Congo Brazzaville. Nos routes nous tuent
OPINION. Sur la Route Nationale 1, à hauteur de la ville secondaire de Mayama, dans le Département du Pool, un accident de la circulation est survenu, le 12 novembre 2020, aux environs de 17 heures. Un grave accident où un bus de la Société Chinoise Afriasia et un camion, type poids lourd, de la Cimenterie de Dangoté sont entrés en collision, occasionnant plusieurs pertes en vies humaines. Sur l’une des images, ci-dessous, du choc, l’on voit, suspendues, à une portière du bus Afriasia, les jambes branlantes d’une des victimes. Spectacle hallucinant, effroyable. Insoutenable. Les routes congolaises tuent, au jour le jour. Et l’on s’interroge si les transporteurs sont assurés et si, par ailleurs, les mécanismes d’assurances jouent pleinement leurs rôles d’indemnisation ou de prise en charge. Il ressort, nettement, de tous ces sinistres, que de nombreux facteurs y contribuent, de près ou de loin. Ces facteurs, mis, bout à bout, sans en hiérarchiser les risques, on relève l’état des chaussées qui se dégradent, considérablement, sous l’oeil indifférent des pouvoirs publics. Viennent, ensuite, le volume de la circulation, né du net accroissement de l’activité des transports, et l’ouverture, ces dernières années, de nouvelles routes qui relient les Départements du pays. Une vitesse de circulation inadaptée, auxquels s’ajoutent l’environnement routier et la météorologie du climat équatorial congolais. Au dessus de tous ces facteurs, la soit disante expérience des conducteurs de véhicules, mais aussi leurs comportements et leur état physique. Et pourtant, la plupart des accidents, sur le réseau routier congolais, peuvent être classés dans la catégorie des accidents évitables et, conséquemment, des dégâts humains et matériels que l’on pourrait épargner aux populations. Les Congolais, au volant de véhicules, quelque soit leur statut social, surtout, sur les routes de campagne, sont connus pour être susceptibles de prendre des risques, dans la recherche de sensation fortes, en roulant, très vite. La consommation d’alcool aidant, des fois. Existent, également, des cas de chauffeurs qui se comparent à d’autres pour battre des records de vitesse. S’estimant plus performants. Une croyance individuelle, bien répandue, en milieu de conducteurs, faisant que des automobilistes se considèrent comme moins exposés aux risques d’accident qu’autrui. D’aucuns se prennent pour des invulnérables, car disent-ils, couverts par un véhicule solide et doté de moyens efficaces de freinage et de protection. Des chauffeurs jurent par tous les Dieux qu’ils sont compétents, prudents, pouvant conduire sans le moindre danger. Et à mesure d’éviter tout péril, quelle qu’en soit la circonstance ou la nature. Une assurance de soi, à la limite, béate, plus ou moins intense, selon les automobilistes, leur histoire personnelle et leur vécu de conducteur. Malgré la cascade des accidents sur les routes congolaises, très peu de conducteurs en tirent les leçons. Et la série noire continue. Au point où les Congolais en sont avec tous ces drames sur les routes, les pouvoirs publics devraient en finir avec l’indifférence qui semble les caractériser, face aux accidents, en majorité, mortels sur le réseau routier national. La lutte contre l’insécurité routière devrait, entre autres, être une des priorités du Gouvernement. Une insécurité réductible en s’appuyant sur le renforcement des sanctions, le développement d’une politique d’éducation et de prévention du risque routier au bénéfice de l’ensemble des usagers de la route. Ce à quoi s’adjoint l’application rigoureuse des règles de conduite, une amélioration technique des véhicules, celle des infrastructures routières et le changement positif des comportements des conducteurs de véhicules. Eduquer les conducteurs à la prudence, développant , ainsi, en eux, la valeur « prudence ». Ceux ci devant passer d’une logique de conduite à celle de bien se conduire sur la route. Ouabari Mariotti – Membre de l’UPADS Paris 13.11.2020