En Afrique subsaharienne, l’héritage ancestral ou parental le plus couramment transmis à la descendance, de génération en génération, est la sorcellerie. Caractérisée par les activités des esprits maléfiques assimilables à de véritables matons, elle a pour objectif d’empêcher la réussite, l’épanouissement d’un membre de la famille, d’un tiers ou de faire mourir.
Ailleurs, une dame se plaignait d’avoir la tête excessivement chaude du fait qu’elle avait, selon la sensation qu’elle ressentait, une casserole qui était posée sur un feu, et le tout disposé sur sa tête mais invisible à l’œil nu. Effectivement, lorsque j’observais le sommet de sa tête, je me rendais compte que sa peau bouillonnait, pourrais-je dire. Une situation qui ne lui permettait pas d’être régulièrement sur son lieu de travail. Tantôt, la sorcellerie réduit le rendement professionnel de l’africain à presque néant, tantôt elle l’empêche de travailler.
Surprenant que cela puisse paraître, c’est sans difficulté qu’on se rend compte que ces transmissions maléfiques ont grandi en ingéniosité au fil du temps réalisant même des prouesses à la gloire du mal. Pour preuve, le 22 février 2013 à Kinkolé, proche banlieue de Kinshasa, en république démocratique du Congo, à bord de sa pirogue, un pêcheur capture un poisson parmi tant d’autres. A la fin de la journée, au moment de vendre aux commerçantes le fruit de son labeur, l’un des poissons recueillis se transforme en femme en présence de nombreux témoins. Interrogée par la police, la dame, un hameçon à la bouche, fera état d’une histoire de sorcellerie provenant de son oncle et dans laquelle elle ne serait qu’une victime.
Au lieu de mettre sérieusement le cap sur le développement économique et industriel, l’auto-suffisance alimentaire, les politiques efficaces et fiables dans les domaines de la santé, de l’emploi ou de l’éducation, ces sociétés s’embourbent dans le déclin à travers la sorcellerie.
A l’évidence, ses méfaits n’échappent guère au domaine de la gestion de la chose publique. On entend aisément ça-et-là : Ce n’est pas votre argent que je vole, je vole l’argent de l’État…Alors que ces états demeurent dans un sous-développement devenu chronique et dans lequel tout est pratiquement à faire, l’intérêt particulier prime sur l’intérêt collectif, à travers entre autres, les détournements massifs de fonds publics se comptant jusqu’en milliards. C’est pourquoi, il n’est pas rare de découvrir ce qui relève de l’irrationnel. A l’instar de cette épouse d’un ministre du Congo Brazzaville qui, faisant des emplettes sur les Champs Élysées à Paris, avouera : On a tellement d’argent qu’on ne sait plus quoi en faire. Ou encore ces 80.000 euros abandonnés dans la chambre d’un ministre de ce même pays, dans un sac destiné à être jeté à la poubelle.
La mauvaise disposition de cœur étant patente, pas étonnant que le refus des autorités d’encourager la relève générationnelle soit affiché. En effet, arrivés à certains postes de responsabilités, les dirigeants ne daignent faire valoir leurs droits à la retraite, préférant faire leur temps et celui de leurs enfants aux mêmes fonctions. De la sorte, cet égoïsme affirmé ferme ainsi les portes de l’emploi et de la responsabilité à une jeunesse en majorité au chômage, bien qu’étant déjà formée.
Pourtant, le fétichisme et autres rites traditionnels noirs avaient jadis permis aux ancêtres Afros, tels que Chaka dans l’empire zoulou, Mabiala Ma Nganga, dans le royaume Kongo, ou Samory Touré en pays Malinké, d’infliger une forte résistance aux épopées coloniales. Malheureusement, si ces pratiques ancestrales avaient en ces temps-là connu leur heure de gloire et tiré ces peuples agressés vers le haut, celles de l’ère moderne tirent les africains vers le bas. L’individu est prit dans les nacelles non seulement du comportement rétrograde et inexplicable mais également des problèmes pluriels tels que les maladies non décelées par la médecine moderne, les maladies chroniques, l’instabilité familiale, l’instabilité professionnelle, l’auto-dévalorisation, les troubles divers.
Ainsi, couplée à la pauvreté, la sorcellerie fait tomber en quenouille les aspirations liées au développement et à l’émancipation qui rendent le citoyen improductif. Ceci laisserait donc à penser d’une part que, cette pratique maléfique qui persiste est à compter parmi les causes du retard accumulé par les états et d’autre part que, le Noir est l’ennemi du Noir. D’autant plus que la Sagesse nous rappelle avec insistance que : Les trésors de la méchanceté ne profitent pas.