Syndicat. Anne Marie Nzila donne le jour à l’Union des Syndicats du Congo (USC)

«Alors, il faut savoir dire NON. Et il faut savoir dire Non immédiatement, sans compromis ni compromission, au risque d’être comptable ou complice de la mort programmée du syndicat au Congo. Il faut aussi dire Non haut et fort à l’intrusion politique dans la gouvernance syndicale» a dit la présidente de l’Union des Syndicats du Congo (USC), le 26 février 2016 à Brazzaville, à l’occasion de la session inaugurale de cette structure syndicale. Pagesafrik (ex-Starducongo) publie intégralement le discours prononcé à cet effet.

«Au terme d’une lutte aussi opiniâtre que déterminante pour le triomphe du pluralisme syndical qui avait abouti en 1990 au Congo, notre cher et beau pays, à l’éclosion des organisations syndicales, les travailleuses et travailleurs, dans leur grande majorité, avaient placé leurs espoirs pour un avenir radieux, confiants qu’ils étaient, dans l’offre des services syndicaux pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux et pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie dans ce nouvel environnement.
C’est dans ce contexte de consolidation du processus démocratique, de sauvegarde des droits acquis des travailleuses et travailleurs et de perspectives heureuses de l’action syndicale que le renouveau syndical, basée sur le couple liberté syndicale et démocratie syndicale, devrait prendre son essor.

Le syndicat a plutôt et très vite perdu ses repères cardinaux
Mais hélas ! Le syndicat a plutôt et très vite perdu ses repères cardinaux. C’est pourquoi l’enthousiasme d’hier a cédé sa place au désenchantement, voire à la déception. Quant à la liberté syndicale, elle a été entravée à large échelle au sein des confédérations et plie sous le joug de l’autocratie qui l’écrase de tout son poids alors que se dessèche comme une peau de chagrin la liberté d’expression et d’opinion au sein des organisations syndicales.
Ce sombre tableau est rendu encore plus apocalyptique quand la défense des intérêts des salariés est substituée par la promotion des intérêts personnels et bassement matériels. Quant aux droits à l’information et de rendre compte, piliers de la transparence et de la bonne gouvernance, ils sont quotidiennement agressés et répudiés avec dédain, sinon, foulés aux pieds, sans ménagement, par des tyrans d’un type nouveau sous le fallacieux prétexte d’exercer leur pouvoir discrétionnaire. A propos des textes statutaires, leur méconnaissance est intolérable car ils sont bafoués sans vergogne à longueur de journée. C’est ainsi qu’alors que l’incurie, l’autoritarisme, la déviance démocratique, la corruption, l’intolérance, les intrigues, le trafic d’influence, et autres antivaleurs, sont érigés sans scrupules en mode de gestion des syndicats.

Il faut savoir dire NON
Alors, il faut savoir dire NON. Et il faut savoir dire NON immédiatement, sans compromis ni compromission, au risque d’être comptable ou complice de la mort programmée du syndicat au Congo. Il faut aussi dire Non haut et fort à l’intrusion politique dans la gouvernance syndicale
En disant Non, tous, ensemble, nous prenons date avec l’histoire pour redorer le blason terni du syndicat au Congo et de ne plus abandonner les travailleuses et travailleurs aux graves problèmes qui minent leur existence ou qui les exposent à la pauvreté abjecte et généralisée. Ce qui, du reste, les conduit à se poser parfois des questions qui doivent interpeller tout syndicaliste sérieux et responsables telles ; A quoi sert un syndicat ? Est-ce nécessaire d’appartenir à un syndicat ?
Pour répondre aux nombreuses attentes des uns et des autres, nous prenons l’engagement de restaurer leur confiance au syndicat, de croire une fois de plus que l’espoir renaît et renaît réellement.
Telle est l’ambition de l’Union des Syndicats du Congo qui entend faire le syndicat autrement, dans un climat apaisé, car sans paix, il n’y a pas de développement.
Autant dire que l’USC est née dans un contexte national dominé par les impératifs de doter la nouvelle république de ses institutions. C’est pourquoi nous disons avec force et sans ambages que : «A institutions nouvelles, syndicat nouveau». Syndicat nouveau, c’est faire le syndicat autrement ; en toute liberté, responsabilité, indépendance et expertise. C’est également traduire en acte concret la parité genre, d’autant plus que nous sommes à la veille du mois international de la femme. Alors, je saisis cette opportunité pour lancer un vibrant appel aux femmes afin d’adhérer massivement à l’USC et mieux faire valoir leurs droits.

