
TRIBUNE. Le thème des béatitudes de ce 4e dimanche met en exergue entre autres, la place des artisans de la paix. “ Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu “(Mt 5, 9). Ceux qui dédient leur vie à construire la paix en eux-mêmes et autour d’eux atteignent le pic du bonheur, se hissent au sommet de la perfection chrétienne jusqu’au point d’acquérir dignement le statut d’enfants de Dieu.
Pour revenir sur l’histoire récente de la République Démocratique du Congo, cette paix et réconciliation ne peuvent être opérationnelles qu’à certaines conditions préalables. Toute réconciliation prônée en RDC ne peut être authentique que si elle est prise à sa juste mesure, notamment comme l’ultime étape après le strict respect de quatre prérequis :
1. Le Courage de “Fouiner” dans le Passé de crimes commis au Congo.
Le courage de fouiner dans le passé des nombreux crimes politiques et économiques qui ont endeuillé leur peuple et d’identifier les responsables internes et extérieurs. Le peuple a le droit de connaître la vérité sur le passé, sans compromis. Ce droit ne doit faire l’objet d’aucune transaction ni d’aucun marchandage.
Cette démarche aide les populations à identifier les causes profondes du conflit en vue de s’approprier leur histoire collective et de prévenir de nouvelles sources de crise.
2. La Poursuite et la Répression Pénale des Auteurs de ces Crimes.
Les enquêtes menées pour identifier les auteurs des crimes doivent en fin de compte poursuivre et punir les personnes responsables de ces violations. Laisser impunis les auteurs des crimes est une menace directe et réelle à la paix et à la stabilité d’un pays.
3. Les Mécanismes de Réparation ou les Droits de victimes à la réparation.
L’Etat a l’obligation de faire réparer les torts causés aux victimes. Ce pilier englobe l’ensemble de mesures de réparation et d’indemnisation des victimes qui doivent en être les principaux bénéficiaires
4. Réforme des institutions pour éviter de nouvelles crises et/ou Droit des victimes aux Garanties de non Répétition.
L’Etat doit revoir le fonctionnement de ses propres institutions en vue d’éviter une nouvelle crise. Ce volet permet de rétablir la confiance de la population dans les institutions publiques. Il vise aussi à créer toute une culture de respect des droits de l’homme.
Ici l’Etat peut modifier des lois ou des organes étatiques qui ont facilité la commission de violations de droits de l’homme. Il peut également mettre en place des systèmes de contrôle et de vérification pour certains postes au sein de la fonction publique pour empêcher la récidive.
Le coupole Vérité et Réconciliation, pour se rendre possible, doit commencer par établir les faits sur les circonstances de crimes commis, identifier les responsabilités individuelles et institutionnelles, exiger le processus pénal sur les violations de droits de l’homme et la réparation de elles-ci au grand bénéfice des victimes. Il n’existe guère d’autres voies chrétiennes et citoyennes pour y arriver.
Par Germain Nzinga