il n’hésite pas non plus à remettre en question la rhétorique sécuritaire (la sécurité du Rwanda et des Tutsis vivant en RDC) constamment brandie par Paul Kagame pour justifier sa politique du pire au pays de Lumumba. Ce que dit Alain Foka dans sa chronique n’est pas une nouveauté pour tous ceux qui s’intéressent aux évènements qui ensanglantent la région des Grands Lacs depuis plus de deux décennies maintenant. En l’écoutant, je me suis simplement dit une chose : nous venons de loin. De très loin même. Par « Nous », je pense à Charles Onana et à moi-même, mais aussi à feu Pierre Péan, le Mzee (sage en swahili). Nous, qui avons eu l’outrecuidance — selon le régime rwandais et ses thuriféraires—, pour ne pas dire le malheur, de nous opposer frontalement à la version orthodoxe du génocide rwandais imposée au monde entier par un cartel médiatique et intellectuel occidental acquis à la cause du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame au début des années 1990. Comme pour tout événement historique marquant, la recherche de la vérité demeure une entreprise difficile. Dans le cas des drames congolais et [surtout] rwandais, elle l’est davantage parce qu’il y a un malaise psychologique à accepter, pour des faits aussi gravissimes, une lecture historique qui s’écarte de celle qu’on entend depuis près d’un quart de siècle. Celles et ceux qui s’aventurent par exemple à questionner la version convenue du génocide rwandais ont non seulement tort par défaut, mais ils se voient également offrir un aller simple vers le goulag virtuel des « négationnistes » et des « révisionnistes », voire des « complotistes ». Que n’avons-nous pas entendu à notre sujet ? Confrontés à des Africains (surtout ceux d’Afrique de l’Ouest) à l’esprit totalement pollué par la propagande du régime rwandais relayée dans la presse mainstream occidentale, nous devions également composer, en tant qu’auteurs africains, avec la mépris et la condescendance de certains universitaires et journalistes occidentaux persuadés de comprendre l’Afrique et ses réalités mieux que les Africains eux-mêmes. Nous avons accepté cela. Les coups, les moqueries, la censure voire les menaces ont longtemps été nos meilleurs « alliés ». N’ayant aucun conflit d’intérêts dans le dossier du Rwanda (à la différence de certains universitaires, journalistes et militants des droits de l’homme occidentaux) et persuadés d’être du côté de la vérité, nous avons tenu bon, nous contentant de laisser le temps au temps. Et ce dernier semble dire son mot aujourd’hui. En effet, les masques sont tombés; Paul Kagame et son régime ont du mal à maintenir cette histoire mensongère écrite à l’ombre de la victoire militaire du FPR. Face aux crimes de masse commis en RD Congo et à la souffrance gratuite infligée au peuple congolais, les soutiens de la première heure se posent des questions, quand de nombreux Africains, bercés à la mamelle de la propagande rwando-occidentale, découvrent avec effroi le vrai visage de celui-là même qu’une certaine presse et une certaine intelligentsia occidentale ont longtemps présenté comme le « dirigeant modèle » sur tout le continent africain. Fait à la fois surprenant et encourageant : nombreux sont les Africains qui se documentent sur la crise des Grands Lacs en recourant à nos travaux. La tendance semble irréversible, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le temps où des universitaires et des prétendus spécialistes occidentaux s’arrogeaient le monopole de la vérité sur les problématiques africaines semble désormais révolu. Comme le préconisait le professeur Cheik Anta Diop en son temps, les idéologues qui se couvrent du manteau de la science doivent se rendre compte que « l’ère de la supercherie, de l’escroquerie intellectuelle est définitivement révolue, qu’une page est tournée dans l’histoire des rapports intellectuels entre les peuples et qu’ils sont condamnés à une discussion scientifique sérieuse, non escamotée, dès le départ. » Le dossier du Rwanda et de la RD Congo en fait partie. Bref. Les Africains retiendront de Paul Kagame ce qu’il est vraiment — en l’occurrence un criminel contre l’humanité— et non ce qu’une certaine presse et certains universitaires ont voulu faire croire au reste du monde… Par Patrick Mbeko