
TRIBUNE. Des nombreuses audios circulent sur la toile et qui montrent de quelle manière la première dame congolaise a été piégée avec l’enregistrement et la publication de ses conversations avec ses proches intimes au pays et en diaspora. Des voices qui font étalage de la vie privée au palais présidentiel. Tout y passe : les péripéties de lutte entre femmes rivales du président; des indications sur la tenue des réunions du Conseil de sécurité ; des intimidations, séquestrations et sextapes contre des personnes dont les prises de position sont en porte-en-faux contre le pouvoir en place etc.
Denise a commis le tort d’ignorer l’importance si “sensible” de son nouveau rôle de première dame et que nécessairement à ce niveau du pouvoir, tous les services de renseignement intérieurs et extérieurs ne la lâchent plus d’une semelle avec l’objectif de la suivre dans ses faits et gestes car, dans leur entendement, ce que dit la première dame touche directement à la personne du Chef de l’Etat et leur permet soit de mieux cerner les intentions cachées de ce dernier, soit de le couler politiquement, si besoin en était.
Mais il importe de savoir que l’évènement qui est devenu aujourd’hui un scandale Denise Nyakeru ne touche pas que le couple présidentiel qui s’en sort très souillé et très diminué. Ca touche toute la nation de par le haut rang qu’occupent les concernés. Il nous faut donc y réfléchir un tantinet et tirer des leçons qui s’imposent.
1. Dans un de mes livres : « Stratégies de domestication d’un peuple. BMW comme armes de distraction massive », j’avais évoqué un fait significatif sur la réalité des hirondelles congolaises chargées de tendre des pièges aux gens et de commettre des forfaits téléguidés par leur employeur. Pendant longtemps on s’est focalisé sur les belles filles qui venaient du pays voisin que l’on sait mais l’on a ignoré que cette formule est désormais révolue au profit de l’instrumentalisation de nos propres filles congolaises, nées de père et de mère congolais pour souiller leurs propres compatriotes de sang.
En RDC, les relations intimes hommes-femmes sont devenues un véritable champ de bataille. Beaucoup parmi elles brillent par une trivialité et légèreté déconcertantes. Beaucoup d’autres qui fricotent avec le pouvoir politique et sécuritaire se servent des rapports intimes avec des opposants pour les piéger. Elles s’emploient à jouer sur deux paliers, à savoir elle se font « opposantes virulentes » le jour et redeviennent « collaboratrices patentées » la nuit avec le camp adverse.
Décidément de cette manière vous ne savez pas qui elles sont exactement pendant qu’elles profitent du profil d’anti-régime que leur donnent leurs diatribes anti-pouvoir dans les réseaux sociaux en vue de gagner la confiance des combattants dont elles livrent les stratégies de combat à l’ennemi. Les livrant ainsi en pâture aux griffes des lions jusqu’à ce que mort ou emprisonnement s’en suivent.
2. Le congolais est devenu un spécimen humain sui generis, sans idéal solide, sans éthique et donc capable de crier sur le toit du monde son amour patriotique pour son peuple et être prêt à succomber à la tentation des sommes d’argent pour livrer son propre frère ou son propre peuple aux mains des prédateurs de tout acabit. Les détenteurs du pouvoir politique et sécuritaire le savent et actionnent par-ci par-là des opérations d’achats massifs de conscience pour diviser la résistance congolaise et casser la vie ou l’élan des grands meneurs, soit par des assassinats ciblés, soit par des sextape avilissants ou encore par d’autres méthodes dignes de milieux maffieux.
Beaucoup d’internautes qui nous rabattent les oreilles avec d’interminables “Ingeta”, “Ingeta” sont en réalité des agents doubles travaillant au service d’une armée numérique à la solde des impérialistes du pouvoir. De là il devient aisé de déduire que la RDC est donc fortement minée de l’intérieur et que sa propre sécurité intérieure est bradée à vil prix par la légèreté et la cupidité de ses propres fils.
3. Une hypothèse que les congolais n’ont pas envisagée regarde cette question : « à qui profite réellement ce crime des secrets d’état divulgués par les proches intimes de la famille du Chef de l’état? ». Et si le scandale des audios avait quelque chose de lié au discours injurieux tenu par l’autre président traitant son pair de leader idiot. La concomitance de la mise en place publique de ces injures et de la publication des audios est assez troublante.
A mon humble avis, la publication des audios de la première dame quasi le soir même du discours de Paul serait dans ce cas le premier AVERTISSEMENT d’après lequel le commanditaire de ce scandale contrôle entièrement le Palais de la Nation et il est bien capable de faire pire ou encore de passer à la vitesse supérieure juste pour prouver sa thèse sur la prétendue idiotie de son voisin.
4. S’il est prouvé que celui qui a insulté est le même que le commanditaire de ces voices, alors je crois comprendre qu’il poursuit l’autre objectif politique de dominer à moyens termes l’environnement politique de la RDC via des distractions massives des congolais à un moment crucial de l’investiture de Trump, de l’activisme politique de Kabila et des attaques massives de son armée contre notre pays.
Ayant une bonne connaissance de la dynamique géopolitique dans la région des Grands Lacs tout comme de la psychologie en profondeur des congolais dont il dit être tous versés dans les excès de désirs de l’alcool, de musique et des femmes (BMW), Kagame sait que ces nombreuses audio croustillantes occuperont les conversations des congolais durant des semaines voire des mois pendant que lui et le système qu’il sert sont en voie de produire un événement imprévisible et désagréable contre celui qu’il a commencé à injurier sur la place publique. En publiant les voices de Denise, ce n’est pas à la première dame qu’il s’en prend mais plutôt à son mari.
Mon peuple est en train d’agoniser à cause de son ignorance et de son amnésie impardonnables !!!
Par Germain Nzinga