Republique du Congo. Le Ministre Gaston Baboka, un grand humaniste, s’en est allé
DISPARITION. Décédé, le 31 janvier 2025, à Paris, à l’âge de 84 ans, l’ancien Secrétaire d’Etat congolais à la Santé, sous le Président Pascal Lissouba, sera porté en terre, le 14 février 2025, à 15h30, au Cimetière La Villette, dans le 19ème Arrondissement de Paris.
En respect des dernières volontés de l’illustre disparu, l’inhumation sera précédée, à 13h30, le même jour, par une cérémonie religieuse, en l’Eglise Protestante Unie de Belleville, à Paris, dans le 19ème. Le Représentant de l’Association des Anciens Ministres de la République du Congo prononcera, à l’occasion, l’éloge funèbre de circonstance, pour rendre hommage à la vie qui s’est éteinte du Ministre Gaston Baboka.
Grand humaniste a été le Ministre Gaston Baboka, l’ai je souligné, en titre de cet hommage. Un vrai chrétien, personne libre qui a vécu sa vie, selon la parole de Dieu et sa volonté. Par ailleurs, toujours en quête du chemin qui mène vers le Seigneur, le Ministre Gaston Baboka affirmait sa foi en l’être humain qu’il plaçait au centre de tout. Un homme doué de sentiments nobles, d’indulgence, de magnanimité et de générosité. Ce à quoi s’ajoute de l’humilité, se comportant en citoyen simple et modeste. Avec des gestes attentionnés, prêt à faire le bien, sans rien attendre en retour.
Toute sa vie, dont les périodes où sa carrière professionnelle a été marquée par le métier de médecin, l’élan humaniste du Ministre Gaston Baboka s’est fait sentir. Il soignait la qualité de sa relation avec ses patients pour l’obtention d’un résultat thérapeutique optimal. Une qualité qui se fondait sur l’écoute, l’empathie, la clarté et la sincérité du langage pour établir la confiance entre lui et les patients. De cet élan humaniste du Ministre Gaston Baboka, j’en ai, moi-même, eu la preuve et fait l’expérience. En écrivant ces lignes, mes larmes n’arrêtent pas de couler, étant tellement affecté par le décès du Ministre Gaston Baboka.
En effet, dès le déclenchement des violences du 5 juin 1997, à Brazzaville, le Garde des Sceaux Ministre de la Justice que j’étais, en ces temps, dans l’espoir de dénicher un lieu approprié pour me mettre à l’abri des représailles, je me refugie d’abord, auprès de mon ami de longue date, M. Gervais Bouiti Viaudo. Celui ci résidait, dans les parages de la Représentation du PNUD au Congo. Une dizaine de jours après, je me suis retrouvé au domicile du Ministre Gaston Baboka, à Massissia, au sud de Brazzaville, sur la route de Kinkala.
Nous étions le 15 juin 1997, 21 heures, la nuit tombée, la peur planant sur la ville de Brazzaville et ses quartiers périphériques, lorsque, accompagné de mon fils Christian Ouabari Mariotti, à l’époque, en classe de seconde, je frappe au portail de la résidence du Ministre Gaston Baboka. Dès l’annonce de ma présence, je suis accueilli. Et, sans me poser la moindre question, Mr et Mme Baboka acceptent de m’offrir l’hospitalité. J’y trouve une villa où déjà le Ministre Gaston Baboka hébergeait une douzaine de déplacés. Des parents, amis et connaissances. Tous, particulièrement vulnérables, forcés ou contraints à quitter leurs domiciles habituels pour se protéger d’éventuels dangers ou autres effets collatéraux des hostilités qui opposaient les camps en conflit.
Face à des conditions d’hébergement que je m’imaginais extrêmement précaires, avec tous les risques de promiscuité qu’ils comportaient, mes espoirs de me voir camoufler chez le Ministre Gaston Baboka se sont évanouis. Mais c’était sans compter avec la magnanimité du Ministre. L’heure qui a suivi, une chambre bien rangée, avec literie complète, véritable temple de la quiétude et du repos, m’est affectée.
Mme Odile Baboka ayant pris le soin d’y avoir, au préalable, bien fait le ménage et tout rangé pour me préserver de la poussière et peut être de bactéries, d’autant que la fenêtre de la chambre avait été laissée ouverte la journée. S’en est suivi, à la table du couple Baboka, un repas lourd, à ma grande surprise, à la place d’un diner léger, en pareille circonstance de détresse où la tendance était à la pouillerie. Puis, à la salle de séjour, meublée de sièges plutôt confortables, et de matériel audio-video, un échange avec Mr et Mme Baboka, sur la tension qui couvait à Brazzaville et sur des points de l’actualité internationale, comme si rien de particulier ne se déroulait dans le pays.
Conséquences de ces bienfaits à mon endroit, je passe une première nuit paisible. Mieux reposé, moi qui manquais de sommeil, depuis le 5 juin 1997, alors que d’habitude, je dors profondément comme un bébé allaité.
Les jours qui ont suivi, jusqu’au moment où, le couple Baboka et moi quittons le quartier Massissia pour prendre la route de l’exil, nous avons vécu, en frères d’une même famille, avec l’ensemble des déplacés que le couple avait logés. J’y ai trouvé un cercle de sociabilité, de solidarité et de réconfort, au sein duquel, nous savions que nous pouvions compter les uns sur les autres.
. Du Ministre Gaston Baboka, j’ai beaucoup appris. C’était un Monsieur cultivé. De la connaissance, sur plusieurs domaines, il en recelait. Comme s’il avait auparavant vécu, en temps de guerre, il me conseillait sur les manières de me tenir, dès lors que les violences s’abattraient sur le pays.
Pour le Ministre Gaston Baboka, des réactions émotionnelles intenses sont normales. Cependant, le stress et l’angoisse sont néfastes pour la santé. Aussi me recommandait-il d’éviter de me sentir triste, irritable, et m’empêcher d’intérioriser les mauvais évènements. Par contre, continuer à bien m’alimenter, m’hydrater, protéger le sommeil en raison de son effet réparateur sur l’organisme.
Parvenus en exil, en France, au delà du 15 octobre 1997, lorsque s’efface, par la force des armes, au Congo, le pouvoir du Président Pascal Lissouba, le couple Baboka et moi avions gardé de bons rapports. Autant que possible, j’allais lui rendre visite, à la Porte des Lilas, où est situé l’appartement familial des Baboka. Nous y partagions des repas et des heures de fraternelles discussions. Lorsque mon fils Didi O trouve la mort, le 17 septembre 2001, à l’Hôpital de Pontoise, le couple Baboka m’a assisté et m’a couvert de son soutien.
Au moment où, dans les prochains jours, vont se dérouler les obsèques du Ministre Gaston Baboka, que sa famille, particulièrement Mme Odile Baboka et leurs enfants trouvent, de ma part, l’expression de mes condoléances les plus attristées. Aux riches et millénaires terres de la Bouenza, dont les sols de Mfouati d’où est né le Ministre Gaston Baboka, je traduis ma solidarité.
Là-bas, à l’Eternel Infini, puisse le Ministre Gaston Baboka reposer en paix. Jamais, je ne l’oublierai.
Paris 5 février 2025
Ouabari Mariotti

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