Faire le syndicat autrement
Faire le syndicat autrement, c’est encore et surtout, s’impliquer effectivement pour l’atteinte des ‘’Objectifs du développement durable (ODD)’’ en vue de l’émergence du Congo à l’horizon 2025, à l’instar de plusieurs pays africains. C’est l’occasion indiquée d’inviter les jeunes travailleurs des secteurs formels et informels à adhérer à l’USC pour bénéficier de la protection syndicale et mieux faire face aux enjeux du développement de notre pays et à leurs responsabilités. C’est aussi une forme d’invite bien pour leur épanouissement que la protection de l’environnement.
La pertinence et la portée de la création de l’USC ne sont plus à démontrer pour conforter véritablement la démocratie syndicale et le rayonnement du syndicat.
Comme vous le constatez, il est de mon devoir de vous féliciter pour le courage qui a été le vôtre en acceptant d’assumer vos responsabilités ce jour de venir dans cette salle rehausser de votre présence la portée de cette activité, malgré vos calendriers chargés.
Je salue aussi le sens de sacrifice de l’ensemble des camarades quoi sont venus de l’hinterland avec leurs propres moyens pour contribuer au succès de cette importante activité.
Enfin, je remercie également tous ceux qui, de près ou de loin, ont permis la tenue réussie de cette session.
Sur ce, j’exhorte les camarades hésitants à se déterminer et nous rejoindre pour le triomphe du renouveau syndical au Congo.
Alors permettez-moi d’affirmer que le caractère contradictoire et la densité de nos débats, de temps en temps ardus, mais toujours constructifs, je l’espère, illustrera de notre maturité ainsi que de notre détermination à animer notre confédération avec compétence et professionnalisme, mais aussi dans la cohésion, l’unité et l’efficience. Ceci, dans le strict respect des règles de gestion axée sur les résultats.
A propos du renforcement des capacités, il sied de souligner qu’elle est intimement liée à la formation et doit profiter à tous car cette activité est d’importance indéniable comme chacun le sait si bien.
Camarades,
Permettez-moi de vous exhorter à vous impliquer davantage pour le fonctionnement harmonieux de notre centrale. Vous venez de démontrer que vous êtes très sensibles à la vitalisation de cette confédération pour un avenir radieux des travailleurs.
Cet attachement que nous avons tous pour le fonctionnement harmonieux des instances dirigeantes de notre organisation du sommet à la base doit nous conduire à dépasser les passions et à être plus circonspect à l’avenir afin de servir fidèlement les intérêts des travailleurs et rien que des travailleurs.

L’USC n’a pas besoin de conflit
Oui, le constat fait est réel. L’USC n’a pas besoin de conflit avec qui que ce soit. Dans cet environnement de plus en plus concurrentiel, elle doit être revigorée et gagner aux prochaines élections professionnelles. C’est un défi à relever.
Dans cette optique, j’insiste sur mon invite à resserrer les coudes et à nous investir pleinement et entièrement pour relever ces défis
A la lumière de ce qui précède, le changement de mentalités et de méthodes de travail à tous les niveaux doit s’ancrer davantage dans notre pratique, j’attache du prix à cette orientation.
En somme, le raffermissement de l’action syndicale et du dialogue social doivent aboutir à la consolidation de la confiance mutuelle et de l’unité confortée en vue des victoires plus étincelantes de l’USC.

Etre un syndicat représentatif
J’évoquais dans mon propos mon souci sur l’ambition de l’USC d’être un syndicat représentatif. J’insistais aussi sur l’intérêt d’envisager l’avenir à compter de l’année 2016, année électorale, avec plus de détermination et d’ardeur au travail. Je suis maintenant persuadée que c’est chose faite.
C’est pourquoi je tourne mon regard sur l’impérieux devoir de avenir aux résultats escomptés le noble objectif de conforter le leadership de l’USC sur l’échiquier syndical national.
Comme de tradition ; je réitère mon invite de nous donner rendez-vous aux résultats sur la base de nos nouveaux engagements pris ce jour, tout en ayant à cœur que les difficultés qui se présentent à nous sont réelles et exigent un nouvel esprit pour trouver des solutions idoines.
Avant de nous quitter, je confirme le fait que nous avons tous, volontairement ou involontairement, péché, soit par ignorance, soit par intention de nuire, soit pour des raisons inavouées. C’est pourquoi je demande pardon pour les faits incriminés et réaffirme notre engagement de faire désormais le syndicat autrement.

Etre plus exigeants et regardants à l’avenir
Je demande donc que nous soyons plus exigeants et regardants à l’avenir.
Enfin, je m’engage avec vous à prendre langue avec le gouvernement à venir pour examiner avec bienveillance les problèmes cruciaux des travailleurs selon l’ordre de priorité qui sera défini par notre cahier de revendications.
A chacun de prendre la mesure de ses responsabilités et à faire œuvre utile dans l’animation de l’USC à chaque niveau.
Au regard de ce qui précède, je vous souhaite à tous, bon retour dans vos structures respectives tout en vous invitant à intérioriser et à vous approprier les conditions de notre session inaugurale».

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