Congo. Evocation historique de l’aéroport international de Maya-Maya (Brazzaville)
Le premier aéroport de Brazzaville était situé à Bacongo, dans l’enceinte du centre sportif qui abritait le tarmac, avec pour piste d’atterrissage, sur près d’un kilomètre de long et 30 mètres de large, l’avenue Capitaine-Gaullard devenue plus tard l’avenue Matsoua, et pour tour de contrôle le bâtiment cédé au MPLA et baptisé « Angola libre » en 1975, à l’indépendance de la plus grande et riche colonie portugaise en Afrique. Cet ancien aéroport avait fonctionné jusqu’en 1950, année de l’entrée en exploitation de l’aéroport Maya-Maya. En l’absence d’information sur sa construction et la date de sa mise en exploitation, ce premier aéroport possédait une tour de contrôle âgée bientôt d’un siècle, vestige en parfait état qui trône sur l’avenue de l’OUA, à côté de la gare routière de l’Océan du Nord, entourée des vieux bâtiments de l’ancien service de la météo, à l’origine du nom du quartier Météo. D’aucuns s’interrogent sur la raison de la fermeture de cet ancien aéroport de Bacongo remplacé depuis 1950 par l’aéroport Maya-Maya. Contre toute attente, la raison est à trouver dans l’utilisation du moteur à réaction dans l’aviation civile. De Paris à Brazzaville, cinq jours de voyage dans les années 1930 Les avions à hélices avaient une faible autonomie de vol et ne pouvaient traverser le Sahara, au point où, pour le voyage de Paris à Brazzaville, ils empruntaient un itinéraire passant par Marseille et Alger, avant de longer toute la côte africaine d’Alger à Pointe-Noire. Le voyage durait près de cinq jours, avec des escales à Rabat ou Casablanca, Rio de Oro (l’actuel El Ayoun) au Sahara occidental, Port-Etienne (l’actuel Nouadhibou) en Mauritanie, Dakar, Conakry, Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Douala, Libreville et Pointe-Noire. L’avènement du moteur à réaction Le réacteur qui a révolutionné le transport aérien a été inventé en 1910 par un ingénieur roumain, Henri Coand, mais ce n’est que le 16 janvier 1930 que Frank Whittle, ingénieurbritannique et officier de la Royal Air Force, déposa le premier le brevet du moteur à réaction. Les années 1930 furent marquées par une intensification des recherches dans une course aux performances des principales puissances européennes qui aboutit à la mise au point et au décollage pour la première fois en Allemagne, le 27 août 1939, du Heinkel He-178, un avion à réaction de guerre. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’accélération des travaux de recherches pour l’amélioration du moteur à réaction dans un but essentiellement militaire a permis la fabrication en 1943 du Messerschmitt Me 262, célèbre et terrible bombardier, le plus connu et le plus produit de l’aviation militaire allemande. La nécessité d’une piste plus longue Au début des années 1950 apparurent les premiers avions à réaction civils, destinés au transport de passagers, avec une vitesse de croisière portée au double de celle des avions à hélices. Les avions à réaction ayant besoin d’une piste plus longue, celle de l’avenue Matsoua, trop courte, ne pouvait être rallongée en direction du fleuve Congo, du côté du quartier Mbama et de la Case De Gaulle toute proche, ni du côté de Moukoundzi-Ngouaka, avec la proximité du ravin du cours d’eau Malari-Somé qui coule en contrebas du quartier Château d’Eau. Il n’y avait pas d’autres choix que de délocaliser l’aéroport de Bacongo pour pouvoir construire une piste plus longue et appropriée afin d’accueillir les nouveaux avions équipés de moteurs à réaction. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, une équipe technique française fut chargée de chercher un terrain pour la construction du nouvel aéroport. Elle repéra le plateau délimité par la forêt de la Patte-d’Oie, la rivière Mfilou et la dépression de Moungali. La signification du nom Maya-Maya Le terrain repéré pour le nouvel aéroport appartenait à une famille batéké dont le chef s’appelait Mpiaka. La famille Mpiaka habitait un village qui était implanté à l’emplacement de l’ancienne usine d’aliments de bétail de la MAB et de la station de concassage de pierre Dalbeira et Boinega. Elle était propriétaire d’un vaste terrain allant de l’Orstom à Diata jusque vers le carrefour de l’avenue Loutassi. Ce terrain englobait toute la zone de la Patte d’Oie, du stade Alphonse-Massamba-Débat et l’aile gauche de l’avenue Loutassi en descendant du plateau vers Ouenzé. Interrogé par l’équipe technique, Monsieur Mpiaka, qui ne comprenait pas la langue française, interpella son neveu scolarisé qui était juste à côté des étrangers blancs en prononçant les mots « maya, maya » – ce qui veut dire « viens, viens » –, pour qu’il lui traduise en langue téké les propos des techniciens français. Comme dans des nombreux cas de malentendus lors des premiers contacts entre les explorateurs « blancs » et les populations africaines, les techniciens français crurent que la zone du terrain qu’ils avaient repéré s’appelait Maya-Maya. Le nouvel aéroport fut appelé ainsi, en abandonnant la pause observée en langue téké entre « maya, maya », qui fût remplacée depuis lors par un tiret. Le lien entre Batignolles et l’aéroport Maya-Maya La société de construction des Batignolles (SCB) fut la plus importante à avoir participé aux travaux de construction de l’aéroport Maya-Maya. Elle participa également à la construction d’un tronçon du CFCO à partir de Brazzaville, au bitumage des premières routes de Brazzaville et de l’ancienne route reliant Brazzaville à Kinkala. La base-vie de cette société à Brazzaville et son silo de préparation d’enrobés de bitumage étaient implantés à côté de l’aéroport Maya-Maya, d’où l’attribution du nom Batignolles à cette partie du Plateau des 15 Ans. Les premiers avions ayant atterri à Maya-Maya Une fois l’aéroport Maya-Maya construit, les avions à réaction n’étaient pas aussitôt arrivés à Brazzaville, qui continuait de recevoir les DC4 en vols bimensuels Paris/Alger/ Kano/Lagos/Brazzaville. En janvier 1951, Air France lança une première ligne régulière hebdomadaire Paris/Tunis/Fort-Lamy/Bangui/Brazzaville en DC 4 de 55 places, dont le vol durait près de 24 heures. En octobre 1951, fut inauguré à Brazzaville le vol de l’avion Constellation, un grand quadrimoteur à hélices qui avait une plus autonomie de vol plus importante, effectuant la ligne Paris/Douala/Brazzaville en dix-sept heures environ. En 1954, les DC