PARLONS-EN. Le communiqué final de la rencontre de Bujumbura a annoncé un cessez-le-feu immédiat et un autre déploiement des troupes de la force régionale. Ce qui est loin d’être un succès diplomatique mais soulève par contre de graves questions de fond.
Pourquoi demander à une armée républicaine d’arrêter de se battre pour sa souveraineté et la restauration de la paix tout en cédant à une armée étrangère les prérogatives lui dévolues constitutionnellement?
Tout le monde sait qu’un énième déploiement des troupes de la force régionale ne garantit nullement la récupération de territoires spoliés par le Rwanda. Au contraire, il vient renforcer les positions ennemies. Le camp adverse se sert donc des zones tampons pour accélérer et étendre l’occupation des territoires congolais par l’ennemi. L’extension des zones sous contrôle de l’EAC devient pour ainsi dire synonyme de la perte par l’Etat congolais du contrôle des pans entiers de son territoire. Ne nous voilons pas la face : c’est ni plus ni moins une perte de la souveraineté sur une portion de son territoire national.
Lorsqu’on sait que dans l’état-major tout comme dans l’équipe de renseignements militaires de la Force régionale, l’on compte des généraux rwandais, l’on se demande alors pourquoi bon sang Félix Tshisekedi s’acharne-t-il à se faire aider par les propres bourreaux de son peuple plutôt que par les armées de la SADC qui ont sauvé la RDC de l’implosion en 1998? Trouver réponse à cette grande énigme c’est ôter les masques aux manipulations d’un sale petit jeu en cours dans les Grands-Lacs.
Sachez-le bien : la seule opération intellectuelle pour dénouer le noeud gordien de la crise sécuritaire congolaise, ne consiste pas à trop s’intéresser aux différentes réunions qui se déroulent à Nairobi, à Luanda ou à Bujumbura. Non! On en découvre l’intrigue secrète dès lors qu’on se demande pourquoi Kinshasa privilégie l’EAC à la SADC? Pourquoi il choisit de donner du crédit aux troupes de l’EAC qui sont guidées entre autre par les officiers de l’Armee qui agresse la RDC? Pourquoi continue-t-il de s’asseoir autour d’une table avec une organisation sous-régionale qui, via des zones-tampons ou des cessez-le-feu bidons, travaille visiblement contre l’intérêt supérieur du peuple congolais ?
On est là en face d’un bal des chauves masquant une logique politique souterraine dictée par des engagements extra-constitutionnels pris en 2018 (d’abord à Nairobi puis à Kigali) et qui mettent la corde au cou de certains de ses signataires en plaçant ces derniers entre le marteau de leurs commanditaires et l’enclume du peuple congolais. L’on ne sait dire qui, de ces trois protagonistes, remportera cette bataille : le marteau, l’enclume ou l’entregent coincé entre les deux.
Par Germain Nzinga